L'évangélisation autour du lac
Dans la soirée du samedi 4 août712, c'est une petite flottille qui appareille pour Magdala, où Jésus veut accomplir la promesse faite à Marie-Madeleine lors de leur dernière conversation il y a déjà trois mois (MV 415.4). Quand les barques s'approchent de Magdala, beaucoup d'autres viennent se regrouper spontanément autour d'elles, et Jésus décide donc de parler là où ils sont, sans accoster. Ainsi aucun trublion ne viendra les perturber. Jésus soumet au jugement de la foule, sous forme d'une parabole, une pensée et une action dont Pierre fut l'auteur peu de temps avant. « Hélas ! Pauvre Pierre ! Si Dieu l'avait jugé d'après l'avis de ceux qui étaient là, Il l'aurait condamné »448.8 constate Maria Valtorta. Jésus montre à chacun leur erreur de jugement, en montrant que la faute, ici, n'est qu'apparente. « La faute, quand est-ce qu'elle se produit ? Quand il y a la volonté de pécher, la conscience que l'on pécherait, et que l'on persiste à vouloir pécher même après que l'on a pris conscience que telle action est un péché »448.8. Et pour bien faire comprendre à son auditoire cette pensée, Jésus l'illustre de plusieurs exemples concrets.
Et Il affirme : « C'est toujours la volonté qui donne à l'acte sa valeur »
C'est l'après-midi de dimanche713. Jésus décide : « Prenez des provisions et des vêtements pour plusieurs jours. Nous allons à Ippo et de là à Gamala et à Aféca pour descendre à Gerghesa et revenir ici avant le sabbat »449.1. L'idée de devoir reprendre leur déplacements par ces fortes chaleurs n'enthousiasme guère les apôtres, mais ce seront d'assez brèves étapes autour du lac, en attendant de plus longs déplacements vers le nord, dès que le temps le permettra. Leur première halte est pour le petit port qui précède Hippos714. L'annonce de la venue du Sauveur se propage, suscitant l'espoir pour la plupart des miséreux du village. Puis les cris de joie se mêlent aux hosannas : « Miracle ! Miracle ! Le fils d'Élise, abandonné par les médecins, le voilà, il est guéri ! »450.4. Puis c'est un aveugle qui s'exclame : « Ah ! Je vois ! Je vois ! De nouveau je vois ! Laissez-moi passer que je dépose un baiser sur les pieds de mon Seigneur ! »450.6. Tous se pressent autour du Christ qui a bien du mal à se frayer un passage pour s'approcher d'une grotte dans laquelle survit un lépreux depuis quinze ans. Malgré ses immenses épreuves, l'homme n'a jamais cessé de croire, d'aimer, et d'espérer dans le Seigneur. En le guérissant, Jésus déclare : « En vérité, en vérité je vous dis que la vrai charité, la vraie foi et la véritable espérance s'éprouvent dans la douleur plus que dans la joie, car l'excès de joie est parfois une ruine pour un esprit encore informe »450.10.
Jésus reste une journée entière dans le petit port où Il est si bien accueilli, « pour bénir vos maisons, vos jardins, vos barques, pour que chaque famille soit sanctifiée et que le travail aussi soit sanctifié »451.3 précise-t-Il aux habitants. Il retourne avec eux près du lépreux guéri, « car Moi, je ne reviendrai plus et il est juste qu'il m'entende au moins une fois »451.9. Et Il lui confie la mission d'évangéliser cette région : « Aëra et Arbela ont leur fils comme disciple pour l'évangélisation715. Toi, sois-le pour Ippo, Gamala, Aféca et les villes voisines »452.1. Pour tous les habitants du village, Jésus base son enseignement sur la nécessité de respecter le Décalogue pour conquérir le Royaume.
A Hippos, qu'Il aborde le lendemain, Jésus prêche sur l'amour dû au prochain. « Les sacrifices sont vains et aussi les prières, s'ils n'ont pas comme base et comme autel l'amour du prochain »453.4. Observant que plusieurs « occupent des gens qui ne sont pas d'ici », Jésus les interroge : « Pourquoi ne pas secourir d'abord les gens de la ville ? »453.3. Pour ceux nombreux qui voudraient devenir ses disciples, le Seigneur résume ainsi toute sa doctrine d'amour716 : « Moi, je suis en fait dans le mendiant que l'on rassasie, dont on calme la soif, que l'on habille, que l'on loge. Je suis dans l'orphelin recueilli par amour, dans le vieillard que l'on secourt, dans la veuve que l'on aide, dans le pèlerin que l'on loge, dans le malade que l'on soigne. Et je suis dans l'affligé que l'on réconforte, dans celui qui doute que l'on rassure, dans l'ignorant que l'on instruit. Je suis où on reçoit l'amour. Et toute chose qui est faite à un frère dépourvu de moyens matériels ou spirituels, c'est à Moi qu'elle est faite »453.4. Il rappelle que sa doctrine est facile et que son joug est léger (Mt 11,30 et MV 268.8). La population étant bienveillante et accueillante, là Jésus accomplit un miracle collectif au profit d'une centaine de pauvres. Le soir tombe lorsque le groupe apostolique quitte Hippos. Maria Valtorta observe le chemin « certainement construit par les romains pour avoir ainsi des pavés réguliers717 »454.2.
C'est maintenant Gamala qui va recevoir la visite du Sauveur. Mais Jésus veut y entrer à l'aube, et après une brève marche sous le clair de lune, il ordonne la halte devant une grotte où les femmes s'abriterons pour la nuit, tandis que les hommes dormiront au clair de lune718. Quand ils arrivent à Gamala, de tôt matin, de nombreux esclaves sont déjà au travail. Le cité est un immense chantier de fortifications. Plutôt que d'entrer dans la ville, Jésus demande aux habitants de s'approcher du chantier, et d'interrompre les travaux, afin que tous puissent profiter de sa parole. En ce lieu où tous renforcent les défenses naturelles de la cité, Jésus enseigne que « la véritable défense contre les malheurs de l'homme » ce ne sont pas ces fortifications, aussi impressionnantes soient-elles, mais « les vertus conquises dans la solitude, c'est-à-dire à l'intérieur de l'individu seul avec lui-même, qui travaille pour se sanctifier en élevant des montagnes de charité, en abaissant des cimes d'orgueil, en redressant les chemins tortueux de la concupiscence (...) et l'homme sera défendu par Dieu contre les embûches des ennemis spirituels et matériels »455.11. Et comme Il l'avait fait la veille à Hippos, Jésus exhorte les habitants de Gamala : « élever la défense la plus valable pour votre ville : celle de l'amour entre vous719 »455.16.
A Aféca, où Il se rend le jeudi, une riche veuve, Sara, fait visiter son domaine à Jésus, fière de Lui montrer l'opulence des lieux, et elle s'inquiète de ce que deviendront ces richesses, n'ayant aucun héritier. « Tu es plus sage pour les choses de la Terre que pour celles du Ciel, femme » lui dit Jésus. « Redresse ta pensée, femme. (...) dans le Royaume de Dieu, que veux-tu que soit désormais, pour quelqu'un qui contemple Dieu, cette prison misérable, cet exil qui a pour nom : Terre ? Que peuvent être pour lui les choses qu'il y a laissées ? Le jour pourrait-il regretter une lampe fumeuse quand le soleil l'éclaire ? »456.5. Sara se montre prompte a comprendre, attentive aussi au témoignage de Pierre, ce qui lui vaudra bientôt ce compliment du Christ : « Tu as beaucoup progressé en peu d'heures »457.5. Lorsque Jésus s'apprête à parler, en fin de journée, sur la place du village, la foule hétéroclite qui L'entoure est très partagée entre sympathisants et opposants. Aussi Il débute son discours en se présentant comme un signe de contradiction720. « Si j'ai été placé comme un signe de contradiction, je suis placé aussi comme un signe pour toutes les nations, et qui m'aimera sera sauvé »457.3. Un chef de synagogue intervient, reprochant à Jésus de ne pas prêcher d'abord en Judée. Jésus lui répond qu'Il s'y rendra longuement, mais que cela ne changera pas les cœurs de beaucoup, même quand le Sang descendra sur la pierre. « Le sang ne doit pas tomber sur la pierre. C'est péché721 » réplique le chef de synagogue. « Le Sang, vous le verserez avec joie sur la pierre, pour qu'il y reste » lui répond le Christ.
La dernière journée de cette semaine bien chargée aurait dû être pour Gerghésa, que le groupe apostolique atteint le jeudi en soirée. Mais un messager, venu de Capharnaüm annonce que Jésus y est attendu au plus vite. Ils vont se faire prêter des barques pour rentrer immédiatement. Lors du premier passage de Jésus à Gerghésa, en janvier 28, Il y avait guéri Siméon en lui recommandant « Ne pèche plus », mais l'homme a péché d'avantage encore. Jésus cite alors fort à propos un proverbe de Salomon : « C'est une ruine pour l'homme de dévorer les saints, et après avoir fait un vœu, de s'en repentir722 »458.2. Puis Il recommande à se auditeurs d'être miséricordieux envers les pécheurs repentis. « Entourez même de votre amour les frères qui sont revenus à la grâce pour qu'un bon entourage empêche de nouvelles chutes »458.5. C'est par une nuit d'orage qu'ils débarquent à Capharnaüm. Judas informe Jésus que des malades attendent. « Demain, nous irons trouver les malades » dit Jésus... « Tu ne peux pas, c'est le sabbat »459.1. Pourtant c'est encore le jeudi soir pour notre façon occidentale, et demain pour nous signifie vendredi. Mais la nuit étant venue, pour Jésus et les siens puisque c'est déjà le vendredi, parler de demain équivaut à évoquer le sabbat ! Judas s'éclipse discrètement lorsque Jésus va à la rencontre de Samuel, le mauvais fils de Nazareth, venu supplier Jésus de lui rendre la paix intérieure. Judas s'était particulièrement mal acquitté de sa mission à Nazareth : « Oh ! Tu es bon ! Pas comme celui des tiens qui est sorti tout de suite après être rentré, et qui est venu à Nazareth seulement pour me terroriser ! Eux peuvent le dire… »459.3, explique Samuel.