Troisième année de vie publique

Le départ pour Antioche

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Le samedi 16 décembre, une semaine après la fin de la fête des Encénies, tout est désormais prêt pour le départ. L'heure de la douloureuse séparation a été un peu retardée, en attendant le retour de Pierre qui a eu quelques difficultés pour trouver un char sans attirer l'attention534. Jude et son frère Jacques, Matthieu et André, ainsi que Jean et Jacques de Zébédée sont maintenant à Nazareth, heureux de se retrouver ensemble, eux qui « ont été séparés pendant de longs jours535 »313.1écrit Maria Valtorta. Pierre arrive enfin, avec un char tiré par un âne, ce qui intrigue les autres apôtres. Il est temps maintenant de les informer du voyage imminent. « J'ai voulu que vous veniez ici parce que vous devez m'aider à faire partir très loin Jean et Sintica. (...) Cette nuit nous allons quitter Nazareth, même s'il y a de l'eau et du vent, au milieu de la première veille »313.7. La proximité de la pleine lune (le lundi 18 décembre) leur permettra en effet de partir peu après la tombée de la nuit, pour s'éloigner discrètement de quelques kilomètres et rendre moins longue la difficile étape du lendemain.

Juste avant le départ, Synthyché encourage encore son compagnon d'infortune. Elle lui cite à bon escient quelques pensées de la philosophie grecque : « Je te rappelle Gorgias de Léontine. Lui enseignait qu'on n'expie, en cette vie ou dans l'autre, que par les douleurs et les souffrances536 »314.6. Puis elle ajoute : « Je te rappelle encore notre grand Socrate : désobéir à celui qui nous est supérieur, qu'il soit dieu ou homme, c'est mal et honteux537 »314.6. Il serait surprenant que Maria Valtorta ait pu reformuler aussi brillamment ces pensées antiques, si elle ne les avait reçues par une de ses visions. Après des adieux déchirants, ils montent dans le char rustique, et quittent Nazareth pour toujours. J'ai déjà évoqué, pour en souligner la cohérence, quelques détails de ce périlleux voyage qui mène les huit apôtres et les deux exilés de Nazareth à Antioche538. Jésus les accompagne pendant la première étape jusqu'à Jiphtaël. Jean d'Endor a bien compris maintenant que son éloignement est dû essentiellement à la perversité de Judas : « Mais je lui pardonne. Pour une seule raison je lui pardonne de m'envoyer mourir si loin : car c'est justement par lui que je suis venu à Toi. Et que Dieu lui pardonne le reste… tout le reste »315.5. C'est toujours par un temps pluvieux qu'ils reprennent la route le lundi 18 décembre. Jésus monte un instant avec les deux sur le char, pour un dernier encouragement, les derniers conseils, une ultime parole d'adieu. « Je vous confie mes intérêts les plus chers, c'est-à-dire la préparation de mon Église en Asie mineure (...) C'est ainsi que je ferais si j'avais d'autres Jean et d'autres Sintica pour d'autres pays. De cette façon mes apôtres trouveraient le terrain labouré pour y répandre la semence à l'heure qui viendra ! »316.3. Et puis c'est la séparation, brutale, douloureuse... Pendant tout leur voyage, Jésus va rester seul, dans le jeûne et la prière. Une épreuve « beaucoup plus pénible »317.3 que celle vécue au désert, selon ses propres dires.

Notes de bas de page

534
En MV 310.5, Jésus avait dit à Pierre : « Deux ou trois jours après les Encénies, nous partirons d'ici». Et maintenant Jésus explique : « Nous aurions dû déjà être partis, mais je suppose que Simon a eu des difficultés pour trouver le moyen de transport… » « Et comment ! J'allais désespérer de le trouver. Mais grâce à un grec dégoûtant de Tibériade, j'ai pu finalement l'avoir… »313.7.

535
Ils ont quitté Jésus le 20 novembre, il y a maintenant un mois.

536
On retrouve dans Platon, Gorgias LXXXI: « Ceux qui tirent profit de l'expiation que leur imposent, soit les dieux, soit les hommes, sont ceux qui n'ont commis que des fautes remédiables. Toutefois ce profit ne s'acquiert que par des douleurs et des souffrances et sur cette terre et dans l'Hadès ».

537
Platon, Apologie de Socrate 29b, rapporte ces propos de Socrate : « Désobéir à ce qui est meilleur que soi, dieu ou homme, est contraire au devoir et à l'honneur ».

538
Voir L'Enigme Valtorta, RSI 2012, tome 1, pages 132 à 134.

📚 Source : L'énigme Valtorta par Jean-François LavèreTome 1Tome 2