Énigmes Valtorta

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Le Protévangile
La naissance du Sauveur
« Ah ! si tu déchirais les cieux et si tu descendais ! » Isaïe 63,19 . « Certainement il est bien de tenir caché le secret du roi » 201.5 . Ces paroles de Tobie(Tb 12,6-7)sont plusieurs fois évoquées dans l'œuvre, et semblent pouvoir s'appliquer aussi à l'enfantement de la Vierge. Maria Valtorta respecte la pudeur qui doit entourer le mystère de l'Incarnation, tout comme l'avaient fait avant elle plusieurs mystiques qui eurent des visions de la naissance du Sauveur dans la grotte de Bethléem. Elle ne voit pas la naissance, qu'une grande lumière cache à ses yeux : « Et la lumière croît de plus en plus. L'œil ne peut la supporter. En elle, comme absorbée par un voile de lumière incandescente, disparaît la Vierge… et en émerge la Mère. Oui, quand la lumière devient supportable pour mes yeux, je vois Marie avec son Fils nouveau-né dans ses bras » 29.3 . Cette description est en tout point comparable à celle que rapporte le Protévangile de Jacques (chap. 19) : « Tout d'un coup la caverne fut remplie d'une clarté si vive que l'œil ne pouvait la contempler, et quand cette lumière se fut dissipée, l'on vit l'enfant ». Mais Maria Valtorta ne donne aucun crédit à la suite du protévangile, qui rapporte la présence d'une sage femme aux côtés de Marie. Saint Jérôme avait déjà, en son temps, dénoncé cette légende comme infondée : « Personne ne reçut l'Enfant à sa Naissance, aucune femme ne donna à Marie les soins ordinaires. Elle seule enveloppa son enfant de langes, elle fut à la fois la mère et celle qui reçut l'Enfant : et elle l'enveloppa de langes ». C'est exactement ce que nous rapporte aussi Maria Valtorta. « Marie a ouvert le coffre et en a tiré les linges et les langes. Elle est allée près du feu pour les réchauffer. La voilà qui va vers Joseph et enveloppe le Bébé dans les linges tiédis, puis elle protège la petite tête avec son voile » 29.5 . Et son récit est également conforme à l'opinion des Pères en ce qui concerne l'absence de souffrances de Marie lors de l'enfantement : « Elle n'a point souffert, quoique femme ; elle n'a point éprouvé les douleurs de l'enfantement, quoique vierge ». FOOTNOTES : Saint Jérôme, Contre Helvidius . : Saint Ephrem le syrien, Discours sur l'enfantement de la Vierge .
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Le Protévangile
La conception de Jean-Baptiste
De nombreux détails disséminés ça et là dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé nous ont permis de dater l'Annonciation entre le 15 et le 21 Adar. Or l'archange Gabriel dit à Marie : « ta parente a conçu (...) et elle en est à son sixième mois »(Lc 1,36). La conception de Jean a donc eu lieu durant le mois de Tishri du calendrier juif. L'évangéliste Luc, toujours très précis, indique qu'à ce moment là le prêtre Zacharie officiait, et que « toute la multitude du peuple était en prière dehors » (Lc 1,10). Etant donné que chaque année les foules venaient justement au Temple pour la fête des Tabernacles , du 15 au 23 Tishri, c'est cette période qui s'impose pour dater la conception du Baptiste . Par les livres des Chroniques(1 Ch 24, 8) on sait que la classe d'Abia à laquelle appartenait Zacharie était la 8e des 24 classes de prêtres. Sachant que c'était la première classe, celle de Jojarib, qui officiait lors de la destruction du Temple le 5 août 70, il est assez aisé d'en déduire que la classe d'Abia était en service durant la semaine du samedi 30 septembre -6 au samedi 7 octobre -6, donc effectivement pendant la période de la fête des Tabernacles . Et pouvoir dater avec précision cet événement est opportun, puisqu'il est en relation étroite avec la naissance de Jean-Baptiste, et par voie de conséquence avec celle de Jésus. FOOTNOTES : Soit entre le lundi 25 sept. et le mardi 3 oct. -6 (grégorien). La conception de Jean Baptiste est justement fêtée le 23 septembre par l'Eglise orthodoxe, et l'était au 24 septembre dans les anciens martyrologes (Saint Jérôme, Vandalbert, Raban, Usuard etc.) ! :. La découverte des manuscrits de Qumram confirme le calendrier de service des différentes classes de prêtres.
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Le Protévangile
La circoncision de Jean-Baptiste
Huit jours plus tard, conformément à la Loi(Gn 17,12) a lieu la circoncision de Jean. « Marie a pris soin que tout soit beau et en ordre » 24.1 , nous informe Maria Valtorta. Jour de fête, la circoncision était aussi le moment où le nouveau né recevait son nom. Ce qui nous vaut ce dialogue animé, écho fidèle de Luc(Lc 1, 59-63): « Nous l'appellerons Zacharie. Tu te fais vieux et il convient que ton nom soit donné à l'enfant » disent les hommes. « Certainement non ! » s'écrie la mère. « Son nom est Jean. Son nom doit être un témoignage de la puissance de Dieu ». « Mais quand donc y a-t-il eu un Jean dans notre parenté ? » « N'importe. Il doit s'appeler Jean ». « Que dis-tu, Zacharie ? Tu veux qu'il ait ton nom, n'est-ce pas ? » Zacharie fait signe que non. Il prend la tablette et écrit : « Jean est son nom » 24.2 . Zacharie ayant recouvré l'usage de la parole, proclame alors son cantique. Dans le récit que nous en donne Maria Valtorta, voici une phrase qui attire particulièrement notre attention : « Comme tu as promis par la bouche des saints Prophètes, depuis les temps anciens, de nous délivrer de nos ennemis et des mains de ceux qui nous haïssent » 24.2 . Le sens de ce texte (qu'on retrouve en Lc 1, 70), ainsi énoncé, paraît tout à fait clair. Pourtant les interprètes semblent à la peine avec ce verset tel qu'il nous est transmis par la Vulgate . Ils traduisent le plus souvent « ses saints prophètes des temps anciens » ou « ses saints prophètes de jadis... ». Lors d'une conférence donnée à Cambrai en 1986, l'exégète Jean Carmignac montra que le texte latin résultait manifestement d'une altération d'un texte hébreu antérieur, dont le sens exact était : « Comme Dieu l'a dit par la bouche de ses saints prophètes. Depuis les temps anciens Il nous délivre de nos ennemis... ». C'est très exactement ce que Maria Valtorta entendit des lèvres de Zacharie, quarante ans avant cette analyse, signe parmi d'autres qu'elle ne s'inspirait pas de sa bible ! FOOTNOTES : « Sicut locutus est per os sanctorum qui a saeculo sunt prophetarum eius ». : Voir Bulletin de l'Association J. Carmignac n° 12 nov. 2001, page 8.
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Le Protévangile
Le retour à Nazareth
Maria Valtorta revoit Jésus dans sa maison de Nazareth, alors qu'Il est devenu « petit enfant de cinq ans environ » 37.1 . La scène se déroule à la fin de l'an 1, ou au début de l'an 2, soit très peu de temps après le retour d'Égypte , car plus loin dans l'œuvre, Marie fait cette confidence : « alors c'était le printemps sur la terre et dans mon cœur. Le printemps du retour dans la patrie. Et Jésus battait de ses petites mains, heureux de voir des choses nouvelles… Joseph et moi, nous étions heureux aussi, bien que la bonté du Seigneur nous eût rendu moins dur l'exil à Mataréa, de mille manières » 247.8 . Maria Valtorta assiste à la première leçon de travail, donnée par Joseph à son fils, sous le regard ému de Marie. Puis Jésus confie à Maria Valtorta cet éloge de son père nourricier : « J'ai appris de lui - et jamais élève n'eut un meilleur maître - tout ce qui d'un bambin fait un homme et un homme qui doit gagner son pain » 37.5 . (...) « Je fais observer aux parents comment sans le secours d'une formation pédagogique, Joseph sut faire de Moi un brave travailleur » 37.8 . Puis Jésus donne pour notre temps une puissante méditation sur le rôle de la famille : « ...un fils, n'est pas seulement un être de chair. C'est une intelligence, un cœur, un esprit. Croyez-le, donc, personne plus qu'un père et une mère n'a le droit et le devoir de former cette intelligence, ce cœur, cet esprit. La famille existe et doit exister. Il n'y a pas de théorie ou de progrès qui puisse s'opposer à cette vérité sans provoquer la ruine. D'une famille qui se désagrège, ne peuvent venir dans l'avenir que des hommes et des femmes toujours plus dépravés et qui causeront de plus grandes ruines » 37.9 . FOOTNOTES : Notons que l' indication de Marie d'Agreda fixant à vingt trois ans la durée de la vie cachée à Nazareth ( La Vie Divine de la Très Sainte Vierge Marie , chap. 17), supposerait le retour d'Égypte plutôt en l'an 3, Jésus étant âgé de six ans.
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Le Protévangile
Trois jours sans ses parents
Certains se sont parfois demandés comment Marie et Joseph, si attentifs à la sécurité de leur fils, avaient-ils pu le perdre de vue pendant trois jours, comme le mentionne Luc(Lc 2,46) ? Un bref dialogue, au moment du départ de Nazareth, est très révélateur à ce sujet. De sa naissance jusqu'à l'âge de douze ans, Jésus fut confié essentiellement à la garde de sa sainte mère, comme c'était sans doute le cas d'ailleurs pour tous les enfants en Israël. Marie demande alors à Joseph sa bénédiction de chef de famille : « ... maintenant qu'il va au Temple pour être déclaré majeur, fais-le et bénis-moi avec Lui. Ta bénédiction … ( Marie étouffe un sanglot ) ça Lui donnera la force et à moi le courage de m'en séparer un peu plus … » Mais Joseph rassure sa chère épouse : « Marie, Jésus sera toujours à toi. La formule ne changera pas nos relations. Je ne te le disputerai pas, ce Fils qui nous est si cher. Personne ne mérite comme toi de le guider dans la vie, ô ma Sainte » 39.5 . Et lorsque le cortège des pèlerins quitte Nazareth, Maria Valtorta raconte : « on se met en route... Hors du pays, les femmes se séparent des hommes. Les enfants vont avec qui ils veulent. Jésus reste avec la Maman ». Ainsi donc, à l'heure du retour , les hommes étant partis en avant, Marie a supposé que son Jésus était maintenant avec son père, et tout aussi naturellement, Joseph l'a cru resté en arrière avec sa mère bien aimée. Ce n'est qu'après une longue journée de marche, à la halte du soir, qu'ils découvrirent avec angoisse l'absence de leur fils. Il leur fallut alors refaire le trajet en sens inverse, et c'est seulement le troisième jour qu'eurent lieu les retrouvailles au Temple. FOOTNOTES : On peut raisonnablement dater cet événement au lendemain de la Pâque, le mardi 28 avril 9 au matin, quinze jours après le départ de Nazareth.
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Le Protévangile
La tombe du Juste à Nazareth
Il y a dans l'œuvre de Maria Valtorta quelques indices qui nous renseignent sur le moment de la mort de Joseph, et sur le lieu de sa sépulture. « Marie aimait intensément son Joseph. Elle lui avait consacré six lustres d'une vie fidèle » 42.8 . Sachant que le mariage au Temple eut lieu à la fin de l'an -7, ceci situe donc la mort de Joseph vers 22 / 24, âgé d'un peu plus de 60 ans. En janvier 27, alors qu'il débute son ministère public, Jésus rappelle d'ailleurs que « Joseph (était mort) depuis quelques années » 44.10 . Ces données sont cohérentes avec les indications de Marie d'Agreda, pour qui « saint Joseph mourut à l'âge de soixante ans. Il avait vécu vingt-sept ans avec la sainte Vierge ... ». C'est tout à fait incidemment que l'on apprend que Joseph repose à Nazareth, dans le sépulcre familial. Lorsqu'en septembre 27 le disciple berger Jonas vient de mourir dans la maison de Nazareth, Jésus déclare : « Il est mort. Nous le mettrons dans notre pauvre tombeau. Il mérite d'attendre la résurrection des morts près du juste, mon père » 109.15 . Or, selon l'apocryphe Histoire de Joseph le charpentier , le père nourricier de Jésus est effectivement enterré à Nazareth et c'est de fait la tradition la plus ancienne que nous ayons sur sa sépulture. Lors de fouilles entreprises en 1884, un tombeau du 1 er siècle fut découvert sous la maison des religieuses de Nazareth. Les habitants de Nazareth avaient répété à plusieurs reprises qu'en ce lieu se situait « la tombe du Juste ». FOOTNOTES : Marie d'Agreda, La Vie Divine de la Très Sainte Vierge Marie , chap. XVIII. : J.-B. Livio, Les fouilles chez les Sœurs de Nazareth , Le Monde de la Bible n°16, 1982, p. 28-36.
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Le Protévangile
La circoncision de Jésus
Maria Valtorta décrit plusieurs cérémonies de circoncision dans son œuvre, dont celle de Jean Baptiste, mais ne semble pas avoir assisté à la circoncision de Jésus. Du moins elle ne décrit pas cette cérémonie (la brith mila ) qui est seulement mentionnée brièvement à deux occasions. Jésus, au soir des Rameaux, évoque « la blessure de la circoncision » 591.5 . Et Marie, juste après la Passion, se lamente en se remémorant les épisodes de la vie de son Jésus : « moi, qui m'étais sentie mourir en voyant des gouttes de ton sang à la Circoncision - en effet Joseph dut me soutenir car je tremblais comme quelqu'un qui meurt - il me semblait que cette blessure minuscule devait te tuer, et c'est plus avec mes larmes qu'avec l'eau et l'huile que je l'ai soignée et je ne me suis rassurée, que quand elle n'a plus donné de sang » 612.14 . Luc est le seul des quatre évangélistes à parler la circoncision de Jésus : « Et lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l'ange avant sa conception »(Lc 2,21).
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Le Protévangile
La prédestination de Marie
« Dieu me posséda au commencement de ses œuvres ». Pr 8,22. Le premier chapitre de l'œuvre de Maria Valtorta est une dictée dans laquelle Jésus réaffirme la prédestination de Marie dans la pensée divine. « L'empreinte de Dieu était imprimée en Marie avec une telle netteté que seul le Premier-Né du Père lui était supérieur. On peut appeler Marie la puînée du Père, par la perfection qu'Elle reçut et sut conserver, par sa dignité d'Épouse et de Mère de Dieu et de Reine du Ciel, Elle vient en second lieu, après le Fils du Père, et en second lieu dans son éternelle Pensée parce qu'éternellement Il se complaît en Elle » 1.2 . Le mariologue G. Roschini a consacré tout un chapitre de son livre La Vierge Marie dans l'œuvre de Maria Valtorta pour nous donner un commentaire magistral de cette introduction, dont à la fois « l'orthodoxie » et la « modernité » purent surprendre les premiers lecteurs du Poema dell'Uomo-Dio , titre sous lequel parut la première édition des visions de Maria Valtorta, dans les années cinquante. Il faut évoquer aussi saint Jean Eudes, qui consacre plusieurs pages à ce mystère de la prédestination de Marie : « Ab aeterno ordinata sum . Aussi est-il vrai de dire que cette aimable enfant, qui s'appelle Marie, fille de Joachim et d'Anne, est prédestinée et choisie par Dieu de toute éternité, pour faire en elle et par elle les plus grandes merveilles qu'il a dessein de faire en la terre et au ciel ». Déjà, plusieurs siècles avant sa naissance, les Patriarches évoquèrent la femme prédestinée à devenir la mère du Messie. Saint Jérôme nous dit que « les prophètes la désignaient dans le lointain des âges », et saint Cyrille d'Alexandrie confirme que « Marie est comme le résumé de tous les divins oracles ». De même saint Albert le Grand qui affirme : « Dieu a mis un soin extrême à garder de toute souillure la femme qu'il avait prédestinée de toute éternité à être sa mère dans le temps ». Et saint Bernard appelle la Vierge Marie « La grande affaire de tous les siècles ». Le concile Vatican II confirma que pour être la Mère du Sauveur, Marie « fut pourvue par Dieu de dons à la mesure d'une si grande tâche ». Et le Catéchisme de l'Église Catholique lui attribue les paroles que Saint Paul adressa aux éphésiens (Ep 1,4) : Dieu l'a « élue en Lui, dès avant la fondation du monde, pour être sainte et immaculée en sa présence, dans l'amour ». FOOTNOTES : Saint Jean Eudes, L'enfance admirable de la Très Sainte Mère de Dieu, 1676 chap. 5 p 24 à 35. : Saint Jérôme, Micheae §6. : Saint Cyrille d'Alexandrie, Homélie VI, contre Nestor . : Saint Albert le Grand, SermonDe Sanctis 38. : Saint Bernard, Sermon II de Pentecôte : « Negotium omnium seculorum ». : Lumen Gentium § 56. : CEC § 492, ainsi que l'écrivait Corneille a Lapide, Commentaires sur l'Écriture Sainte : « O Vierge sans tache et très sainte, vous avez donc été choisie et prédestinée même avant la création de l'univers »
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Le Protévangile
Le vœu des parents de Marie
Les quatre évangélistes ont laissé l'histoire de la Vierge Marie enveloppée des beaucoup d'obscurités, ne nous faisant connaître que quelques traits de sa vie, en rapport avec les mystères de l'Incarnation et de la Rédemption. S'ils sont conduits ça et là, à l'occasion des événements qu'ils racontent, à nommer plusieurs membres de la parenté de Marie, leur narration ne les force à aucun moment à rompre le silence dont ils entourent son père et sa mère. Notons simplement que de nombreux Pères ont regardé la généalogie du Sauveur transmise par Luc (Lc 3,23-38) comme étant la généalogie naturelle , celle de sa très sainte mère Marie. Dans la généalogie de Luc le premier ancêtre de Jésus est Eli. Or Eli (ou Eliachim dans la langue hébraïque) a la même signification que Yoachim, (Joachim). Quant à la mère de Marie, les évangiles gardent sur elle un silence absolu, jusqu'à taire son nom. Mais dès les premiers siècles, plusieurs Pères la nomment Anne. C'est naturellement au tout début de l'Évangile tel qu'il m'a été révélé que Maria Valtorta découvre pour la première fois Joachim et Anne, les grands-parents de Jésus. Ils vaquent à leurs occupations dans leur maison de Nazareth et semblent déjà bien âgés. Maria Valtorta, en se basant sur sa propre mère, estime que Anne « peut avoir de cinquante à cinquante cinq ans, pas plus », et elle qualifie Joachim de « vieillard ». Quelques indices ténus permettent de situer cette séquence par une belle soirée de septembre. De nombreux autres indices ultérieurs permettront d'affirmer que c'est alors la fin de l'été de l'an -22. Seule la stérilité d'Anne semble pouvoir ternir la quiétude de ce vieux couple saint et amoureux. Ils décident qu'à l'occasion de leur prochain pèlerinage à Jérusalem, pour la fête des Tabernacles, ils prieront longuement et feront un vœu : « Oui, faisons un vœu au Seigneur ; il sera à Lui, notre enfant. Pourvu qu'Il nous le donne … » 2.4 . Ceci est en tout point conforme à la tradition transmise par saint Grégoire de Nysse : « Le père de cette sainte Vierge était un Israélite d'une piété insigne, qui avait une femme stérile, laquelle, à cause de sa stérilité, ne pouvant avoir part aux prérogatives des femmes qui avaient eu des enfants, demanda à Dieu qu'il lui plût de bénir son mariage, et en même temps lui voua le fruit qu'elle mettrait au monde ». Bien plus tard, en l'an 29, c'est Marie elle-même qui évoque le vœu d'Anne : « Ma mère me consacra spontanément au Seigneur dès la première palpitation qu'elle perçut dans son sein, de moi, qu'elle avait conçue tardivement. Et elle ne me garda que pendant trois ans. Et moi, je ne l'ai possédée que dans mon cœur. Cependant ce fut sa paix à sa mort de m'avoir donnée à Dieu » 368.4 . Et dans la même année 29, Jacques d'Alphée loue la générosité de Joachim : « Nous en sommes arrivés à parler de l'ancien domaine de Joachim à Nazareth et de son habitude, tant que cela lui fut possible, de garder pour lui la moitié des récoltes et de donner le reste aux pauvres , chose dont les anciens de Nazareth se souviennent si bien. Que de privations pour les deux justes Anne et Joachim ! Forcément, ils ont obtenu le miracle de la Fille » 410.6 . * D'emblée nous sommes plongés au cœur d'un récit sobre et précis. Les informations transmises par Maria Valtorta sont conformes aux traditions les plus anciennes, mais dépouillées du superflu et du merveilleux qui altère parfois leur pureté originelle. J'y reviendrai par la suite. Mais remarquons dès maintenant qu'à aucun moment Maria Valtorta (et c'est une constante dans les dix volumes de son œuvre), ne fait appel à l'histoire ou à la tradition pour justifier une seule de ses visions, pas plus qu'elle ne mentionne la moindre date pour conforter la chronologie pourtant exceptionnelle de son récit . FOOTNOTES : Ce fut le cas de Jules Africain, Eusèbe, St Jérôme, St Augustin par exemple. (Migne, Dictionnaire de Patrologie , 1854.tome 3 p 934). : Les noms de Joachim et d'Anne se retrouvent depuis la plus haute antiquité chez les chrétiens orthodoxes et l'église d'Orient : dans les canons de St Pierre d'Alexandrie (311), dans Origène et dans Tertullien dès le 3eme siècle. St Eustathius d'Antioche (vers 280-337) indique dans son Hexaméron que Joachim était originaire de Sephoris. St Epiphane (315-403) et St Grégoire de Nysse ( Hom. in diem nat. Christi ) donnent Anne et Joachim comme les parents de Marie. Plus tard St. Jean Damascene déclarait : « O couple heureux d'Anne et de Joachim, toute la création vous est redevable » ( Hom. I in Nativ. B. V. M .). St Germain de Constantinople ; le pseudo-Epiphanius ; le pseudo-Hilarius ; et St Fulbert de Chartres évoquent aussi Anne et Joachim. Georges de Nicomédie écrit : « le Créateur de toutes choses a décrété la restauration de l'univers, et il a choisi pour instruments de cette œuvre Anne et Joachim, les nobles parents de Celle qui devait nous mériter enfin l'accomplissement de la promesse ». (cité par Charland Sainte Anne 1898 p 143). Au temps de St Jérôme ( liber de Ortu Mariae ), il est clairement affirmé: « Son père se nommait Joachim, sa mère Anne ». Et St Hippolyte de Thèbes (selon Nicéphore livre II, chap. III ) précisait même que Anne avait deux sœurs, l'aînée marié et vivant à Bethléem, et la seconde étant Elisabeth, mariée à Zacharie. : Dom A. Calmet, Dictionnaire de la Bible , 1849, article Joachim . : Le protévangile de Jacques rapporte (chap. 1-v 1) que Joachim apportait (au Temple) des offrandes doubles, disant : « L'excédent de mon offrande sera pour tout le peuple ». : Avec plus de cinq mille détails temporels , l'œuvre de Maria Valtorta devrait logiquement présenter de nombreuses incohérences. Pourtant il n'en est rien. Bien au contraire, la cohérence de la chronologie reste un des nombreux mystères de cette œuvre.
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Le Protévangile
Le cantique d'Anne
C'est maintenant le printemps suivant. Anne a décoré sa maison de Nazareth d'une nuée de bouquets « qui proviennent certainement de la taille des arbres du jardin, tout en fleurs ». Toute à sa joie, elle chante un doux cantique d'actions de grâces. « Pour la fête des lumières l'espérance a jeté sa semence ; l'air embaumé du mois de Nisam la voit germer ... » 4.1 . La fête des Lumières , aussi appelée fête de la Dédicace , ou Hanoukkah , débute le 25 Kislev et dure huit jours. En l'an -22, c'était du 2/12 au 10/12/-22 (julien). Si l'on recoupe avec le témoignage de Marie d'Agreda , qui indique que la Conception de Marie eut lieu un dimanche, alors ce serait le dimanche 9 décembre -22. Datation pleinement compatible avec la tradition de l'Église qui fête la Conception de Marie le 8 décembre . Signalons aussi que l'Église byzantine, dès le 8 e siècle (et peut-être avant), célébrait la Conception de la Très Sainte Mère de Dieu par Joachim et Anne le 9 décembre. Marie d'Agreda témoigne aussi du cantique d'Anne, mais contrairement à Maria Valtorta, elle n'en donne pas la teneur : « elle fut ravie en extase très sublime, où elle puisa de très hautes notions sur les mystères les plus cachés, et célébra le Seigneur par de nouveaux cantiques d'allégresse ». Joachim presse Anne de questions, et celle-ci se remémore : « le dernier jour , pendant que je priais au Temple, le plus près possible de la maison de Dieu qu'il soit permis à une femme (...) Il me semblait qu'une des étoiles précieuses du Voile, les étoiles qui sont sous les pieds des Chérubins, se détachait et prenait la splendeur d'une lumière surnaturelle … » 4.3 . Au Temple, en effet, les femmes ne pouvaient dépasser la première cour intérieure. Saint Grégoire de Nysse et André de Crête eux, vont pourtant jusqu'à déclarer que Anne alla prier « dans le saint des saints », ce qui aurait été contraire à la Loi ! Il faut ici souligner une des connaissances rares , si fréquentes dans le texte de Maria Valtorta. L'évocation d'étoiles brodées sur le Voile du Temple peut en effet surprendre, car elle n'est pas indiquée dans la bible. Pourtant elle est attestée par un témoin oculaire ! Flavius Josèphe ( Guerres juives Livre 5 chap. 214) précise en parlant du Voile : « il reproduisait tout le spectacle du ciel, sans toutefois les signes du Zodiaque ». Quant aux chérubins mentionnés ici, il ne s'agit pas des deux chérubins d'or placés sur le Propitiatoire mais bien sûr des chérubins brodés sur le Voile (Ex 26,1; 36,8 et 36,35). FOOTNOTES : Marie d'Agreda, La Cité Mystique de Dieu , part 1, Livre 1 chap. 15, n° 218. : Par décision de Sixte IV en 1477, date à nouveau confirmée par Clément XI en 1708. Par ce récit de Maria Valtorta il est possible d'en déduire que Marie, Mère du « Verbe, la vraie lumière » (Jn 1,9) a été conçue en la fête juive des Lumières ! : Marie d'Agreda, La Cité Mystique de Dieu , part 1, Livre 1 chap. 15, n° 223. : Soit le 8 décembre grégorien ! : Rapporté par A. Pelletier, Le grand rideau au décor sidéral du Temple de Jérusalem , Journal des savants, vol 1, n°1, 1979, pages 53-60.
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Le Protévangile
L'Immaculée Conception
Le Catéchisme de l'Église Catholique § 491 nous rappelle : « Au long des siècles l'Église a pris conscience que Marie, "comblée de grâce" par Dieu (Lc 1, 28), avait été rachetée dès sa conception ». Quand l'Église a proclamé le dogme de l'Immaculé Conception , elle n'a fait qu'entériner une croyance qui était ancrée depuis bien des siècles dans le cœur des croyants. Il suffit pour s'en convaincre de relire le sermon de Bossuet sur la Conception de la Sainte Vierge, les actes du concile de Trente, ou ce sermon de saint Albert le Grand : « Dieu a mis un soin extrême à garder de toute souillure la femme qu'il avait prédestinée de toute éternité à être sa mère dans le temps » ( Serm. De Sanctis 38) puis de remonter ainsi jusqu'aux pères de l'Église. Au 5e siècle, le rouleau de Ravenne affirme : « la Vierge immaculée a accueilli ton Verbe ineffable apporté par l'ange ». Sur la foi des apôtres, les Pères du second siècle nommaient déjà la Vierge Marie la Panagia (la toute sainte) et la Theotokos (la mère de Dieu). Cette foi en l'Immaculée était déjà vive aux premiers siècles, puisque par exemple Origène ( Adv. Celsus 1, 32.69 etc.) la défend contre les premières hérésies. Les lecteurs de Maria Valtorta ne seront donc pas surpris de lire, dès le début de l'œuvre : « Marie, la Sans-Tache, ne fut jamais privée du souvenir de Dieu, de son voisinage, de son amour, de sa lumière, de sa sagesse. Elle put donc comprendre et aimer quand elle n'était encore qu'une chair qui se formait autour d'une âme immaculée qui continuait d'aimer » 4.6 . A en croire le récit transmis par Maria Valtorta, cette croyance de l'Église primitive en la Conception Immaculée de Marie remonterait directement aux enseignements de Jésus à ses apôtres. En effet une première fois, pendant la fête des Lumières , dans la maison de Lazare à Béthanie, Jésus leur explique : « Le temps de la Grâce étant venu, Dieu prépara pour Lui sa Vierge. Vous pouvez bien comprendre comment Dieu ne pouvait résider là où Satan avait posé son signe ineffaçable. La Puissance travailla donc pour faire son futur tabernacle immaculé. Et par deux justes, d'âge avancé et contre les règles habituelles de la procréation, fut conçue Celle sur laquelle il n'y a aucune tache » 136.5 . Puis Il revient plusieurs fois sur ce mystère, comme par exemple à Gérasa où Il déclare : « Le " que l'âme de Marie soit faite sans faute " c'est un prodige du Créateur » 288.7 . Quand Il apparaît aux apôtres après la Résurrection, Jésus leur donne encore une fois Marie Immaculée comme modèle : « Vous devrez être purs de membres, car dans votre sein descendra le Verbe comme il est descendu dans le sein de Marie grâce à l'Amour. Vous avez l'exemple vivant de ce que doit être un sein qui accueille le Verbe qui se fait Chair. Cet exemple est celui de la Femme sans faute d'origine et sans faute individuelle, qui m'a porté » 629.7 / 8 . Et Jésus de conclure : « C'est cette Pureté inviolée que je vous donne en exemple » 629.8 . Ailleurs Il rappelle aussi : « Eve aussi avait été créée sans tache ... » 1.3 comme nous l'enseigne l'Église : « nos premiers parents Adam et Eve ont été constitués dans un état de sainteté et de justice originelle » (CEC § 375). Maria Valtorta clôt son premier chapitre sur cette affirmation de Jésus : « Marie vécut dans un monde corrompu sans consentir à blesser sa pureté par la plus petite pensée dirigée vers le péché » 1.3 . Affirmation reprise sous une forme équivalente dans cet enseignement du Magistère quelques années plus tard : « Marie est restée pure de tout péché personnel tout au long de sa vie »(CEC § 493). C'était déjà l'enseignement du Concile de Trente, (Session VI, canon XXIII) : « Marie n'a jamais commis la moindre faute, le plus léger péché véniel. C'est la ferme croyance et l'enseignement formel de l'Église ». FOOTNOTES : Dogme défini par le pape Pie IX, le 8 décembre 1854, dans la bulle Ineffabilis Deus . : « ... ineffabile Verbum angelo deferente virginitas immacolata suscepit ».
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Le Protévangile
La naissance de Marie
Comme bien souvent, Maria Valtorta commence son récit par une description minutieuse des lieux. Dans le jardin de Nazareth « depuis longtemps ce doit être la sécheresse (…) une haie d'aubépine sauvage déjà toute constellée des rubis de ses petits fruits (…) des pieds de vigne et des oliviers lourdement chargés ... » 5.1 . La scène se déroule donc à Nazareth, par une soirée de fin d'été... Dès l'Antiquité quatre villages se disputèrent la gloire de la naissance de Marie : Séphoris, Nazareth, Bethléem et Jérusalem. L'apocryphe Évangile de la Nativité rapporte ceci de la Vierge Marie : In civitate Nazareth nata (« Elle naquit dans la cité de Nazareth »). Saint Fulbert de Chartres cite cette opinion et l'accepte. C'est aujourd'hui l'opinion la plus commune de l'Église romaine, tandis que la tradition orientale, suivant saint Jean Damascène, penche plutôt pour Jérusalem. Maria Valtorta ajoute que la naissance eut lieu pendant une soirée de septembre, ce qui ne saurait surprendre, puisque la tradition unanime de l'Église fixe la nativité de Marie au 8 septembre , « Au moment où le soleil sort du Lion et entre dans la Vierge » précisaient jadis les Pères. La date exacte la plus communément retenue est le samedi 8 septembre -21 (julien). Jean-Chrysostome Trombelli (Mariae sanctissimae vita ac gesta, 1759)établit par une savante étude que la naissance de Marie eut lieu un jour de sabbat. (On peut souligner qu'entre l'an -22 et l'an -17, c'est seulement en l'année -21 que le 8 septembre tombe un samedi). Tout ceci va s'avérer déterminant, comme nous allons le voir bientôt. Poursuivons le récit de Maria Valtorta. La naissance de la Vierge Marie est troublée par une « tempête qui est d'une extraordinaire violence » 5.3 . Puis tour à tour trois évènements surprennent les témoins présents ce soir là. D'abord « un gigantesque arc-en-ciel déploie son demi-cercle sur toute l'étendue du ciel. Il sort, ou du moins paraît sortir, de la cime de l'Hermon (...) survole les collines de la Galilée et de la plaine qui apparaît au sud (...) et semble poser son extrémité au bout de l'horizon, là où une chaîne de montagnes abruptes arrête totalement la vue » 5.4 . Ensuite un garçon s'étonne : « regardez, voilà une étoile alors que le soleil n'est pas encore disparu. Quelle étoile ! Elle brille comme un énorme diamant !… Et la lune, voilà. C'est la pleine lune alors qu'il manque encore trois jours pour y arriver ... » 5.4 . Plus loin dans l'œuvre, Jésus fait cette confidence à propos de ses grands-parents : « À cause de leur sainteté Anne n'éprouva pas les souffrances de l'enfantement » 9.5 . Un peu de temps passe. Marie est née ! Voici donc quelques détails merveilleux qui semblent sortis tout droit d'une belle légende médiévale. Même sans faire preuve de scepticisme, il pourrait paraître légitime de ne leur accorder qu'une valeur poétique ou symbolique. Et pourtant, à l'analyse ils se révèlent vraiment remarquables... Prenons en effet pour acquise la date du 8 septembre -21, et examinons si les trois faits décrits ici sont compatibles avec cette date : Force est de constater que ce soir là, au moment du coucher du soleil, la planète Jupiter brillait sur l'horizon sud. Dans cette configuration, Jupiter est la première étoile visible en soirée, comme il est encore aisé de le vérifier de nos jours. (Comme j'ai pu le constater de visu à la mi-décembre 2011) De Nazareth si l'on tourne le dos au soleil couchant(azimut 278° ce soir là)pour pouvoir observer un arc-en-ciel, le mont Hermon est sur la gauche, le lac de Tibériade, la plaine et les collines de Galilée en face, et les monts Thabor et Gilboa à droite. Or les lois de l'optique nous enseignent que plus le soleil est proche de l'horizon, plus l'arc en ciel semble grand, phénomène encore amplifié par l'altitude de Nazareth (450 m) par rapport à la plaine environnante. Un arc double couvre alors un champ de 102° d'ouverture. Un simple rapporteur placé sur une carte de Palestine, (point zéro sur Nazareth et perpendiculairement à l'azimut 278°) permet de vérifier la plausibilité extraordinaire de cette description, qui serait fausse à toute autre heure du jour, et à toute autre époque de l'année ! D'après les témoins, il manquait trois jours pour la pleine lune. Or en septembre -21, astronomiquement la pleine lune eut lieu le mardi 11. Donc trois jours avant, ce fut le samedi 8 septembre, en parfaite compatibilité avec la date officielle établie depuis au moins quatorze siècles ! Comment Maria Valtorta aurait-elle pu imaginer de sa propre initiative un tel récit qui, sans mentionner la moindre date, confirme pourtant sans qu'il y paraisse la datation établie par la tradition depuis si longtemps ? Quant à l'accouchement sans douleur d'Anne, c'était l'opinion de saint Jean Damascène, de saint André de Crète, et d'autres Pères , de plusieurs grands théologiens, et de saint Ildefonse . Au 17e siècle, Jean Thomas de Saint-Cyrille écrivait : « Anne, l'heureuse épouse de Joachim, donnait le jour, sans douleur et sans confusion, à Celle qui devait être le Temple vivant du Dieu d'Israël ». Il semble pourtant improbable que Maria Valtorta ait pu avoir connaissance de ces informations quand elle reçut cette vision. FOOTNOTES : Evangelium de Nativitate sanctae Mariae, ouvrage qui aurait pu être composé par Séleucus au 2e siècle, et dont on possède un manuscrit daté du 5e siècle. (voir aussi plus loin notes du paragraphe « Présentation de Marie au Temple ». : Voir Benoît XIV de Festis lII c. IX n° 16. La date du 8 septembre fut officialisée au 7e siècle à Rome par Serge 1er, conformément à la tradition orientale attestée par un décret de l'empereur Maurice (582 - 602). : Par Baronius, le docteur Sepp et plusieurs autres éminents chercheurs (8 sept 733 de Rome). : Il faut attendre quelques chapitres pour apprendre (en MV 12.6) qu'il s'agit de Joseph, âgé alors de 18 ans (voir aussi MV 577.7). : Ce soir là : altitude 34° 12' et magnitude -2,28 selon les logiciels d'astronomie. : Rapporté par Charland, Madame Saincte Anne , p 136. : Saint Jean Eudes, L'enfance admirable de la Très Sainte Mère de Dieu , 1676 chap. 15 p 217-218. : Jean Thomas de Saint-Cyrille, Mater Honorificata Sancta Anna 1657, p 330.
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Le Protévangile
Marie, Trône de la Sagesse
Le 26 août 1944, Jésus rappelle à Maria ces paroles de Salomon (Pr 8,22-31) : « Dieu m'a possédée dès le commencement de ses œuvres, dès le commencement, avant la création. Il m'a établie à l'origine des êtres, avant que fut créée la terre. Lorsque les abîmes n'existaient pas encore, il m'avait déjà conçue. Les sources d'eau vive ne coulaient pas encore et les montagnes ne s'étaient pas dressées avec leurs masses imposantes et les collines n'étaient pas exposées au soleil, que j'étais engendrée. Dieu n'avait pas encore fait la terre, les fleuves et l'axe du monde, et moi j'étais. Quand Il préparait le ciel, j'étais présente; quand, par l'effet d'une loi immuable, Il enferma l'abîme sous la voûte des cieux; quand dans les hauteurs Il assura la stabilité de la voûte céleste et Il fit les sources d'eau vive; quand Il fixait à la mer ses limites et imposait des lois à ses masses d'eau ; quand Il ordonnait aux eaux de ne pas franchir leurs limites ; quand Il jetait les fondements de la terre, j'étais avec Lui pour organiser toutes les choses. Dans une joie sans fin, je jouais au milieu de l'univers… » 5.8 . Et Jésus commente : « Vous avez appliqué ces paroles à la Sagesse, mais elles parlent d'Elle : la Mère toute belle, toute sainte, la Vierge Mère de la Sagesse que Je suis personnellement, Moi, qui te parle » 5.8 . Nombre de théologiens pensent en effet que ces paroles des Proverbes évoquent à la fois Jésus et Marie. Et c'est aussi ce qu'enseigne, cinquante ans après cette vision, le Catéchisme de l'Église : « Marie, la Toute Sainte Mère de Dieu, toujours Vierge est le chef-d'œuvre de la mission du Fils et de l'Esprit dans la plénitude du temps. Pour la première fois dans le dessein du salut et parce que son Esprit l'a préparée, le Père trouve la Demeure où son Fils et son Esprit peuvent habiter parmi les hommes. C'est en ce sens que la Tradition de l'Église a souvent lu en relation à Marie les plus beaux textes sur la Sagesse(cf. Pr 8, 1-9, 6 ; Si 24): Marie est chantée et représentée dans la liturgie comme le "Trône de la Sagesse" » (CEC § 721). Auparavant Corneille a Lapide avait affirmé : « Celle qui devait être la mère de la Sagesse incarnée, ne pouvait être que Sagesse ». C'est encore sous ce titre, « Mère de la Sagesse », que Jésus donne sa mère en modèle aux femmes disciples, dans l'œuvre de Maria Valtorta : « Vous, chères femmes disciples, suivez l'exemple de celle qui fut ma Maîtresse, celle aussi de Jacques et de Jude et de tous ceux qui veulent se former dans la Grâce et dans la Sagesse. Suivez sa parole. C'est la mienne qui s'est faite plus douce. Il n'y a rien à y ajouter, car c'est la parole de la Mère de la Sagesse » 157.8 . Il le redit aussi au soir du mercredi Saint, remémorant le Magnificat : « La Sagesse de Dieu parlait sur les lèvres de Celle qui était Mère de la Grâce et Trône de la Sagesse » 596.19 .
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Le Protévangile
Marie nouvelle Eve
En bien des endroits de son œuvre, Maria Valtorta rappelle la prophétie annoncée au début de la Genèse, immédiatement après la chute de nos premiers parents : « Je mettrai de l'inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci t'écrasera la tête et toi, tu l'atteindras au talon » (Gn 3,15) . Ce verset, appelé protévangile par la tradition, est commenté par Jésus à Bethléem, dés la première année de sa vie publique, quand Il raconte le massacre des innocents : « Quelle inimitié plus grande que celle qui s'en prend aux enfants, le cœur du cœur de la femme ? Et quel pied est plus puissant que celui de la Mère du Sauveur ? Voilà pourquoi fut bien naturelle la vengeance de Satan vaincu, ce n'est pas vers le talon de la Mère mais vers le cœur des mères qu'il dirigea son attaque » 74.7 . Cette femme annoncée par la première prophétie biblique, c'est donc la Vierge Marie, dont Jésus fait l'éloge un peu plus loin dans l'œuvre : « Elle renversera Eve dans son triple péché . Obéissance absolue. Pureté absolue. Humilité absolue. C'est sur cela qu'elle se dressera, reine et victorieuse » 420.12 . La Mère du Sauveur mérite désormais le titre de nouvelle Eve : « La nouvelle Eve a été conçue par la Pensée au pied du pommier du Paradis, pour que son sourire et ses larmes mettent en fuite le serpent et désintoxiquent le fruit empoisonné. Elle est devenue l'arbre du fruit rédempteur » 207.11 . Et c'est sous ce vocable de « nouvelle Eve » que Marie est plusieurs fois désignée dans l'œuvre de Maria Valtorta , en parfaite conformité avec l'enseignement du Magistère qui confirme : « de nombreux Pères et docteurs de l'Église voient dans la femme annoncée dans le protévangile la mère du Christ, Marie, comme "nouvelle Eve"... » (CEC § 411). A nouveau, dans l'audience du 24/1/1996, le pape Jean-Paul II fit ce rappel : « A la lumière du Nouveau Testament et de la tradition de l'Église, nous savons que la femme nouvelle annoncée par le Protévangile est Marie, et nous reconnaissons dans son lignage (Gn 3, 15), son fils Jésus, qui triomphe dans le mystère de Pâques sur le pouvoir de Satan ». Jésus dit encore à Maria Valtorta : « Mais Marie n'était pas seulement la Pure, la nouvelle Eve récréée pour la joie de Dieu : c'était la Super Eve, le chef d'œuvre du Très-Haut, c'était la Pleine de Grâce, c'était la Mère du Verbe dans la pensée de Dieu » 7.9 . FOOTNOTES : Dans l'Evangile tel qu'il m'a été révélé , ce verset biblique est évoqué en particulier aux chapitres 5.14 ; 207.11 ; 262.9 ; 657.11 ; 420.11 ; 482.4 ; 528.8 et 620.6 , mais aussi dans Le livre d'Azarias , et dans les Leçons de l'Epitre de saint Paul aux romains . : Le triple péché d'Eve, c'est-à-dire : Désobéissance, Luxure, Orgueil. : Comme par exemple aux chapitres 7.9 ; 13.9 ; 207.11 ; 615.2 ; 620.6 et surtout 606.
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Le Protévangile
La présentation de Marie au Temple
Il semble que le plus ancien document connu mentionnant la présentation de Marie au Temple, à l'âge de trois ans, soit le protévangile de Jacques , un apocryphe de la fin du 1er siècle ou du tout début du 2e siècle. Il existe de multiples manuscrits anciens de cet ouvrage, dans des versions en grec, syriaque, arménien, éthiopien, géorgien, vieux-slave, arabe, copte, sans compter les versions latines. De nombreux Pères de l'Église l'ont signalé comme digne d'intérêt , du moins dans ses premiers chapitres. Deux autres ouvrages anciens évoquent aussi l'enfance et la jeunesse de Marie : l'évangile apocryphe du pseudo-Matthieu , et l'Evangelium de Nativitate sanctae Mariae . Les Pères de l'Église n'ont pas dédaigné ces livres, tout en sachant bien avant nous qu'ils ne sont pas canoniques. Ils ont simplement su admirablement ne pas prêter attention aux éventuels détails puérils, risibles ou même choquants qu'ils contiennent parfois. C'est sur la foi de ces écrits mais aussi des transmissions ou traditions orales que la plupart des Pères de l'Église et des écrivains, entre les 4e et 9e siècles, ont considéré cette présence de Marie au Temple comme un fait bien établi. Par exemple saint Grégoire de Nysse résume ainsi le protévangile : « le père de cette sainte Vierge était un Israélite d'une piété insigne, qui avait une femme stérile, laquelle, à cause de sa stérilité, ne pouvant avoir part aux prérogatives des femmes qui avaient eu des enfants, demanda à Dieu qu'il lui plût de bénir son mariage, et en même temps lui voua le fruit qu'elle mettrait au monde. Dieu lui accorda la Vierge Marie, qui fut élevée au Temple, jusqu'au temps qu'on la donna à Joseph pour être le gardien de sa virginité ». Plus tard, saint Jean Damascène se réfère sans doute lui aussi au protévangile de Jacques quand il écrit : « Quand elle eut été amenée devant le Temple du Seigneur, Marie gravit en courant les quinze marches sans se retourner pour regarder en arrière et sans regarder ses parents comme le font les petits enfants. Et cela frappa d'étonnement toute l'assistance, au point que les prêtres du Temple eux-mêmes étaient dans l'admiration ». Personne, jusqu'à la fin du 16e siècle ne semble avoir nié ni même mis en doute cet épisode de la vie de la Vierge Marie, qui fut parfois contesté ensuite, et ceci jusqu'à nos jours. On ne s'étonnera donc pas de trouver à plusieurs reprises dans l'œuvre de Maria Valtorta l'évocation du séjour de Marie au Temple . Cependant, tout en restant globalement compatible avec le récit du protévangile, son texte présente de nombreux détails originaux qui permettent de supposer que les apocryphes n'ont pas été sa source d'inspiration. Conformément à leur vœu, Anne et de Joachim confient la petite Marie au Temple à l'occasion de son troisième anniversaire , donc durant l'automne -18 . L'heure de la douloureuse séparation venue, Joachim peut murmurer dans un soupir : « nous ne trouverons pas une autre offrande pour racheter celle-là » 8.2 car la possibilité du rachat des vœux était effectivement une disposition prévue par la Loi . Elisabeth et Zacharie accompagnent les vieux parents, et tentent de les réconforter : « La prophétesse Anne aura grand soin de cette fleur de David et d'Aaron » 8.3 déclareZacharie . Puis il constate : « En ce moment, c'est l'unique lys de sa descendance sainte que David ait au Temple . C'est d'une vierge de la race de David que sortira le Messie » 8.3 . Sans doute fait-il alors allusion à Isaïe (Is 7,13-14), qui, prophétisant qu'une vierge enfantera un fils, commence en effet par ces mots : « Ecoutez donc, Maison de David ! » Zacharie continue à rassurer ses cousins : « Je suis prêtre et j'ai mes entrées. J'en profiterai pour cet ange. Et Elisabeth viendra souvent la voir » 8.3 . Demeurant à Hébron, ils pourront en effet venir plus facilement que Joachim et Anne qui vivent à Nazareth. « Nous somme exactement entre la troisième et la sixième heure... Ce serait le moment d'y aller » 8.4 ajoute-t-il. Cette remarque aussi est pertinente, puisque la bible confirme que c'est au milieu de la matinée qu'avait lieu l'offrande matinale (Selon Ex 29, 38-39 ; Ex 30, 7 ou Nb 28, 3-4). Tandis que le groupe s'avance, Maria Valtorta observe les alentours : « Les voilà au pied d'un vaste cube de marbre couronné d'or (...) l'escalier monumental qui conduit au Temple (...) la gigantesque porte de bronze et d'or » 8.5 . Ceci est conforme aux descriptions transmises par l'historien Flavius Josèphe : le Temple avait la forme d'un vaste cube, auquel on accédait par un escalier monumental de quinze marches circulaires. Il était entouré à son sommet de pointes d'or pour éloigner les colombes ou les pigeons. Pourtant dans cette description un détail nous surprend : « Chaque coupole convexe qui ressemble à une moitié d'une énorme orange resplendit au soleil » 8.5 . En effet aucune des plus récentes maquettes du Temple ne laisse apparaître de coupoles d'or. Maria Valtorta aurait-elle rêvé ? Il ne semble pas, à lire ce témoignage de Maïmonide : « A droite du Temple, un grand pavillon, la Maison du Feu est reconnaissable au dôme qui le coiffe ». L'arrivée du Grand-Prêtre, venu en personne accueillir Marie sur le parvis du Temple, est une nouvelle occasion d'apprécier le soin extrême avec lequel Maria Valtorta décrit ce qu'elle observe. Elle en détaille minutieusement les vêtements, en conformité avec les différentes sources historiques. Mais l'absence de tout terme spécifique (tels que tiare, rational, pectoral ou éphod) semble un indice qu'elle n'a pas puisé ses informations dans la bible (Par exemple dans Ex 28). Marie « se sépare de son père et de sa mère et elle monte, comme fascinée elle gravit les marches » 8.6 . L'évangile apocryphe du pseudo-Matthieu indique même que Marie « gravit en courant les quinze marches du Temple ». Malgré son très jeune âge, le pontife l'interroge : « Marie de David, est-ce ton vœu ? Un "oui" argentin lui répond, il s'écrie : Entre, alors, marche en ma présence et sois parfaite » 8.6 , et Maria Valtorta observe : « Quelle hostie plus pure avait jamais vu le Temple ? » 8.6 . Ainsi commence le séjour de Marie au Temple . FOOTNOTES : On peut citer, entre autres, saint Justin (mort vers 165) dans le Dialogue avec Tryphon ; Tertullien qui en cite un passage ; Origène qui s'y réfère explicitement dans le Commentaire de S. Matthieu ; Clément d'Alexandrie qui évoque « les traditions répandues sur le merveilleux enfantement de la Vierge » ; saint Eusthate d'Antioche (mort en 338) qui écrit « Elle est vraiment digne d'être parcourue, l'histoire qu'un certain Jacques raconte de la vierge Marie » ; puis encore saint Grégoire de Nysse ; saint Epiphane ; saint Sabas ; Romanus et de très nombreux autres saints au cours des siècles. : Egalement nommé Liber de ortu beatae Mariae et infantia Salvatoris et dont la date n'est pas exactement connue. Saint Epiphane (4e siècle) en parle sans le condamner ( Heresia 59 ), de même que Saint Grégoire de Nysse, ce qui fait dire à Baronius qu'il n'est pas à dédaigner ( Apparatus ad Annales 46 ). : Cet ouvrage est daté de la fin du 5e siècle, mais selon Dom Calmet il aurait pu être composé par Séleucus, auteur du second siècle. Il traite à peu près du même sujet que les précédents, mais de façon plus brève (il s'achève à Noël). Jacques de Voragine l'incorpora presque intégralement dans sa Légende dorée (vers 1265). : Saint Grégoire de Nysse (né vers 335, mort après 394) cité par Dom Calmet. : Saint Jean Damascène (676-749), Première homélie pour la nativité de la Vierge Marie . : Comme par exemple quand Jésus, évoquant la prime enfance de Marie, déclare : « Elle n'avait pas encore trois ans car elle n'était pas encore au Temple » 196.3 . : On peut noter que c'est justement à partir de l'âge de trois ans que, selon la loi rabbinique, une fillette devenait « ketannah », c'est-à-dire « petite » ou « mineure ». (selon Judaïc Encyclopedia 1901-1906). Sainte C. Emmerich précise quant à elle que Marie avait tout juste trois ans et trois mois lorsqu'elle fut conduite au Temple. : Marie étant née le 8 sept. -21, soit le 10 tishri 3741 d'Israël, son 3ème anniversaire, le 10 tishri 3744 correspond théoriquement au lundi 5 octobre -18 julien. La tradition orientale fixe au 21 novembre la présentation au Temple depuis (au moins) le 6e siècle. Le récit de Maria Valtorta est compatible avec cette date, qui fut retenue aussi par Grégoire XI en 1372, puis rendue obligatoire dans toute l'Eglise par Sixte V en 1585. : En application de Lévitique 27,1-8, Joachim aurait pu racheter l'offrande de Marie en versant trente sicles au Temple. : La présence, ce jour là, de Zacharie, prêtre du Temple en exercice, est mentionnée par saint Germain de Constantinople et par saint Georges de Nicomédie, et leur témoignage est confirmé par plusieurs autres écrivains ecclésiastiques. : C'est aussi ce qu'affirme Marie d'Agréda : Anne de Phanuél fut une des maitresses de Marie au Temple. ( Vie divine de la Très Sainte Vierge Marie , chap. 8 par V. Viala 1916 éd. Téqui p 53). : Maïmonide, Lois de la maison d'élection , Chap. 5, 10. Moïse Maïmonide (1138-1204) fut un célèbre philosophe juif, commentateur de la Mishna. : Ces termes apparaissent ultérieurement à plusieurs reprises dans l'œuvre, mais alors, ils sont « prononcés » par Jésus. : Notons que dans le Coran, Surate 3 Al' Imram , v 37, le séjour de Marie au Temple est également évoqué.
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Le Protévangile
Joachim et Anne viennent prier au Temple
Nous retrouvons Joachim et Anne venus prier au Temple, comme ils l'avaient prévu, à l'occasion de la fête des Tabernacles . Maria Valtorta nous décrit en détail les « tentes de laine brute, certainement imperméable, étendues sur des pieux fixés au sol et, attachés aux pieux, des branches vertes qui y font une fraîche décoration » 3.2 . Mais lorsqu'elle reçoit cette vision, en août 1944, elle semble découvrir ce lieu « hors des murs de Jérusalem, sur les collines et au milieu des oliviers » 3.2 , et ignorer la raison de « ce campement étrange ». La nuit tombe, sereine. Maria observe « la grande Ourse et la petite avec leur forme de char, dont le timon reste attaché au sol » 3.2 . Un homme dit « Un bel octobre, comme on en voit rarement ! » 3.2 . Anne toujours nostalgique à la vue des bambins qui l'entourent, dit son espoir à Joachim : « Cette nuit, j'ai rêvé que l'an prochain je viendrai à la cité sainte pour deux fêtes au lieu d'une seule. Et l'une sera la présentation au Temple de ma créature… Oh ! Joachim ! » 3.4 . Et Joachim l'encourage : « Demain, c'est le dernier jour de supplication. Déjà toutes les offrandes ont été faites, mais nous les renouvellerons encore demain, solennellement » 3.4 . Il pourrait sembler licite de ne voir dans cette évocation qu'une charmante fiction poétique, si elle ne comportait les détails significatifs que je viens de souligner. Mais qui pourrait imaginer, de prime abord, qu'ils permettent de dater cette scène au jour près ? Ceci mérite de plus amples explications : Soukkot , appelée également fête des Tentes ou fête des Tabernacles est une des trois plus anciennes fêtes liées au cycle saisonnier en terre d'Israël. Chaque famille venait en pèlerinage au Temple, et construisait une cabane (ou sukkha ) faite de quatre sortes de branches liées entre elles. La fête se déroulait (et se déroule encore) en fin d'été, du 15 au 21 Tishri, c'est-à-dire juste après la pleine lune. Le septième jour de Soukkot s'appelle Hochaana Rabba . Il est marqué par des prières de supplications particulières dans lesquelles on implore Dieu de nous juger favorablement. En l'an -22, l'astronomie nous enseigne que la pleine lune eut lieu le 24/25 septembre (julien). L'avant dernier jour de la fête s'en déduit : c'est le 5 des nones d'octobre du calendrier romain . « La nuit fourmille de plus en plus d'étoiles » 3.4 peut remarquer Maria Valtorta, car la soirée est effectivement sans lune, celle-ci ne se levant cette nuit là qu'après minuit. Notons aussi que la position de la Grande Ourse, avec son timon près de l'horizon, est caractéristique des débuts de soirées uniquement entre mi-septembre et mi-octobre ! Quant au lieu où se déroule cette séquence, c'est le camp des galiléens , situé au Nord Est du Temple, sur le mont des Oliviers . C'était le lieu de rassemblement des galiléens lors des pèlerinages à Jérusalem, comme Maria Valtorta en aura la confirmation plus tard, dans la vision du 18 septembre 1944 (voir MV 279.1). * Dans une dictée , Jésus fait ensuite l'éloge de ses grands parents et, à la lumière des Écritures, en brosse leur portrait. « Anne d'Aaron était la femme courageuse dont parle notre aïeul. Et Joachim, descendant du roi David, n'avait pas tant recherché la grâce et la richesse que la vertu » 3.5 . Ainsi est affirmée la descendance davidique de Marie. Ce fait est parfois contesté de nos jours, et nous le réexaminerons bientôt. Le lecteur attentif et curieux ne découvrira pas moins de huit allusions au Livre de la Sagesse et aux Proverbes dans cette brève dictée , où il est dit aussi : « Anne, désormais une vieille femme, épouse de Joachim depuis tant de lustres » 3.7 . Or la tradition quasi unanime rapporte qu'en effet Anne était mariée depuis plus de vingt ans, (soit quatre lustres) et qu'elle eut Marie dans sa vieillesse . FOOTNOTES : Soit le lundi 1er octobre -22 (en grégorien). Par la suite , sauf mention contraire, toutes les dates sont indiquées selon le calendrier grégorien . : A savoir : Sagesse 8,2.9.10.13 ; Proverbes 5,18-19 ; 31, 10.27-28. : Voir aussi http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2001/01-004.htm P. V. Charland, Les trois légendes de Madame Saincte Anne vol 1, 1898, p 11.
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Le Protévangile
Marie, de la race de David
Pour Maria Valtorta, il ne fait aucun doute que Marie descendait de David par son père Joachim. Il y en a de multiples allusions disséminées ça et là dans son texte. A commencer par cette affirmation solennelle de Jésus : « Pourquoi murmurez-vous entre vous ? Oui, je suis le Fils de Marie de Nazareth, fille de Joachim de la race de David, vierge consacrée au Temple, et puis épousée par Joseph de Jacob, de la race de David. Vous avez connu, beaucoup d'entre vous, les justes qui donnèrent la vie à Joseph, menuisier de race royale, et à Marie, vierge héritière de souche royale » 354.12 . Ailleurs Jésus commente Isaïe 11,1 : « Un germe sortira de la racine de Jessé, une fleur viendra de cette racine et sur Lui se reposera l'Esprit du Seigneur. Cette Femme. Ma Mère. Scribe, pour l'honneur de ta science, rappelle-toi et comprends les paroles du Livre » 525.8 . Et lorsqu'à Sychar, on L'interroge sur son lieu de naissance, Il déclare : « A Bethléem Ephrata, de Marie de la race de David, par l'opération d'une conception spirituelle. Veuillez le croire » 144.3 . Il serait aisé de multiplier ce genre d'exemples tirés de l'œuvre, mais comme l'appartenance de Marie à la race de David a parfois été mise en doute durant les deux ou trois derniers siècles, il n'est peut-être pas inutile de rappeler quelques données justifiant cette croyance antique, à commencer par les Saintes Écritures. J'ai déjà mentionné la prophétie d'Isaïe(Is 7,13-14)annonçant la conception virginale du Messie. Cette prophétie, le prêtre Zacharie, père de Jean Baptiste, ne pouvait l'ignorer. Dès lors qu'il reconnait que Marie porte le Messie, il reconnaît ipso facto que Marie est la Vierge prédite. Or il s'écrie : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, de ce qu'il a visité et racheté son peuple, et nous a suscité un puissant Sauveur dans la maison de David, son serviteur »(Lc 1,67-69). C'est donc qu'il savait parfaitement que Marie descendait de David ! Notons aussi que l'affirmation de Gabriel : « le Seigneur lui donnera le trône de David son père » (Lc 1,32)n'ayant son accomplissement qu'en Marie et par Marie, ceci implique qu'elle soit de la lignée de David . C'est d'ailleurs ce qu'affirme saint Paul parlant de Jésus « issu de la lignée de David selon la chair » (Ro 1, 3). Avant même la fin du premier siècle, saint Ignace d'Antioche dans sa lettre aux Ephésiens leur rappelle que Jésus « a été conçu de Marie, du sang de David, par l'opération du Saint Esprit... ». Ailleurs il confirme encore : « Vous êtes fermement convaincus au sujet de notre Seigneur qui est véritablement de la race de David selon la chair »(CEC § 496). Quelques années plus tard, saint Justin écrit pour sa part : « il était né d'une vierge qui descendait de David » . Et selon l'Évangile apocryphe de l'Annuaire de Marie 1882, p 358-359). De même saint Jérôme qui commente Isaïe 11 : « Il sortira un rejeton du tronc de Jessé (...) pour dénoter que l'auguste Marie devait naître de la race de David ... » la Nativité de Sainte Marie (au chap. 1): « La bienheureuse et glorieuse Marie toujours vierge, de la race royale et de la famille de David, naquit dans la ville de Nazareth, et fut élevée à Jérusalem, dans le Temple du Seigneur ». Saint Augustin s'opposa vigoureusement au manichéen Fauste, qui prétendait que Marie n'était pas de la maison de David. « On ne peut point douter que la Vierge ne fut véritablement de la race de David, puisqu'elle seule a eu part à la génération de Jésus Christ qui en était certainement selon l'Écriture » . Et il s'appuie sur l'épitre aux hébreux (He 7, 13-14)pour nier que Joachim ait pu être descendant d'Aaron. Ailleurs il affirme encore : « Puisque le même évangéliste nous dit que l'époux de Marie était Joseph, que la mère du Christ était vierge, et que le Christ est de la descendance de David, que reste-t-il à croire, sinon que Marie n'était pas étrangère à la parenté de David ». Et l'on pourrait ajouter bien d'autres témoignages, comme ceux de saint Epiphane, de saint Jérôme , de saint André de Crète ou de Bède le Vénérable et de tant d'autres, qui ont permis au pape Jean-Paul II de clore espérons-le définitivement ce débat, en affirmant solennellement : « L'Église professe donc et proclame que Jésus-Christ a été conçu et mis au monde, par une fille d'Adam, de la descendance d'Abraham et de David : la Vierge Marie ». Une dernière remarque sur ce sujet : si la descendance davidique de Jésus, telle que l'exposent Matthieu et Luc, était sans fondement, peut-on imaginer que les premiers chrétiens d'origine juive l'auraient prise ainsi au sérieux ? Et encore plus, peut-on imaginer que les membres du Sanhédrin, qui eurent un accès direct aux archives du Temple jusqu'en 70, n'eussent point réfuté cette filiation si elle leur était apparue contestable ? FOOTNOTES : Cette interprétation du texte d'Isaïe est « conforme à l'opinion commune des Pères », selon le père Carlo Passaglia, qui au 19e siècle cita une cinquantaine de témoignages des Pères. (cité par G. Roschini La Vierge Marie dans l'œuvre de M Valtorta , p 103). Saint Pierre Damien, docteur de l'Eglise, affirmait déjà : « La sainte Vierge, signifiée par la verge d'Isaïe, met véritablement en fuite tous les ennemis qui voudraient rendre nuls les fruits de la Rédemption » (cité par M Menghi-D'Arville, (suite page suivante...) : Joseph ne confère en effet à son fils que le titre « légal » de fils de David. : Dialogue avec Tryphon 99 C 2. : St Augustin. In Fauste L 23 c. 4. : St Jérôme, cité par St Thomas d'Aquin ( Somme Théologique III,28, art. 1, sol. 2) déclara « Marie et Joseph étaient de la même tribu ». : Jean-Paul II, Audience générale , mercredi 28 janvier 1987, § 1.
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Le Protévangile
La cérémonie de la purification d'Anne
« Et quand les jours furent accomplis, Anne fut purifiée » dit le protévangile de Jacques . Selon la Loi, inscrite au chapitre 12 du Lévitique , une femme qui avait donné naissance à un enfant était considérée comme impure. Après 40 jours pour un garçon et 80 jours pour une fille, la mère devait apporter deux offrandes au Temple : un agneau comme sacrifice de remerciement, et une jeune colombe ou tourterelle comme sacrifice expiatoire. C'est donc un peu avant la fin novembre -21 que Joachim et Anne se rendirent au Temple, accompagnés de Zacharie et d'Elisabeth, pour y accomplir le rite prescrit. Maria Valtorta décrit « une belle mais froide journée de plein hiver » 6.1 . Cette imprécision résulte d'une impression personnelle de l'auteure, et montre qu'elle ne s'inspirait surement pas des données bibliques pour renforcer la crédibilité de son récit, comme serait tenté de le faire un romancier. C'est la première fois qu'il est question dans l'œuvre de Zacharie et d'Elisabeth, les futurs parents de Jean Baptiste. Aussi la remarque de Maria Valtorta : « Zacharie beaucoup plus jeune (…) qu'à la naissance du Baptiste, et en pleine force » 6.1 pourrait nous surprendre. C'est l'occasion de rappeler ici que Maria Valtorta ne reçut pas toutes ses visions selon un ordre chronologique. Par exemple cette vision, du 28 août 1944, est de cinq mois postérieure à celle de la visite de la Vierge Marie chez Elisabeth à Hébron, reçue le 1er avril 1944. Pourtant, remises dans l'ordre, toutes les visions s'avèrent parfaitement cohérentes entre elles. Dans le compte-rendu que Maria Valtorta nous fournit de cette cérémonie, plusieurs détails méritent d'être soulignés. Tout d'abord la description du Temple, conforme à ce qu'on en connaît par l'histoire, avec ses cours, ses portiques et ses « entrées magnifiquement travaillées, de marbre, bronze et or » 6.3. Maria Valtorta admire particulièrement « la belle porte de Nicanore, tout un travail de broderie en bronze massif laminé d'argent » 6.3 . En effet, ces portes en bronze, rapportées d'Alexandrie par Nicanor, furent laissée en l'état (« leur bronze brillait comme l'or ! ») lorsque « plus tard » toutes les autres portes du Temple furent garnies d'or et d'argent . L'histoire ne nous révèle pas quand furent précisément installées ces portes. Selon Maria Valtorta, elles étaient donc déjà en place en -21, juste à l'époque où Hérode le Grand allait décider « d'agrandir l'enceinte et augmenter la hauteur de l'édifice pour le rendre plus imposant » . Maria Valtorta voit aussi parfaitement « les choses apportées : ...deux colombes dans une cage d'osier et deux grosses pièces d'argent... Joachim entre derrière sa femme, tirant à reculons un malheureux agneau qui bêle » 6.3 . ce qui est conforme à l'offrande légale. La voyante s'étonne de la grosseur des pièces de monnaie et émet ce commentaire typiquement féminin : « deux grosses pièces d'argent : certaines pièces de monnaies tellement lourdes qu'heureusement qu'à cette époque il n'y avait pas de poches, elles les auraient défoncées ». Mais il suffit de se souvenir que la monnaie d'argent utilisée dans l'enceinte du Temple, à cette époque, était le sicle de Tyr, pesant environ 14 g, pour apprécier la pertinence de cette remarque. La présence au Temple, en -21, de la prophétesse Anne ne saurait surprendre, puisque selon Luc, elle participait au culte du Temple « nuit et jour » (Lc 2,36-38). L'explication de cette présence, telle que nous la donne Maria Valtorta, pourrait rassurer certains exégètes qui mettent en doute le récit de Luc, estimant que les femmes ne pouvaient rester au Temple la nuit... « Voici (une autre) Anne qui arrive. Ce sera une de ses maîtresses : Anne de Phanuel de la tribu d'Azer. Viens, femme, cet enfant on l'offre au Temple, tu seras sa maîtresse et sous ta garde elle croîtra en sainteté ». Si Anne était la maîtresse des jeunes vierges du Temple, comme l'indiquent Maria Valtorta et avant elle Marie d'Agreda, tout devient limpide ! Maria Valtorta précise encore: « Anne de Phanuel, déjà toute blanche », ce qui reste logique pour une femme déjà âgée de 68 ans, puisque l'évangéliste Luc indique qu'elle avait 84 ans à la naissance de Jésus. « Dans trois ans, tu seras là aussi, mon Lys » promet la maman Anne à son bébé Marie, à la fin de la cérémonie de purification 6.5 . Elle renouvelle ainsi le vœu fait quelques mois plus tôt à Nazareth : « lorsqu'elle aura fait notre joie pendant trois années, nous donnerons notre créature au Seigneur » 4.4 . FOOTNOTES : D'après le Talmud Yoma, 38, 1 et Flavius Joseph Guerres juives Livre V, 5, 3. : Les historiens place cette décision vers l'automne -20, en confrontant Flavius Josèphe Antiquités judaïques , XV, 11, 1 avec Dion Cassius Histoire romaine LIV,7,4-6 ; Suétone, Auguste , III, 9 ; et Tacite, Annales , II, 13.
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Le Protévangile
La mort de Joachim et d'Anne
Le silence des évangiles sur les parents de la Vierge peut être comparé à celui qui concerne Joseph dès que commence la vie publique de Jésus. En effet le silence sur Joseph ne se conçoit qu'en admettant sa mort juste avant le début de la vie publique de Jésus. De même l'absence de la moindre allusion à Joachim ou à Anne lors du mariage de Marie, de l'Annonciation ou de la naissance de Jésus ne se conçoit que s'ils étaient déjà disparus. Peut-on imaginer que Marie, après la visite de l'ange, ait pu ne pas laisser aussitôt apparaître son émotion à sa mère, si celle-ci avait été encore en vie, tandis que son souci immédiat fut de courir au loin chez sa cousine Elisabeth ? Ainsi s'impose logiquement que Marie devait déjà être orpheline au temps de son mariage. Et c'est en effet ce que confirment Jésus, Marie et même Joseph à diverses reprises dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé . Ayant tout au plus douze ans, Marie confie à Anne de Phanuel : « Je n'ai plus de père, ni de mère… et il n'y a que l'Éternel qui sache en quelle douleur s'est consumé ce que j'avais d'humain. ( … ) Mes parents étaient deux justes (...) je les vois dans le repos, auprès des Patriarches ... » 10.4 . Puis lorsque le Grand-Prêtre l'interroge en vue de préparer son mariage, elle lui répond : « Prêtre. Mais dis-moi comment je dois agir… Je n'ai plus ni père, ni mère. Toi, sois mon guide » 11.5 . De même en décembre -7, alors qu'il vient d'être choisi comme époux de Marie, Joseph se remémore avec elle le souvenir de ses parents disparus : « Heureux et vieux père qui mourut en parlant de sa Marie (...) La mort des tiens (...) J'ai enseveli ton père (...) La maladie de ton père... » 12.6 . Et il ajoute : « Il y a plus de trois printemps que les arbres et les vignes n'ont pas vu le sécateur du jardinier ... » 12.6 indiquant ainsi que Joachim est sans doute décédé durant l'hiver -11/-10. Et quelques trente ans plus tard, Jésus confirme à nouveau ces faits, lorsqu'Il se présente pour la première fois au magistrat du Temple qui lui demande son nom. « Jésus de Joseph de Nazareth de Jacob de la race de David, et de Marie de Joachim de la race de David et de Anne d'Aaron, Marie, la Vierge dont le mariage a été célébré au Temple, parce qu'elle était orpheline, par le Grand Prêtre, selon la Loi d'Israël » 68.2 . Cette affirmation de la mort des grands parents de Jésus avant le mariage de sa Sainte Mère trouve plusieurs échos dans la tradition. Déjà au début du 6e siècle, Epiphane de Constantinople le confirme comme un fait bien établi, en ces termes : « Alors qu'elle était au Temple, elle fut orpheline de ses parents ». Puis Georges Cedremus, au 11e siècle donne cette précision : « Joachim et Anne étaient morts lorsque Marie eut onze ans ». Ceci est également indiqué par Marie d'Agreda, qui situe la mort de Joachim six mois après l'admission de Marie au Temple, et celle d'Anne douze ans après la naissance de Marie. Le père Croiset affirme pour sa part qu'« il y avait huit ou neuf ans que la Sainte Vierge était dans sa retraite (...) lorsqu'elle perdit son père saint Joachim, et peu après sainte Anne sa mère ». C'est précisément ce qui ressort également du récit de Maria Valtorta. Or établir que Marie fut orpheline tandis qu'elle vivait encore au Temple ne relève pas simplement de l'anecdote, mais apporte un argument supplémentaire pour justifier les traditions relatives au mariage de Marie et Joseph au Temple, comme nous allons le voir maintenant... FOOTNOTES : Dans Vita B. Virg . vers 520, il écrivait : « Dum in templo esset, orbata parentibus est » . : Il précise même que « Joachim mourut octogénaire » ( Joachim octogenarius decessit ) dans Compendium Historiarum t. 1, p. 327, dans le Corpus script. Hist. Byzant . éd. Niebuhr, 1828, t. xxiv-xxv. : Jean Croiset, La vie de la Très-Sainte Vierge Marie , 1783 chap.13 page 48. (inclus dans Exercices de piété tome 18). Il n'indique pas ses sources.
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Le Protévangile
Le choix d'un époux pour Marie, l'orpheline héritière
Ses parents décédèrent donc pendant que Marie était encore au Temple. A la fin de l'automne de l'an -7, Marie vient d'avoir quatorze ans . Le Grand-Prêtre la convoque. « … n'es-tu pas la petite qui, il y a maintenant douze hivers, est venue me demander d'entrer ? » lui demande-t-il. En effet, à cette date, Siméon Boéthos est encore en poste, mais pour fort peu de temps . Et il ajoute « Tu n'es plus une fillette désormais, mais une femme . Et chaque femme en Israël doit être épouse pour porter son fils au Seigneur.Tu suivras le commandement de la Loi. Ne crains pas, ne rougis pas. J'ai présent à l'esprit ta descendance royale. Déjà te protège la Loi qui ordonne qu'à chaque homme soit donné une femme de sa race » 11.3 . En fait, les mariages hors de la tribu quoique rares, restaient licites, du moins s'agissant de la tribu sacerdotale de Lévi. La bible donne l'exemple d'Aaron, le frère de Moïse, qui était marié à une fille de la maison de Juda(Ex 6,23). Rien ne s'oppose donc par exemple à ce que Joachim de David par Nathan, ait épousé Anne de Lévi par Aaron. C'est d'ailleurs en se référant à la légalité des mariages hors de la tribu que plusieurs biblistes ont cru pouvoir affirmer que seul Joseph était de la maison de David, et non Marie. Mais nous allons voir bientôt qu'en ce qui concerne Marie, l'affirmation du Grand-Prêtre se trouve pleinement justifiée... Maria Valtorta remarque : « Marie lève un visage tout rouge de pudeur » ce qui est tout à fait conforme au témoignage de saint Ambroise selon lequel la Vierge Marie était timide et rougissait aisément . Répondant aux interrogations du Grand-Prêtre, Marie lui expose avec sincérité son désir de virginité perpétuelle, puis elle conclut : « Maintenant j'obéis, Prêtre. Mais dis-moi comment je dois agir… Je n'ai plus ni père, ni mère. Toi, sois mon guide » 11.5 . Cette humble requête apporte une justification, semble-t-il inédite, aux traditions qui font du Grand-Prêtre l'organisateur du mariage de la Sainte Vierge. En effet un commentaire assez peu évoqué de la Loi précise : « Celui qui garde un orphelin dans sa maison est considéré comme le père de l'orphelin » (Talmud, Sanhedrin 19b). C'est dont légalement et tout naturellement le Grand-Prêtre qui doit prendre en charge les préparatifs. Il convoque tous les prétendants possibles de la tribu de David pour la fête de la Dédicace , qui aura lieu dans un mois environ. Nous retrouvons dans le récit de Maria Valtorta la trame générale transmise par la tradition. Mais les détails originaux que comporte son texte empruntent d'avantage au récit historique qu'à la pieuse légende. Renouvelant donc l'antique épreuve du bâton d'Aaron (Nb 17, 16-20),le Grand-Prêtre demande à chaque prétendant d'apporter une branche d'amandier . Entouré de nombreux témoins, le pontife leur annonce le miracle : « Il a fleuri miraculeusement, alors qu'aucun rameau sur la terre n'est fleuri en ce moment, dernier jour de l'Encénie, bien que la neige tombée ne soit pas encore disparue sur les hauteurs de Juda » 12.4 . Ceci permet de dater avec précision cette cérémonie au 24 décembre -7 (julien) . Quand ensuite « Joseph de Jacob , de Bethléem de la tribu de David, charpentier à Nazareth de Galilée » 12.4 , l'heureux élu, dit à Marie : « En ce moment les jours allongent » 12.6 , c'est absolument exact puisque la veille, 23 décembre -7, c'était le solstice d'hiver ! Comment Maria Valtorta aurait-elle pu inventer cela ? Le Grand-Prêtre bénit les futurs époux : « que le Seigneur vous garde et vous bénisse, qu'Il vous montre sa face et ait pitié de vous, toujours. Qu'Il tourne vers vous son visage et vous donne la paix » 12.5 . Incidemment Maria Valtorta nous apprend que Joseph « est sur les trente ans » 12.2 . Laissés seuls, les promis font rapidement connaissance. Joseph explique à Marie qu'il était l'ami de Joachim et Anne et qu'il les assista dans leurs derniers jours. Il lui donne aussi quelques nouvelles de la parenté. Puis il lui confie « je suis naziréen et j'ai obéi à la convocation parce qu'elle émanait du Prêtre, non par désir du mariage » 12.6 . Il s'ensuit un très émouvant dialogue qui nous éclaire sur la chasteté des parents du Sauveur. Marie avoue à Joseph : « je me suis consacrée au Seigneur. Je sais que cela ne se fait pas en Israël ... » 12.7 . Joseph décide spontanément : « Moi aussi, j'unirai mon sacrifice au tien et par notre chasteté nous témoignerons tant d'amour à l'Éternel, tant d'amour que Lui donnera plus tôt le Sauveur à toute la terre » 12.7 . Enfin il promet de remettre la maison de Nazareth en état, avant que Marie ne vienne y vivre, quand viendra le printemps. Avant de clore ce chapitre, il nous reste encore à déterminer pourquoi le Grand Prêtre devait impérativement chercher pour Marie un époux dans la lignée de David ? Comme c'est si souvent le cas avec le texte de Maria Valtorta, l'explication décisive nous est fournie incidemment, beaucoup plus loin dans l'œuvre. Il faut se reporter au cours de la première année de la vie publique, en l'an 27. Alphée, l'oncle de Jésus est gravement malade. Aîné et chef de la famille, il n'a jamais vraiment admis le mariage de son cadet Joseph, et il ronchonne : « Ah ! malheur sur nous à partir du jour où mon faible frère s'est laissé unir à cette femme insipide et pourtant autoritaire, et qui a eu tout pouvoir sur lui. Je l'avais dit alors : Joseph n'est pas pour les noces. (...) Malédiction à la loi de l'orpheline héritière !. .. » 100.5 . La voici, la raison tant recherchée : en effet la loi établie par Moïse était formelle. « Si un homme meurt sans fils, c'est sa fille qui devient l'héritière »(Nombres 27, 8). Mais alors, et alors seulement, un autre article de la Loi spécifie que la fille doit impérativement se marier dans son propre clan, pour y maintenir le patrimoine(Nombres 36, 6-8). Le Grand-Prêtre ne pouvait l'ignorer. Marie, la vierge davidique, orpheline héritière, ne pouvait donc épouser qu'un descendant de David ! Maria Valtorta fournit ainsi un argument convaincant mais peut-être un peu oublié de nos jours, de cette filiation davidique de Marie, en mentionnant la loi de l'orpheline héritière. FOOTNOTES : Marie d'Agreda indique ce même âge pour « les fiançailles » avec Joseph, comme aussi l'apocryphe Evangile de la Nativité de Marie (chapitre VII). Evode ( apud Nicephor II,3) et saint Hippolyte ( Chronicon. I,47) estiment eux, que Marie avait alors 12 ans. Les rabbis reconnaissaient l'âge de la majorité pour les filles aux premiers signes de puberté (Mid 52a), et considéraient que ces signes apparaissaient, pour les filles, au début de leur 13e année. A cette date, elles devenaient « bogeret », et pouvait éventuellement se marier. : Il fut Grand-Prêtre entre -23 et -6. Puis Mattatiah ben Théophile lui succéda (Flavius Josèphe Antiquités juives XV et XVII). : Rapporté par J.-J. Bourassé Histoire de la Vierge Marie, Mère de Dieu, 1863 p 134. : St Jérôme en donne ce témoigne : « ils déposèrent dans le Temple 24 baguettes d'amandier et le lendemain celle du charpentier Joseph se trouva couverte de feuilles et de fleurs ... » : Miracle « confirmé » par Jésus lui-même, beaucoup plus loin dans l'œuvre : « un rameau coupé dans ce jardin en plein hiver et qui avait fleuri comme pour le printemps » 348.11 . : En décembre -7, la pleine lune eut lieu le 7 décembre (julien). Hannoukha , ou fête de la Dédicace ( Encénie en grec) commençant toujours le 25 Kisleu, ce fut donc cette année là le 17 décembre. La fête dure 8 jours. Le dernier jour était donc le 24 décembre -7 (soit le 2 Tébeth 3755 du calendrier juif). : Cette filiation de Joseph à Jacob est identique à celle de Mathieu 1,16. : Les familiers de la bible noteront que c''est justement la formule de la bénédiction sacerdotale dictée par Moïse (Nombres 6,24-26) ! : Il convient de remarquer ici que Maria Valtorta n'apporte aucun crédit à la « fable » colportée par Origène et reprise par saint Epiphane selon laquelle Joseph, déjà très âgé et veuf, aurait eu 4 fils et 2 filles d'un précédent mariage (Beaucoup pensent aujourd'hui que cette « fable » avait pour but de rendre plus facilement crédible pour leurs contemporains la chasteté des deux époux). D'ailleurs les noms des « fils » et « filles » mentionnés sont à l'évidence ceux des neveux, belle-sœur et belle-nièce de Joseph, donc de sa parenté (Jacques, Joseph, Simon, Jude, Salomé et Marie). Selon les visions de Marie d'Agreda ( la Vie Divine de la Très Sainte Vierge Marie chap. 6) saint Joseph avait 33 ans lorsqu'il prit pour épouse la Vierge Marie. De nombreux archéologues (Allegranza, Bottari, De Rossi...) ont observé que dans les monuments des quatre premiers siècles, saint Joseph est représenté jeune encore, et presque sans barbe. Dans une dictée du 11 janvier 1944, Marie déclare ; « son âge qui était deux fois le mien », confirmant ainsi les trente ans de Joseph. : Terme appliqué aux hommes qui faisaient des vœux d'ascétisme selon Nombres 6, 1-27. Il en est plusieurs fois question dans l'œuvre. : La bible nous montre que pour la femme juive, la stérilité était considérée comme un malheur. Toutefois « Heureuse la femme stérile mais sans tâche ! Sa fécondité apparaîtra lors de la visite des âmes » prédit le Livre de la Sagesse 3, 13. : Voici enfin l'explication tant recherchée par les exégètes à l'interrogation de Marie durant l'Annonciation : « Comment cela sera-t-il, puisque je ne connaît pas d'homme ? » (Benoît XVI l'Enfance de Jésus , 2012 , p55-57 s'interroge longuement sans conclure).
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Le Protévangile
Le mariage de Marie au Temple
Nous retrouvons Marie au Temple, tandis qu'elle porte « ses vêtements d'épouse, parmi ses amies et ses maîtresses qui lui font fête » 13.1 . La cousine Elisabeth évoque le trousseau préparé par Anne, maintenant disparue. Les compagnes de Marie admirent particulièrement les colliers et les bracelets hérités de la par ton père, pour ton amour, pour te faire belle, comme il convient à une princesse de David » 13.3 . Marie confie : « En moins de deux mois… il En attendant l'arrivée de Joseph, grand-mère paternelle de Marie, et portant le sceau de Salomon , marque spécifique de la maison de David. « Aux heures mêmes de l'épreuve , ils furent sauvés est venu deux fois, et aujourd'hui, c'est pour la troisième fois…défiant pluies et vent… » 13.3 . Voici Joseph, en compagnie de Zacharie. « Dans ses mains, des bouquets de myrte en fleurs ». Elisabeth et les maitresses en font une guirlande, en alternance avec « de petites roses blanches » 13.3 . Ces détails et quelques autres permettent de situer la cérémonie vers la mi mars -6, la floraison du myrte commençant au printemps, tout comme celle des roses. « Joseph dit en s'écartant un peu avec Marie : j'ai pensé, ces temps-ci à ton vœu. Je t'ai dit que je le partage, mais plus j'y pense et plus je comprends que le naziréat temporaire, même renouvelé plusieurs fois , ne suffit pas. Je t'ai comprise, Marie. (...) Je ne connais pas les lettres et ne possède pas de trésor. Mais je mets à tes pieds, mon trésor. Pour toujours. Ma chasteté absolue pour être digne d'être près de toi, Vierge de Dieu » 13.5 . Ces paroles de Joseph font de leur désir individuel de chasteté un vœu de virginité en commun. C'est exactement conforme à ce que pressentit saint Thomas d'Aquin quand il affirma : « après ses fiançailles, en même temps que son époux et d'un commun accord, elle fit vœu de virginité ». Marie et Joseph se rendent ensuite dans une première salle où ils reçoivent, devant témoins, la bénédiction solennelle de leur union. Puis « ils vont dans une salle où est rédigéle contrat de mariage où il est dit que Marie, héritière de Joachim de David et d'Anne d'Aaron apporte en dot à son époux, sa maison avec les biens annexes, son trousseau personnel et d'autres biens qu'elle a hérité de son père » 13.6 . Et Maria Valtorta conclut : « Tout est fini. Les époux sortent dans la cour puis se dirigent vers la sortie près du quartier des femmes employées au Temple » 13.7 . Il aura fallu attendre plus de soixante ans après ce récit pour pouvoir lui trouver un fondement historique autre que celui des apocryphes, et ceci grâce à une étude du professeur Joseph Mélèze . Le papyrus d'Hérakléopolis, « la plainte de Philotas » (datant de -134 et publié en 2001) confirme en effet l'existence de deux cérémonies pour le mariage juif d'alors. Le qiddoushin (cérémonie de sanctification de la mariée, qui, par un contrat, la lie à son époux et la sépare de sa famille) et le nissou'in ( l'élévation , cérémonie d'admission dans la maison du mari, impliquant seulement à partir de ce moment la consommation du mariage). Un certain temps devait séparer ces deux cérémonies. C'est en effet ce que suggéraient les textes évangéliques de Luc(Lc 1,27)et de Matthieu(Mt 1,18)qui se trouvent ainsi eux aussi validés par cette nouvelle donnée historique. Mais que dire du récit de Maria Valtorta, qui décrit si précisément en 1944 une cérémonie (le qiddoushin ) dont le déroulement était peu connu , et dont l'existence n'était même pas formellement prouvée ! FOOTNOTES : Connu aussi comme étoile de David , hexagramme ou bouclier de David ( magen David ), l'usage de ce symbole est attesté par l'archéologie bien des siècles avant l'ère chrétienne. : L'épreuve quand furent dispersés les biens des héritiers de David sous Hérode le Grand, (vers -15/-10), mais peut-être aussi la maladie de Joachim, qui les obligea à vendre leurs biens. Ces deux épreuves sont évoquées plusieurs fois dans l'œuvre. : L'usage de couronnes de myrte et de rose pour les mariées est une antique coutume grecque. Elle fut adoptée par Israël. Ces couronnes étaient portées par les mariées peu fortunées, n'ayant pas de couronne en or. (Mischna Sotah chap. 9 sect 4, selon Orsini, La Vierge , Histoire de la mère de Dieu , 1837 page 575). : Le vœu de naziréat était en principe pris pour un an, mais pouvait être renouvelé. : J.-J. Bourassé, Histoire de la Vierge Marie 1862, p128, indique lui-aussi que « Joseph tira Marie à l'écart et lui dit secrètement une parole qui la fit tressaillir ». Mais il est tout à fait improbable que Maria Valtorta ait pu avoir eu connaissance de cet article qui confirme en quelque sorte sa vision ! : Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique , Partie III, Question 28, article 4. Déjà saint Augustin, De Incarnat . avait écrit : « Saint Joseph connaissait le vœu que Marie avait fait avant de l'épouser ; et il consentit à ce qu'elle l'observât ». : Joseph Mélèze-Modrzejewski, le Monde de la Bible, janv./fév. 2005, p 55. : Orsini, La Vierge , Histoire de la mère de Dieu 1838, évoque ces deux cérémonies de mariage de façon assez détaillée, mais n'indique pas ses sources.
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Le Protévangile
L'Annonciation
Un an exactement a passé depuis l'installation de Marie à Nazareth, et non pas deux mois, comme ont pu l'imaginer certains exégètes . Marie, « une très jeune adolescente - quinze ans au plus à la voir » 16.1 observe Maria Valtorta. Nous apprendrons des milliers de pages plus loin dans l'œuvre : « C'était un serein après-midi d'Adar 348.11 , ce qui permet de situer l'Annonciation entre le 7/2/-5, et le 6/3/-5 (par conversion du calendrier hébraïque pour le mois d'Adar). Or chaque année durant la vie publique de Jésus, Marie, pour l'anniversaire de l'Annonciation, décore sa maison avec des branches fleuries d'arbres fruitiers . Plusieurs détails chronologiques dans l'œuvre permettent de dater l'événement entre le 15 et le 21 Adar, c'est-à-dire, pour l'an -5, entre le 21 et le 25 février. Dans une dictée à Maria Valtorta, le 31 Janvier 1947, Jésus donne cette autre précision décisive : « Marie partit chez sa cousine pendant l'octave pascale (...) soit environ un mois après l'Annonciation ». La Pâque ayant eut lieu cette année là le 21 mars, ceci confirme parfaitement cette période du 21 au 25 février pour l'Annonciation . Cette date diffère légèrement de la date traditionnelle de l'Annonciation fixée par l'Église au 25 mars . Curieusement, deux documents très anciens sont considérés comme indiquant la naissance de Jésus au printemps. Le premier, écrit en 202 ou 204, mentionne un mercredi 2 avril . Le second, daté de 243, suggère également un mercredi, le V des calendes d'avril (soit le 28 mars) , et précise : « au jour où fut créé le soleil, en ce jour est né le Christ ». Ces deux textes pourraient-ils se référer non pas à la Nativité, mais bien plutôt au jour de l'Incarnation du Sauveur ? Ils ne pouvaient en effet être ignorés du pape Libère lorsqu'il fixa justement, à peine un siècle plus tard, la Nativité au 25 décembre, soit neuf mois après l'Annonciation ! Suivant en cela le texte de Luc (Lc 1,28), la plupart des commentateurs situent l'Annonciation dans la maison paternelle de Marie, à Nazareth, tout comme l'indique aussi le texte de Maria Valtorta. Marie travaille dans sa très modeste chambre. « Elle file du lin très blanc et doux comme de la soie. Ses petites mains, un peu moins claires que le lin, font tourner agilement le fuseau » 16.1 . On reverra souvent Marie au tissage et à ses travaux de couture, qu'elle a appris au Temple. Saint Epiphane nous apprend qu'elle excellait dans la broderie et dans l'art de travailler la laine et le lin : « son adresse sans égale à filer le lin de Péluse est encore traditionnelle dans l'Orient, et les chrétiens occidentaux, pour en perpétuer la mémoire, ont donné le nom de fil de la Vierge à ces réseaux éclatants de blancheur et d'une contexture presque vaporeuse qui planent sur le creux des vallons pendant les humides matinées d'automne ». Maria Valtorta poursuit le récit de cette céleste vision : « Marie se met à chanter à voix basse et puis elle élève un peu la voix. (...) Le chant se change en une prière : Seigneur, Dieu Très-Haut, ne tarde pas d'envoyer ton Serviteur pour apporter la paix sur la terre... » 16.2 . Voici bien un remarquable écho à un témoignage de saint Alphonse de Liguori : « Aussi, pendant que l'humble Vierge, retirée dans sa pauvre cellule, soupirait avec ardeur et original fut altéré pour indiquer le 25 décembre, et elle en déduisit que Jésus était « né » au printemps. Pourtant Hippolyte, au 3e siècle, aurait-il pu ignorer que le recensement ne pouvait pas, en Palestine, avoir lieu au moment de la Pâque ? suppliait Dieu d'envoyer le Messie, comme sainte Elisabeth , de l'ordre de saint Benoît, l'apprit par révélation ... » Dans un souffle d'air apparaît l'Archange Gabriel. A sa douce salutation, « Marie tressaille et baisse les yeux. Et elle tressaille davantage quand elle voit cette créature de lumière agenouillée à un mètre environ de distance d'elle . (... ) Elle devient pâle, puis rouge. Son visage exprime étonnement, effarement » 16.4 . C'est l'attitude que décrivait saint Bernard : « La Vierge est troublée mais elle n'est pas confondue. Elle garde le silence et se demande ce que veut dire cette salutation mystérieuse. Or se troubler est le propre de la pudeur, ne pas être confondue est le propre de la force, et se taire est le propre de la prudence ». La suite du dialogue transmis par Maria Valtorta est bien entendu conforme à ce que nous en connaissons par le témoignage de l'évangéliste Luc. Toutefois il comporte quelques éléments originaux qui le rendent à la fois vivant et hautement crédible, et mériterait d'être étudié par les exégètes . Le soir venu, Marie vaque à ses occupations domestiques. Son fiancé Joseph, comme chaque soir, vient lui rendre visite à la fin de sa longue journée de travail, pour s'assurer qu'elle ne manque de rien. Il lui rapporte de Cana « une grappe de raisin, un peu avancé mais bien conservé… il est bon, doux comme du miel » 18.3 . Marie l'informe de son intention : « Il est venu un messager, quelqu'un qui ne saurait mentir. Je voudrais aller chez Elisabeth pour lui rendre service et lui dire que je me réjouis avec elle. Si tu le permets … » 18.5 . Joseph lui propose alors : « Je dois aller avant la Pâque à Jérusalem... Si tu attends quelques jours, je t'accompagnerai jusque là ... » 18.5 . Ceci est parfaitement compatible avec la chronologie indiquée ici, mais serait inconciliable avec l'Annonciation le 25 mars, puisqu'en -5 la Pâque fut célébrée à l'occasion de la pleine lune du jeudi 21 mars. Les mystiques C. Emmerich et M. d'Agreda ont vu elles aussi Joseph accompagner Marie dans son voyage . FOOTNOTES : Elisabeth, qui est restée quelque temps avec Marie, est maintenant enceinte depuis sept./oct. -6. Puisque Marie l'ignore encore, c'est à l'évidence qu'elle n'a pas vu sa cousine depuis plusieurs mois. : Luc (1, 26) écrit « le sixième mois » (après la conception de Jean-Baptiste lors de la fête des Tabernacles , le 15 Tishri), ce qui indique également Adar. : Voir par exemple MV 346.1. : Est-ce une coïncidence si, le 23 février -5, eut lieu dans le ciel nocturne un rapprochement remarquable (à 2,3°) entre la lune et Spica (étoile alpha de la constellation de la Vierge, et symbole pour les juifs du Messie attendu) ? Ce fut le seul rapprochement de ce type visible en l'an -5. : Marie d'Agreda donne aussi le 25 mars, en -5, mais elle dit que c'était un jeudi, ce qui est inexact. (Ses informations semblent ici doublement incompatibles, puisqu'elle donne la naissance de Marie en l'an -21 tout en indiquant qu'elle a 14 ans en -5 (elle a plus de 15 ans alors !). Catherine Emmerich fixe la date de l'Incarnation au 25 février, en pleine compatibilité avec ce que l'on peut déduire du texte de Maria Valtorta. : Hippolyte de Rome, Commentaire sur Daniel IV,23. (Il y eut un mercredi 2 avril, en l'an -2). Annie Jaubert, La Date de la cène, calendrier biblique et liturgie chrétienne , 1957, jugea que le texte (suite page suivante...) : Selon un passage du De Pascha Computus . (Il y eut un mercredi 28 mars en l'an -4). : F. E. Chassay Histoire de la Rédemption 1850, p 80. En MV 348.11, Jésus affirme, parlant de Marie : « elle filait un fil plus fin que l'un des cheveux de sa jeune chevelure ». : Sainte Élisabeth de Schönau, (1129-1164) visionnaire bénédictine allemande. : Saint Alphonse de Liguori Les gloires de Marie , Discours IV de l'Annonciation de Marie , 1ère partie. De même St Ambroise ( de Virg . lib. 2) écrivait : « L'Ange la trouva retirée dans sa chambre, occupée de Dieu ... » : Saint Bernard de Clairvaux, Homélie III Super Missus est . : Ainsi Gabriel dit : « ...Tu es bénie entre toutes les femmes » 16.4 . Ceci est conforme au texte original de la Vulgate (Lc 1,28), et au commentaire de l'Ave Maria par saint Thomas d'Aquin, ainsi qu'au texte des bibles anciennes (La bible d'Ostervald (1663-1747), celle de Tours (1866), etc.) Mais les bibles modernes n'attribuent plus cette parole qu'à Elisabeth (Lc 1,42). Maria Valtorta réconcilie les deux versions, car pour elle, L'Archange et la cousine ont tous deux prononcé cette expression biblique « bénie entre les femmes » (voir MV 21.5), que l'on retrouve dans Juges 5,24. : Ce détail et l'évocation de la pomme consommée quelques instants plus tôt par Marie lors de son frugal repas, sont plus compatibles avec la date du 25 février qu'avec celle du 25 mars. : Pour C. Emmerich, c'était juste avant la Pâque ( Vie de la sainte Vierge chap. XLI), et pour M. d'Agreda 4 jours après l'Annonciation ( Cité mystique de Dieu , Chap. III, La Visitation de Marie ).
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Le Protévangile
La tradition du 25 décembre
Nous venons de voir, au début du précédent paragraphe, que Jésus Lui-même indique dans l'œuvre que sa naissance eut lieu le 25 du mois de Kislev. Il le réaffirme plus tard à Pierre : « Je suis l'Encénie Éternelle, Pierre. Sais-tu que je suis né justement le 25 du mois de Casleu ? » 132.7 . Or, durant la nuit de Noël, Maria Valtorta décrit une nuit de pleine lune : « La lune est au zénith (…) la lune rit au milieu avec sa figure toute blanche (…) Tu n'as jamais vu un clair de lune ? » 30.1 . Dans le calendrier luni-solaire hébraïque, les mois commencent à la nouvelle lune, et la pleine lune tombe donc proche du 15 de chaque mois et jamais, bien entendu, le 25 ! Y aurait-il une contradiction dans le texte de Maria Valtorta ? Voici qui motive un examen attentif... Durant les trois années de la Vie publique de Jésus, il est fait plusieurs fois allusion à l'anniversaire de sa naissance, et de nombreux détails chronologiques permettent de dater sans ambiguïté cet anniversaire au 12/13 Thevet, ce qui correspondait, en l'an -5, à la nuit du mardi 10 au mercredi 11 décembre, qui fut effectivement une nuit de pleine lune . Or Jean Aulagnier , s'appuyant sur l'étude d'Annie Jaubert sur les manuscrits de Qumran et le calendrier des Jubilés (ou calendrier de Moïse), a pu montrer que cette date du 11 décembre -5 correspondait au mercredi 25 Cisleu (9e mois) du calendrier des Jubilés. Si l'interprétation messianique de la prophétie d'Aggée(Ag 2,18-19)est justifiée, la naissance du Christ « le vingt-cinq du neuvième mois, Kislev » l'est tout autant. Et il y aurait donc un symbolisme fort entre : la Dédicace du Temple par Judas Maccabée (1 M 4,52-59)en -148 ; Hanoukha, le 25 Kislev du calendrier des Jubilés ; et la naissance de Jésus, le vrai Temple ce même 25 Kislev . Non seulement les indications fournies par Maria Valtorta ne se contredisent pas, mais en plus elles pourraient apporter un argument inédit pour légitimer a posteriori le choix de la date traditionnelle du 25 décembre ! Ce serait le pape Jules 1er qui, à la demande de Cyrille de Jérusalem, aurait confirmé en 336, à partir de documents romains, la naissance de Jésus un 25 décembre . Puis le pape Libère, en 354, parait avoir institué officiellement la fête de la Nativité le 25 décembre . Trois décennies plus tard, en 385, saint Jean-Chrysostome, à la suite d'une brillante démonstration basée sur la conception du Baptiste, concluait lui aussi que Jésus était né durant le mois de décembre . « Pour nous », écrivit saint Augustin, « ce jour est sacré, non à cause du soleil visible, mais par la naissance de l'invisible Créateur du soleil ». Finalement, que Jésus soit né un 25 décembre (ou plus rigoureusement le 25 Kislev) n'a pas une importance fondamentale. Il convient simplement de noter que la tradition fixant la naissance de Jésus en hiver est très ancienne, puisque déjà au 3e siècle, en orient et en occident, elle se célébrait le 6 janvier, comme le fait encore aujourd'hui l'Église apostolique arménienne. Benoît XVI rappelle, dans le troisième tome de sa trilogie sur le Christ, consacré à L'Enfance de Jésus , que Dionysius Exiguus « s'est à l'évidence trompé de quelques années dans ses calculs (...) La date historique de la naissance de Jésus est donc à fixer quelques années auparavant ». Le Pape indique que l'erreur porte sur « quatre à six ou sept années ». C'est exactement dans cette fourchette que se place la chronologie tirée de Maria Valtorta, comme l'avait déjà publiée Jean Aulagnier trente ans auparavant. FOOTNOTES : Et cette nuit là, très précisément à minuit, « apparaissait » sur l'horizon Est l'étoile Spica (alpha de la constellation de la Vierge), nommée Tsemesh en hébreu, et symbole du Messie pour le judaïsme ! : Jean Aulagnier, Avec Jésus au jour le jour , éd. JA 1985, page 286-291. : Le pape Benoît XVI y fit explicitement référence dans son homélie du mercredi 23 décembre 2009. Notons qu'en l'an juif 5777 (soit notre année 2016), décembre et Kislev coïncideront parfaitement. Hanoukah commencera le dimanche 25 décembre, et s'achèvera le dimanche 1er janvier. : La plus ancienne référence faisant allusion au 25 décembre date de l'an 204. Saint Hippolyte de Rome ( Commentaire du livre du prophète Daniel ) y indique « le mercredi 25 décembre de la 42e année d'Auguste » comme date de naissance du Sauveur. (C'est en -3 (41e année d'Auguste) et non en -2 que le 25 décembre tombe un mercredi !). J'ai déjà souligné, (voir le paragraphe sur l'Annonciation) que Annie Jaubert avait jugé que le manuscrit d'Hippolyte avait été falsifié. : Certains affirment que ce fut pour supplanter la fête romaine du Sol Invictus instituée par Aurélien vers 270 ; d'autres pour distinguer nativité et épiphanie, célébrées alors toutes deux le 6 janvier ; d'autres enfin pour situer Noël exactement neuf mois après l'Annonciation. : Saint-Jean-Chrysostome (340-407) Homélie sur la fête de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ , § 4 et § 5. : Au 2e siècle Saint-Clément d'Alexandrie ( Stromates, Livre 1 chap. 21), indique 194 ans, 1 mois et 13 jours entre la naissance du Christ et la mort de l'empereur Commode. Il calcule la date en considérant le calendrier égyptien de 365 jours, et aboutit au 18 novembre -3, mais un décompte exact conduit au 6 janvier -2. Il évoque aussi les dates du 25 pachon (20 mai) et du 24/25 pharmuthi (20 avril) : ces doubles références au « 25e jour du mois » restant d'ailleurs assez troublantes. : Benoît XVI, L'enfance de Jésus Flammarion 2012, p 91.
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Le Protévangile
Marie toujours Vierge
La virginité perpétuelle de la Sainte Vierge a été enseignée avec force dès les premiers siècles par de nombreux Pères . A la fin du premier siècle saint Ignace d'Antioche( Lettre aux Ephésiens , 19,1)écrit : « Et demeura caché au prince de ce monde la virginité de Marie et son enfantement, comme aussi la mort du Seigneur : trois mystères éclatants, qui se réalisèrent dans le silence deDieu ». Puis au 2e siècle, Justin( Dialogue contre Tryphon chap. 84)affirmait très clairement que Jésus « prit chair et naquit véritablement d'un sein resté vierge », et à la même époque, l'apocryphe le Protévangile de Jacques qui contribua à propager le culte marial chez les premiers chrétiens, fait mention de la virginité perpétuelle de Marie. Les pères grecs(Origène, Athanase, Basile le Grand, Grégoire de Nysse, Epiphane, Jean Chrysostome, etc.) et latins (Ambroise de Milan, Hilaire de Poitiers, Jérôme , etc.)des 3e et 4e siècles défendirent eux aussi la virginité perpétuelle de Marie. Saint Épiphane écrivait en 374 que le Fils de Dieu « s'est incarné c'est-à-dire a été engendré parfaitement de sainte Marie, la toujours vierge, par le Saint-Esprit » et saint Léon le Grand dans sa lettre dogmatique à Flavien réaffirma en 453 que Jésus « a donc été conçu du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge sa mère, qui l'a enfanté comme elle l'avait conçu, sans préjudice de sa virginité ». En 649, au concile du Latran, Marie a été déclarée « toujours vierge » par le Pape Martin 1er, ce qui fut réaffirmé au 3e concile de Constantinople en 681, ainsi qu'au 4e concile du Latran en 1215. Autrement dit la tradition a été unanime sur la virginité perpétuelle de Marie, comme le résuma si bien Corneille a Lapide : « Tous les pères, les docteurs, les théologiens, enseignent que la virginité de Marie ne reçut pas plus d'atteinte dans l'enfantement qu'elle n'en avait reçue dans la conception, son chaste sein demeurant toujours ce jardin fermé dont parle le Cantique des cantiques ». Et même au 15e siècle les réformateurs Martin Luther, Jean Calvin, Ulrich Zwingli ou John Wesley ne l'ont pas contestée. En de très nombreuses occasions dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé , la virginité de Marie est réaffirmée avec fermeté : « Vierge avant sa conception, vierge dans l'obscurité d'un sein, vierge dans ses vagissements, vierge dans ses premiers pas, la Vierge appartint à Dieu, à Dieu seul. Elle proclama son droit supérieur au décret de la Loi d'Israël, en obtenant de l'époux qui lui fut donné par Dieu de rester inviolée après les noces » 136.6 . Comme encore dans cette mise au point dictée par Jésus à Maria Valtorta : « pour les docteurs mécontents et exigeants. Et encore pour les chicaneurs, je dis que j'ai employé les termes "oncle" et "tante", qui n'existent pas dans les langues de Palestine, pour apporter des éclaircissements et mettre un point final à une question irrespectueuse sur ma condition de Fils Unique de Marie, et sur la Virginité de ma Mère, avant et après l'enfantement, sur la nature spirituelle et divine de l'union dont j'ai reçu la vie. Je le redis encore une fois, ma Mère ne connut pas d'autres unions et n'eut pas d'autres enfants. Chair Inviolée, que Moi-même je n'ai pas déchirée, fermée sur le mystère d'un sein-tabernacle, trône de la Trinité et du Verbe Incarné » 100.11 . C'est Marie elle-même, encore fillette, qui dévoile cet appel intérieur à la virginité, dans un émouvant dialogue avec Anne de Phanuel, au Temple : « La Loi séculaire d'Israël veut faire de toute vierge une épouse et de toute épouse une mère. Mais moi qui suis soumise à la Loi, j'obéis à la Voix qui me dit : "Je te veux". Vierge je suis et resterai. Comment le pourrai-je ? Cette voix, Invisible Présence près de moi, m'apportera son aide car c'est Elle qui le veut. Je ne crains pas » 10.3 . Et lorsque le Grand-Prêtre l'interroge : « Depuis combien d'années es-tu vouée à la virginité ? », Marie lui répond : « Depuis toujours, je crois. Je n'étais pas encore venue au Temple et déjà, je m'étais donnée au Seigneur » 11.4 . On retrouve un parfait écho de cette affirmation dans les révélations de Marie à sainte Brigitte : « Dès lors que j'eus connaissance de Dieu, tout au commencement de ma vie, (...) je lui consacrai dès lors tout mon cœur et toutes mes affections. (...) Je fis vœu aussi dans mon cœur de garder une perpétuelle virginité ». FOOTNOTES : Voir par exemple Saint Irénée III, 21; Eusèbe, Hist. Eccl . V, VIII : Origène Adv. Cels , I, 35 ; Tertullien Adv. Marcion III, 13 et Adv Judaeos IX ; Saint Jean Chrysostome Hom. V dans Matthieu , n°3 et Isaïe VII, n°5 ; Saint Épiphane Hær. XXVIII, n°7 ; Eusèbe Demonstrat. Ev . VIII, i ; Rufin Lib. fid . 43 ; les textes attribués à Saint Basile Isaïe VII, 14 ; Hom. S. générat. Christi , n°4 ; Saint Jérôme et Théodoret Isaë VII, 14 ; Saint Isidore Adv. Judaeos I, X, n°3 ; Saint Ildefonse De Perpetua virginit. s. Mariae , 3 ; Saint Jérôme encore, qui consacre tout son traité contre Helvidius à la virginité perpétuelle de Notre-Dame (voir n° 4, 13, 18) etc. : Saint Epiphane, Ancoratus , Chap. 119, 5. : Jean André Barbier, Les Trésors de Cornelius a Lapide , 1876, tome 2, Art. Jésus p 523. : Sainte Brigitte de Suède Révélations célestes Livre 1, chap. 10. Ces révélations sur l'enfance de Marie, tout à fait compatibles avec celles reçues par Maria Valtorta, furent approuvées par trois papes : Urbain VI, Martin V et Boniface IX. (Jean Paul II, rappela toutefois, dans le Motu Proprio du 1/10/1999, qu'en reconnaissant la sainteté de Brigitte, l'Eglise ne se prononçait pas sur ses diverses révélations).
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Le Protévangile
La visite chez la cousine Elisabeth
Saint Luc reste obscur quant à la ville où demeuraient Zacharie et Elisabeth : « Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, vers une ville de Juda » écrit-il simplement. La tradition qui situe leur demeure à Aïn Karim n'est pas antérieure aux croisades . G. Arvanitakis, par une lecture attentive de la carte de Madaba a démontré que « la tradition en faveur d'Aïn Karim n'a aucun fondement sérieux ». Selon Maria Valtorta les cousins de Marie habitaient Hébron, ville sacerdotale située à une trentaine de kilomètres au sud de Jérusalem, et ce fait semble aujourd'hui admis par beaucoup comme le plus plausible . Il n'est toutefois pas exclu qu'après le massacre des innocents , Zacharie et Elisabeth aient pu aller habiter un temps à Aïn Karim. Marie d'Alphée ne dit-elle pas, évoquant le massacre puis la fuite en Égypte : « (Elizabeth et Zacharie) angoissés pour Jean, craignant de nouvelles atrocités, l'avaient caché et tremblaient pour lui » 577.8 . Et Jésus semble également le confirmer, juste avant sa Passion : « Jean (...) ayant passé sa vie dans le désert depuis son enfance ... » 592.19 . L'Évangile ne mentionne pas la présence de Joseph aux côtés de Marie lors de la Visitation, et le protévangile de Jacques n'en parle pas non plus. Pourtant quelques Pères (saint Basile, Origène...) et plusieurs mystiques , ont imaginé Joseph accompagnant Marie jusque chez Zacharie et Elisabeth. Le récit de Maria Valtorta diffère de ce sentiment. Pour la mystique italienne, Joseph accompagne Marie jusqu'à Jérusalem, mais ne va pas plus loin. Il confie ensuite sa jeune fiancée à un « petit vieux », qui l'accompagne de Jérusalem à Hébron : « Cet homme va par le même chemin que toi. Tu auras très peu de chemin à faire seule pour arriver chez la parente. Aie confiance en lui, je le connais » 20.1 . Si Joseph avait été présent lors de l'arrivée à Hébron, il faudrait supposer qu'il n'ait pas entendu la salutation d'Elisabeth « béni le fruit de ton ventre », et qu'Elisabeth n'ait pas immédiatement associé à cette heureuse nouvelle Joseph, elle qui avait été témoin de son mariage avec sa jeune cousine, un an auparavant. L'absence de Joseph à Hébron s'avère donc plausible, sinon même probable. Ayant quitté Joseph en fin de matinée à Jérusalem, « c'est vers le soir » 21.1 que Marie atteint le but de son voyage, après six ou sept heures à dos d'âne, pour parcourir une trentaine de kilomètres. Samuel, le vieux serviteur qui accueille Marie lui confie : « Zacharie est revenu, il y a sept mois, muet, de Jérusalem » 21.4 . Cette information est confirmée par cette autre indication de Jésus, beaucoup plus loin dans l'œuvre : « le Baptiste (...) était au septième mois de sa formation et le germe d'homme, renfermé en son sein maternel, tressaillit de joie en entendant la voix de l'Épouse de Dieu » 127.5 . En se référant au calendrier hébraïque ceci signifie que Marie arriva à Hébron au cours du mois de Nisan, septième mois depuis Tishri. Mais nous savons aussi, par la dictée du 31 janvier 1947 que « Marie partit chez sa cousine pendant l'octave pascale, pour être auprès d'elle lorsque Zacharie s'absentera d'Hébron pour "se présenter devant la face du Seigneur à la fête des Azymes, comme tout mâle y est tenu" (Selon Deutéronome 16, 16)». En -5, la Pâque s'étant déroulée le samedi 23 mars, la Visitation eut donc lieu entre le 24 et le 30 mars -5 . L'accueil et la salutation d'Elisabeth s'accordent bien sûr avec le récit évangélique. Un détail inédit attire notre attention : la confidence faite par Elisabeth à Zacharie. « Marie est mère, elle aussi. Réjouis-toi de son bonheur » 21.6 . Mais Elisabeth ne lui révèle cependant pas qu'il s'agit du Sauveur attendu. Marie va rester auprès de sa cousine pendant plusieurs mois, l'assistant dans les tâches ménagères et méditant avec elle sur l'avenir de leurs futurs bébés, à la lumière des Écritures. Les deux cousines s'interrogent aussi sur la façon de prévenir Joseph. « Comme je l'aimerai mon Enfant ! Mon Fils ! Joseph aussi l'aimera ! ». « Mais tu devras le lui dire à Joseph ! ». Marie s'assombrit et soupire . « Je devrais pourtant le lui dire… J'aurais voulu que le Ciel le lui fasse savoir car c'est très difficile d'en parler ». « Veux-tu que je lui en parle ? Que je le fasse venir pour la circoncision de Jean ? » « Non. J'ai remis à Dieu le soin de l'instruire de son heureux sort de nourricier du Fils de Dieu. Il s'en chargera. L'Esprit m'a dit ce soir : Tais-toi, laisse-Moi le soin, je te justifierai » 22.8 . FOOTNOTES : Voir Isambert, Syrie et Palestine p 345. : M. G. Arvanitakis, Bulletin de l'Institut égyptien , 5e série, tome 1, 1907, pages 1 à 14. Les fouilles de S. Saller (1941) et de B. Bagatti (1937) ont confirmé que les ruines d'Aïn Karim supposées être les restes d'un sanctuaire de la Visitation étaient celles d'une simple maison. : Ce fut aussi l'opinion de savants réputés comme Tillemont, Sepp ou Pezron par exemple. : Voir par exemple Brigitte de Suède, M. d'Agreda, Th. Neumann ou Consuelo. C. Emmerich, dans une vision du 14 janv. 1823 (chap. VI), indique que Joseph n'accompagna pas Marie jusqu'au bout, mais se contredit ensuite au chap. XLII, décrivant sa présence chez Elisabeth. :Le dimanche 24 mars -5 convient très bien et permet à Zacharie d'aller à Jérusalem avant la fin de la fête, qui dure 7 jours, tandis que Joseph et Marie ont pu prier au Temple dès le premier jour de la Pâque. (Marie d'Agreda fixe la rencontre au soir du 2 avril. Catherine Emmerich la situe avant la Pâque).
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Le Protévangile
La naissance du Précurseur
« L'Église considère la naissance de Jean comme particulièrement sacrée : on ne trouve aucun des saints qui nous ont précédés dont nous célébrions solennellement la naissance » affirmait saint Augustin . Et saint Bernard de Clairvaux( Ep. 174) en donnait cette raison : « C'est que le précurseur du Messie fut sanctifié dans le sein de sa mère, par rémission du péché originel ». Cette affirmation que saint Jean fut lavé du péché originel dès avant sa naissance, est plusieurs fois affirmée dans l'œuvre de Maria Valtorta , et en particulier dans ce passage : « ... le jugement sur l'acte d'Adam reste ce qu'il est et il sera toujours appelé "Faute d'origine". Les hommes seront rachetés, lavés par une purification supérieure à toute autre. Mais ils naîtront avec cette marque, car Dieu a jugé que cette marque doit exister sur tout être né de la femme, sauf pour Celui qui a été fait non par œuvre d'homme mais par l'Esprit Saint, et pour la Préservée et le Présanctifié, vierges pour l'éternité. La Première pour pouvoir être la Vierge Mère de Dieu, le second pour pouvoir être le Précurseur de l'Innocent en naissant déjà pur, par l'effet d'une jouissance anticipée des mérites infinis du Sauveur Rédempteur » 414.8 . La Sainte Écriture ne nous apprend pas si Marie était encore auprès d'Elisabeth lors de la naissance du Baptiste. Plusieurs parmi les Pères et les commentateurs, au fil des siècles, ont pensé qu'à cette époque elle était retournée à Nazareth, au prétexte qu'il ne convenait pas à une jeune vierge de se trouver, en une telle circonstance, auprès d'une nouvelle mère, dans la chambre nuptiale. Mais beaucoup de Pères considérèrent au contraire que Marie resta auprès de sa cousine à l'heure des souffrances . Voici venue l'heure de la délivrance. « Une belle soirée d'été encore éclairée par le soleil couchant et où déjà l'arc de la lune semble une virgule d'argent posée sur une immense draperie d'azur » 23.2 . Peut-on s'imaginer, au premier abord, que derrière cette belle description poétique se cache une information permettant de dater la naissance de Jean Baptiste à un ou deux jours près ? En effet, la lune n'a l'aspect d'une virgule, au soleil couchant, que seulement durant les premiers jours qui suivent la nouvelle lune. L'astronomie montrant qu'en juin/juillet -5, la nouvelle lune a eu lieu le mardi 2 juillet, la naissance du Précurseur advint donc, d'après l'observation de Maria Valtorta, entre le mercredi 3 et le vendredi 5 juillet. Plus loin, Maria Valtorta remarque : « Le temps passe (...) Marie (...) descend, rapide, dans le rayon de lune », ce qui n'est compatible que le soir du jeudi 4 juillet , soit neuf mois et quelques jours après la date de la conception de Jean, telle que nous l'avons déterminée auparavant. De tels détails en apparence insignifiants, et aboutissant à un tel degré de précision, ne sauraient être fortuits . La tradition place la nativité de saint Jean le 24 juin, exactement trois mois après la date retenue pour la Visitation, et six mois avant celle de Noël. FOOTNOTES : Saint Augustin, Sermons 287 et 290, Homélie pour la nativité de Jean-Baptiste . : Voir par exemple MV 9.5 ; MV 21.5 ; MV 398.1 et MV 567.1. : Voir J.-J. Bourassé, Histoire de la Sainte Vierge Marie ,1863 p 169. : La lune se couche, ce soir là, 1h50 après le coucher du soleil. : Nous verrons plus loin, lors des retrouvailles de Marie et de Joseph, que ces détails sont utiles pour démontrer la crédibilité du récit !
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Le Protévangile
La purification d'Elisabeth
Bien que les Écritures et la tradition n'en parlent pas, il ne fait aucun doute que Zacharie et Elisabeth se rendirent au Temple, quarante jours après la naissance de leur fils, comme la Loi le prescrivait. C'était donc le mardi 13 août -5. Partis à l'aube, Zacharie, Elisabeth et Marie arrivent donc au Temple en fin de matinée, pour la présentation de Jean et la purification de sa mère. Ils apportent les offrandes requises(Lv 12,5-6): « un agneau et, dans une cage, une colombe » 25.1 . Marie, qui avait fait prévenir Joseph comme convenu , ne le voyant pas, s'enquiert de sa venue. Elisabeth la rassure : « Il aura été retenu par quelque chose, mais il viendra certainement aujourd'hui ». La cérémonie s'achève, et Joseph n'est toujours pas arrivé. « Nous pouvons rester jusqu'à la sixième heure, mais ensuite, nous devons partir pour être à la maison avant la première veille. Il est encore trop petit pour rester à la nuit tombée », annonce Elisabeth préoccupée. C'est qu'il faut cinq à six heures pour retourner à Hébron. Il est donc nécessaire de repartir en tout début d'après midi... Ils ne peuvent donc rester que deux ou trois heures à Jérusalem. Marie hésite sur ce qu'elle doit faire, et Zacharie propose : « Allons chez les parents de Zébédée, c'est sûrement là que Joseph va te chercher et s'il ne venait pas, il te sera facile de trouver quelqu'un pour t'accompagner vers la Galilée » 25.3 . Beaucoup plus loin dans l'œuvre, nous apprenons que Zébédée fournit régulièrement des poissons aux notables du Temple, ce qui d'ailleurs expliquera plus tard que ses petits-fils Jean et Jacques aient leurs entrées chez le Grand-Prêtre Anne. Le temps passe, et c'est au moment où les cousins s'apprêtent à repartir, que Joseph arrive enfin. Il justifie sa venue tardive : « Ton messager est arrivé à Nazareth pendant que j'étais à Cana pour des travaux. J'ai été informé avant-hier au soir et je suis parti tout de suite. Mais ayant marché sans arrêt, je suis en retard parce que l'âne avait perdu un fer » 25.4 . Ce témoignage de Joseph motive quelques commentaires. L'analyse chronologique et astronomique rigoureuse nous a permis de déterminer que cet épisode se déroule un mardi . Dans notre langage courant, l'expression « avant-hier au soir » signifierait naturellement dimanche soir . Mais ce serait oublier que pour les juifs, la journée commence à la tombée de la nuit. Joseph parle donc non pas du dimanche soir , mais bien plutôt de ce que nous appelons nous, le samedi soir . Il est dès lors aisé de reconstituer les faits : Marie a tenté de faire prévenir Joseph durant la semaine précédente, pour qu'il puisse partir avant le sabbat. Mais comme il travaillait à Cana, il n'a reçu le message que le jour du sabbat, et il est parti sans tarder, sitôt la fin du sabbat . Un homme dans la force de l'âge pouvait espérer parcourir les 110 kilomètres en 48 heures , et rejoindre Jérusalem le lundi soir à la tombée de la nuit, ou le mardi dans la matinée. Mais la halte pour ferrer son âne a fait perdre une demie journée à Joseph. Ainsi donc ce récit, dans lequel une critique superficielle aurait pu croire déceler une erreur et un anachronisme, s'avère au contraire parfaitement rigoureux et plausible. Et ce n'est pas tout ! Peu après, Joseph propose à Marie : « S'il ne te déplaisait pas de voyager de nuit, je proposerais de partir au crépuscule. La chaleur est forte dans la journée. La nuit, au contraire, est fraîche et tranquille » 25.6 . Cette proposition prend en effet tout son sens, en plein été, et à deux jours de la pleine lune, si propice aux déplacements nocturnes. Partir dès le mardi soir leur laisse en outre la possibilité d'arriver à Nazareth juste avant le sabbat. FOOTNOTES : Avant de quitter Marie, Joseph lui avait recommandé : « Au retour, tu me le feras savoir, je viendrai à ta rencontre » 18.5 . : La traduction française de F. Sauvage: « hier soir » est imprécise et conduirait à une impossibilité (parcourir 110 km en moins de 24h !). Le texte original indique « ieri l'altro, a sera » c'est-à-dire « avant-hier, au soir » ce qui change tout ! : Le 13 août -5, exactement 40 jours après la naissance de Jean-Baptiste, telle que déterminée précédemment. : Notons aussi que la lune, entre le premier quartier et la pleine lune, rendait possible ce départ en début de nuit ! : Jean renouvelle cette marche forcée en deux jours, en MV 70.2, dans sa hâte de rejoindre Jésus. : Certains ont cru voir dans l'indication du fer à âne un anachronisme. L'archéologie prouve qu'il n'en est rien. Les fers et les hipposandales sont attestées plus de 150 ans avant Jésus-Christ. (Voir Stavros Lazaris CNRS, UMR 7044 Etude des civilisations de l'Antiquité . Considérations sur l'apparition du fer à clous 2009). Voir aussi l'épisode de Titus le maréchal ferrant, en MV327.2.
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Le mariage en famille
Joseph prend conscience du rôle sublime qui lui revient désormais. « Maintenant il faut pourvoir, parce que… Joseph n'ajoute rien, mais regarde le corps de Marie, qui s'assied tout de suite, pour ne pas rester ainsi exposée au regard qui se pose sur elle. Il faudra faire vite. Je viendrai ici… Nous accomplirons le mariage… La semaine prochaine, ça va…? » (...) « Ce soir, je préviendrai les parents. Et après… quand je serai ici, nous travaillerons pour préparer tout à sa venue… Oh ! comment pourrai-je recevoir dans ma maison mon Dieu ? Dans mes bras Dieu ? J'en mourrai de joie !… Je ne pourrai jamais oser le toucher !… » 26.5 . Maria Valtorta ne décrit pas ce mariage en famille , qui fut donc célébré précipitamment, sans doute entre le 21 et le 23 août -5. Beaucoup plus loin dans l'œuvre, au livre 8, Marie d'Alphée se remémore tout à la fois l'indignation de son époux lorsque son frère Joseph « recula les noces le plus possible », puis la surprise de toute la famille « on ne comprit jamais comment à l'improviste il se décida avant le temps fixé » 577.7 . Au terme d'une fête qui durait normalement plusieurs jours, la jeune mariée était conduite en procession dans la maison de son époux, pour commencer la vie à deux. Marie ayant souhaité vivre dans la maison paternelle, le cortège nuptial ne pouvait partir de chez elle, puisqu'elle devait ensuite y vivre avec Joseph, faisant ainsi de cette maison la demeure de l'époux. Joseph, dès les fiançailles avait tout prévu : « Je viendrai dans ta maison. Mais seulement pour observer le rite, tu iras passer une semaine dans la maison d'Alphée, mon frère. Marie t'aime tant déjà. Et de là partira, le soir des noces, le cortège qui t'emmènera à la maison » 13.3 . C'est donc sans doute ce qu'ils firent, et ce que nous suggère Matthieu (Mt 1,24): « Joseph fit comme lui avait prescrit l'Ange du Seigneur, et il prit avec lui son épouse ». Trente trois ans plus tard, en août 28, Joseph d'Alphée, l'aîné des cousins de Jésus, apporte cette autre confirmation, en se remémorant des faits dont il fut témoin dans sa jeunesse. Il avait à l'époque une douzaine d'années : « ... quand Marie revint du Temple comme épouse de Joseph. Et je me souviens de ces jours-là, et de la réprobation stupéfaite de mon père quand il vit que son frère ne faisait pas les noces au plus vite. Sa stupeur, stupeur de Nazareth, et aussi les médisances. Car il n'est pas d'usage de laisser passer tant de mois avant les noces, en se mettant dans les conditions de pécher et de… Jésus, j'estime Marie, et j'honore la mémoire de mon parent. Mais le monde… Pour le monde, cela n'a pas été un bon moment… Toi… Oh ! maintenant je sais. Ta Mère m'a expliqué les prophéties. Voilà pourquoi Dieu a voulu que les noces soient retardées. Pour que ta naissance coïncide avec le grand Édit et que tu naisses à Bethléem de Juda... » 478.3 . FOOTNOTES : Joseph avait initialement annoncé le mariage après la fête des Tabernacles de l'an -5, au moment où Marie aurait eu 16 ans. Il ont donc finalement avancé les noces d'un mois environ. Voir le paragraphe « Marie dans sa maison de Nazareth ».
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L'Edit de recensement
Il y a trois grands événements dans l'histoire évangélique - la naissance, le commencement de la vie publique et la mort du Christ - qui sont liés entre eux par les textes sacrés, les apocryphes et la tradition. La datation de l'un interfère sur la datation des deux autres. Il existe un nombre incalculable de doctes dissertations sur ce sujet, depuis les premiers siècles jusqu'à nos jours. Elles conduiraient, en les considérant toutes, à situer la naissance de Jésus, entre l'an -7 et l'an +9 ! Maria Valtorta, elle, n'avance aucune date. Pourtant son récit comporte une masse d'indices chronologiques. Il y en a plus de cinq mille, indépendants entre eux pour beaucoup. Tous sont parfaitement cohérents et compatibles les uns avec les autres, ce qui du point de vue scientifique est statistiquement inexplicable . Ils permettent de fixer, souvent au jour près, pratiquement tous les événements évangéliques . Voyons ce qu'il en est de l'Edit de recensement . Un indice est donné au livre 4, quelques jours avant les Encénies et le trente deuxième anniversaire de Jésus. Le Christ vient de rentrer à Nazareth, et Marie constate : « tu es arrivé juste pour l'anniversaire de notre départ pour Bethléem » 303.3 . Ailleurs, c'est Marie d'Alphée qui demande à la Vierge : « Mais pourtant... partir ainsi, au dernier moment ! Quelle imprudence ! Pourquoi n'avoir pas attendu ? Le décret prévoyait un délai pour des cas exceptionnels comme naissance ou maladie. Alphée le dit… » 207.8 , puis aussitôt elle se justifie d'un reproche que lui fait son fils Jude, d'avoir laissé partir Marie : « Ton père avait décidé de venir après les Encénies et il le dit à son frère, mais Joseph ne voulut pas attendre » 207.8 . Ces indications permettent de situer le départ de Joseph et Marie vers la mi-novembre -5. C'est donc que l'annonce du recensement arriva en Galilée durant la première quinzaine de novembre -5, au moment où Marie achevait son huitième mois de grossesse. Un soir Joseph rentre préoccupé : « Ils ont affiché un édit sur la porte de la synagogue. C'est l'ordre de recensement de tous les Palestiniens. Il faut aller se faire inscrire au lieu d'origine. Pour nous, nous devons aller à Bethléem » 27.2 . Il apparaît que cette décision était tout à fait inattendue en Galilée. D'ailleurs, Marie elle-même le confirme lorsque, bien des années plus tard, Jésus revient avec les apôtres et les disciples sur le lieu de sa naissance. « Ce soir là, quand Joseph apporta la nouvelle, moi et Toi, Fils, nous avons tressailli de joie. C'était l'appel... parce que c'était ici, ici seulement que tu devais naître comme les Prophètes l'avaient dit. Et ce décret imprévu ce fut comme une pitié du Ciel pour éteindre chez Joseph jusqu'au souvenir de son soupçon » 207.8 . Jésus était déjà passé l'année précédente à Bethléem, et il avait raconté à Jean, Judas et Simon le zélote les circonstances de sa naissance : « la Mère qui était déjà sur le point d'enfanter vint, sur l'ordre de César Auguste, sur l'avis du délégué impérial, Publius Sulpicius Quirinus, alors qu'était gouverneur de la Palestine Sentius Saturninus. L'avis ordonnait le recensement de tous les habitants de l'Empire » 73.11 . Cet énoncé apparait plus précis que celui de Luc (Lc 2,1-2) , mais il ne le contredit en aucune façon. L'ordre de recensement de tout l'Empire, ne pouvait émaner que de l'empereur Auguste . Le consul Publius Sulpicius Quirinius fut effectivement légat général d'Auguste, et à ce titre il dut superviser les opérations de recensement dans la province. Caius Sentius Saturninus était le gouverneur de Syrie, entre -8 et -6, quand fut décidé le recensement, mais aucun témoignage n'indique que ce premier recensement général fut achevé en moins de deux ans ! Quant au fait que les romains aient choisi l'automne et l'hiver pour l'effectuer, le simple bon sens permet de le justifier. Il était impensable d'imposer des déplacements de foules en Palestine, pendant la période des trois grands pèlerinages de Pessah (la Pâque), Chavouoth (fête des Semaines ou Pentecôte), et Soukkoth (fête des Tabernacles), puisqu'entre ces fêtes, la population était majoritairement immobilisée par les travaux des champs, et qu'au moment de ces fêtes, elle se rendait en masse à Jérusalem ! Le pragmatisme des dirigeants romains leur dictait d'éviter autant que possible les mesures coercitives aptes à susciter des révoltes prévisibles. Inutile de mettre de l'huile sur le feu dans une province si prompte aux embrasements. On ne saurait non plus s'étonner de la nécessité pour Marie d'accompagner Joseph car, elle aussi, nous l'avons vu, était de descendance davidienne. D'après Denys d'Halicarnasse les femmes et les enfants n'étaient pas exclus des recensements. Et Lactance , confirme que la présence des femmes et des enfants était exigée dans les provinces. Il précise même : « Ni l'âge ni la maladie ne servaient d'excuse ». Il aurait vraiment fallu être un insensé pour ne pas se soumettre au recensement . FOOTNOTES : Un mathématicien a estimé, d'après les données fournies, que la probabilité était de 1 sur 1084, soit un nombre gigantesque relevant plus du miracle que des statistiques. : Voir par exemple Jean Aulagnier, Avec Jésus au jour le jour , Résiac ; ou l'Enigme Valtorta , tome 1. RSI 2012 et bien entendu le présent ouvrage. : Luc 2, 1-2 : « Or, en ce temps-là, parut un décret de César Auguste pour faire recenser le monde entier. Ce premier recensement eut lieu à l'époque où Quirinius était gouverneur de Syrie ». : Voir par exemple Ernest Desjardins, Le recensement de Quirinius , Revue des Questions historiques , Tome II - 1867, pages 5 à 65. : Pline l'Ancien confirme par exemple dans ses écrits que le dernier recensement sous l'empereur Vespasien s'étendit sur une durée de quatre ans. : Denys d'Halicarnasse (-60 / vers +8), Antiquités romaines IV,15. : Lactance (250-325), de Morte persecutorum chap. 23. : On dit que Servius Tullius condamnait l' incensus à l'emprisonnement et à la mort, et durant la période républicaine l' incensus pouvait être vendu par l'état comme esclave.
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La grotte de Bethléem, le bœuf et l'âne
« Le précoce crépuscule d'hiver commence à étendre ses voiles... » 28.3 lorsque Joseph trouve enfin un abri précaire pour y passer la nuit. « Parmi les décombres d'un bâtiment en ruines, il y a un refuge, au-delà duquel se trouve une grotte, un trou dans la montagne plutôt qu'une grotte… » 28.4 . Beaucoup plus tard, lorsque Jésus revient pour la première fois sur les lieux de sa naissance, Maria Valtorta décrit : « voilà un tas de maisons en ruines, des restes d'habitations… Une antre, entre deux fentes de hautes murailles » 73.10 . Et Jésus demande aux apôtres qui l'accompagnent : « Entrez. C'est la chambre de la nativité du Roi d'Israël ». « Tu te trompes, Maître ! C'est une puante caverne. Ah ! pour moi, je n'y reste pas, sûrement ! Elle me dégoûte: humide, froide, puante, pleine de scorpions, de serpents, peut-être… ». « Et pourtant, amis : ici, la nuit du 25 du mois d'Encénie , naquit de la Vierge, Jésus le Christ, l'Emmanuel, le Verbe de Dieu fait chair pour l'amour de l'homme : Moi, qui vous parle » 73.10 . L'évangéliste Luc(Lc 2,6-7)ne décrit pas clairement une grotte, mais plutôt une étable, puisqu'il nous dit simplement que Jésus fut « déposé dans une mangeoire ». Mais la tradition chrétienne a toujours évoqué une grotte, ce qui est attesté dès la fin du 1er siècle. Justin de Naplouse écrivait en effet : « L'enfant était né à Bethléem. Comme Joseph n'avait pas où loger dans ce village, il s'installa dans une grotte toute voisine de Bethléem, et tandis qu'ils étaient là, Marie enfanta le Christ et le plaça dans une mangeoire ». Origène, au troisième siècle, répète cette tradition qui est rapportée également par l'auteur du Protévangile de Jacques et les autres apocryphes relatant la naissance de Jésus. Après eux, Eusèbe, Théodoret, saint Epiphane, saint Jérôme et bien d'autres encore en ont fait mention. En 326 sainte Hélène fit ériger un temple auprès de cette « caverne », qui ne cessa depuis lors d'être un lieu de pèlerinage : « à Bethléem, la maison du pain , où naquît Jésus, le Pain de la Vie éternelle ». Maria Valtorta signale la présence d'un âne et d'un bœuf. D'abord, elle rapporte cette remarque de Joseph, qui nous éclaire sur la présence d'un seul âne, tandis que l'on pourrait plutôt s'attendre à ce qu'il y en eut deux, l'un pour Marie, l'autre pour Joseph et pour les bagages : « Je pense que si j'avais trouvé un autre âne, tu aurais pu être plus à ton aise et nous aurions pu aller plus vite. Mais je n'en ai pas trouvé. Tout le monde a besoin de montures, en ce moment » 28.1 . Quant au bœuf, Maria Valtorta observe : « Marie s'approche du bœuf. Elle a froid. Elle lui met les mains sur le cou pour en sentir la tiédeur. Le bœuf mugit et se laisse faire » 28.5 . La Vierge rappellera à nouveau cet épisode, en présence des apôtres, lors d'un pèlerinage du groupe apostolique à Bethléem : « Tout, tout comme alors !... Mais alors il faisait nuit... Joseph fit de la lumière à mon entrée. Alors, alors seulement, en descendant de l'âne, je sentis à quel point j'étais fatiguée et gelée... Un bœuf nous salua, j'allai à lui pour sentir un peu de chaleur, pour m'appuyer au foin ... » 207.5 . En notre siècle incrédule, nul n'ose pourtant vraiment contester la coutume qui consiste à placer dans chacune de nos crèches de Noël un âne et un bœuf... d'autant qu'on peut y voir une réminiscence de la prophétie d'Isaïe(Is 1,3): « Le bœuf reconnaît son bouvier et l'âne la crèche de son maître, Israël ne connaît rien, mon peuple ne comprend rien ». Mais force est de constater que ces deux animaux ne sont pas mentionnés dans l'évangile de Luc aux côtés des bergers. Pourtant leur présence est considérée comme un fait bien établi par saint Jérôme , et nombre de sarcophages chrétiens antiques en offrent diverses représentations . On les retrouve aussi dans l'évangile apocryphe du Pseudo-Matthieu (6e ou 7e siècle). Et c'est, semble-t-il, à saint François d'Assise que l'on doit la tradition de la mise en scène populaire de la naissance du Seigneur dans une crèche, sur de la paille, entre un âne et un bœuf . FOOTNOTES : Le mois d'Encénie, ou mois des Lumières, c'est-à-dire le mois de Kisleu du calendrier juif. En MV 207.2, Marie confirme aux apôtres : « C'était alors une froide journée de Casleu ». : Justin martyr, Dialogue avec Tryphon § 78. Voir aussi Protévangile de Jacques chap. 48 ; Evangile arabe de l'enfance chap. 2 ; Evangile de la naissance de la Vierge , chap. 13. : Selon Baronius Annales I,5.2. : Voir Arringhi, Roma subterranea t I, p 185 ; 347 ; 349 ; 615) ou Martigny, Dictionnaire des Antiquités chrétiennes 1877, p 102. : Il fut à l'origine de la première crèche vivante connue, à Noël de l'an 1223, dans le petit village de Greccio dans la vallée de Rieti en Italie.
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Le Protévangile
Les trois jours de la Passion de Joseph
Selon le texte de Maria Valtorta, c'est donc à l'heure du retour à Nazareth, plusieurs mois après l'Annonciation, que Joseph découvrit la grossesse de Marie, en observant qu'à l'évidence elle était enceinte. C'est aussi ce que confirme une vision de Marie d'Agreda : « La Princesse du ciel était dans le cinquième mois de sa grossesse, lorsque son très-chaste époux Joseph commença d'en découvrir des marques ». La Vierge elle-même explique : « Mon Joseph aussi a eu sa Passion. Et elle commença à Jérusalem quand il se rendit compte de mon état, et elle a duré des jours comme pour Jésus et pour moi. Et spirituellement elle ne fut pas moins douloureuse. C'est uniquement par la sainteté de Joseph, mon époux, qu'elle s'est maintenue sous une forme tellement digne et secrète qu'elle est passée peu connue à travers les siècles » 25.9 . Et la Vierge confie encore à Maria : « Qui pourrait dire avec une exacte vérité la douleur de Joseph, ses pensées, le trouble de ses affections ? » 25.9 . Cet épisode dramatique et particulièrement douloureux pour Joseph, est à peine suggéré par Matthieu(Mt 1,18). Il a toujours déconcerté les chrétiens, et suscité de nombreuses interrogations au cours des siècles : Joseph a-t-il vraiment douté de Marie ? Combien de temps a-t-il souffert jusqu'à ce qu'il apprenne que l'enfant venait du Saint-Esprit ? Pourquoi Marie ne lui a-t-elle rien dit ? Pour Justin de Naplouse, Joseph douta effectivement de Marie et il « voulait la renvoyer parce qu'il croyait qu'elle avait conçu d'un homme et qu'elle était adultère ». Ce fut aussi l'opinion de bien d'autres Pères, tels saint Jean Chrysostome ou saint Augustin, lequel déclara : « Etranger à cette conception, il en concluait qu'elle était adultère ». Pour Corneille a Lapide ou Dom Calmet, Joseph ne douta pas de Marie, mais supposa qu'un individu aurait pu commettre sur elle des actes de violence. D'autres estimèrent plutôt que Joseph fut effrayé par le mystère qu'il pressentait plus ou moins clairement. Ainsi Saint Jérôme, qui vit dans l'attitude de Joseph « un témoignage en faveur de Marie : il savait qu'elle était chaste et il était surpris de ce qui était arrivé, il cachait par son silence, l'événement dont il ignorait le mystère ». Eusèbe de Césarée, saint Ephrem, saint Rémi, Bède le Vénérable, Raban Maur ou Gerson(Sermon. II de Nativitate )considérèrent que Joseph, par sa connaissance des prophéties, eut l'intuition du mystère, et se sentit indigne d'y participer. Ce fut aussi l'avis de Saint Bernard : « Joseph voulut rendre à la Vierge sa liberté, non pas parce qu'il la soupçonnait d'adultère, mais parce que, respectant sa sainteté, il craignait d'aller habiter avec elle ». C'est aussi ce qui ressort des révélations de sainte Brigitte(Livre VII, chap. 25). Voyons maintenant comment Maria Valtorta nous rapporte cet épisode si controversé. Arrivés à Nazareth dans la journée du vendredi, Joseph dépose Marie chez elle, et la quitte immédiatement. Quel soulagement pour Marie, quand il revient frapper à sa porte, le samedi matin et la supplie humblement : « Pardon, Marie. J'ai manqué de confiance. Maintenant, je sais. Je suis indigne d'avoir un tel trésor. J'ai manqué de charité. Je t'ai accusée en mon cœur. Je t'ai accusée sans justice puisque je ne t'avais pas demandé de me dire la vérité. J'ai failli envers la Loi de Dieu en ne t'aimant pas comme je me serais aimé … » 26.3 (...) « Si j'avais été accusé d'un pareil crime, je me serais défendu. Toi… Je ne t'ai pas permis de te défendre, puisque j'allais prendre une décision sans t'interroger. Je t'ai manqué en t'offensant par un soupçon. Rien qu'un soupçon, c'est une offense, Marie. Qui soupçonne méconnaît. Je ne t'ai pas connue comme je le devais. Mais pour la douleur que j'ai soufferte… trois journées de supplice, pardonne-moi, Marie » 26.3 (...) « Pourquoi, Marie, as-tu été humble au point de me cacher à moi, ton époux, ta gloire, et permettre que je te soupçonne ? » 26.4 . Plus loin dans l'œuvre, Marie confirme encore : « Même Joseph, qui était juste, m'avait accusée en son cœur » 29.8 . Commentant l'épreuve vécue par Joseph, la Vierge Marie affirme : « S'il avait été moins saint, Dieu ne lui aurait pas donné la lumière pour le guider en une telle épreuve » 25.10 . En triomphant saintement de cette épreuve, Joseph apporte le témoignage qu'il a su élever en lui, à un niveau sublime, les trois conditions pour plaire à Dieu : « Foi. Joseph a cru aveuglément à la parole du messager céleste. Il ne demandait qu'à croire parce qu'il était sincèrement convaincu que Dieu est bon et qu'à lui, qui avait espéré dans le Seigneur, le Seigneur n'aurait pas réservé la douleur d'être trahi, trompé, bafoué par son prochain. Il ne demandait qu'à croire en moi, parce que, honnête comme il l'était, il ne pouvait penser qu'avec douleur que les autres ne le fussent pas. Il vivait la Loi, et la Loi dit : "Aime ton prochain comme toi-même". Nous nous aimons tellement que nous nous croyons parfaits même quand nous ne le sommes pas. Pourquoi alors cesser d'aimer le prochain à la pensée qu'il est imparfait ? Charité absolue. La charité qui sait pardonner, qui veut pardonner. Pardonner d'avance, en excusant dans son cœur les défauts du prochain. Pardonner tout de suite en accordant toutes les circonstances atténuantes au coupable. Humilité absolue comme la charité. Savoir reconnaître qu'on a manqué, même par une simple pensée, et ne pas avoir l'orgueil, plus nuisible encore que la faute qui précède, de se refuser à dire : "Je me suis trompé". Dieu excepté, tout le monde se trompe. Quel est celui ou celle qui peut dire : "Je ne me trompe jamais" ? » 26.8 . De même Jésus, quand Il évoque sa naissance pour la première fois aux apôtres, répond aux interrogations de Pierre : « Mais le mari ? » demanda Pierre étonné . « Le sceau de Dieu ferma les lèvres de Marie et Joseph ne connut le prodige qu'au moment où, de retour de la maison de Zacharie, son parent, Marie apparut mère aux yeux de son époux ». « Et que fit-il, lui ? ». « Il souffrit… et Marie souffrit… ». « Si c'eût été moi… ». « Joseph était un saint, Simon de Jonas, Dieu sait où il met ses dons… Il souffrit profondément et décida de l'abandonner, prenant sur lui la réputation d'injustice. Mais l'Ange descendit lui dire : "Ne crains pas de prendre Marie pour ton épouse. Car ce qui s'est formé en Elle, c'est le Fils de Dieu et c'est par le travail de Dieu qu'Elle est Mère. Et quand le Fils sera né, tu Lui donneras le nom de Jésus, car c'est Lui le Sauveur" » 136.7 . Le pape Jean Paul II, méditant sur ce sublime acte de foi, affirma dans l'Exhortation apostolique Redemptoris Custos 1989, § 5 : « Joseph est le premier à participer à la foi de la Mère de Dieu, et ainsi il soutient son épouse dans la foi à l'Annonciation divine ». Un jour Jésus, recommandant à son cousin Jacques de taire ce qu'il vient d'apprendre, lui fait cette confidence : « Joseph a su se taire sur sa douleur d'époux qui se croyait trahi, et sur le mystère de ma conception virginale et de ma Nature. Imite-le. Cela aussi était un redoutable secret. Et pourtant il devait être gardé, parce que ne pas le garder, par orgueil ou par légèreté, aurait été mettre en danger toute la Rédemption » 259.10 . FOOTNOTES : Marie d'Agreda, La cité mystique de Dieu Livre 4 chap. 1. : Justin, Dialogue avec Tryphon , 78,2. : Saint Augustin, Sermones ad populum. Classis I. De scripturis . : Saint Jérôme, Commentaires sur l'Évangile de Matthieu , In Matthaeum I,19. : Saint Bernard, Homélie 2 sur leMissus est . Il précise : « Je n'avance pas ceci comme venant de moi, c'est le sentiment des saints Pères ».
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Le Protévangile
La présentation de Jésus au Temple
Tout comme le fit sa cousine Elisabeth six mois plus tôt, Marie se rend au Temple quarante jours après la naissance de Jésus, pour y accomplir le rite de la purification(Lv 12,3-4)et de l'offrande du fils premier né(Ex 13,2 et 13,13). Selon la chronologie valtortienne, cette cérémonie eut lieu le lundi 20 janvier -4 . Dès son arrivée dans le parvis des gentils, « Joseph achète deux blanches colombes » 32.3 . C'était l'offrande minimale prescrite par la loi(Lv 12,8), la précarité financière de la Sainte famille durant son séjour à Bethléem ne permettant sûrement pas l'achat plus onéreux de l'agneau. Dans un premier temps, Maria Valtorta s'y perd un peu dans les différentes cours du Temple et elle confie : « Ce que je croyais être le Temple n'est donc qu'un vestibule fermé qui, de trois côtés, entoure le Temple où est renfermé le Tabernacle » 32.4 . Notons qu'elle reçut très tôt cette vision de la présentation de Jésus au Temple , et cette confusion entre la muraille entourant la cour des femmes et le Temple proprement dit, vient donc au crédit de la véridicité de Maria Valtorta. C'est donc aussi la première fois qu'elle voit le vieillard Siméon et Anne de Phanuel. « Il y a des gens, des curieux qui regardent. Parmi eux se dégage un petit vieux, courbé, qui marche péniblement en s'appuyant sur une canne. Il doit être très vieux, je dirais plus qu'octogénaire. Il s'approche de Marie et lui demande de lui donner pour un instant le Bébé. Marie le satisfait en souriant. C'est Siméon, j'avais toujours cru qu'il appartenait à la caste sacerdotale et au contraire, c'est un simple fidèle, à en juger du moins par son vêtement » 32.5 . De très nombreux chercheurs se sont interrogés sur la personnalité de « cet homme juste et pieux » mentionné longuement par Luc(Lc 2,25-35). Des traditions anciennes ont fait de lui le fils d'Hillel et le père de Gamaliel, qui se nommait lui aussi Simon, mais ceci semble irrecevable, compte tenu des âges respectifs de ces personnages en l'an -4. La démonstration scientifique , en 2004, que le monument funéraire dit d'Absalom, dans la Vallée de Josaphat, est bien la sépulture du vieillard Siméon, indique en tout cas qu'il s'agissait donc d'un personnage fort important. L'affirmation par Marie d'Agreda selon laquelle le vieillard Siméon serait l'ex-Grand-Prêtre Siméon ben Boéthos mérite considération. Tuteur de la Vierge Marie au Temple pendant plus de dix ans, il était mieux placé que quiconque pour entrevoir en Elle la mère du Sauveur. L'histoire enseigne qu'il fut nommé Grand-Prêtre en -23 et destitué en -6. Sa présence en vêtements laïcs, aux côtés d'Anne de Phanuel, en ce début d'année -4 n'aurait donc rien de déconcertant. Et sa famille jouissait encore d'un grand prestige, puisque ses deux fils aînés, Joazar et Eléazar furent nommés à leur tour Grand-Prêtre peu de temps après. La narration de Maria Valtorta, si elle ne fait pas allusion à cette hypothèse, fournit pourtant quelques éléments qui pourraient la renforcer. Quand le vieillard Siméon s'approche, Marie n'hésite pas à lui confier Jésus. Et contrairement à Joseph, la Vierge n'est pas étonnée de l'attitude du vieillard, mais plutôt émue. Maria Valtorta note aussi que « Marie le satisfait en souriant » 32.5 . Cette confiance immédiate se justifierait pleinement s'il s'agissait de Siméon ben Boéthos. La présence de « membres du Sanhédrin qui hochent la tête. Ils regardent Siméon avec une ironique pitié » peut aussi suggérer une certaine compassion envers l'ancien Grand-Prêtre déchu. Enfin les paroles de réconfort d'Anne de Phanuel : « Femme, Celui qui a donné le Sauveur à son peuple ne manquera pas de te donner son ange pour soulager tes pleurs » 32.6 montrent qu'elle voyait clairement en Marie la mère du Messie. Elle aurait très probablement pu évoquer cette conviction avec Siméon ben Boéthos, qu'elle côtoya pendant près de quinze ans au Temple. FOOTNOTES : Benoît XVI dans L'enfance de Jésus, p 42-43 évoque l'hypothèse de René Laurentin selon laquelle 490 jours (70 semaines) se seraient déroulés entre l'annonce de Zacharie et la présentation de Jésus au Temple. D'après la chronologie valtortienne, ce sont entre 474 et 484 jours qui séparent ces deux évènements. : Vision du 1er février 1944. A cette date, c'est seulement sa sixième vision de scènes évangéliques. : Par Émile Puech (École Biblique et Archéologique française) et Joe Zias (Science and Archaeology Group Hebrew University of Jerusalem), confirmant ainsi une très ancienne tradition byzantine locale. Les reliques du saint patriarche auraient été transférées par les croisés à Constantinople, puis, en 1220, une partie fut transférée à Venise. Son chef serait conservé dans le trésor de la Sainte Chapelle à Paris. : Marie d'Agreda, La cité mystique de Dieu , chap. X.
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Le Protévangile
Le séjour en Égypte
L'exil de la Sainte Famille en Égypte est un fait historique assez peu contesté, et les traditions locales de ce séjour sont attestées dès le début de l'ère chrétienne. Il n'est donc pas surprenant d'en trouver aussi le récit dans les visions de Maria Valtorta. La scène qu'elle nous dépeint se déroule au printemps de l'an -2. « Jésus enfant. Il me paraît avoir deux ans, deux ans et demi au maximum … » 36.2 , nous dit-elle. Quant à Joseph, « Il paraît avoir quarante ans au maximum » 36.4 . D'après les précédentes descriptions, Joseph a en fait alors trente cinq ou trente six ans, mais les soucis et les fatigues ont pu marquer son visage. Maria Valtorta se fie manifestement à ses impressions, et non à des notes ou à des souvenirs de visions antérieures. Elle n'évoque qu'une seule fois l'itinéraire choisi par Joseph pour se rendre à Mataréa, à l'occasion d'un dialogue entre l'apôtre Jean et Marie : « Mère, as-tu jamais vu la mer ? » « Oh! Je l'ai vue. Et alors elle était moins agitée, dans sa tempête, que mon cœur, et moins salée que mes larmes pendant que je fuyais le long de la côte de Gaza vers la Mer Rouge, avec mon Bébé dans mes bras et la peur d'Hérode qui me poursuivait. Et je l'ai vue au retour » 247.8 . J'ai consacré deux paragraphes au séjour en Égypte, dans le premier tome de l'Enigme Valtorta , et je n'y reviendrai donc pas ici. Toutefois voici un autre détail qui illustre la cohérence interne du récit. Dans le jardinet de Mataréa, Maria Valtorta observe « une petite chèvre blanche et noire qui broute et rumine les feuilles de quelques branches jetées sur le sol » 36.1 . Or dans une vision reçue trois ans plus tard, Jésus rapporte : « j'avais une chèvre gourmande qu'il fallait garder » 586.5 . Et durant la nuit de la Passion, c'est Marie qui se remémore : « ... dans la fuite en Égypte nous avions tant perdu (...) Je t'ai donné du lait au-delà du temps habituel pour que tu ne sentes pas le manque de nourriture. Jusqu'au moment où nous eûmes la chevrette » 612.16 . Quelle fut la durée de cet exil ? Nombreux sont les témoignages mentionnant un séjour de plusieurs années en Égypte. Un théologien réputé, Giovanni Menochio (1575-1655), écrivait que les avis étaient partagés entre un séjour de trois à sept ans . Un apocryphe arabe indique que Joseph séjourna trois ans en Égypte, et rentra en Galilée « car il venait d'apprendre qu'Hérode était mort et que son fils Archélaüs lui avait succédé ... ». Et c'est aussi ce que rapporte Jésus en évoquant Marie : « Ma Mère a poussé un cri de joiequand, après environ quatre ans, elle est retournée à Nazareth, quand elle est rentrée dans sa maison ... » 35.8 . Cette information permet d'estimer le retour à Nazareth vers la fin de l'an 1 ou au début de l'an 2, et accrédite là encore, sans la mentionner, l'hypothèse de la mort tardive d'Hérode en janvier -1. FOOTNOTES : Maillart, Passion de Jésus , note 2 p 79. Voir aussi Frederick William Faber, Le Pied de la Croix Bray et Retaux 1877 p131. : L'Evangile de l'enfance , chap. 25 et 26. Cet écrit est supposé dater du 6e ou 7e siècle. Origène et Eusèbe estimaient que la Sainte Famille demeura deux ans en Égypte, et retourna en Galilée durant la 1ére année du règne d'Archélaüs. C'est aussi l'avis de St Epiphane ( Haeres . 78) et de Nicéphore (L 1 ch. 14) pour lesquels l'exil dura entre 2 et 3 ans. Barradius opte pour cinq à six ans, tandis que Ammonius d'Alexandrie, Baronius ou Suarez penchent pour sept ans. De ces témoignages on peut au moins conclure qu'aucun de ces auteurs n'imaginaient qu'Hérode soit mort quelques mois seulement après la naissance de Jésus, contrairement à ceux qui placent, depuis Kepler, sa mort en -4. Matthieu (Mt 2,19-23) n'indique pas de durée, mais situe bien entendu le retour à Nazareth au début du règne d'Archélaüs.
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Le massacre des innocents
Les chercheurs qui tentent de situer la naissance de Jésus juste quelques mois avant la mort d'Hérode présumée en -4, se trouvent confrontés à des difficultés insurmontables, s'ils veulent tenir compte à la fois des indications de Flavius Josèphe et de celles de saint Matthieu . Maria Valtorta ne mentionne à aucun moment dans son œuvre la date de la mort d'Hérode. (J'ai plusieurs fois souligné que son œuvre ne comporte pas la moindre date). Mais la chronologie précise qui se déduit des nombreux détails cohérents qu'elle nous fournit, impose que la mort d'Hérode soit intervenue après l'éclipse lunaire du 9/10 janvier -1, plutôt qu'après celle du 13/14 mars -4 . Maria Valtorta ne reçut pas de vision du terrifiant massacre des innocents. Pourtant à plusieurs occasions, dans les dialogues des uns et des autres, il en est fait allusion dans l'œuvre, tant cette épouvantable tuerie avait frappé les esprits. « ... tu as entendu parler du massacre d'Hérode… Plus de mille petits dans la ville, un autre millier dans les campagnes. Et tous, aussi, des garçons, à peu près tous, parce que dans leur furie, dans la nuit, dans la mêlée, les tueurs prirent, arrachèrent des berceaux, des lits de leurs mères, des maisons assiégées, même des petites filles » 73.5 . Les chiffres, dans la bouche de ce paysan, trente ans après les faits, sont naturellement largement amplifiés... Maria Valtorta indique, en marge de son manuscrit que « le paysan exagère les chiffres comme c'est souvent le cas ». Et elle inscrit, « de mémoire » précise-t-elle, se référant à une autre vision, le chiffre de trente deux victimes. Mais dans une dictée, le 28/02/1947, Jésus rectifie : « Entre ceux de Bethléem et ceux des campagnes, leur nombre s'élève à trois cent vingt. Et je précise encore que, parmi eux, ceux de Bethléem furent cent quatre vingt-huit, tandis que ceux des campagnes battues dans un vaste rayon par les envoyés d'Hérode pour exterminer les nouveau-nés furent cent trente- deux.Parmi ces tués, il y eut soixante-quatre petites filles, que les sicaires n'ont pas identifiées comme telles, car ils tuèrent dans l'obscurité, la confusion et la frénésie d'agir vite, avant que quoi que ce soit n'intervienne pour mettre fin au massacre ». Si, comme la démographie peut nous permettre de l'estimer, la tranche d'âge de zéro à deux ans représentait en ce temps là environ 6% de la population, cela signifierait 3000 habitants pour Bethléem, et 5000 habitants en englobant la région alentour. Cette estimation reste parfaitement compatible avec les 600 000 habitants de Jérusalem à l'époque, selon les estimations des historiens. « Vous n'êtes pas au courant du massacre d'Hérode ? Tout le monde en a parlé, et César le traita de porc altéré de sang » 74.3 rapporte ensuite l'aubergiste de Bethléem. Cette affirmation trouverait-elle un écho historique chez Macrobe, auteur païen du 4e/5e siècle ? Parlant de l'empereur Auguste, il rapporte : « Ayant entendu que, parmi les enfants qu'Hérode, roi des Juifs, avait fait tuer, âgés de deux ans et au dessous, son propre fils avait été mis à mort, il dit : il vaut mieux être le pourceau d'Hérode que son fils ». Voici une dernière réflexion sur le massacre des innocents. C'est un enseignement donné par Jésus aux apôtres réunis à Nazareth : « Quand le Temps ne sera plus pour chaque personne ou pour l'humanité toute entière, une première et une seconde fois vous comprendrez que heureux, bénis en Israël, dans l'Israël des temps du Christ, furent ceux qui ayant été exterminés dans leur enfance, ont été préservés du plus grand péché : celui d'être complices de la mort du Sauveur » 436.4 . FOOTNOTES : Kepler ne s'y était pas trompé, lorsqu'il crut pouvoir fixer par ses calculs astronomiques la date de la mort d'Hérode au début de l'an -4. Il en déduisit alors que la naissance de Jésus eut lieu plus d'un an auparavant, en décembre -6. Personne, avant lui, n'avait jamais imaginé qu'Hérode soit mort en -4. : Dans le premier tome de L'Enigme Valtorta (page 300-301), j'ai déjà indiqué ce fait. L'hypothèse formulée par Kepler qu'Hérode soit mort en mars -4 a beau être recopiée un peu partout depuis, contrairement à ce que prétend une boutade d'Aldous Huxley, « soixante-deux mille quatre cents répétitions ne font pas une vérité » ! : Macrobe, Saturnales 1.2, c.4. Auguste sachant que les juifs ne mangeaient pas de porc fit un jeu de mots en grec, intraduisible en latin ou en français entre « le porc » us-uos et « le fils » uios. Doit-on voir dans ce texte l'indication que le massacre des innocents aurait eu lieu à la même époque que le meurtre d'Antipater II, le fils d'Hérode, exécuté justement en -4, aux dires des historiens (voir Benoît XVI, L'enfance de Jésus 2012 p.155) ?
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La fuite en Égypte
« Un ange me l'a dit : prends l'Enfant et la Mère et fuis en Égypte » 35.2 . C'est avec les paroles même de Matthieu(Mt 2,13) que Joseph, dans l'œuvre, informe Marie qu'il leur faut quitter sans tarder Bethléem. « J'emporterai le plus de choses possible… À l'aube nous fuyons ». C'est aussi un départ précipité que nous décrit ce texte ancien : « Hérode, voyant que les Mages ne retournaient pas vers lui(...)commença à méditer en son esprit le meurtre du Seigneur Jésus. Alors un ange apparut à Joseph dans son sommeil, et il lui dit : "Lève-toi, prends l'enfant et Sa mère, et réfugie-toi en Égypte". Et, au chant du coq, Joseph se leva et partit ». Maria Valtorta observe : « Jésus qui a l'âge où je l'ai vu dans la vision des Mages. Un enfant d'un an environ » 35.2 . Cette remarque n'est pas aussi futile qu'il paraît... Quand Il repasse pour la première fois à Bethléem, dans les débuts de sa vie publique, en juin 27, un habitant dialogue avec Jésus : « Quel âge as-tu ? ». « Trente ans ». « Alors tu es né justement quand… ». « Nous laissâmes la ville quand j'avais quelques mois... ». « Avant ce malheur, alors... » 73.2 . Puis quelques mois plus tard, en fin de l'année 27, tandis qu'Il va fêter son trente et unième anniversaire, Jésus reçoit une lettre émouvante de sa mère : « Ce sera la première fois que je me dis : Mon Enfant aujourd'hui a une année de plus, et je n'ai pas mon Enfant. Et ce sera plus triste que ton premier anniversaire à Matarea. Mais Tu accomplis ta mission et moi la mienne. Et tous les deux, nous faisons la volonté du Père et travaillons pour la gloire de Dieu. Ceci essuie toute larme » 133.4 . Tous ces indices concordants nous informent que la fuite en Égypte, vers Matarea eut lieu quelques jours à peine après l'adoration des mages, à la fin d'octobre ou au début de novembre -4. Et ceci paraît assez logique, Hérode ayant dû prendre immédiatement la décision du massacre des innocents, dans un accès de fureur et de peur dont il était si coutumier, en constatant que les mages ne revenaient pas vers lui. C'est en tout cas ce que Joseph confie à Marie au moment de fuir : « Hérode veut sa mort… parce qu'il en a peur… pour son pouvoir royal, il a peur de cet Innocent, ce fauve immonde » 35.5 . Et il ajoute : « prends tout ce que tu peux. Ce sera utile parce que… parce que nous devons rester loin longtemps, Marie ! » 35.3 . Cette ultime précision montre qu'à cette date, la santé d'Hérode ne laissait donc pas encore présager sa mort prochaine. Beaucoup plus loin dans l'œuvre, cette réflexion du chef de la synagogue d'Engaddi, après avoir appris le massacre, ne mérite-t-elle pas d'être méditée ? « Si à trois qui n'étaient même pas d'Israël Dieu a envoyé l'étoile pour les inviter à adorer le Messie enfant ; s'Il les a guidés par elle vers la pauvre maison qu'ignoraient les rabbins d'Israël, les princes des prêtres et les scribes ; si par un songe Il les a avertis de ne pas repasser chez Hérode, pour sauver l'Enfant ; n'aura-t-Il pas, en usant d'une puissance encore plus grande, averti le père et la Mère de s'enfuir, en emportant en lieu sûr l'espérance de Dieu et de l'homme ? » 391.2 . FOOTNOTES : Apocryphe Évangile de l'Enfance , chapitre 9. Ce document, écrit initialement en syriaque ou en grec, est très ancien et remonterait au moins au 2e siècle (selon Brunet, Evangiles apocryphes p. 54).
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L'adoration des Mages
Un jour de septembre 29, tandis qu'Il se trouve au sud de Jérusalem, Jésus dit à ses apôtres : « C'est à ce puits de la fontaine de Rogel que séjournèrent, incertains et déçus, les trois Sages d'Orient, car avait disparu ici l'Étoile qui les avait amenés de si loin... » 493.3 . Matthieu est formel : les mages viennent s'informer auprès d'Hérode, à Jérusalem, avant de se rendre à Bethléem. Et en effet, le puits de En Rogel apparaît comme une halte toute désignée pour une caravane venant de l'Orient et se rendant à Jérusalem. Cette rencontre avec Hérode ne se déroula surement pas en hiver, puisque Flavius Josèphe indique que durant la période hivernale, Hérode se trouvait plus volontiers dans son palais de Jéricho. Et il n'était certes pas non plus mourant, contrairement à ce qui devrait pourtant découler logiquement de la chronologie situant sa mort le 2 ou 3 avril -4. Après la visite des mages, Hérode, furieux, décide du massacre de « tous les enfants qui étaient à Bethléem et dans tout son territoire, depuis l'âge de deux ans et au-dessous, d'après le temps qu'il connaissait exactement par les mages »(Mt 2,16). C'est donc que les mages avaient à ce moment là une relative incertitude sur l'âge du Messie, et que les phénomènes astronomiques leur étaient apparus depuis plusieurs mois déjà ! La crédibilité de Maria Valtorta s'en trouve ainsi renforcée. Car selon sa chronologie, la visite des mages intervint entre mi-septembre et mi-octobre -4. Jésus « paraît avoir de neuf mois à un an » 34.6 remarque-t-elle, puis elle ajoute « Jésus a le pas encore incertain de l'enfant » 34.9 . L'Écriture Sainte ne détermine pas plus le nombre des mages, qu'elle ne nomme le (ou les pays) dont ils étaient originaires. Saint Augustin et saint Jean Chrysostome supposaient qu'ils étaient au nombre de dix. Mais saint Léon, saint Césaire, Bède, Rupert et après eux une foule d'autres commentateurs furent d'avis qu'ils étaient trois, comme représenté dès le 2e siècle. D'où venaient ces trois mages ? Ici Maria Valtorta s'écarte un peu de la tradition la plus commune des Pères, qui les donnaient généralement originaires d'Arabie, en extrapolant le témoignage de Matthieu les disant simplement « venus du Levant ». Jésus dicte à Maria Valtorta : « L'étoile les amène du nord, de l'orient et du midi », des Adoration des Mages. Fresque de la catacombe de Priscille, vers 180. « Indes lointaines », des « chaînes mongoliques » et des « terres où naît le Nil », et plus loin cette autre indication : « Et puis il vint des Mages d'au-delà de l'Euphrate et du Nil » 119.1 . « Et chacun, des trois points différents de la terre, s'en allait vers cette direction, et ils s'étaient trouvés ensuite ensemble au-delà de la Mer Morte » 34.11 . Les mages auraient donc parcouru chacun un trajet de plusieurs milliers de kilomètres, nécessitant de quatre à cinq mois, voire plus, pour se rendre à Jérusalem. Jésus attire aussi notre attention sur trois miracles de Dieu, à l'occasion de ce voyage des mages venus de si loin pour l'adorer : le fait d'avoir été tous les trois guidés par l'étoile vers le même lieu, le fait de s'être rencontrés tous les trois au même moment au bord de la mer morte, et enfin « le don de comprendre et de se faire comprendre, comme au Paradis où l'on parle une seule langue : celle de Dieu » 34.11 . C'était l'opinion de saint Augustin, de saint Léon, de saint Thomas d'Aquin ou de Corneille a Lapide que ce fut l'Esprit Saint qui inspira les mages dans leur quête . Beaucoup plus loin dans l'œuvre Jésus, évoquant les trois sages, confirme : « La recherche de Dieu, parce qu'elle est bonne, donne toujours tous les secours et toutes les hardiesses (...) Elle ne manque jamais l'étoile de Dieu à qui cherche Dieu avec justice et amour (...) l'Étoile les appela par sa clarté, et ils vinrent à la Lumière. Bienheureux ! Bienheureux eux et ceux qui savent les imiter ! » 493.3 . Une précision sur l'origine d'un des mages retient notre attention. Maria Valtorta rapporte ce dialogue entre deux pèlerins parlant des mages d'Orient : « L'un d'eux était parent de Salomon... Salomon s'éprit de la reine de Saba parce qu'elle était belle et à cause des présents qu'elle lui avait apportés. Elle en eut un fils qui est de Judée, tout en étant d'au-delà du Nil ... » 119.1 . Ceci concernerait donc le mage que la tradition nomme Melchior. Cette information inattendue semble pourtant avoir un fondement dans les traditions historiques d'Abyssinie, qui racontent le voyage de leur reine Makéda auprès de Salomon . Au 19e siècle encore, le négus d'Ethiopie, en même temps qu'il portait le nom traditionnel de Ménélik, se faisait gloire de porter dans ses veines le sang de Salomon et de la Reine de Saba, de même qu'il n'hésitait pas à se déclarer de la lignée du roi mage Melchior . Il paraît pourtant improbable que Maria Valtorta ait pu connaître cette tradition locale. Matthieu (Mt 2,12) termine ainsi son récit sur l'adoration des mages :« C'est par un autre chemin qu'ils se retirèrent dans leur pays ». Or c'est exactement ce que suggère un passage de l'Évangile tel qu'il m'a été révélé . Abraham, le vieux chef de la synagogue d'Engaddi, se remémore : « Mon garçon me dit : Père, regarde ! Une grande caravane, et des chevaux, et des chameaux, et des serviteurs et des seigneurs, en direction d'Engaddi. Ils viennent peut-être aux sources avant la tombée de la nuit (...) et je vis … Les hommes venaient bien aux sources. Ils descendirent et me virent et ils me demandèrent s'ils pouvaient camper en cet endroit pour une nuit. (...) Nous veillons pour être prêts à fuir, car Hérode nous recherche. D'ici, les sentinelles verront toute la route et il sera facile d'échapper à ceux qui nous recherchent (...) Nous avons adoré le Messie qui est né à Bethléem de Juda et vers lequel nous a guidé l'étoile du Seigneur. Hérode le cherche et donc il nous cherche pour que nous lui indiquions l'endroit où Il se trouve. Et il le cherche pour le tuer » 390.5 . En consultant une carte, ce trajet paraît vraiment plausible : quittant Bethléem vers le sud, pour s'éloigner au plus vite de Jérusalem, les mages passèrent par Técoa et poursuivirent leur route pour atteindre directement Engaddi, terme d'une étape longue de 35 km environ. Le vieil Abraham se souvient que le passage des Sages à Engaddi eut lieu « après la vendange abondante » 390.3 , ce qui est pleinement cohérent avec la période de mi-septembre/mi-octobre déterminée précédemment. FOOTNOTES : St Jean Chrysostome, Homélie VI sur le chapitre II de St. Matthieu . : Jésus demande à Maria Valtorta d'écrire, en marge de son manuscrit, que par ce terme, il faut comprendre l'Asie méridionale : Turkestan, Afghanistan et Perse. : Voir par exemple St Léon Sermon XXI in Epiphania ; St Thomas Somme Théologique III, 36,8 (cité par Beaurredon Revue du monde catholique p 174) : L'explorateur James Bruce (1730-1794) rapporte cette tradition dans Voyage à la recherche des sources de Nil 1790, tome II p 369. (De nos jours encore l'Église orthodoxe éthiopienne considère que les trois mages venaient d'Éthiopie, et qu'ils appartenaient à la famille royale). Dans l'œuvre, un autre indice de cette origine éthiopienne de la reine de Saba est donné par l'apôtre Thomas. Il est question d'une esclave née en Arabie et vendue comme descendante de la reine de Saba. L'apôtre s'exclame : « Une belle surprise pour l'acheteur, quand il aura vu s'éclaircir le teint de la… fausse éthiopienne ! » 435.3 . : Hugues Le Roux Ménélik et nous 1902 page 411, écrit à propos du négus : « il incarnait la figure et la légende du roi à figure basanée, le Mage Melchior qui, on ne sait d'où, vint pour prier au berceau de l'Enfant Nazaréen ... ».
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L'étoile de Bethléem
« Ne vous rappelez-vous pas Balaam ? Une Étoile naîtra de Jacob » 41.4 déclare Jésus enfant aux docteurs du Temple, citant les Nombres(Nb 24,17). Depuis l'origine du christianisme d'innombrables chercheurs ont tenté de résoudre l'énigme posée par le texte de saint Matthieu (Mt 2,2). En effet la détermination de ce phénomène astronomique est étroitement liée à la recherche de la datation précise de la naissance du Christ. De nombreuses théories ont été avancées (apparition d'une super nova, passage d'une comète, conjonctions de planètes, etc.), mais aucune à ce jour ne semble absolument déterminante. Le texte de Maria Valtorta fournit ça et là toutes sortes de détails sur ce(s) phénomène(s) céleste(s), permettant de s'en faire une idée assez précise. Le plus âgé des trois mages résume ainsi leur découverte : « Ils ont vu, une nuit du mois de décembre précédent, une nouvelle étoile qui s'est allumée dans le ciel avec une inhabituelle splendeur... Jamais les cartes célestes n'avaient porté cet astre ou ne l'avaient signalé. Son nom était inconnu. Elle n'avait pas de nom. ( … ) Eux l'avaient vue et s'étaient efforcés de comprendre sa voix ( … ) , ils s'étaient plongés dans l'étude du Zodiaque. Et les conjonctions des astres, le temps, la saison, les calculs des anciens temps et des combinaisons astronomiques leur avaient dit le nom et le secret de l'étoile. Son nom : Messie. Son secret : Être le Messie venu au monde ( … ) Une étoile de grandeur inhabituelle, comme une petite lune ( … ) Du globe qui semble un énorme et clair saphir éclairé de l'intérieur par un soleil, part un sillage lumineux ( … ) sa queue vibre et se balance ( … ) ils étaient venus vers la Palestine car l'étoile allait dans cette direction ( … ) Ils étaient allés à Jérusalem ( … ) Mais l'étoile s'était cachée sur le ciel de cette ville ( … ) vers Bethléem et l'étoile était réapparue à leurs yeux » 34.3/7 . Pour ce qui concerne les conjonctions des astres mentionnées ici, il faut noter qu'un rapprochement planétaire assez rare eut lieu à trois reprises entre mai et décembre -7, entre Jupiter et Saturne. Le pape Benoît XVI rapporte d'ailleurs ce phénomène dans son livre L'enfance de Jésus . Or Virgile, dans la IVe Eglogue des Bucoliques , prédit le renouvellement du monde et le retour de la Vierge, le règne de Saturne accompagnant alors la venue du nouvel enfant des dieux. « Jam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna, Jam nova progenies caelo demittitur alto ». Le rapprochement entre Saturne et Jupiter fut donc certainement considéré comme un signe très important pour les astronomes/astrologues de ce temps qui n'ignoraient pas certains oracles, ni la prophétie de Daniel . Ailleurs dans l'œuvre, c'est en tout cas ce que suggère la disciple romaine Lidia, parlant d'un astrologue grec nommé Diomède : « Lui soutenait que cela arrivait parce que les temps étaient plus proches et que les astres parlaient par leurs conjonctions » 426.6 Et dans le dialogue qui s'en suit, Jésus fait justement l'éloge de Virgile : « Son esprit enflammé de pureté et de génie s'est élevé jusqu'à la connaissance d'une page qui me concerne » 426.6 . « Une étoile de grandeur inhabituelle » pourrait évoquer une supernova, caractérisée par une très grande brillance et une durée de vie assez courte. L'hypothèse de la survenue de ce phénomène rare fut d'ailleurs plusieurs fois envisagée par les chercheurs depuis Kepler. Mais la suite du texte de Maria Valtorta mentionne un « sillage lumineux », ce qui correspondrait mieux à une comète. Or le professeur Ho Peng-Yoke publia en 1962 un catalogue montrant que les astronomes chinois, entre le 9 mars et le 6 avril -5 (julien), ont observé l'apparition d'une comète à queue, qui resta visible pendant 70 jours dans la constellation du Capricorne, c'est-à-dire visible le matin vers l'Est dans le ciel de Mésopotamie. C'est exactement à cette période que la chronologie, dans l'œuvre de Maria Valtorta, situe l'Annonciation et la Visitation ! « Nous avons vu son étoile au Levant » (Mt 2,2) dirent justement les mages à Hérode... Une autre comète (sans queue cette fois) fut à nouveau observée en mars -4. Ces deux phénomènes nous interpellent. D'autant que dans les premiers siècles déjà, Origène écrivait : « Je crois que l'étoile qui parut en Orient était d'une nouvelle espèce (...) qu'elle était à peu près de même nature que les comètes ». Il se réfère même au Traité des comètes , composé par le stoïcien Chérémon pour étayer son opinion. Ailleurs, Jésus rappelle à un bethléémite les prophéties annonçant l'étoile : « Sur quoi les mages basaient-ils leur affirmation ? ...Sur leurs calculs au sujet d'une nouvelle étoile. (…) Et n'est-il pas dit : Une étoile naîtra de Jacob et un sceptre s'élèvera d'Israël ? (…) Et l'étoile, vue par les mages ne pourrait-elle pas être l'étoile de Jacob, la grande lumière des deux prophéties de Balaam et d'Isaïe ? » 73.6 . C'est exactement l'opinion exprimée par saint Jérôme quand il affirme que les mages apprirent de la prophétie de Balaam que le fils de Dieu était né . Et Jésus salue leur foi : « Ces Sages d'orient n'avaient rien qui les assurât de la vérité. Rien de surnaturel. Seulement leurs calculs astronomiques et leur travail de réflexion qu'une vie intègre rendait parfaite. Et pourtant, ils ont eu la foi. Foi en tout : foi dans la science, foi dans leur conscience, foi dans la bonté divine. Par la science ils ont cru au signe de l'étoile nouvelle qui ne pouvait être que "celle" attendue depuis des siècles par l'humanité : le Messie… » 34.11 . Une conjonction de planètes, deux comètes, et peut-être même l'apparition d'une nova : pourquoi plusieurs phénomènes astronomiques distincts n'auraient-ils pas pu, finalement, saluer la venue sur terre du Messie ? Il apparaît que cette période fut assez riche en signes dans le ciel . Mais pour ne pas alourdir plus qu'il ne convient ce chapitre, les phénomènes astronomiques répertoriés durant cette période sont regroupés dans l' Annexe 2 , en fin de cet ouvrage, pour les lecteurs que ce sujet intéresserait plus spécialement. FOOTNOTES : De nombreuses traductions furent proposées. Voici celle de Paul Valéry : « La Vierge nous revient, et les lois de Saturne. Et le ciel nous envoie une race nouvelle. Bénis, chaste Lucine, un enfant près de naître Qui doit l'âge de fer changer en âge d'or ». :. Voir les notes du paragraphe La prophétie des soixante dix semaines . : N° 63 du catalogue Ho Peng Yoke, Ancient and mediaeval observations of comets and novae in Chinese sources Vistas in Astronomy, Volume 5, 1962. (« Second year of the Chien-p'ing reign period, second month (5 BC, March 9-April 6), a suibsing appeared at Ch'ien-niu for over 70 days »). : Origène Contre Celsus Livre 1. : Saint Jérôme, Commentaire sur Isaïe chap. 19 : « Magi de Oriente docti a demonibus, vel juxta prophetiam Balaam intelligentes natum filium Dei, qui omnem artis eorum destrueret potestatem, venerunt Bethlehem... » .
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Le Protévangile
Les bergers dans les champs en plein hiver
Maria Valtorta poursuit son récit. « La lune est au zénith et elle cingle tranquille dans un ciel tout constellé (...) Sur ma droite, je vois un endroit enclos sur deux côtés par une haie de ronces et sur les deux autres par un mur bas et grossier. Ce mur soutient le toit d'une sorte de hangar qui, à l'intérieur de l'enceinte est construit partie en maçonnerie, partie en bois en sorte qu'en été on doit enlever la partie faite en bois et le hangar se change en portique » 30.1 . Sous cet abri précaire, des bergers montent la garde et veillent sur leur troupeau, A sainte Mechtilde la Vierge Marie confia également : « Rien ne m'était nécessaire, puisque j'ai mis au monde sans douleur... » ( Le livre de la grâce spéciale , chap. 5 § 10). quand un pastoureau s'inquiète. Ses compagnons donnent l'alerte : « Appelez aussi les autres qui dorment et prenez des bâtons. Il y a peut-être une mauvaise bête ou des malandrins… » 30.3 . Si la présence de l'âne et du bœuf lors de la Nativité semble unanimement admise (ou tolérée ?), il en va bien autrement de la présence des bergers cette nuit là. Depuis un ou deux siècles, nombre de critiques ont contesté que la naissance ait pu se dérouler en hiver, du fait que les bergers étaient la nuit dans les champs à garder les troupeaux(Lc 2,8-11). Certains en font même un argument pour réfuter la possibilité que Jésus soit né un 25 décembre . Cette affirmation fut reprise comme une évidence jusqu'à nos jours par tous ceux qui cherchent à nier l'historicité du récit de saint Luc. Même Henri Daniel-Rops affirmait avec un certain aplomb : « Les troupeaux (...) passaient l'hiver dans des bergeries, et ce détail suffit à prouver que la date traditionnelle de Noël en hiver a peu de chance d'être exacte, puisque l'Évangile nous dit que les bergers étaient aux champs ». Cet argument injustifié et même fallacieux ne peut être reçu que par des personnes ayant une méconnaissance des us rurales au cours de l'histoire . Dans l'antiquité les éleveurs de moutons pratiquaient la transhumance durant toute l'année. « Les Arabes, les Phrygiens, les Ciliciens, peuples pasteurs qui, hiver comme été, errent avec leurs troupeaux dans les plaines et dans les montagnes... » nous dit Cicéron . Il ne pouvait en être autrement en Palestine, du fait des précoces étés secs et torrides en plaine, obligeant les bergers de se réfugier sur les hauteurs, dans les monts de Judée ou de Haute Galilée. Et comme il n'était pas possible de stocker suffisamment de foin en plaine durant l'été trop sec, le moutons vivaient donc nécessairement en pâture pendant les mois d'hiver . Maria Valtorta décrit donc le parcage des brebis pour la nuit, dans une bergerie rudimentaire, sous la surveillance des bergers. L'explication décisive de cette surveillance nocturne se trouve dans Pline : « L'accouplement a lieu entre le 13 mai et le 23 juillet car les agneaux qui naissent en hiver sont préférés : plus vigoureux, ils résistent ensuite mieux aux grandes chaleurs de l'été ». Et Pline ajoute même : « Le mouton est le seul des animaux à qui il soit avantageux de naître l'hiver ». Autour de Jérusalem, ce choix s'imposait aussi pour une autre raison : la Pâque. La célébration pascale pouvait remplir la ville de cinq à six cent mille pèlerins . Il fallait donc disposer, rien que pour les sacrifices, d'au moins cinquante à cent mille agneaux , tous mis bas au cours de l'hiver. Et le souci de tout bon berger, en période d'agnelages intensifs impose, encore de nos jours, de surveiller son troupeau nuit et jour ! Les douze bergers de Bethléem sont maintenant tous hors de leur abri. « Au-dessus de l'arbre regardez cette lumière qui arrive. On dirait qu'elle s'avance sur un rayon de lune. La voilà qui approche. Comme elle est belle ! (...) C'est un… c'est un ange ! » 30.3 . La suite du récit de Maria Valtorta est conforme à la narration transmise par Luc (Lc 2,9-20). Elle précise que les bergers « s'en vont éclairés par la lune et des torches après avoir fermé le hangar et l'enceinte » 30.6 . moutons bio en Auvergne : « Sélectionné depuis le début sur la rusticité, le troupeau a passé deux ans en plein air intégral, agnelant en plein hiver sans aucun problème pour les agneaux », témoigne-t-il sur son site Internet. Et c'est à nouveau l'occasion de souligner combien le texte de Maria Valtorta regorge de ces détails en apparence futiles, voire superflus, mais qui renforcent tant la crédibilité de l'ensemble. Ainsi par exemple, lorsque le berger Elie demande à Marie : « Tu n'as pas de parents à qui faire savoir que ton Fils est né ? » « Oui, j'en aurais. Mais ils ne sont pas près d'ici. Ils sont à Hébron … » « J'y vais moi » dit Élie . « Qui sont-ils ? » « Zacharie, le prêtre, et Elisabeth ma cousine » 30.8 . Quelques jours après la naissance, Zacharie vient donc rendre visite à Marie et Joseph, leur apportant quelques présents utiles, et il les dissuade de retourner à Nazareth : « Nazareth ? Mais vous devez rester ici. Le Messie doit grandir à Bethléem. C'est la Cité de David. Le Très-Haut l'a amené par l'intermédiaire de la volonté de César à naître dans la terre de David, la terre sainte de la Judée. Pourquoi le porter à Nazareth ? Vous savez comment chez les Juifs on juge les Nazaréens. Demain, cet Enfant devra être le Sauveur de son peuple. Il ne faut pas que la capitale méprise son Roi parce qu'il vient d'une région qu'elle méprise » 31.4 . Marie se plie aux arguments de son cousin: « Tu le dis prêtre, et nous… et nous… avec douleur nous t'écoutons… et te donnons raison. Mais quelle douleur ! Quand verrai-je cette maison où je suis devenue Mère ? » 31.5 . Pourquoi Joseph ne retourna-t-il pas à Nazareth ni avant, ni après la présentation au Temple, et demeura à Bethléem jusqu'à la fuite en Égypte ? Cette question partagea les exégètes au cours des siècles, et aucun ne semble y avoir jamais apporté une réponse aussi convaincante. Maria Valtorta fournit ici une explication logique et tout à fait originale au séjour prolongé de la sainte famille à Bethléem. A la fin de sa première année de vie publique, Jésus confirme cet épisode, en évoquant le souvenir de son cousin Zacharie : « il devint un esprit juste, lorsque sur l'orgueil de l'homme tomba le démenti de Dieu. Il avait dit : « Moi, prêtre de Dieu, je dis que c'est à Bethléem que doit vivre le Sauveur », et Dieu lui avait montré comment un jugement, même celui d'un prêtre, s'il n'est pas éclairé par Dieu, est un pauvre jugement. En pensant avec horreur : « Je pouvais faire tuer Jésus, avec mes paroles », Zacharie devint le juste qui maintenant repose en attendant le Paradis. Et la justice lui enseigna la prudence et la charité. Charité envers les bergers, prudence à l'égard du monde pour lequel le Christ devait être inconnu » 136.9 . FOOTNOTES : Un des premiers contestataires fut probablement La Nauze, Mémoires de l'Institut Impérial de France 1815-1831, tome IX p 91. : Henri Daniel-Rops, La vie quotidienne en Palestine au temps de Jésus 1961, p. 280. : Il est vraiment surprenant que de nos jours encore, certains auteurs se satisfassent de ce piètre argument pour affirmer que Jésus n'a pas pu naître en hiver ! : Cicéron, de Divitatione XLII. : De nos jours encore, malgré le grand froid, les moutons de pré-salé restent en pâture en hiver, sur les hauteurs du Cap Hornu. en Baie de Somme ! Voir aussi le site de cet éleveur de (suite page suivante...) : Pline l'ancien, Histoire Naturelle , Livre VIII. : Tacite, Histoire , Livre V chap. 13. : Flavius Josèphe donne le chiffre de 255 600 bêtes sacrifiées, rien que pour la Pâque, mais cela paraît tout de même un peu excessif.
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Le Protévangile
Le séjour de Marie et des autres vierges au Temple
Ailleurs dans l'œuvre, Jésus précise la durée du séjour de sa Mère au Temple : « Ma Mère fut l'Enfant du Temple depuis l'âge de trois ans à quinze ans et hâta la venue du Christ par la force de son amour... » 136.6 . Maria Valtorta fournit quelques détails sur les activités quotidiennes de Marie au Temple. Quand dans une vision, elle observe Marie, fillette « de douze ans au plus », déjà orpheline, « elle coud et chante à mi-voix » 10.1 nous dit-elle. Sa vie est une prière constante, un dialogue permanent avec Dieu. Elle confie à Anne de Phanuel : « je parle avec Dieu. Anne, tu ne peux savoir comme je le sens près de moi. Plus que proche : en mon cœur. Que Dieu me pardonne pareil orgueil, mais je ne me sens jamais seule... » 10.3 . Avec ses « compagnes bien chères » elle participe aux « chants des vierges et des lévites » devant le « double Voile brodé » qui cache à la vue « le Propitiatoire sur lequel repose la gloire du Seigneur » 10.3 . Le séjour de Marie au Temple, tel que le dépeint Maria Valtorta, est en parfaite harmonie avec ce que nous en rapporte L'Évangile de la Nativité de la bienheureuse Vierge Marie. Ce très ancien document, quifut un temps attribué à Saint Jérôme , décrit ainsi la journée de Marie au Temple : « Elle tachait d'être toujours la première aux veilles de la nuit, la mieux instruite en la loi de Dieu, la plus fervente en la charité, la plus pure en la pureté et, en toutes sortes de vertus, la plus parfaite ». Dans un autre texte , saint Jérôme précise l'emploi du temps : « Depuis grand matin jusqu'à tierce, elle s'entretenait avec Dieu dans l'oraison ; de tierce à none, elle s'appliquait à quelque ouvrage des mains ; depuis none jusqu'au soir, elle retournait à ses prières... ». Saint Ambroise(Lib. 2 de Virginibus )et saint Germain de Constantinople disent en outre que Marie s'appliquait souvent à lire et à méditer les prophètes et les divines Écritures, dont elle savait les secrets, ajoute saint Augustin(Serm. 9 de Temp .). Pour ceux qui, de nos jours, douteraient encore de la présence de vierges au Temple, voici quelques autres témoignages. Par exemple cet écho des travaux de tissage et de couture attribués aux vierges du Temple que l'on trouve dans le Protévangile de Jacques , au chap. 10 : « Faisons un voile pour le Temple du Seigneur. Et le prêtre dit : Appelez-moi les vierges sans tache de la tribu de David. (...) Et ils les firent entrer dans le Temple du Seigneur. Et le prêtre dit : Tirez au sort laquelle filera l'or, l'amiante, le lin, la soie, le bleu, l'écarlate et la pourpre véritable. Et à Marie échurent la pourpre véritable et l'écarlate ». La tradition juive(Mishna Sheqalim 8,5)confirme elle aussi que le voile du Temple fut tissé par des jeunes filles. Elle nous indique même qu'au moment de la destruction du Temple « quand les vierges qui tissaient le rideau du Temple virent que le Temple était en feu, elles se jetèrent dans le feu, afin que l'ennemi ne puisse pas les violer »(Pesiqta Gabbati ; Piska 26, 6). Aux dires de Nicéphore Calliste, Evodius , disciple des apôtres et successeur de saint Pierre à Antioche tenait pour acquis qu'il y ait eu des vierges vouées au Temple et élevées dans son enceinte. L'archiviste du Vatican, le cardinal Baronius( Annales eccl. in apparatus n° 49)jugeait authentique ce document que certains ont contesté depuis. Saint Grégoire de Nysse, saint Jean Damascène, saint Ambroise , saint Jérôme et d'autres écrivains ont témoigné de cette présence de femmes, de vierges consacrées pour le service du Temple ( templo deputatas ), et du séjour qu'y fit Marie. Plus tard le célèbre bibliste Dom Calmet affirme lui aussi que « les vierges, ou almas , figuraient dans les cérémonies du culte judaïque avant que ce culte eût un Temple. Nous les voyons sous la conduite de Marie, sœur de Moise, célébrer par des danses et des cantiques de triomphe le passage de la mer Rouge. Les vierges de Silo, qui semblent avoir été, du temps des Juges, plus particulièrement consacrées au culte d'Adonaï que les autres filles d'Israël, dansaient au chant des cantiques et au son des trompes, à peu de distance du lieu saint. Il y avait donc, quoi qu'on eût pu dire, des vierges attachées au service du second Temple, lors de la présentation de Marie ». Cette tradition antique du séjour de Marie au Temple était si générale en Orient que Mahomet lui-même en parle dans le Coran . Dans une étude minutieuse, Xavier Pailloux localise l'habitation des femmes, près du parvis des femmes, sur trois étages comportant chacun vingt-deux chambres. Il est assez remarquable de constater que la localisation qu'il indique est parfaitement compatible avec la vision de Maria Valtorta. « De la fenêtre ouverte on découvre l'édifice imposant et central du Temple et puis toute la descente des escaliers des petites cours, des portiques et, au-delà de la muraille d'enceinte, la cité avec ses rues, ses maisons, ses jardins et au fond le sommet bosselé du Mont des Oliviers » 10.1 . Cette description, qui suppose un bâtiment élevé, situé du coté sud-ouest du Temple, concorde également avec les visions de sainte C. Emmerich. Au 16e siècle le rabbin Azarias (Imreh Binah, chap. 60) mentionne des femmes employées au service du Temple, qui restaient vierges ( les almahs ) et vivaient en communauté. On peut donc citer également une autorité juive pour justifier l'existence des vierges du Temple. Et le pape Pie XII dans son Encyclique Sacra Virginitas , donne en quelque sorte une caution papale à cette croyance : « comme l'écrit saint Ambroise nous lisons qu'il y avait aussi des vierges au Temple de Jérusalem ». FOOTNOTES : Ce récit est généralement regardé comme apocryphe. Il a cependant accompagné les œuvres de saint Jérôme, et mérite au moins considération par son ancienneté. : Rapporté par Alexis de Salo, Méthode admirable pour aymer, servir et honorer la Vierge Marie nostre advocate, 1664, p 222. : Saint Jérôme Lettre à Héliodore . Propos confirmés aussi par saint Bonaventure ( Méditations sur la Vie du Christ chap. 3). : Dans une lettre citée, il est vrai, pour la première fois par Nicéphore ( Histoire Ecclésiastique, livre Il, c.), et où il est parlé de la sainte Vierge. : Saint Ambroise écrivit (dans De Virginit. Lib . 1) : « ... considérons comme l'on ferait d'un modèle la vie de Marie dans le Temple ... ». : Dans son Dictionnaire de la Bible , à l'article « Vierge ». Dom Calmet cite Flavius Josèphe et précise que l'habitation réservée aux vierges était divisée en 90 cellules. : Surate 3 Al' Imram, v 37 : « Son Seigneur l'agréa alors du bon agrément, la fit croître en belle croissance. Et Il en confia la garde à Zacharie. Chaque fois que celui-ci entrait auprès d'elle dans le Sanctuaire, il trouvait près d'elle de la nourriture. Il dit : ô Marie, d'où te vient cette nourriture ? - Elle dit : Cela me vient d'Allah. Il donne certes la nourriture à qui Il veut sans compter.. . ». : Xavier Pailloux Monographie du Temple de Salomon 1885 (p 90, 126 et suivantes). : St. Ambroise. De virginibus , L 1er, c III, n 12 ; P.L. XVI, 192. : Découverte à Arles, et maintenant conservée dans la crypte de Saint-Maximin.
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Le Protévangile
Marie éducatrice de Jésus, Jacques et Jude
A plusieurs reprises dans son œuvre, Maria Valtorta présente le rôle d'éducatrice que tint la Vierge Marie auprès de son divin fils Jésus, durant toute son enfance . A l'automne de l'an 3, tandis que Jésus va sur ses six ans, son oncle Alphée s'étonne déjà de la maturité de son neveu : « Mais qui met de telles paroles sur les lèvres de l'Enfant ? » 38.6 . Des années plus tard, lorsque Jude rejoint le groupe des premiers apôtres, Jésus lui rappelle : « Allons nous deux... comme quand nous étions des enfants, lorsque Alphée me regardait comme le plus sensé des garçons de Nazareth » 93.8 . Marie avait décidé d'assurer seule l'éducation de son Fils, et Joseph approuva ce choix, malgré les réserves formulées par son frère Alphée : « Jésus n'a pas besoin d'aller à l'école. Marie a été élevée au Temple et c'est un vrai docteur pour la connaissance de la Loi. Elle sera sa Maîtresse » 38.7 . Après une discussion animée, à court d'arguments, l'oncle Alphée finit même par accepter que ses deux plus jeunes fils puissent bénéficier de cet enseignement. « Ils viendront chaque jour, de la sixième heure jusqu'au soir » 38.8 . Ainsi Marie fut également l'éducatrice des jeunes cousins de Jésus, à peine plus âgés que Lui. « Marie fut ma maîtresse, celle de Jacques et de Jude » 38.9 confirme d'ailleurs Jésus. Il apparait conforme à la Sagesse éternelle de Dieu, que Marie, destinée à être la mère de Son Fils, ait reçu au Temple la formation qui devait l'imprégner de toutes les prophéties messianiques de la Bible, et lui permettre de remplir, le moment venu, le rôle spirituel d'une mère juive soucieuse de développer harmonieusement l'épanouissement de son enfant. Et nous ne pouvons douter que l'enseignement prodigué par Celle que la liturgie nomme le « Trône de la Sagesse » fut excellent. C'était en tout cas l'opinion du pape Jean-Paul II. Il déclara en effet, parlant de la Vierge Marie : « Il est certes établi que c'est Elle, avec Joseph, qui initia Jésus aux rites et aux prescriptions de Moïse ; à la prière au Dieu de l'Alliance par le moyen des Psaumes ; à l'histoire du peuple d'Israël centré sur l'Exode d'Égypte. (...) Observant les résultats, nous pouvons d'évidence en déduire que l'œuvre éducative de Marie s'est avérée très incisive et profonde ». Par cette affirmation le pape renforce, s'il en était besoin, notre opinion sur la véracité de cet épisode inédit de la vie de Jésus. Il est même permis de supposer qu'il ait pu s'en inspirer, lorsqu'il mentionna ce rôle éminent de Marie, « Maîtresse de son Fils avant d'en devenir l'humble disciple », puisque son entourage allègue que le saint Père fut lecteur de « l'Évangile tel qu'il m'a été révélé ». FOOTNOTES : Pour ces allusions au rôle d'éducatrice de Marie, voir par exemple les paragraphes 56.3, 57.6, 130.3, 157.5 ou encore 478.3. : La traduction française de Félix Sauvage, « le soir à la sixième heure » pour « dall'ora di sesta a sera » est erronée. : Voir en particulier le discours de l'audience générale du 4 décembre 1996 § 3 et § 4.
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Le Protévangile
Jésus devient fils de la Loi (bar mitsva)
Le temps passe, et Jésus est maintenant « un bel enfant de douze ans » 39.4 . C'est le printemps de l'an 9, et la Pâque est proche. Jésus ayant atteint l'âge de sa majorité légale depuis le 7 janvier, vient en compagnie de ses parents accomplir au Temple le rite requis pour l'examen, face aux docteurs de la loi. « C'est mon Fils. Depuis trois lunes et douze jours il est arrivé à l'âge que la Loi indique pour la majorité. Mais je veux qu'il soit majeur selon les préceptes d'Israël » déclare Joseph devant « une dizaine de docteurs qui ont dignement pris place sur des tabourets de bois peu élevés » 40.2 . Dix personnes, c'est justement le nombre minimum requis (le miniane ) pour toute cérémonie du judaïsme. Voici une nouvelle occasion de constater l'extrême précision de ce récit, qui permet ici de déterminer à la journée près la date de cette cérémonie, le jeudi 16 avril 9 . Cette date tardive impose que l'an 9 ait été une année embolismique . Or c'est exactement ce qu'on apprend, un millier de pages plus loin dans l'œuvre, lorsque le rabbi Gamaliel rencontre pour la première fois Jésus adulte, chez Joseph d'Arimathie, durant l'automne de l'an 27. Il se remémore alors une discussion qu'il eut au Temple, avec « quelqu'un qui sortait de l'enfance » et « qui disait des paroles de sagesse ». « Dieu resplendissait sur son visage innocent et charmant… Il y a dix neuf ans que j'y pense et que je garde ce souvenir … ». Puis il ajoute : « Vous pouvez tous vous rappeler quelle récolte il y eut en cette année de treize mois comme celle-ci » 114.8 . Quel auteur serait capable d'imaginer de sa propre initiative de tels dialogues ? Ce n'est pourtant pas la seule surprise que nous réserve cet épisode. Joseph poursuit la présentation de son fils devant les scribes et les docteurs : « Il connaît les préceptes, les traditions, les décisions, les coutumes des parchemins et des phylactères. Il sait réciter les prières et les bénédictions quotidiennes. Il peut donc, connaissant la Loi elle-même et ses trois branches de l'Halascia, Midrasc et Agada, se conduire en homme » 40.2 . D'évidence, Maria Valtorta rapporte phonétiquement des termes dont elle ignore certainement la signification, mais qu'on retrouvera plusieurs fois cités dans l'œuvre : Halakha , Midrash et Haggadah . L'examen commence par la lecture d'un des rouleaux de la Torah. « On donne à Jésus trois rouleaux différents en disant : lis celui qui a un ruban doré » 40.4 . Et un peu plus tard : « Ouvre le rouleau au ruban vert ». L'obligation de tenir les rouleaux de la Torah fermés se trouve effectivement prescrite dans le Talmud de Jérusalem . L'usage de rubans ( mappoth ) à cet effet a pu évoluer au cours des siècles. Il était en tout cas encore courant au 18e siècle . Puis l'un des juges commence à interroger Jésus, et l'auditoire s'étonne de la sagesse de ses réponses. Les questions se font de plus en plus ardues, comme par exemple lorsqu'on Lui demande : « si une poule pond un œuf ou si une brebis a son agneau lejour du sabbat, sera-t-il permis d'utiliser le fruit de ses entrailles ou bien faudra-t-il le considérer comme une chose abominable ? » 40.5 . Pour étonnante qu'elle puisse nous paraître aujourd'hui, cette question ne doit rien à la fiction, puisqu'elle est attestée au 12e siècle par le célèbre rabbi Maïmonide. C'est qu'en effet le précepte était formel : « tout travail accompli durant le sabbat est un péché ». La réponse de Jésus est sans appel : « la conception et la génération correspondent à la volonté de Dieu et sont réglées par des lois qu'Il a données à toute créature ». La poule ou la brebis obéissent à ces lois divines, et leur fruit peut être regardé « comme sacré, même pour l'autel parce qu'il est le fruit de l'obéissance au Créateur ». Plein d'admiration, l'examinateur s'exclame : « Pour moi, j'arrête l'examen. Sa sagesse étonnante surpasse celle des adultes » 40.5 . Quelle leçon aussi pour notre monde qui en est arrivé à nier même l'existence de Dieu ! FOOTNOTES : Les sages du judaïsme fixèrent l'âge de maturité (daat), d'après Genèse 34,25. Lévi, le fils de Jacob, alors âgé de treize ans, y est nommé « homme » (ich). Dans l'œuvre de Maria Valtorta, l'examen se déroule avant la Pâque, dans la douzième année, ce qui est conforme au précepte. : Jésus, nous l'avons vu, est né un 12/13 Tébeth. La circoncision ayant eut lieu le 20 Tébeth, Il atteint donc sa majorité légale le 20 Tébeth 9. Trois lunes (Shébat, Adar I, Adar II) et 12 jours plus tard mènent donc au 4 Nisan, c'est-à-dire onze jours avant la Pâque du 15 Nisan (le lundi 27 avril 9). : L'usage d'un calendrier lunaire entraine chaque année un retard de dix à douze jours sur le cours du soleil. Ce retard est compensé, tous les deux ou trois ans, par l'ajout d'un mois supplémentaire. Ces années de treize mois sont dites embolismiques . : En calculant mathématiquement il n'y a que 18 ans 1/2 entre la Pâque +9 (an 3769 du calendrier juif) et automne +27 (an 3788 du calendrier juif). Mais à la façon juive de compter les années, après le 1er Tishri, c'est bien la 19e année depuis l'admission de Jésus au Temple (27 - 9 = 18, mais 3788 - 3769 = 19) ! : Cette dernière remarque est stupéfiante, si on la confronte aux plus récentes recherches sur les calendriers. Chris Bennett a établi le calendrier babylonien (hébraïque) pour la période allant de -330 à -29. Extrapolé sur les 50 années suivantes, il donne justement comme années : Halakha : commentaire rabbinique des parties légales de la Bible pour en donner le sens profond et fournir une règle de vie. : Midrash : Interprétation rabbinique d'un verset ou passage de la bible, et par extension, le livre de compilation des enseignements midrashiques. : Haggadah : interprétation des parties non-légales de la Bible, dans un sens moralisateur ou édifiant. : Megilah 1,71a et Eroubin 10,26b. : Robert et Martine Weyl, Mappoth d'Alsace , Saisons d'Alsace n° 55-56, 1975 p. 119 à 130. Cette étude savante mentionne une préférence pour les rubans jaunes, ocres, bleus et verts !
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Le Protévangile
Jésus et les docteurs du Temple
Il faut d'abord souligner que cette vision fut reçue par Maria Valtorta le 28 janvier 1944. C'était seulement sa cinquième vision, et la première se situant dans Jérusalem. Elle découvre l'environnement du Temple et ignore encore qui est ce « Gamaliel » dont elle entend citer le nom. Hillel et Shammaï, ces deux grands rabbis contemporains de Jésus, sont aussi pour elle de parfaits inconnus. Il lui paraît simplement qu'Hillel soit « le maître ou le parent de Gamaliel parce que ce dernier le traite avec confiance et respect en même temps » 41.3 . Cette vision, une fois replacée dans la chronologie, s'y intègre tout à fait harmonieusement, comme ce sera le cas pour de nombreuses autres visions reçues elles aussi en désordre . D'après le contexte, c'est donc probablement le jeudi 30 avril 9 qu'eut lieu la discussion du jeune Jésus avec les docteurs du Temple. Saint Luc (Lc 2,41-50), qui est le seul à relater cet événement, ne nous dit rien du contenu de ces entretiens. Dans l'œuvre de Maria Valtorta, cette vision débute par une intervention de Gamaliel s'interrogeant sur la venue du Messie promis par la prophétie de Daniel . (Cette célèbre prophétie étant plusieurs fois évoquée dans l'œuvre, j'y consacrerai le prochain chapitre). Gamaliel et son aïeul Hillel pensent que les temps sont accomplis, tandis que Sciammaï est d'avis contraire. Jésus intervient, donne raison à Gamaliel et, citant Isaïe, Jérémie, Daniel, Jonas, Michée, Aggée, Zacharie et Malachie, Il affirme aux docteurs que le Messie promis et son Précurseur sont déjà là. Sans se révéler à leur yeux, car « mon heure n'est pas venue » 41.9 leur dit-Il. Jésus prophétise que le Royaume du Messie sera « un Royaume spirituel, et ses sujets seront uniquement ceux qui par leur amour sauront renaître en leur esprit et comme Jonas, après une première naissance, renaître sur d'autres rivages : "ceux de Dieu" à travers la régénération spirituelle qui viendra par le Christ qui donnera la vraie vie à l'humanité » 41.8 . Puis vient cette promesse que Gamaliel n'oubliera plus pendant vingt années : « Attendez-Moi à mon heure. Ces pierres entendront de nouveau ma voix et frémiront à ma dernière parole » 41.9 . Prophétie dont il verra l'accomplissement sur le Calvaire, et qui décidera de sa tardive conversion. C'est justement au moment précis où Jésus prononce ces paroles que Marie, qui le recherche anxieusement depuis trois jours, le retrouve enfin. « Elle s'écrie : "Oh ! pourquoi nous as-tu fait cela ? Depuis trois jours nous marchons à ta recherche. Ta Maman se meurt de chagrin, Fils. Ton père est épuisé de fatigue. Pourquoi, Jésus ? » 41.12 . Commentant ces retrouvailles avec ses parents, et la souffrance de Marie, Jésus ajoute : « Beaucoup de jours ensoleillés ou nuageux passeront sous le ciel, pendant ces vingt et une années où je serai encore sur la terre . Beaucoup de joies et beaucoup de peines et de pleurs passeront, les uns après les autres, en son cœur pendant les vingt et une autres années qui suivront, mais elle ne demandera plus : " Pourquoi, mon Fils, nous as-tu fait cela ? " » 41.12 . Voici une nouvelle occasion de commenter la chronologie. En cette fin d'avril 9, Marie a vingt huit ans et six mois. La première période de vingt et un ans conduit à l'an 30, année de la Passion et de l'Ascension. La seconde période situe l'Assomption en l'an 51, Marie étant alors âgée de soixante dix ans . Cet épisode, tout comme celui de l'examen de majorité, nécessite bien entendu d'être lu et médité dans son intégralité pour pouvoir en apprécier toute la richesse. Mais seuls, peut-être, des spécialistes du judaïsme seront à même de nous en révéler la quintessence. FOOTNOTES : Hillel, très âgé alors, était en effet le grand-père de Gamaliel. Il mourut à Jérusalem, entre l'an 10 et l'an 20, suivant les sources. Il était donc, avec Shammaï et Gamaliel, l'un des docteurs évoqués par Luc 2,46-47. : Cette indication est pleinement conforme avec ce que nous en dit Marie d'Agreda, La Cité mystique de Dieu chap. 19 : « Cette glorieuse fin arriva un vendredi, à trois heures du soir, le treize août et à la soixante-dixième année de son âge, moins les vingt-six jours qu'il y a du treize août au huit septembre, jour anniversaire de sa naissance. Elle avait survécu à son divin Fils vingt et un an, quatre mois et dix-neuf jours ». Il est à noter que le 13 août 51 (julien) fut effectivement un vendredi.
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Le Protévangile
La prophétie des soixante dix semaines
Voici peut-être l'un des mystères des Écritures qui a donné lieu aux plus nombreuses études et spéculations. Les lecteurs de l'Évangile tel qu'il m'a été révélé ne seront donc certainement pas surpris de trouver dans cette œuvre de nombreuses allusions à cette célèbre prophétie donnée par Daniel(Dn 9,24-27) . Plusieurs auteurs du premier siècle l'évoquent d'ailleurs comme un événement en train de s'accomplir, confirmant ainsi l'historicité de l'attente du Messie par Israël, à cette époque . Puisque les recherches pour décrypter ce texte n'ont guère cessé depuis plus de vingt siècles, cela semble signifier qu'aucune interprétation, jusqu'à nos jours, n'a vraiment paru pleinement convaincante. Les exégètes s'accordent pour considérer que dans cette prophétie, « un jour est comme un an » : soixante-dix semaines représenteraient donc quatre cent quatre vingt dix ans. Et beaucoup de chercheurs admettent aujourd'hui que le point de départ de la prophétie est la permission donnée à Néhémie par le roi de Perse Artaxerxés de rebâtir la cité de Jérusalem, en l'an 445 av J.-C.(La chronologie grecque, au temps de Jésus, indiquait l'an -455). Si, selon l'exégèse de Robert Newman ces semaines de sept années s'entendent comme les « semaines » du cycle sabbatique biblique(1 M 6,49 et 6,53-54), alors la première semaine couvrirait la période -449/-442. Et la soixante-neuvième semaine, celle pendant laquelle Daniel nous dit « un messie sera retranché » correspondrait donc aux années 27 à 34, soit exactement l'époque universellement admise pour y situer la Passion du Christ. Ce sont là je crois des éléments d'interprétation assez communément acceptés par la chrétienté. Il me paraît présomptueux d'en imaginer d'autres, et je préfère m'en tenir au conseil de Corneille a Lapide, pour qui il était bon de ne pas trop examiner « cette énigme insoluble », « pour ne point y perdre la tête ». Mais cela ne doit pas nous empêcher d'examiner ce que nous rapporte à ce sujet Maria Valtorta. En voici donc les principaux éléments, sous forme de synthèse : La première allusion en est donnée dans ce dialogue entre Marie à peine âgée de trois ans, et sa mère : « Combien de temps faut-il encore pour avoir l'Emmanuel ? » « Trente années environ, chérie ». « Que de temps encore ! Et je serai au Temple… Dis-moi : si je priais tant, tant, tant, jour et nuit, nuit et jour et que dans ce but je ne voudrais être que de Dieu, toute la vie, l'Éternel me ferait-Il la grâce de donner avant le Messie à son peuple ? » « Le Prophète a dit : septante semaines. Je crois que la prophétie ne ment pas, mais le Seigneur est si bon ... Je crois que si tu priais, tant, tant, tant, Il t'exaucera » 7.3 . Plus tard, durant son séjour au Temple, Marie converse avec Anne de Phanuel, et nous donne cette information essentielle : « mon esprit a compris le sens de ses secrètes paroles. Elles seront abrégées, les septante dix semaines à cause des prières des justes. Il sera changé le nombre des années ? Non. La Prophétie ne ment pas. Mais non pas le cours du soleil, mais celui de la lune est la mesure du temps prophétique » 10.5 . Est-ce la clé tant recherchée de cette énigme ? Prise à la lettre, cette indication conduirait à prendre en compte pour les 70 semaines non plus 490 ans, comme tous l'ont fait jusqu'à présent, mais plutôt 475 ans . N'est-il pas troublant de remarquer qu'en comptant 475 ans à dater de l'édit d'Artaxerxés en -445, on aboutit à l'an 30, année de la Passion du Christ ? D'autres éléments sont apportés par la discussion des docteurs du Temple avec le jeune Jésus, en l'an 9 de notre ère : « depuis une dizaine d'années environ, les septante semaines indiquées par la prophétie sont accomplies, à dater du décret de reconstruction du Temple » (...) « Mais le monde était tellement paisible et la Palestine si calme quand expirèrent les septante semaines qu'il fut possible à César d'ordonner un recensement dans ses domaines (...) Comme ce temps était accompli, ainsi va se terminer l'autre intervalle de temps de soixante deux semaines plus une depuis l'achèvement du Temple, pour que le Messie soit consacré .. . » 41.3 . Beaucoup plus loin dans l'œuvre, dans un épisode se situant en l'an 29, Maria Valtorta écrit, parlant de Jésus : « il répète avec plus de puissance les mêmes idées exposées, presque à la même place, vingt ans auparavant. Il parle de la prophétie de Daniel … » 486.7 . Il y a bien d'autres références à cette mystérieuse prophétie. Jésus y fait à nouveau allusion juste après le Discours des Béatitudes : « Et n'était-il pas tellement sacré au Seigneur le lieu corrompu où vivait esclave le prophète Daniel, sacré par la sainteté de son serviteur qui sanctifiait le lieu au point de mériter les prophéties élevées du Christ et de l'Antéchrist, clefs des temps actuels et des temps derniers ? » 173.3 . Plus tard, Il rappelle que les temps furent avancés : « Même quand je suis né, j'ai anticipé l'heure par amour pour vous, pour vous donner la paix avant le temps » 561.12 . Et le soir du mercredi Saint, Il enseigne ses apôtres, à la demande de Pierre : « Viens à part et explique-nous quand se réalisera ta prophétie sur la destruction du Temple. Daniel en parle, mais s'il en était comme lui le dit et comme tu le dis, le Temple n'aurait plus que quelques heures. Mais nous ne voyons pas d'armée ni de préparatifs de guerre. Quand donc cela arrivera-t-il ? Quel en sera le signe ? » (...) « Un signe pour la fin du Temple et pour la fin du Monde. Quand vous verrez l'abomination de la désolation, prédite par Daniel - que celui qui m'écoute comprenne bien et que celui qui lit le prophète sache lire entre les lignes » 596.43 . Le lendemain, le Christ donne cette autre explication : « Septante semaines ont été fixées pour ton peuple, pour ta cité sainte afin que soit enlevée la prévarication, que le péché prenne fin, que soit effacée l'iniquité, que vienne l'éternelle justice, que soient accomplies les visions et les prophéties, et que soit oint le Saint des Saints. Après sept plus soixante-deux viendra le Christ. Après soixante-deux, il sera mis à mort. Après une semaine, il confirmera le testament, mais au milieu de la semaine feront défaut les hosties et les sacrifices et ce sera dans le Temple l'abomination de la désolation et elle durera jusqu'à la fin des siècles » 598.7 . Puis à nouveau aux disciples, sur le chemin d'Emmaüs : « Venu à son temps, je vous rappelle Daniel, il a été immolé à son temps. Et, écoutez et rappelez-vous, au temps prédit après sa mort la ville déicide sera détruite. (...) Rappelez-vous Daniel, ramenez à votre mémoire, mais en l'élevant de la fange à l'azur céleste, toutes les paroles sur la royauté du Saint de Dieu, et comprenez qu'il ne pouvait vous être donné d'autre signe plus juste, plus fort de cette victoire sur la Mort, de cette Résurrection accomplie par Lui-même » 325.7 . Et jusqu'à cette ultime réflexion de Gamaliel, au moment du martyre d'Etienne : « Les paroles qu'il a dites alors ont pu être confirmées par des faits arrivés plusieurs années après, à l'époque dite par Daniel (…) Malheureux que je suis de n'avoir pas compris avant ! D'avoir attendu le dernier terrible signe pour croire, pour comprendre ! Malheureux peuple d'Israël qui n'a pas compris alors et ne comprend pas, même maintenant ! La prophétie de Daniel et celle d'autres prophètes et de la Parole de Dieu continuent, et elles s'accompliront pour Israël entêté, aveugle, sourd, injuste, qui continue de persécuter le Messie dans ses serviteurs ! » 645.5 . Ces textes apportent des indications complètement nouvelles, et mériteront certainement d'être analysés minutieusement par les spécialistes de cette question... Signalons enfin qu'au temps du Christ, le synhédriste Yonathan ben Uziel commenta la Torah et les Prophètes en araméen, mais il omit de le faire pour le texte de Daniel car, selon le Talmud, s'il l'avait interprété, chacun connaîtrait le moment exact de la Rédemption . Les frères Lehmann affirment même « qu'un ange vint l'avertir que la manière dont ce prophète parle de la mort du Messie se rapporte trop clairement à Jésus de Nazareth ». FOOTNOTES : En Annexe 3 figure ce texte de Daniel, dans la traduction d'Osty. : Voir en particulier Suétone , Vies des César , Vespasien , 4.5 ; Tacite Histoires Livre 5, chap. 13 souligne également : « C'était l'opinion générale que les anciens livres de prêtres annonçaient qu'à cette époque l'Orient prévaudrait, et que de la Judée sortiraient les maîtres du monde »; Flavius Josèphe Guerres juives , 6.5.4. obtint d'ailleurs les faveurs de l'empereur, en lui attribuant le rôle du sauveur annoncé par la prophétie ! Selon le Talmud de Babylone, Sanhedrin 97b, au milieu du troisième siècle le rabbi Abba Arika admettait que « toutes les dates prédites étaient passées ». : Robert C. Newman, The time of the Messiah , 1981, Interdisciplinary Biblical Research Institute. : Voir Cornelius a Lapide Commenteria in quatuor prophetas maiores 1622. Déjà avant lui, St Jérôme ( Comment in Danielem , cap. 9), ou St Augustin ( de Civit. Dei , lib.18, cap.54 , n.1), tout en affirmant que cette prophétie concernait à l'évidence le Christ, s'étaient refusés d'en déduire un système chronologique précis. : Selon l'astronomie, l'année solaire comporte 365,25 jours, et l'année lunaire 354,37 jours. Autrement dit, toutes les 33,5 années lunaires, il ne s'est écoulé que 32,5 années solaires. Et au bout de 490 années lunaires, il y a eu 490x(32,5/33,5) = 475 années solaires. : Geulah, Megila 3a. : A. Lehmann, Valeur de l'Assemblée qui prononça la peine de mort contre Jésus-Christ , chap. 3.
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Le Protévangile
La mort de Joseph
Les Écritures ne parlent pas de la mort de saint Joseph. Il disparaît simplement des récits évangéliques après l'examen de majorité de Jésus. Beaucoup de théologiens et d'exégètes en ont conclu qu'il était probablement décédé lorsque Jésus commença sa vie publique. Ubertino de Casale résuma bien cette opinion : « Il est même très probable que Joseph était mort avant le Baptême de Jésus : nulle mention n'est faite de lui, si ce n'est pour dire que Notre-Seigneur passait pour être le fils du charpentier ». Maria Valtorta nous a laissé un récit extrêmement émouvant et édifiant, de l'agonie de saint Joseph. « La scène est si vraie que la peine de Marie m'arrache des larmes. Puis Jésus, se penchant sur la tête du mourant, lui murmure un psaume ; mais à présent, je ne peux dire lequel. Il commence ainsi : " Protège-moi, Seigneur, parce que en Toi j'ai mis mon espoir... " ». Jésus va alors apaiser le trépas de son cher père putatif en lui murmurant à l'oreille un certain nombre de psaumes . « Joseph, avec un sanglot, regarde Jésus et remue les lèvres comme pour le bénir. Mais il ne peut. On se rend compte qu'il comprend mais qu'il ne peut parler. Il est pourtant heureux : dans un regard plein de vieet de confiance en son Jésus ». Jésus prolonge la prière, entrecoupée de paroles de réconfort et de paix pour le mourant : « Merci, mon père, en mon nom et au nom de ma Mère. Tu as été pour Moi un père juste et l'Éternel t'a confié la garde de son Christ et de son Arche Sainte. Tu as été le flambeau allumé pour Lui, et pour le Fruit d'un sein sanctifié, tu as eu des entrailles de charité. Va en paix, père. Ta Veuve ne sera pas sans secours. Le Seigneur a tout disposé pour qu'elle ne reste pas seule. Va, je te le dis, en paix au lieu de ton repos » 42.3-8 . C'était aussi l'opinion de Dom Guéranger, que l'agonie de saint Joseph ait eu lieu en présence de Marie et de Jésus, comme l'indique la vision de Maria Valtorta. Il déclara : « Près de son lit de mort veillait celui qui est le maître de la vie, et qui souvent avait appelé cet humble mortel du nom de père. Son dernier soupir fut reçu par la plus pure des vierges qu'il avait eu le droit d'appeler son épouse. Ce fut au milieu de leurs soins et de leurs caresses que Joseph s'endormit d'un sommeil de paix ». Et saint François de Sales nous dit que la mort de saint Joseph fut une mort « d'amour ». Un grand mystique, le père Faber, méditant sur la mort, nous donne en exemple celle de Joseph, « s'endormant sur le sein de Jésus »( Conférences spirituelles , 1862 p.58). C'est donc à juste titre que saint Joseph est invoqué comme patron de la bonne mort . Le souvenir de son saint père adoptif ne quittera pas Jésus au cours de ses trois années d'évangélisation. Et Il ne manquera pas une occasion de le citer en exemple à ses apôtres. « S'il était ici parmi nous, oh ! comme il vous enseignerait à savoir servir Dieu parfaitement, à être justes, justes, justes. Mais il est bien qu'il soit déjà dans le sein d'Abraham !… Pour ne pas voir l'injustice d'Israël. Saint serviteur de Dieu ! … » 560.11 . Dans la première vision que Maria Valtorta reçut de Joseph, le 10 janvier 1944, Jésus le présente ainsi : « Voici le patron de tous les justes ». Est-ce parce qu'il entendit son Maître en parler si souvent ainsi que Matthieu, dans son évangile, définit Joseph comme « un homme juste »(Mt 1, 19) ? FOOTNOTES : Ubertino de Casale (1259-1329), Arbor vitae crucifixae Jesu, Livre II, chap. VI. : Maria Valtorta identifiera ensuite ces psaumes, par une note en marge du manuscrit : Psaumes 16, 84, 85, 91, 112 et 132. : Dom Guéranger, L'année Liturgique , Le carême. : Saint François de Sales, Traité de l'amour de Dieu , livre. VII, chap. XIII.
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Le Protévangile
Marie dans sa maison de Nazareth
Sitôt la cérémonie terminée, Marie, Joseph, Elisabeth et Zacharie quittent le Temple pour se rendre à Nazareth, au moyen d'un char tiré par un cheval de trait. Trois ou quatre jours plus tard, Alphée, sa femme Marie et leurs enfants, ainsi que la voisine Sara et son jeune fils Alphée, l'ami de la prime enfance de Marie sont rassemblés pour accueillir les nouveaux époux. Marie décide de vivre dans la maison de ses parents, et Joseph montre à Marie les travaux qu'il y a entrepris, et ceux qu'il compte encore y effectuer. « Je travaillerai pendant les longues soirées d'été quand je viendrai te voir … » 14.5 . La réaction de son frère aîné est immédiate : « Mais, comment ? (...) Vous ne faites pas les noces cet été ? » « Non . (...) Elle est si jeune, Marie, qu'il n'y a pas d'importance qu'elle attende un an ou plus » 14.6 . Impossible pour Alphée de comprendre le peu d'empressement apparent de Joseph. « Ah ! tu as toujours été un peu différent des autres et tu l'es encore maintenant. Je me demande qui n'aurait pas hâte d'avoir pour femme une fleur comme Marie et toi, tu attends des mois ! (…) Et alors quand penses-tu aux noces ? ». « Quand Marie prendra ses seize ans. Après la fête des Tabernacles » lui répond Joseph . Le récit de Maria Valtorta rend compte de l'enchainement des faits tels qu'ils sont décrits succinctement dans Matthieu(Mt 1,18-19 et 24-25): Joseph, seulement fiancé lors de l'Annonciation, épouse Marie dès qu'il apprend qu'elle est enceinte, et ils vivent dès lors sous le même toit. * C'est ici l'occasion de noter que Maria Valtorta donne, au fil des pages, de très nombreuses descriptions de la maison et du jardin de Nazareth. L'extrême cohérence de tous les détails concernant l'agencement des lieux, permet au lecteur attentif de s'en faire rapidement une image mentale précise. Le récit de l'Évangile fait une distinction marquée entre la maison de Marie, lieu de l'Annonciation et de l'Incarnation, et la maison de Joseph où certains (interprétant Matthieu ) supposent qu'elle habita dans la suite, ce que Maria Valtorta n'expose absolument pas. L'emplacement de la maison de Marie à Nazareth est attesté dès le 4e siècle. Vers la fin du 7e siècle, Arculfe (évêque franc et l'un des premiers voyageurs en Terre Sainte) visita à Nazareth « deux grandes églises » localisant la maison de l'Annonciation et la maison de Joseph. La maison de Marie est alors décrite comme comportant une grotte dans la colline, en arrière d'une partie maçonnée, selon une coutume attestée par l'archéologie en d'autres lieux de Nazareth. Le dernier témoignage de pèlerins à Nazareth faisant mention d'une petite chambre ( cella ) est celui de Ricoldo di Montecroce en 1289. Ensuite, à partir de 1291, les pèlerins ne font plus mention de la maison de Nazareth , mais seulement de la grotte . En 1294, la partie maçonnée de la maison de Marie, (c'est-à-dire seulement trois murs) serait arrivée discrètement à Lorette. Et en 1310 une bulle de Clément V atteste que La santa casa di Loreto est un lieu de pèlerinage pour toute l'Europe. De plus en plus d'experts considèrent aujourd'hui que cette maison proviendrait effectivement de Palestine. Elle aurait été rapportée par des marins mandatés par la riche famille italienne des De Angeli , désireuse de mettre à l'abri une si précieuse relique, juste avant la chute de Saint Jean d'Acre en 1291. Il est incontestable que les descriptions de la maison de Nazareth dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé sont pleinement compatibles avec le récit d'Arclufe et avec les dimensions de la maison de la Vierge à Lorette (9,52m x 4,17m intérieur), mais aussi avec cette autre description due à un grand mystique : « L'édifice consistait en une pièce assez spacieuse sur le devant ; et dans le fond était un réduit plus obscur, à moitié creusé dans le roc. C'est là ce que le malheur des temps avait laissé aux héritiers de Salomon... ». Dans les Cahiers du 22 juillet 1943, voici ce que notait Maria Valtorta : « Jésus dit : Pouvez-vous dire que je n'ai pas aimé cette terre (l'Italie) où j'ai apporté les reliques de ma vie et de ma mort : la maison de Nazareth où je fus conçu dans une étreinte de lumineuse ardeur entre le divin Esprit et la Vierge, et le Suaire sur lequel la sueur de ma mort a imprimé la marque de ma douleur, subie pour l'humanité ? » Thèdenat), figure la mention : « Sanctas petras ex Domo Dominae Nostrae Deiparae Virginis ablatas ». (« Les saintes pierres enlevées de la Maison de Notre Dame Vierge Mère de Dieu ») dans la liste des biens que Nicephore Angeli léguait à sa fille. Ce qui explique aussi l'origine de la légende faisant intervenir « des anges » dans ce transport, le rendant « miraculeux » ! FOOTNOTES : Marie étant née un 10 tishri (8 sept -21), son anniversaire coïncidait donc chaque année avec la fête des Tabernacles , qui débute le 15 tishri. Joseph prévoit donc de fêter les noces familiales en septembre -5. : En Matthieu 1,24 il est dit que Joseph prit Marie « avec lui ». Cela ne prouve absolument pas que Marie quitta la maison de ses parents, puisque par le contrat de fiançailles, cette maison appartenait désormais en toute rigueur, légalement, à Joseph ! Maria Valtorta ne contredit donc aucunement l'évangéliste Matthieu. : Dans le Chartularium culisanense (feuillet 181) daté d'octobre 1294 (et découvert en 1900 dans les archives vaticanes par le médecin de Léon XIII, Giuseppe Lapponi, et par Henri (suite page suivante...) : Voir G. Santarelli, La Santa Casa di Loreto , 3e éd. 2003. Cet ouvrage de 507 pages recense méticuleusement toutes les connaissances relatives à cette maison de la Vierge de Lorette. : Frederick William Faber, Conférences Spirituelles 1861. Le père Faber (1814-1863) était considéré comme le plus grand mystique du 19e siècle par Dom Guéranger.
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📚 Source : L'énigme Valtorta par Jean-François LavèreTome 1Tome 2