Énigmes Valtorta

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Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...
Les sicles de Chanania
Alors qu'Il est l'hôte du pharisien Ismaël ben Phiabi, un jour de sabbat, Jésus s'apprête à guérir un hydropique. Il engage ce dialogue avec le scribe Chanania ben Chiskia (épisode évoqué par Luc 14, 1-6). « Toi, vieux scribe... réponds-moi : est-il permis de guérir pendant le sabbat ? » « Pendant le sabbat il n'est permis de faire aucun travail ». « Même pas de sauver quelqu'un du désespoir ? Ce n'est pas un travail manuel ». « Le sabbat est consacré au Seigneur ». Alors que le vieux scribe n'en démord pas de son intransigeance, Jésus lui annonce : « Chanania, sais-tu qu'en ce moment ton bois le plus beau est en train de brûler, et que toute la pente de l'Hermon rougit de l'éclat des flammes ? Le vieil homme bondit comme si un aspic l'avait mordu : « Maître, tu dis la vérité ou bien est-ce une plaisanterie ? » « Je dis la vérité. Je vois et je sais ». « Oh ! malheureux que je suis ! Mon bois le plus beau ! Des milliers de sicles en cendre ! »335.13. Cette dernière réplique ne prend tout son sens que lorsqu'on se souvient que les pharisiens répugnaient à mentionner les monnaies romaines. Le sicle était une monnaie hébraïque en argent, valant deux didrachmes. C'est la seule allusion à cette monnaie de toute l'œuvre, et c'est un pharisien qui l'évoque !
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Le tribut dû au temple versé durant Adar
Au début de la troisième année, très précisément le 18 Adar selon la chronologie reconstituée au jour le jour, Jésus passe par Capharnaüm. C'est à ce moment qu'a lieu l'épisode du tribut dû au temple, tel que le relate Matthieu (17, 24-27). « Que voulez-vous ? ». « Ton Maître, seulement parce qu'il est tel, paie-t-il ou ne paie-t-il pas les deux drachmes dues au Temple ? » « Bien sûr qu'il les paie ! Pourquoi ne les paierait-il pas ? » « Mais… parce qu'il se dit le Fils de Dieu et… » « Et il l'est, réplique avec décision Pierre déjà rouge d'indignation. Et il dit pour finir : Pourtant, comme il est un fils de la Loi, et le meilleur fils de la Loi, il paie ses drachmes comme tout israélite »351.3. Maria Valtorta pouvait-elle savoir qu'au dire d'éminents spécialistes cette didrachme était effectivement perçue en Palestine le 15 du mois d'Adar ? * Comme on peut le constater par ces quelques exemples, les écrits de Maria Valtorta non seulement montrent une parfaite maîtrise de toutes les subtilités des monnaies grecques, romaines et mêmes hébraïques, mais semblent apporter une solution très originale à l'insoluble problème des talents. Et pourtant, la conversion monétaire est bien un sujet où même les plus érudits s'exposent assez facilement à commettre quelques erreurs, comme on peut facilement s'en convaincre à la lecture d'ouvrages des siècles passés. * FOOTNOTES : Docteur Sepp, Jésus-Christ Etudes sur sa vie et sa doctrine 1866 p 317 et E. Stapfer, Palestine au temps de Jésus, 1885.
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Judas vend les bijoux d'Aglaé
« Onze talents, voilà. C'est ce que je donnerais si je devais acheter cet or à quelqu'un qui meurt de faim. Pas un denier de moins... C'est à toi pour onze talents... J'ai conclu l'affaire pour dix talents et demi »82.3. Lorsque Judas rapporte à Jésus comment il a vendu avantageusement les bijoux d'Aglaé, il est tout fier du bon tour qu'il vient de jouer au marchand de Jéricho. A la description qui en est donnée, il est possible d'estimer que ces bijoux en or massif représentaient un poids compris entre 1 et 2 kg d'or, soit l'équivalent monétaire de 12 à 25 kg d'argent . Bracelet celte en or massif du trésor de Tayac (1893) : poids 762g Mais si Judas en a obtenu 10,5 talents d'argent, cela signifierait qu'en l'an 27 de notre ère, le mot " talent " pouvait être utilisé pour désigner la valeur de 1,2 à 2,5 kg d'argent. C'est-à-dire 10 à 20 fois moins que la valeur "officielle" généralement admise ! Maria Valtorta s'est-elle trompée ? A-t-elle mal entendu , ou doit-on envisager, que le mot talent pouvait en ce temps là avoir une signification particulière ? La question mérite d'être examinée, car elle alimente des débats entre commentateurs bibliques depuis près de deux millénaires ! FOOTNOTES : Soit un rapport or/argent de 1 à 12 environ.
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La valeur de la monnaie sous Tibère
Que sait-on au juste du coût de la vie au début du premier siècle ? Les informations ne sont pas si rares que certains l'affirment parfois, qu'il s'agisse de données fournies par Tacite, Plutarque, Pline et quelques autres, de graffitis retrouvés à Pompéi, de tablettes diverses, ou de quelques indications tirées des évangiles, etc. A la fin du règne d'Auguste, un ouvrier libre gagne 16 as par jour, (soit 4 sesterces ou 1 denier). Le salaire de base est donc d'environ 300 deniers par an. Un légionnaire gagne quant à lui entre 225 et 300 deniers par an (soit environ 1 pièce d'or par mois), assortis de certains avantages en nature (nourriture, habillement...). En l'an 14 les légionnaires exigent un denier par jour de solde . Un prétorien (soldat d'élite chargé de la protection de l'empereur) gagne 400 à 750 deniers par an. Un centurion en gagne 950, et un décurion 1125. Quant au premier centurion (le primipilaire, ou primum pilum), son salaire annuel était de 3375 deniers. Le salaire d'un tribun de légion avoisinait les 3700 deniers. A la même époque, une paire de chaussures coûte environ 2 deniers; un manteau 25 deniers; un porc 60 deniers; un âne ou un mulet 100 à 200 deniers. Pour "se procurer" un(e) esclave domestique il faut débourser de 500 à 1500 deniers , et pour une esclave de luxe "particulièrement jolie" il en coûte entre 1500 et 2000 deniers. Et le loyer annuel d'un appartement "de standing" revient à environ 1500 deniers. Un peu plus tard, en l'an 60, une famille modeste dépense environ 8 as par jour et par personne pour se nourrir (1/2 denier). A Pompéi (à l'époque de Plutarque vers l'an 75 ), l'achat d'un gobelet, d'une petite lampe à huile ou d'une assiette coûtait 1 as. Toujours avec 1 as, dans une taverne (popina) on pouvait s'offrir 325 g de pain ou 1/2 l de vin ordinaire; une soupe pour 2 as et une fille (sic!) pour 2 à 8 as. Avec 4 as, on obtenait aussi 1/2 litre d'huile, ou la même quantité de vin de qualité. Une tunique valait 4 deniers, et son nettoyage 1 denier; et pour acheter 6 ou 7 kg de blé, il fallait débourser 2 deniers. Ces données sont bien suffisantes pour se faire une idée du coût de la vie pour les contemporains de Jésus. Et s'il me fallait absolument donner une équivalence, et bien que cette comparaison n'ait plus grand sens aujourd'hui, je dirais pour fixer les idées que le denier argent aurait pu correspondre approximativement à 5 de nos euros , le sesterce à 1,25 euros, l'as à 0,30 euros, et la pièce d'or, l'aureus à 125 euros. FOOTNOTES : Tacite, Annales, I, 17. : Papinien fixe à 20 aurei (soit 500 deniers) le prix légal d'un esclave (Digeste, IV, 31, et XL, 4, 47). Mais Plutarque Cato major, C,4 et Columelle, De re rustica, III, iii, 8 le fixent à 1500 à 2000 deniers. : Voir les listes de prix retrouvées à Pompéi: CIL IV 1678; 4227 et suivantes; 4000; 4888. : Le denier était la monnaie romaine de base (3,45g d'argent au temps de Jésus). Il fallait alors donner 25 deniers argent pour obtenir un « denier or », ou aureus (7,8 g d'or à l'époque d'Auguste et de Tibère). Cette « estimation » porte l'aureus (ou le statère) à 25*5€ = 125€, et donne donc 125/7.8 = 15.6 € le gramme d'or. C'était pratiquement le cours légal du gramme d'or en 2006-2007 ! Alors, pourquoi pas ?
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Le problème des talents
Le talent était l'unité grecque de poids (talanton) pour les charges importantes . Ce fut aussi une unité de conversion monétaire qui correspondait en argent au poids de 6000 drachmes athéniennes (soit 4,32g x 6000 = 26 kg). C'était aussi 6000 deniers, ou 24 000 sesterces, comme le confirme Sénèque le Rhéteur . Cette conversion semble unanimement admise. Le mot talent fut utilisé avec quelques réticences par les romains, essentiellement dans les traités et pour mesurer des sommes importantes. Car chez les romains l'unité de poids était la livre (libra). Le talent euboïque (puis attique) correspondait à 80 livres romaines . Sous Tibère, avec une livre d'or (327 g), on frappait 42 aurei pesant 7.8g chacun . Mais le talent ne désigna pas immuablement au long des siècles la valeur de 26 kg d'argent. Bien des commentateurs ont remarqué que le mot talent (littéralement ce que l'on porte) fut assez fréquemment utilisé pour désigner des poids très variables, allant d'une quinzaine de grammes (l'argent que l'on porte sur soi ?) à plusieurs dizaines de kilogrammes. Lorsqu'on convertit en poids d'argent les fortunes des notables romains (chevaliers, préfets, sénateurs, consuls...) généralement exprimées en deniers, et qu'on les compare aux revenus et aux dépenses d'Hérode, exprimés eux en talents, (en utilisant la conversion 1 talent = 26 kg d'argent), on obtient pour Hérode un train de vie de loin supérieur à celui des plus fortunés des citoyens romains ! Et quand à la mort de César ou d'Auguste le Trésor romain distribue une prime très généreuse à quelques 250 000 légionnaires romains (1 triple auréus, soit 75 deniers par soldat, près de 3 mois de solde) comment admettre que cette fortune accumulée en plusieurs années par l'Empereur ne représenterait qu'une ou deux années du revenu d'Hérode ! Est-il vraiment crédible qu'un vassal aurait pu impunément, pendant plus de quarante ans afficher une fortune aussi provocante pour Rome ? FOOTNOTES : Soit la charge que pouvait porter un homme: 26kg (talent d'or) et 33kg (talent d'argent) selon Th Mommsen, Histoire de la Monnaie romaine 1868 T1, page 28; et Garnier, Histoire de la monnaie des peuples anciens 1819, T1 page 220 et suivantes. : Sénèque le Rhéteur, Controverse 34 (dite Le Prométhée de Parrhasius). : Tite Live, Histoire de Rome Livre 38, chap. 38, v 13. : Au lieu de 40 pièces pesant 8,1 g frappées sous César ou sous Auguste, comme le confirme Pline, Histoire Naturelle Livre 33, 13. Pour la frappe des Aurei, les études numismates prouvent effectivement qu'on passa progressivement de la frappe de 40 à 45 pièces par livre d'or entre le règne d'Auguste et celui de Néron. : Voir Daremberg et Saglio, Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, rubriques Mina et Talentum. : Ainsi Julius Pollux, Onomasticon Liv 9, Chap. 6 segm 54 indique par exemple qu'un talent d'or macédonien vaut 60 deniers, soit deux pièces d'or. : Au sommet de l'échelle des salaires (comme nous dirions aujourd'hui), un préfet recevait environ 75 000 deniers comme rémunération annuelle due à sa charge. (soit 260 kg d'argent/an). Les fortunes nécessaires pour appartenir à l'ordre des chevaliers (100 000 deniers, soit 345 kg d'argent) ou à la classe sénatoriale (250 000 deniers, soit 860 kg d'argent) peuvent servir de références pour les fortes sommes. En considérant le talent à 25 kg, on obtient respectivement 10, 14 et 22 talents, quand Flavius Josèphe indique 1050 talents de revenu annuel pour Hérode ! : Suétone, Vie des douze Césars, César, 83. : Tacite, Annales Livre 1, 8 et Suétone, Vie des douze Césars, Auguste, 101.
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Retour sur la vente des bijoux d'Aglaé
Ainsi comme on le constate, cette évaluation de la valeur monétaire des talents, qui découle directement du récit de Maria Valtorta permet de rendre plus crédibles bon nombre de chiffres historiques surprenants , qu'ils émanent de la littérature romaine, de Flavius Josèphe ou de la bible. Faute de pouvoir expliquer ces chiffres et tant d'autres du même style, beaucoup de commentateurs les interprètent comme des erreurs de copistes ou comme des hyperboles littéraires. Revenons donc au texte de Maria Valtorta. Les bergers viennent d'apprendre à Jésus l'arrestation du Baptiste : « il serait facile d'obtenir sa libération si nous avions beaucoup d'argent. Mais… mais malgré la grande somme d'argent donnée par des amis, il nous manque beaucoup encore... Nous aurions même trouvé quelqu'un qui pour une grosse somme laisserait sortir le Baptiste » « Et combien demande cette personne ? Vingt talents d'argent et nous n'en avons que douze et demi »81.4. (dont une dizaine probablement offerts par Manaën. Soit 5000 deniers, ou 200 pièces d'or selon notre raisonnement). « Ces joyaux sont très beaux... Beaux et de grande valeur ». « Combien peuvent-ils valoir ? » . « Vendus dans de bonnes conditions, au moins… au moins six talents »81.5. Si Judas évalue à 1,5 kg le poids d'or de ces bijoux, changés avec une décote de 20%, il peut donc en espérer 150 pièces d'or, ou 3750 deniers, soit 7,5 talents... d'où son estimation prudente. « Le collier à lui seul, gros et lourd vaut au moins trois talents »81.5. Le collier peut peser quelques 600 g d'or. Avec la même décote de 20%, Judas peut espérer en obtenir 60 pièces d'or, soit 1500 deniers, soit encore trois de nos talents. Judas avait donc un bon motif de se vanter de la vente de ces bijoux, « Ayant vendu au-dessus de mon estimation » précise-t-il. Apportant au changeur un peu moins de deux kilogrammes d'or sous forme de bijoux : « un collier à peu près comme celui d'Aglaé, et puis des épingles à cheveux, des anneaux, des bracelets… tous semblables à ceux que j'avais dans la bourse et en nombre égal »82.3, nous dirions aujourd'hui que Judas réussit à les vendre pratiquement au cours de l'or. Il en obtint 5250 deniers : « J'ai conclu l'affaire pour dix talents et demi »82.3 (soit 18 kg de monnaie en argent). « J'avais un tas de monnaie, mais je suis passé chez le gabeleur et lui ai dit : "Reprends-moi toute cette mitraille et donne-moi les talents que tu as reçus d'Isaac" ». Judas en préleva « une petite somme, cent deniers, pour nos lits et nos repas »82.2. Cent deniers sur 5000, c'est à peine 2%. Ils sont huit personnes (Jésus, 3 apôtres et 4 bergers). Une dépense de 100 deniers pour deux jours de gîte, de couvert et de parcage des brebis semble crédible. Le reste fut donc échangé contre 200 à 210 pièces d'or, faciles à étaler sur une table (« Amis, voilà ici dix talents et demi. Il manque seulement cent deniers que Judas a prélevé pour les dépenses de logement »82.5) et à transporter à pied jusqu'à Machéronte. Le récit très détaillé de cette vente est d'une cohérence parfaite. Il offre, semble-t-il, une voie prometteuse de relecture des textes anciens mentionnant l'usage des talents. FOOTNOTES : Vingt talents, c'est justement la rançon exigée 60 ans plus tôt pour libérer Jules César, et confirmée par trois auteurs (voir une des notes précédentes). Par ailleurs mon estimation (20 talents = 10000 deniers) représente selon Plutarque, Columelle et Tacite le prix de 4 à 6 esclaves, ce qui reste plausible.
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L'aventure des cochons
Matthieu, Marc et Luc relatent l'épisode des démons chassés dans un troupeau de cochons. Les précisions fournies par le texte de Maria Valtorta permettent une curieuse vérification monétaire en rapport avec les talents ! « les porcs très nombreux… , les bêtes par centaines… Mieux vaut que périssent deux milliers de porcs qu'un seul homme »186.6. Marc mentionne aussi ce chiffre de 2000 porcs environ, qui paraît une estimation maximale Voyant leur troupeau précipité dans les flots, les géraséniens déplorent : « Un dommage de nombreux talents »186.7. Or par Tacite on sait qu'un porc coûtait 60 deniers en l'an 14. Les 2 000 porcs noyés valaient donc 120 000 deniers. Avec le talent de Maria Valtorta à 500 deniers, cela fait 240 talents, effectivement « molti talenti ». Mais avec un talent poids de 6000 deniers, cela n'en ferait tout au plus qu'une vingtaine, ou même encore moins si le nombre des porcs était inférieur à 2000. FOOTNOTES : Matthieu 8, 28-32 ; Marc 4, 35-41 ; Luc 8, 22-25. : Avec seulement 5m 2 par porc, cela supposerait déjà un troupeau disséminé sur un hectare ! : La version française traduit le texte original italien « molti talenti » par « plusieurs talents ».
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La dot de la mariée
Le cortège de la future épouse de l'orfèvre Nathanaël de Lévi a dans ses coffres « la valeur de beaucoup de talents d'or »223.3. Comme il semble impensable, tant pour la valeur que pour le poids, qu'on puisse transporter à dos d'âne et sans escorte plus de 20 ou 25 kg d'or, ce qui représente déjà une très riche dot, il faut bien imaginer ici encore qu'un talent d'or pesait 1,87 kg (la valeur en or de 6000 deniers), et surement pas 26 kg d'or comme le supposent pourtant tant de commentateurs de la bible.
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La parabole des talents
Les sommes de respectivement cinq, deux et un talent, remises par un maître à ses serviteurs, telles que les relate Matthieu (25, 15-28), restent crédibles. Le récit de cette parabole comme nous le transmet Maria Valtorta est en parfaite harmonie avec tout ce qui vient d'être dit sur les talents. Mais en plus, il apporte un éclairage inédit sur ce texte que les exégètes ont parfois quelques difficultés à commenter. Jésus est au temple, pour la fête des Tabernacles. Il vient d'affirmer que parmi ses disciples, certains perdront tout ce qu'ils ont reçu. Un scribe conteste : « Comment ? A qui on a donné davantage, il restera davantage ». Jésus donne alors la parabole : « A l'un il donna cinq talents d'argent, à un autre deux talents d'argent, à un troisième un seul talent d'or. A chacun selon sa situation et son habileté » (...) « celui auquel le maître avait donné davantage, un talent d'or pur »281.9. Jésus conclut la parabole : « A celui qui possède et le fait fructifier, il sera donné encore davantage et au point qu'il surabonde. Mais à celui qui n'a pas parce qu'il n'a pas la volonté d'avoir, on enlèvera ce qui lui a été donné ». Puis Il précise à l'intention du scribe : « Comme tu le vois, ô rabbi, à qui avait reçu le plus il est resté le moins, car il n'a pas su mériter de conserver le don de Dieu » (...) « Vous verrez des païens arriver à la vie éternelle et des samaritains posséder le Ciel, et vous verrez des israélites purs et qui me suivent perdre le Ciel et l'éternelle Vie »281.9. Talent d'argent, talent d'or : voici pour nous une indication qui change tout. Mais pour Matthieu, ancien collecteur d'impôts, la parabole a pu paraître suffisamment claire pour qu'il n'ait pas jugé nécessaire de préciser la nature de ces talents. Chez Luc (19, 11-27) les talents sont devenus des mines, et peut-être faut-il y voir un autre indice que mines et talents étaient devenues des valeurs du même ordre de grandeur, au temps de Jésus ? Pendant le Sermon sur la Montagne, Jésus utilise encore l'or et les talents pour enseigner les foules : « Quand vous donnez votre or à un banquier, pourquoi le donnez-vous ? Pour qu'il le fasse fructifier. Vous ne vous en privez certainement pas, même momentanément, pour qu'il vous le rende tel quel. Mais vous voulez que pour dix talents il vous en rende dix plus un, ou davantage encore. Alors, vous êtes heureux et vous louez le banquier »173.2. Si Jésus évoque cette somme de dix talents devant son auditoire, nous pouvons maintenant comprendre qu'Il fait allusion à dix talents d'argent (10 x 500 deniers), reçus en échange de 200 pièces d'or, et certainement pas à une somme de 60 000 deniers, qui n'aurait guère de sens pour des villageois modestes.
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Trente deniers, le prix d'un agneau ordinaire
Dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé, en matière de monnaies, il n'est pas seulement question de talents. Pratiquement toutes les monnaies en usage à l'époque y sont mentionnées, et à chaque fois la pertinence des informations pourrait rendre jaloux n'importe quel numismate amateur. Ainsi quand un épicurien commente ses dépenses pour une future orgie : « C'est vingt mille sesterces, ou si vous préférez, deux cents pièces d'or »425.4, cette conversion monétaire est exacte, puisque le sesterce valant un quart de denier, il en fallait effectivement cent pour faire un aureus. Le statère était l'équivalent grec de l'aureus romain. C'était donc en principe une pièce en or. Aussi, quand Maria Valtorta nous transmet ce dialogue entre Jésus et Pierre , le lecteur peut être surpris d'entendre parler d'argent : « Simon de Jonas, va au rivage et jette, le plus loin que tu pourras, un filin muni d'un solide hameçon. Et dès que le poisson va mordre, tire à toi le filin. Ce sera un gros poisson. Sur la rive, ouvre-lui la bouche, tu y trouveras un statère. Prends-le. Rejoins ces deux et paie pour toi et pour Moi. (...) Pierre enlève l'hameçon de ses lèvres charnues, lui enfonce son gros doigt dans la gueule, et il en sort une grosse pièce d'argent une grosse pièce d'argent... "Hé ! envoyés du fisc ! Prenez ! Cela vaut quatre drachmes, n'est-ce pas ? Deux pour le Maître et deux pour moi" »351.4/6. Quoi qu'il puisse y paraître, ces informations sont absolument exactes. Il existait en effet des statères d'argent qui correspondent à quatre drachmes (tétradrachme) ou à un sicle juif. Quant aux deniers, monnaie la plus courante dans l'empire romain, ils sont mentionnés plusieurs dizaines de fois dans l'œuvre, et toujours de façon crédible et cohérente. « Nous n'avions que vingt deniers entre Jacques et moi »48.7, déclare par exemple Jean à Pierre, au retour de Jérusalem. Les drachmes, de même valeur que les deniers, circulaient encore dans tout l'empire. Cette remarque de Pierre est donc tout à fait plausible : « ces 10 deniers et 7 drachmes que nous avons reçus pendant ces quatre jours, je n'y touche pas »64.1, de même que cette autre : « Pierre, as-tu de l'argent ? ». « Maître, j'ai quarante deniers... Quarante deniers et cinq didrachmes »109.11. Et quand Pierre vient de louer une barque à Ptolémaïs : « je vais te donner cent autres drachmes... Remarque pourtant que c'est à titre de garantie, et que tu me les rendras à mon retour »318.3. Cent deniers comme dépôt de garantie pour une barque, et « une pièce par jour jusqu'au retour »319.2 pour la surveiller au port, c'est vraiment plausible. Et que dire de cette protestation de Judas, quand il réclame le prix de sa trahison : « Trente deniers pour tuer un homme, et cet Homme ? Le prix d'un agneau ordinaire en ces jours de fête ?! »588.9. Les scribes justifient cette somme dérisoire : « le prix est fixé par les prophètes ! Oh ! une formalité ! Un symbole et rien de plus. Le reste viendra après » Et quel symbole ! Jésus, l'Agneau trahi pour le prix d'un agneau du sacrifice... FOOTNOTES : Cet épisode est rapporté en Matthieu 17, 24-27, mais Matthieu ne précise pas la nature du métal. : Matthieu 26, 15 confirme le prix "dérisoire" de 30 deniers. : En référence à Zacharie 11, 12.
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Une hypothèse audacieuse
Nous savons que le talent, étalon de poids de 26 kg représentait 6000 deniers d'argent, équivalents en valeur à 240 pièces d'or . Ces 240 pièces d'or (qui pesaient près de 6 livres romaines) représentaient donc la valeur d'un talent-poids converti en or . Les grecs et les hébreux prirent peut-être l'habitude de nommer simplement "talent en or" ce lot de 240 pièces d'or. 240 pièces d'or = 1 talent or (valeur) = 6000 pièces d'argent Si l'on équilibre alors le poids de ce talent en or avec un poids égal de pièces d'argent, on obtient un lot d'environ 500 deniers d'argent, représentant la valeur en argent du poids d'un talent en or . Si bien que cette somme, dans le langage courant a pu naturellement être appelée un talent d'argent ou même tout simplement, s'agissant d'échanges monétaires, un talent . 500 pièces d'argent = 1 talent argent (valeur) = 20 pièces d'or Cette explication peut paraître au premier abord un peu compliquée. C'est pourtant par une démarche exactement similaire que la plupart des pays d'Europe héritiers du système monétaire romain utilisèrent le mot livre, tantôt pour signifier un poids (env. 400 à 500 g), et tantôt pour signifier la valeur monétaire de ce poids, en argent (pound Sterling, Livre, Lira, Mark...). Selon cette supputation, un poids de 6 livres romaines aurait donc pu signifier dans le langage courant (s'agissant d'échange de monnaie), soit 240 aurei (un talent d'or) soit 500 deniers d'argent (un talent d'argent). Et il fallait donner douze de ces talents d'argent (12x500 = 6000) pour recevoir un talent or . Et à l'inverse, un de ces talents d'argent (500 deniers) se serait échangé pour 20 pièces d'or . Signalons aussi que tout au long de l'Histoire, un poids donné d'or s'est immuablement échangé pour 12 à 15 fois son poids d'argent. Voyons maintenant comment ce qui n'est encore qu'une conjecture s'intégrerait dans quelques données historiques troublantes de cette période : César tomba de nuit entre les mains des soldats de Sylla. Il donna deux talents à Cornélius, leur capitaine, qui, à ce prix, favorisa son évasion . Avec notre hypothèse, César lui remit la valeur de 2 talents d'argent, soit 40 pièces d'or, ce qui paraît un "pot de vin" bien plausible. Mais en considérant un talent poids valant 6000 deniers, il aurait dû donner 4 kg d'or bien encombrants à porter sur soi ! Une autre fois, fait prisonnier, il se moqua des pirates qui réclamaient vingt talents pour sa rançon, et il leur en promit cinquante . Que César ait estimé, selon notre hypothèse, valoir plus que 400 pièces d'or, et qu'il en ait offert 1000, pourquoi pas ! Mais si un talent valait ici 6000 deniers, César aurait-il été à ce point mégalomane qu'il ait offert spontanément 12 000 aurei (soit plus que son poids en or !) si on lui en réclamait déjà 4 800 (soit 37 kg d'or) ? Il apparaît que dans les textes anciens cette subtile notion de talents, familière des grecs, et donc aussi des hébreux était peu usitée par les romains qui avaient leur propre système de mesure et appréciaient peu le système hérité des grecs. Par exemple quand Pline évoque « la coupe de Sémiramis, dont le poids était de quinze talents », il ajoute : « or, d'après Varron, le talent égyptien pèse quatre-vingts livres » montrant sa perplexité devant une coupe présumée peser près de 400 kg d'or pur (0,327x80x15). Il me semble bien plus raisonnable d'estimer que cette coupe valait 7500 deniers (15 de mes talents à 500 deniers) soit 300 pièces d'or, et avait donc un poids de 2,4 kg d'or pur... Flavius Josèphe nous informe que le revenu annuel d'Hérode était de 1050 talents par an. La somme de 6 300 000 deniers (1050 x 6 000) semble hautement improbable, tandis que 525 000 deniers (1050 x 500), tout en restant une somme énorme, devient plus plausible. De même quand le même Flavius Josèphe parle du trésor sacré du Temple, riche d'environ deux mille talents, on peine à croire qu'il ait pu se composer de 50 000 kg d'or plutôt que de 3 750 kg d'or. Quand en l'an 67, les juifs de Césarée payèrent 8 talents à Florus pour arrêter des travaux bloquant l'accès à leur synagogue, 48 000 deniers, (8 x 6000, de quoi payer le salaire annuel de 480 ouvriers) paraît une somme totalement disproportionnée avec l'enjeu. Mais 4 000 deniers (8 x 500 selon mon hypothèse) représentait tout de même une " compensation " déjà loin d'être négligeable. La somme de 10 000 talents mentionnée par Matthieu (18, 24) désignerait une somme gigantesque et irréaliste pour la dette d'un esclave, fût-t-il un esclave royal si on l'estime à soixante millions de drachmes (10 000 x 6 000) ! Par contre cinq millions de drachmes (10000x500) reste une somme très considérable, mais d'un ordre de grandeur comparable à la fortune que Tacite attribue aux richissimes esclaves affranchis d'Antonia : Félix, Narcisse ou Pallas . Voici un bref extrait de cette parabole, telle qu'elle est donnée dans l'œuvre de Maria Valtorta. « Un roi voulut faire ses comptes avec ses serviteurs. Il les appela donc l'un après l'autre, en commençant par ceux du plus haut rang. Il en vint un qui lui devait dix mille talents, mais celui-ci n'avait pas de quoi payer les avances que le roi lui avait faites pour pouvoir se construire des maisons et pour des biens de tous genres »278.4. La parabole, ainsi rapportée par Maria Valtorta, ne semble-t-elle pas en effet évoquer ces serviteurs du roi, dont les débordements, en l'an 28, pouvaient déjà être connus dans tout l'empire ? FOOTNOTES : En se rappelant qu'avec 1 pièce en or (statère ou aureus), on obtenait 25 pièces en argent (drachme ou denier). : Déjà, en 1730, Dom Augustin Calmet, le célèbre bibliste, esquissa cette hypothèse en commentant le passage biblique (1 Chroniques 20, 2 et 2 Samuel 12, 30) où David s'empare de la couronne d'or du roi (des Ammonites), d'un poids de un talent d'or, et la pose sur sa tête ! Dans son Dictionnaire Historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la bible, tome III, page 314, Dom Calmet écrit en effet: « On croit que le talent dont parle l'Ecriture ne marque pas le poids, mais la valeur ». A-t-il hésité à pousser un peu plus loin son raisonnement ? : En particulier l'Angleterre, la France, l'Italie, l'Allemagne... : Dans le langage courant, le mot talent aurait donc signifié soit un poids (26 kg environ), soit une valeur monétaire: 500 pièces d'argent (= 20 pièces d'or). Et l'expression « talent d'or » la valeur monétaire en or d'un talent poids de 26 kg, soit 240 pièces d'or. : Est-ce un hasard si au Moyen Age une livre (monnaie) valait 20 sous français, 20 shillings anglais, 20 schillinge allemands ou 20 soldi italiens ou bien est-ce une réminiscence du système hérité des grecs et des romains ? : Plutarque, Vie de César, 1,8. : Plutarque, Vie de César 2,1 ; Velleius Paterculus, II, 41-53 ; Suétone, Vie des Césars, César. : Cf. Hérodote, Aristote, Plutarque, textes bibliques, etc. : Pline, Histoires Livre 33, ch. 15. : Trois millions de sesterces, soit 750 000 deniers.
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Tous les articles et analyses présentés dans cette section sont extraits de l'ouvrage suivant :

Couverture du livre L'énigme Valtorta (tome 1)

L'énigme Valtorta (tome 1), une vie de Jésus romancée

Par Jean-François Lavère

339 pages

ISBN 9782364630253

Editions Rassemblement A Son Image

Bilan de dix ans de recherches, cette étude révèle l'immense érudition contenue dans l'évangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta.

D'où Maria Valtorta possédait-elle ses mystérieuses connaissances en astronomie, en géographie, en histoire, en Ecriture Sainte et en tant d'autres disciplines ? Beaucoup de lecteurs se sont posés cette question.

Au terme d'une étude rigoureuse, le polytechnicien Jean Aulagnier affirma qu'aucune intelligence humaine ne pouvait maîtriser un tel savoir dans des matières si variées.

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