Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...

Le problème des talents

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Le talent était l'unité grecque de poids (talanton) pour les charges importantes272. Ce fut aussi une unité de conversion monétaire qui correspondait en argent au poids de 6000 drachmes athéniennes (soit 4,32g x 6000 = 26 kg). C'était aussi 6000 deniers, ou 24 000 sesterces, comme le confirme Sénèque le Rhéteur273. Cette conversion semble unanimement admise. Le mot talent fut utilisé avec quelques réticences par les romains, essentiellement dans les traités et pour mesurer des sommes importantes. Car chez les romains l'unité de poids était la livre (libra). Le talent euboïque (puis attique) correspondait à 80 livres romaines274. Sous Tibère, avec une livre d'or (327 g), on frappait 42 aurei pesant 7.8g chacun275.

Mais le talent ne désigna pas immuablement au long des siècles la valeur de 26 kg d'argent. Bien des commentateurs276 ont remarqué que le mot talent (littéralement ce que l'on porte) fut assez fréquemment utilisé pour désigner des poids très variables, allant d'une quinzaine de grammes277 (l'argent que l'on porte sur soi ?) à plusieurs dizaines de kilogrammes.

Lorsqu'on convertit en poids d'argent les fortunes des notables romains (chevaliers, préfets, sénateurs, consuls...) généralement exprimées en deniers, et qu'on les compare aux revenus et aux dépenses d'Hérode, exprimés eux en talents, (en utilisant la conversion 1 talent = 26 kg d'argent), on obtient pour Hérode un train de vie de loin supérieur à celui des plus fortunés des citoyens romains278 !

Et quand à la mort de César279 ou d'Auguste280 le Trésor romain distribue une prime très généreuse à quelques 250 000 légionnaires romains (1 triple auréus, soit 75 deniers par soldat, près de 3 mois de solde) comment admettre que cette fortune accumulée en plusieurs années par l'Empereur ne représenterait qu'une ou deux années du revenu d'Hérode ! Est-il vraiment crédible qu'un vassal aurait pu impunément, pendant plus de quarante ans afficher une fortune aussi provocante pour Rome ?

Notes de bas de page

272
Soit la charge que pouvait porter un homme: 26kg (talent d'or) et 33kg (talent d'argent) selon Th Mommsen, Histoire de la Monnaie romaine 1868 T1, page 28; et Garnier, Histoire de la monnaie des peuples anciens 1819, T1 page 220 et suivantes.

273
Sénèque le Rhéteur, Controverse 34 (dite Le Prométhée de Parrhasius).

274
Tite Live, Histoire de Rome Livre 38, chap. 38, v 13.

275
Au lieu de 40 pièces pesant 8,1 g frappées sous César ou sous Auguste, comme le confirme Pline, Histoire Naturelle Livre 33, 13. Pour la frappe des Aurei, les études numismates prouvent effectivement qu'on passa progressivement de la frappe de 40 à 45 pièces par livre d'or entre le règne d'Auguste et celui de Néron.

276
Voir Daremberg et Saglio, Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, rubriques Mina et Talentum.

277
Ainsi Julius Pollux, Onomasticon Liv 9, Chap. 6 segm 54 indique par exemple qu'un talent d'or macédonien vaut 60 deniers, soit deux pièces d'or.

278
Au sommet de l'échelle des salaires (comme nous dirions aujourd'hui), un préfet recevait environ 75 000 deniers comme rémunération annuelle due à sa charge. (soit 260 kg d'argent/an). Les fortunes nécessaires pour appartenir à l'ordre des chevaliers (100 000 deniers, soit 345 kg d'argent) ou à la classe sénatoriale (250 000 deniers, soit 860 kg d'argent) peuvent servir de références pour les fortes sommes. En considérant le talent à 25 kg, on obtient respectivement 10, 14 et 22 talents, quand Flavius Josèphe indique 1050 talents de revenu annuel pour Hérode !

279
Suétone, Vie des douze Césars, César, 83.

280
Tacite, Annales Livre 1, 8 et Suétone, Vie des douze Césars, Auguste, 101.

À propos de : Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...

Il en vint un qui lui devait dix mille talents ... Mt 18, 24

S'il est un domaine où les historiens du premier siècle semblent en perdre leur latin, c'est bien celui de la valeur des monnaies au temps de Jésus. De très nombreuses et savantes recherches ont été menées au long des siècles pour clarifier le complexe système des poids et des monnaies utilisés dans l'Antiquité. Essayer d'estimer avec nos critères actuels le coût de la vie d'une époque aussi reculée est un exercice périlleux et la plupart des auteurs qui s'y sont livrés aboutirent à quelques incohérences... Pourtant l'œuvre de Maria Valtorta comporte de nombreuses références aux monnaies et à l'usage qui en était fait au temps de Jésus. Il paraît donc intéressant d'en faire une étude plus détaillée, et de les comparer avec les données historiques que nous possédons sur cette époque.

📚 Source des articles

Tous les articles et analyses présentés dans cette section sont extraits de l'ouvrage suivant :

Couverture du livre L'énigme Valtorta (tome 1)

L'énigme Valtorta (tome 1), une vie de Jésus romancée

Par Jean-François Lavère

339 pages

ISBN 9782364630253

Editions Rassemblement A Son Image

Bilan de dix ans de recherches, cette étude révèle l'immense érudition contenue dans l'évangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta.

D'où Maria Valtorta possédait-elle ses mystérieuses connaissances en astronomie, en géographie, en histoire, en Ecriture Sainte et en tant d'autres disciplines ? Beaucoup de lecteurs se sont posés cette question.

Au terme d'une étude rigoureuse, le polytechnicien Jean Aulagnier affirma qu'aucune intelligence humaine ne pouvait maîtriser un tel savoir dans des matières si variées.

Voir sur le site des éditions
Le problème des talents - Énigmes Valtorta | Maria Valtorta