Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...

La valeur de la monnaie sous Tibère

3 min

Que sait-on au juste du coût de la vie au début du premier siècle ? Les informations ne sont pas si rares que certains l'affirment parfois, qu'il s'agisse de données fournies par Tacite, Plutarque, Pline et quelques autres, de graffitis retrouvés à Pompéi, de tablettes diverses, ou de quelques indications tirées des évangiles, etc. A la fin du règne d'Auguste, un ouvrier libre gagne 16 as par jour, (soit 4 sesterces ou 1 denier). Le salaire de base est donc d'environ 300 deniers par an. Un légionnaire gagne quant à lui entre 225 et 300 deniers par an (soit environ 1 pièce d'or par mois), assortis de certains avantages en nature (nourriture, habillement...).

En l'an 14 les légionnaires exigent un denier par jour de solde267. Un prétorien (soldat d'élite chargé de la protection de l'empereur) gagne 400 à 750 deniers par an. Un centurion en gagne 950, et un décurion 1125. Quant au premier centurion (le primipilaire, ou primum pilum), son salaire annuel était de 3375 deniers. Le salaire d'un tribun de légion avoisinait les 3700 deniers.

A la même époque, une paire de chaussures coûte environ 2 deniers; un manteau 25 deniers; un porc 60 deniers; un âne ou un mulet 100 à 200 deniers. Pour "se procurer" un(e) esclave domestique il faut débourser de 500 à 1500 deniers268, et pour une esclave de luxe "particulièrement jolie" il en coûte entre 1500 et 2000 deniers. Et le loyer annuel d'un appartement "de standing" revient à environ 1500 deniers.

Un peu plus tard, en l'an 60, une famille modeste dépense environ 8 as par jour et par personne pour se nourrir (1/2 denier). A Pompéi (à l'époque de Plutarque vers l'an 75269), l'achat d'un gobelet, d'une petite lampe à huile ou d'une assiette coûtait 1 as. Toujours avec 1 as, dans une taverne (popina) on pouvait s'offrir 325 g de pain ou 1/2 l de vin ordinaire; une soupe pour 2 as et une fille (sic!) pour 2 à 8 as. Avec 4 as, on obtenait aussi 1/2 litre d'huile, ou la même quantité de vin de qualité. Une tunique valait 4 deniers, et son nettoyage 1 denier; et pour acheter 6 ou 7 kg de blé, il fallait débourser 2 deniers.

Ces données sont bien suffisantes pour se faire une idée du coût de la vie pour les contemporains de Jésus. Et s'il me fallait absolument donner une équivalence, et bien que cette comparaison n'ait plus grand sens aujourd'hui, je dirais pour fixer les idées que le denier argent aurait pu correspondre approximativement à 5 de nos euros270, le sesterce à 1,25 euros, l'as à 0,30 euros, et la pièce d'or, l'aureus à 125 euros.

Notes de bas de page

267
Tacite, Annales, I, 17.

268
Papinien fixe à 20 aurei (soit 500 deniers) le prix légal d'un esclave (Digeste, IV, 31, et XL, 4, 47). Mais Plutarque Cato major, C,4 et Columelle, De re rustica, III, iii, 8 le fixent à 1500 à 2000 deniers.

269
Voir les listes de prix retrouvées à Pompéi: CIL IV 1678; 4227 et suivantes; 4000; 4888.

270
Le denier était la monnaie romaine de base (3,45g d'argent au temps de Jésus). Il fallait alors donner 25 deniers argent pour obtenir un « denier or », ou aureus (7,8 g d'or à l'époque d'Auguste et de Tibère). Cette « estimation » porte l'aureus (ou le statère) à 25*5€ = 125€, et donne donc 125/7.8 = 15.6 € le gramme d'or. C'était pratiquement le cours légal du gramme d'or en 2006-2007 ! Alors, pourquoi pas ?

À propos de : Vingt talents pour libérer Jean-Baptiste...

Il en vint un qui lui devait dix mille talents ... Mt 18, 24

S'il est un domaine où les historiens du premier siècle semblent en perdre leur latin, c'est bien celui de la valeur des monnaies au temps de Jésus. De très nombreuses et savantes recherches ont été menées au long des siècles pour clarifier le complexe système des poids et des monnaies utilisés dans l'Antiquité. Essayer d'estimer avec nos critères actuels le coût de la vie d'une époque aussi reculée est un exercice périlleux et la plupart des auteurs qui s'y sont livrés aboutirent à quelques incohérences... Pourtant l'œuvre de Maria Valtorta comporte de nombreuses références aux monnaies et à l'usage qui en était fait au temps de Jésus. Il paraît donc intéressant d'en faire une étude plus détaillée, et de les comparer avec les données historiques que nous possédons sur cette époque.

📚 Source des articles

Tous les articles et analyses présentés dans cette section sont extraits de l'ouvrage suivant :

Couverture du livre L'énigme Valtorta (tome 1)

L'énigme Valtorta (tome 1), une vie de Jésus romancée

Par Jean-François Lavère

339 pages

ISBN 9782364630253

Editions Rassemblement A Son Image

Bilan de dix ans de recherches, cette étude révèle l'immense érudition contenue dans l'évangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta.

D'où Maria Valtorta possédait-elle ses mystérieuses connaissances en astronomie, en géographie, en histoire, en Ecriture Sainte et en tant d'autres disciplines ? Beaucoup de lecteurs se sont posés cette question.

Au terme d'une étude rigoureuse, le polytechnicien Jean Aulagnier affirma qu'aucune intelligence humaine ne pouvait maîtriser un tel savoir dans des matières si variées.

Voir sur le site des éditions
La valeur de la monnaie sous Tibère - Énigmes Valtorta | Maria Valtorta