Retour sur la vente des bijoux d'Aglaé
Ainsi comme on le constate, cette évaluation de la valeur monétaire des talents, qui découle directement du récit de Maria Valtorta permet de rendre plus crédibles bon nombre de chiffres historiques surprenants, qu'ils émanent de la littérature romaine, de Flavius Josèphe ou de la bible. Faute de pouvoir expliquer ces chiffres et tant d'autres du même style, beaucoup de commentateurs les interprètent comme des erreurs de copistes ou comme des hyperboles littéraires.
Revenons donc au texte de Maria Valtorta. Les bergers viennent d'apprendre à Jésus l'arrestation du Baptiste : « il serait facile d'obtenir sa libération si nous avions beaucoup d'argent. Mais… mais malgré la grande somme d'argent donnée par des amis, il nous manque beaucoup encore... Nous aurions même trouvé quelqu'un qui pour une grosse somme laisserait sortir le Baptiste » « Et combien demande cette personne ? Vingt talents d'argent291 et nous n'en avons que douze et demi »81.4. (dont une dizaine probablement offerts par Manaën. Soit 5000 deniers, ou 200 pièces d'or selon notre raisonnement). « Ces joyaux sont très beaux... Beaux et de grande valeur ». « Combien peuvent-ils valoir ? » . « Vendus dans de bonnes conditions, au moins… au moins six talents »81.5. Si Judas évalue à 1,5 kg le poids d'or de ces bijoux, changés avec une décote de 20%, il peut donc en espérer 150 pièces d'or, ou 3750 deniers, soit 7,5 talents... d'où son estimation prudente. « Le collier à lui seul, gros et lourd vaut au moins trois talents »81.5. Le collier peut peser quelques 600 g d'or. Avec la même décote de 20%, Judas peut espérer en obtenir 60 pièces d'or, soit 1500 deniers, soit encore trois de nos talents. Judas avait donc un bon motif de se vanter de la vente de ces bijoux, « Ayant vendu au-dessus de mon estimation » précise-t-il. Apportant au changeur un peu moins de deux kilogrammes d'or sous forme de bijoux : « un collier à peu près comme celui d'Aglaé, et puis des épingles à cheveux, des anneaux, des bracelets… tous semblables à ceux que j'avais dans la bourse et en nombre égal »82.3, nous dirions aujourd'hui que Judas réussit à les vendre pratiquement au cours de l'or. Il en obtint 5250 deniers : « J'ai conclu l'affaire pour dix talents et demi »82.3 (soit 18 kg de monnaie en argent). « J'avais un tas de monnaie, mais je suis passé chez le gabeleur et lui ai dit : "Reprends-moi toute cette mitraille et donne-moi les talents que tu as reçus d'Isaac" ». Judas en préleva « une petite somme, cent deniers, pour nos lits et nos repas »82.2. Cent deniers sur 5000, c'est à peine 2%. Ils sont huit personnes (Jésus, 3 apôtres et 4 bergers). Une dépense de 100 deniers pour deux jours de gîte, de couvert et de parcage des brebis semble crédible. Le reste fut donc échangé contre 200 à 210 pièces d'or, faciles à étaler sur une table (« Amis, voilà ici dix talents et demi. Il manque seulement cent deniers que Judas a prélevé pour les dépenses de logement »82.5) et à transporter à pied jusqu'à Machéronte. Le récit très détaillé de cette vente est d'une cohérence parfaite. Il offre, semble-t-il, une voie prometteuse de relecture des textes anciens mentionnant l'usage des talents.