Le mariage de Marie au Temple
Nous retrouvons Marie au Temple, tandis qu'elle porte « ses vêtements d'épouse, parmi ses amies et ses maîtresses qui lui font fête »13.1. La cousine Elisabeth évoque le trousseau préparé par Anne, maintenant disparue. Les compagnes de Marie admirent particulièrement les colliers et les bracelets hérités de la par ton père, pour ton amour, pour te faire belle, comme il convient à une princesse de David »13.3.
Marie confie : « En moins de deux mois… il En attendant l'arrivée de Joseph, grand-mère paternelle de Marie, et portant le sceau de Salomon118, marque spécifique de la maison de David. « Aux heures mêmes de l'épreuve119, ils furent sauvés est venu deux fois, et aujourd'hui, c'est pour la troisième fois…défiant pluies et vent… »13.3. Voici Joseph, en compagnie de Zacharie. « Dans ses mains, des bouquets de myrte en fleurs ». Elisabeth et les maitresses en font une guirlande, en alternance avec « de petites roses blanches120 »13.3. Ces détails et quelques autres permettent de situer la cérémonie vers la mi mars -6, la floraison du myrte commençant au printemps, tout comme celle des roses.
« Joseph dit en s'écartant un peu avec Marie : j'ai pensé, ces temps-ci à ton vœu. Je t'ai dit que je le partage, mais plus j'y pense et plus je comprends que le naziréat temporaire, même renouvelé plusieurs fois121, ne suffit pas. Je t'ai comprise, Marie. (...) Je ne connais pas les lettres et ne possède pas de trésor. Mais je mets à tes pieds, mon trésor. Pour toujours. Ma chasteté absolue pour être digne d'être près de toi, Vierge de Dieu122 » 13.5. Ces paroles de Joseph font de leur désir individuel de chasteté un vœu de virginité en commun. C'est exactement conforme à ce que pressentit saint Thomas d'Aquin quand il affirma : « après ses fiançailles, en même temps que son époux et d'un commun accord, elle fit vœu de virginité123 ».
Marie et Joseph se rendent ensuite dans une première salle où ils reçoivent, devant témoins, la bénédiction solennelle de leur union. Puis « ils vont dans une salle où est rédigéle contrat de mariage où il est dit que Marie, héritière de Joachim de David et d'Anne d'Aaron apporte en dot à son époux, sa maison avec les biens annexes, son trousseau personnel et d'autres biens qu'elle a hérité de son père »13.6. Et Maria Valtorta conclut : « Tout est fini. Les époux sortent dans la cour puis se dirigent vers la sortie près du quartier des femmes employées au Temple »13.7.
Il aura fallu attendre plus de soixante ans après ce récit pour pouvoir lui trouver un fondement historique autre que celui des apocryphes, et ceci grâce à une étude du professeur Joseph Mélèze124. Le papyrus d'Hérakléopolis, « la plainte de Philotas » (datant de -134 et publié en 2001) confirme en effet l'existence de deux cérémonies pour le mariage juif d'alors. Le qiddoushin (cérémonie de sanctification de la mariée, qui, par un contrat, la lie à son époux et la sépare de sa famille) et le nissou'in (l'élévation, cérémonie d'admission dans la maison du mari, impliquant seulement à partir de ce moment la consommation du mariage). Un certain temps devait séparer ces deux cérémonies. C'est en effet ce que suggéraient les textes évangéliques de Luc(Lc 1,27)et de Matthieu(Mt 1,18)qui se trouvent ainsi eux aussi validés par cette nouvelle donnée historique. Mais que dire du récit de Maria Valtorta, qui décrit si précisément en 1944 une cérémonie (le qiddoushin) dont le déroulement était peu connu125, et dont l'existence n'était même pas formellement prouvée !