Le massacre des innocents
Les chercheurs qui tentent de situer la naissance de Jésus juste quelques mois avant la mort d'Hérode présumée en -4, se trouvent confrontés à des difficultés insurmontables, s'ils veulent tenir compte à la fois des indications de Flavius Josèphe et de celles de saint Matthieu217. Maria Valtorta ne mentionne à aucun moment dans son œuvre la date de la mort d'Hérode. (J'ai plusieurs fois souligné que son œuvre ne comporte pas la moindre date). Mais la chronologie précise qui se déduit des nombreux détails cohérents qu'elle nous fournit, impose que la mort d'Hérode soit intervenue après l'éclipse lunaire du 9/10 janvier -1, plutôt qu'après celle du 13/14 mars -4218.
Maria Valtorta ne reçut pas de vision du terrifiant massacre des innocents. Pourtant à plusieurs occasions, dans les dialogues des uns et des autres, il en est fait allusion dans l'œuvre, tant cette épouvantable tuerie avait frappé les esprits. « ... tu as entendu parler du massacre d'Hérode… Plus de mille petits dans la ville, un autre millier dans les campagnes. Et tous, aussi, des garçons, à peu près tous, parce que dans leur furie, dans la nuit, dans la mêlée, les tueurs prirent, arrachèrent des berceaux, des lits de leurs mères, des maisons assiégées, même des petites filles »73.5. Les chiffres, dans la bouche de ce paysan, trente ans après les faits, sont naturellement largement amplifiés...
Maria Valtorta indique, en marge de son manuscrit que « le paysan exagère les chiffres comme c'est souvent le cas ». Et elle inscrit, « de mémoire » précise-t-elle, se référant à une autre vision, le chiffre de trente deux victimes. Mais dans une dictée, le 28/02/1947, Jésus rectifie : « Entre ceux de Bethléem et ceux des campagnes, leur nombre s'élève à trois cent vingt. Et je précise encore que, parmi eux, ceux de Bethléem furent cent quatre vingt-huit, tandis que ceux des campagnes battues dans un vaste rayon par les envoyés d'Hérode pour exterminer les nouveau-nés furent cent trente- deux.Parmi ces tués, il y eut soixante-quatre petites filles, que les sicaires n'ont pas identifiées comme telles, car ils tuèrent dans l'obscurité, la confusion et la frénésie d'agir vite, avant que quoi que ce soit n'intervienne pour mettre fin au massacre ». Si, comme la démographie peut nous permettre de l'estimer, la tranche d'âge de zéro à deux ans représentait en ce temps là environ 6% de la population, cela signifierait 3000 habitants pour Bethléem, et 5000 habitants en englobant la région alentour. Cette estimation reste parfaitement compatible avec les 600 000 habitants de Jérusalem à l'époque, selon les estimations des historiens.
« Vous n'êtes pas au courant du massacre d'Hérode ? Tout le monde en a parlé, et César le traita de porc altéré de sang »74.3 rapporte ensuite l'aubergiste de Bethléem. Cette affirmation trouverait-elle un écho historique chez Macrobe, auteur païen du 4e/5e siècle ? Parlant de l'empereur Auguste, il rapporte : « Ayant entendu que, parmi les enfants qu'Hérode, roi des Juifs, avait fait tuer, âgés de deux ans et au dessous, son propre fils avait été mis à mort, il dit : il vaut mieux être le pourceau d'Hérode que son fils219 ».
Voici une dernière réflexion sur le massacre des innocents. C'est un enseignement donné par Jésus aux apôtres réunis à Nazareth : « Quand le Temps ne sera plus pour chaque personne ou pour l'humanité toute entière, une première et une seconde fois vous comprendrez que heureux, bénis en Israël, dans l'Israël des temps du Christ, furent ceux qui ayant été exterminés dans leur enfance, ont été préservés du plus grand péché : celui d'être complices de la mort du Sauveur »436.4.