Les témoins oculaires

Une mère nommée Albula et sa fille Flavia

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Albula, « une forte matrone d'environ cinquante ans »370.19 est la femme de confiance de Claudia, qui en parle ainsi à Judas : « Demande toujours Albula Domitilla. C'est une seconde moi-même »371.3. Sans cette rapide confidence, il est fort probable que « l'affranchie de Claudia »604.34 serait passée totalement inaperçue dans l'œuvre. Mais quand on découvre que sa fille se nomme Flavia, cette Flavia qui prend des notes pour sa maîtresse : « Flavia a écrit les choses que tu as dites. Claudia veut en prendre connaissance. As-tu écrit ? Exactement, dit la femme en passant les tablettes enduites de cire »204.9, alors notre attention est mise en éveil. Y aurait-il un quelconque rapport avec la sainte Domitille, dont la propriété à Rome abrita des catacombes célèbres ? C'est grâce à Suétone235 qu'il est possible de reconstituer l'histoire des "Domitilla":

Albula Domitilla, que Suétone nomme simplement Domitilla, « n'avait pas la citoyenneté romaine » et était mariée à Flavius Liberalis, « simple greffier de questeur de la légion X Ferentis ». (Justement la légion chargée de la Syrie et de la Palestine !).

Leur fille Flavia Domitilla fut déclarée citoyenne romaine et de naissance libre, par un jugement des récupérateurs (tribunal statuant sur les questions de droits de propriété et d'état-civil) sur la demande de son père. Elle épousa Vespasien en 39/40. Elle fut la mère de Titus, Domitien et Domitilla. Elle mourut en +69. C'est elle qui apparaît aux cotés de Claudia et de Plautina et prend les notes sur des tablettes236.

Leur petite fille Flavia Domitilla mourut aussi en +69, après avoir donné naissance à une fille portant son nom.

Leur arrière petite fille Flavia Domitilla (et donc petite fille de l'empereur Vespasien) épousa Flavius Clemens qui était consul. En 95, sous Domitien, ils furent tous deux accusés d'athéisme, du fait qu'ils étaient chrétiens. Clemens fut condamné à mort et Domitilla fut exilée. Elle est vénérée comme sainte Domitille.

Ainsi donc, Albula Domitilla fut la belle mère de l'empereur Vespasien, et l'arrière-arrière grand-mère de sainte Domitille. Quant à sa fille Flavia, il convient de remarquer que son futur époux, Vespasien237 (âgé de 19 ans en 28) combattît en Bretagne sous les ordres d'Aulus Plautius, l'époux de Plautina ! Flavia et Vespasien eurent trois enfants : Titus, Domitien et Domitilla. L'aîné, Titus238 épousa Plautilla, la fille de Plautius et de Plautina ! Ainsi la présence de Flavia aux côtés de Plautina et de Claudia dans l'œuvre de Maria Valtorta se trouve totalement confortée par des données historiques. Et à l'inverse, le fait de les découvrir dans l'œuvre disciples attentives de Jésus permet de mieux comprendre le soutien considérable qu'elles apportèrent, à Rome, à l'Eglise naissante. D'ailleurs Dom Guéranger239 le soulignait déjà en son temps : « Les nouvelles découvertes archéologiques montrent jusqu'à l'évidence que, dès son début à Rome, le christianisme compta dans ses rangs l'élite de la société polie ».

Notes de bas de page

235
Voir Suétone, Vie de Vespasien.

236
Ce serait même elle qui apporte à Ponce Pilate le message de Claudia lui demandant de relâcher Jésus. Est-ce parce qu'elle a été formée par son père greffier, qu'elle prend les notes pour Claudia ?

237
Titus Flavius Vespasianus.

238
Titus Flavius Sabinus.

239
Dom Guéranger op. cit. Introduction, page X.

À propos de : Les témoins oculaires

« Les Apôtres étaient au nombre de douze ; les disciples, premiers ministres de l'Evangile, au nombre de soixante-douze ; mais les autres disciples ou premiers témoins, étaient en nombre infini ! » Nicéphore Callixte Histoire Ecclésiastique I, II, c. 45

« De toutes les villes on s'acheminait vers Lui... » Luc 8, 4

Même le lecteur le plus superficiel ne peut échapper à l'impression de vie qui se dégage tout au long des six mille pages de l'œuvre de Maria Valtorta. Ceci est dû en partie à l'abondance des personnages rencontrés par Jésus au cours de ses innombrables déplacements, ces foules dont témoignent à plusieurs reprises les évangélistes.

L'œuvre décrit plus de cinq cent personnages principaux, nommément désignés et dont les faits et gestes sont suffisamment détaillés pour pouvoir dresser de chacun un profil psychologique, dirait-on aujourd'hui. A ces premiers rôles il convient encore d'ajouter quelques deux ou trois cent figurants simplement désignés par leur noms ou seulement évoqués par des attributs comme la belle-mère ; une voisine ; un paysan ; une vieille ; la servante ; un aveugle ; etc. La foule de ces témoins oculaires du séjour terrestre de Jésus a été passée au crible de l'Histoire et de la Tradition. Et cette étude systématique m'a permis d'identifier plus de deux cent personnes dont le souvenir et parvenu jusqu'à nous par des témoignages antiques. Maria Valtorta non seulement les fait revivre dans leur contexte historique, mais pour chacun elle nous décrit les circonstances qui ont déterminé leurs choix décisifs, pour ou contre Jésus, menant certains jusqu'au martyre, et d'autres au déicide. Une fois de plus, il est bien entendu impossible de donner ici une vue exhaustive de tous ces destins178. Comme pour les précédents chapitres, je n'en donnerai donc que quelques exemples pris ça et là.

Notes de bas de page

178
Cette étude fait l'objet du Dictionnaire des personnages de l'Evangile, ouvrage réalisé en collaboration avec F.-M. Debroise et Mgr R. Laurentin, 2012 Ed. Salvator.

📚 Source des articles

Tous les articles et analyses présentés dans cette section sont extraits de l'ouvrage suivant :

Couverture du livre L'énigme Valtorta (tome 1)

L'énigme Valtorta (tome 1), une vie de Jésus romancée

Par Jean-François Lavère

339 pages

ISBN 9782364630253

Editions Rassemblement A Son Image

Bilan de dix ans de recherches, cette étude révèle l'immense érudition contenue dans l'évangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta.

D'où Maria Valtorta possédait-elle ses mystérieuses connaissances en astronomie, en géographie, en histoire, en Ecriture Sainte et en tant d'autres disciplines ? Beaucoup de lecteurs se sont posés cette question.

Au terme d'une étude rigoureuse, le polytechnicien Jean Aulagnier affirma qu'aucune intelligence humaine ne pouvait maîtriser un tel savoir dans des matières si variées.

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