Les témoins oculaires

L'étonnant destin de Thusnelda la barbare

3 min

A différentes occasions, Maria Valtorta évoque aux côtés de la romaine Valéria la présence d'une étrange affranchie. « Le portail s'ouvre et Valéria, avec son esclave ou affranchie, est sur le point d'entrer... Valéria regarde les deux femmes enveloppées dans un manteau hébraïque très simple et qui descend très bas sur leurs visages et elle les prend pour des mendiantes. Elle commande : Barbara, donne l'obole ! »438.9. Un peu plus tard elle explique : « Mon affranchie Tusnilde, barbare deux fois, Seigneur, des forêts de Teutberg249. Une proie de ces avances imprudentes qui ont coûté tant de sang humain250. Mon père en a fait cadeau à ma mère, et elle me l'a donnée pour mes noces. De ses dieux aux nôtres et des nôtres à Toi, car elle fait ce que je fais. Elle est tellement bonne, dit Valeria à Jésus devant la synagogue des affranchies qu'elle fréquente désormais »534.1. Les épreuves de la Passion s'annonçant, Valeria l'envoie avec sa fille Faustina à Béther dans le château de son amie Jeanne de Chouza. Elle évoque une dernière fois son affranchie : « Je resterai ici avec Tusnilde. Je suis libre, je suis riche, je puis faire ce que je veux583.12 (…) J'enverrai Fausta avec Tusnilde à Béther, avant le temps fixé. Elles devaient y aller après la Fête »583.14. Or il se trouve que cette Tusnilde n'est pas une simple création romanesque, mais bel et bien un personnage historique. Voici à peu près ce que nous en dit l'historien Tacite251. En l'an 15, Germanicus fit des raids contre les Germains, il pilla leurs villages. Il réussit à capturer Thusnelda, la femme d'Arminius, qui lui fut livrée par son propre père, Ségestes, lequel voulait se venger d'Arminius. En effet, alors qu'il avait promis sa fille à quelqu'un d'autre, elle s'était enfuie avec Arminius et l'avait épousé après la victoire de Teutoburg. Ségestes et son clan étaient des alliés de Rome et s'opposaient à la politique d'Arminius, comme le faisait aussi d'ailleurs Flavus, le frère d'Arminius. Thusnelda fut emmenée à Rome pour y être exhibée à l'occasion du triomphe de Germanicus252; elle ne revit jamais sa patrie et disparut de l'Histoire. Tout ceci est confirmé par Strabon253 : « on vit le triomphateur (Germanicus) traîner à sa suite les personnages, hommes et femmes, les plus illustres de la nation des Chérusques : à savoir le chef Segimund, fils de Ségeste, avec son fils Thumelic, jeune enfant de trois ans, et sa soeur Thusnelda, femme d'Arminius ». Gaius Julius Caesar (dit Germanicus après sa victoire contre les germains) était fils de Drusus et le frère aîné de Claude. Nommé gouverneur de Syrie en l'an 17, il fut assassiné à Antioche en 19. Il est donc parfaitement plausible que Thusnelda, princesse esclave, ait dû le suivre à Antioche. A la mort de Germanicus, récupérée par un notable proche254 du gouverneur défunt, elle a pu se retrouver quelques années plus tard en Palestine, auprès de Valéria, la fille de ce notable. Quel auteur, à moins d'être inspiré, aurait pu imaginer de faire intervenir de façon aussi plausible cette Thusnelda, personnage historique assez peu connu ?

Notes de bas de page

249
Tacite, Annales, Livre 1, chap. 60 précise « non loin de la forêt de Teutbourg ». Aujourd'hui connue sous les noms Teutobourg ou Teutoburger.

250
Allusion à la défaite de Varus et de ses trois légions en +9.

251
Tacite, Annales Livre 1, chap. 58 et suivants.

252
« Au 7e jour des calendes de juin » en l'an 16

253
Strabon, Géographie Livre 7, 1 - La Germanie, 4.

254
D'après le texte de Maria Valtorta, ce serait donc le père de Valéria, l'épouse de Valérien.

À propos de : Les témoins oculaires

« Les Apôtres étaient au nombre de douze ; les disciples, premiers ministres de l'Evangile, au nombre de soixante-douze ; mais les autres disciples ou premiers témoins, étaient en nombre infini ! » Nicéphore Callixte Histoire Ecclésiastique I, II, c. 45

« De toutes les villes on s'acheminait vers Lui... » Luc 8, 4

Même le lecteur le plus superficiel ne peut échapper à l'impression de vie qui se dégage tout au long des six mille pages de l'œuvre de Maria Valtorta. Ceci est dû en partie à l'abondance des personnages rencontrés par Jésus au cours de ses innombrables déplacements, ces foules dont témoignent à plusieurs reprises les évangélistes.

L'œuvre décrit plus de cinq cent personnages principaux, nommément désignés et dont les faits et gestes sont suffisamment détaillés pour pouvoir dresser de chacun un profil psychologique, dirait-on aujourd'hui. A ces premiers rôles il convient encore d'ajouter quelques deux ou trois cent figurants simplement désignés par leur noms ou seulement évoqués par des attributs comme la belle-mère ; une voisine ; un paysan ; une vieille ; la servante ; un aveugle ; etc. La foule de ces témoins oculaires du séjour terrestre de Jésus a été passée au crible de l'Histoire et de la Tradition. Et cette étude systématique m'a permis d'identifier plus de deux cent personnes dont le souvenir et parvenu jusqu'à nous par des témoignages antiques. Maria Valtorta non seulement les fait revivre dans leur contexte historique, mais pour chacun elle nous décrit les circonstances qui ont déterminé leurs choix décisifs, pour ou contre Jésus, menant certains jusqu'au martyre, et d'autres au déicide. Une fois de plus, il est bien entendu impossible de donner ici une vue exhaustive de tous ces destins178. Comme pour les précédents chapitres, je n'en donnerai donc que quelques exemples pris ça et là.

Notes de bas de page

178
Cette étude fait l'objet du Dictionnaire des personnages de l'Evangile, ouvrage réalisé en collaboration avec F.-M. Debroise et Mgr R. Laurentin, 2012 Ed. Salvator.

📚 Source des articles

Tous les articles et analyses présentés dans cette section sont extraits de l'ouvrage suivant :

Couverture du livre L'énigme Valtorta (tome 1)

L'énigme Valtorta (tome 1), une vie de Jésus romancée

Par Jean-François Lavère

339 pages

ISBN 9782364630253

Editions Rassemblement A Son Image

Bilan de dix ans de recherches, cette étude révèle l'immense érudition contenue dans l'évangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta.

D'où Maria Valtorta possédait-elle ses mystérieuses connaissances en astronomie, en géographie, en histoire, en Ecriture Sainte et en tant d'autres disciplines ? Beaucoup de lecteurs se sont posés cette question.

Au terme d'une étude rigoureuse, le polytechnicien Jean Aulagnier affirma qu'aucune intelligence humaine ne pouvait maîtriser un tel savoir dans des matières si variées.

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L'étonnant destin de Thusnelda la barbare - Énigmes Valtorta | Maria Valtorta