Le diacre Nicolaï d'Antioche réhabilité ?
Nicolas, prosélyte grec d'Antioche (Actes 6, 5) est un personnage controversé. Pour Eusèbe de Césarée189 « il pratiquait l'ascétisme, considérant les désirs du corps comme de peu d'importance, et prônait la vie communautaire », ce qui reste un propos plutôt favorable. Mais il semble que ses disciples, les Nicolaïtes aient utilisé le prestige attaché à son nom pour dévoyer ses idées. L'Apocalypse (2, 6), déclare : « tu hais les œuvres des Nicolaïtes, lesquelles moi aussi je hais ». Puis Irénée de Lyon190 dénonce la licence et la libération des mœurs des Nicolaïtes. Ils préconisèrent le mariage des prêtres191 et devinrent des hérétiques. Ils seraient à l'origine d'une branche gnostique, les archontes. En 1054, le cardinal Humbert da Silva Candida, dans une lettre adressé à un moine oriental, Nicétas, reproche à ce dernier de promouvoir le mariage des prêtres. Il en accuse alors personnellement Nicolas et non plus les Nicolaïtes : « le diacre maudit Nicolas, prince de cette hérésie, venait tout droit de l'enfer ».
Dans l'œuvre de Maria Valtorta, le premier contact avec Nicolaï a lieu lors du voyage des apôtres à Antioche : « Nicolaï est consacré au naziréat »323.7, ce qui est tout à fait conforme avec la description d'Eusèbe. Il vient rejoindre Jésus à Capharnaüm, au moment où plusieurs le quittent, scandalisés par le discours sur le Pain de Vie. Ce qui lui vaut cet éloge de Jésus : « Un homme, qui devient disciple parce qu'il sait que ma cause humaine est déjà perdue, ne peut être qu'un esprit droit », et Il ajoute à l'intention de Jean : « en vérité je te dis que là où arrivera Nicolaï, disciple et prosélyte, Judas de Simon, apôtre israélite et juif, n'arrivera pas »355.8. Doit-on voir dans cette dernière affirmation une réhabilitation du diacre Nicolaï, ascète incompris et trahi par ses disciples ?