Ne te mêle pas des affaires de ce juste
Mt 27, 19
Matthieu est le seul évangéliste à mentionner la femme de Pilate, dans un simple verset, sans même la nommer. Est-ce elle la même Claudia qu'évoque St Paul dans son épître à Timothée (2 Tm 4, 21) quand il écrit : « Eubule, Pudens, Lin et Claudia te saluent » ? Rien d'autre sur l'épouse de Pilate dans l'Ecriture Sainte.
Or dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé la femme de Pilate joue un rôle majeur et intervient souvent. Maria Valtorta nous la montre assistant à la guérison miraculeuse d'un lépreux, écoutant avec intérêt les paroles du « sage galiléen », puis prenant sous sa protection ce « grand philosophe ». Elle chemine peu à peu dans la foi, jusqu'à en témoigner après la crucifixion : « mieux être persécuté par les hommes que par le Très-Haut dont le Maître était le Messie »630.13. Et tout au long du récit, le lecteur découvre peu à peu cette « belle femme sur les trente ans (...), fière d'appartenir à la gens Claudia »154.7. Le centurion Publius informe Jésus : « Claudia parle de Toi comme d'un grand philosophe, et c'est bon pour Toi parce que... c'est Claudia le proconsul »192.5 Quand plus tard elle rencontre Jésus, elle s'agenouille en disant : « Et avec moi, Rome se prosterne à tes pieds »370.19. Au banquet chez Jeanne de Chouza, elle confirme à Judas le pouvoir dont elle dispose « j'appartiens à la gens Claudia. J'ai plus de pouvoir que tous les grands d'Israël car, derrière moi, il y a Rome »371.3. Elle est témoin de plusieurs miracles, mais sa foi en Jésus, un temps ébranlée par les médisances et les calomnies colportées de toutes parts, ne s'affermit définitivement qu'après que Jésus ait redonné une langue et la parole à Calliste, son esclave mutilé : « tu es vraiment le Juste que je pressentais563.5 (...) personne, sauf Toi, ne peut faire renaître un mort et rendre des yeux à un aveugle »563.6. Et de ce jour, sa foi sera inébranlable.
La tradition selon laquelle elle se serait convertie est attestée dès le 2e siècle221. Tout ce qu'on apprend ça et là sur Claudia Procula en parcourant le récit de Maria Valtorta est en totale harmonie non seulement avec les anciennes traditions, mais aussi avec les hypothèses historiques les plus récentes. L'évangile apocryphe dit de Nicodème (vers le 4e siècle ?) ; un écrit de 1619 attribué à Lucius Flavius Dexter222, les Ménologues grecs, et plusieurs autres auteurs anciens la nomment effectivement Claudia Procula. Son appartenance à la gens Claudia a fait l'objet de plusieurs hypothèses. Celle qui semble la plus plausible aujourd'hui, c'est qu'elle aurait été la fille illégitime de Julia. Cette Julia223 fut mariée à Tibère en -11, sur ordre d'Auguste son père. Vivant dans la débauche, elle fut condamnée à l'exil en -2, juste après avoir été la maîtresse de Julius Antonius224. Une éventuelle naissance adultérine avec un tel père se devait politiquement de rester secrète, mais n'a rien d'invraisemblable225.
Dans cette hypothèse Claudia serait donc née en -2 ou -1. Ce qui est en plein accord avec Maria Valtorta qui lui donne la trentaine en 27. Envoyée par sa mère auprès de Tibère, il l'aurait adopté comme sa propre fille. Par son mariage, Pilate aurait effectivement acquis des soutiens en très haut lieu, ce qui pourrait expliquer son exceptionnelle longévité à son poste en Judée. Notons aussi que seules les femmes de haut rang, à cette époque, accompagnaient leurs maris en mission226.