Les témoins oculaires

Ne te mêle pas des affaires de ce juste

3 min

Mt 27, 19

Matthieu est le seul évangéliste à mentionner la femme de Pilate, dans un simple verset, sans même la nommer. Est-ce elle la même Claudia qu'évoque St Paul dans son épître à Timothée (2 Tm 4, 21) quand il écrit : « Eubule, Pudens, Lin et Claudia te saluent » ? Rien d'autre sur l'épouse de Pilate dans l'Ecriture Sainte.

Or dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé la femme de Pilate joue un rôle majeur et intervient souvent. Maria Valtorta nous la montre assistant à la guérison miraculeuse d'un lépreux, écoutant avec intérêt les paroles du « sage galiléen », puis prenant sous sa protection ce « grand philosophe ». Elle chemine peu à peu dans la foi, jusqu'à en témoigner après la crucifixion : « mieux être persécuté par les hommes que par le Très-Haut dont le Maître était le Messie »630.13. Et tout au long du récit, le lecteur découvre peu à peu cette « belle femme sur les trente ans (...), fière d'appartenir à la gens Claudia »154.7. Le centurion Publius informe Jésus : « Claudia parle de Toi comme d'un grand philosophe, et c'est bon pour Toi parce que... c'est Claudia le proconsul »192.5 Quand plus tard elle rencontre Jésus, elle s'agenouille en disant : « Et avec moi, Rome se prosterne à tes pieds »370.19. Au banquet chez Jeanne de Chouza, elle confirme à Judas le pouvoir dont elle dispose « j'appartiens à la gens Claudia. J'ai plus de pouvoir que tous les grands d'Israël car, derrière moi, il y a Rome »371.3. Elle est témoin de plusieurs miracles, mais sa foi en Jésus, un temps ébranlée par les médisances et les calomnies colportées de toutes parts, ne s'affermit définitivement qu'après que Jésus ait redonné une langue et la parole à Calliste, son esclave mutilé : « tu es vraiment le Juste que je pressentais563.5 (...) personne, sauf Toi, ne peut faire renaître un mort et rendre des yeux à un aveugle »563.6. Et de ce jour, sa foi sera inébranlable.

La tradition selon laquelle elle se serait convertie est attestée dès le 2e siècle221. Tout ce qu'on apprend ça et là sur Claudia Procula en parcourant le récit de Maria Valtorta est en totale harmonie non seulement avec les anciennes traditions, mais aussi avec les hypothèses historiques les plus récentes. L'évangile apocryphe dit de Nicodème (vers le 4e siècle ?) ; un écrit de 1619 attribué à Lucius Flavius Dexter222, les Ménologues grecs, et plusieurs autres auteurs anciens la nomment effectivement Claudia Procula. Son appartenance à la gens Claudia a fait l'objet de plusieurs hypothèses. Celle qui semble la plus plausible aujourd'hui, c'est qu'elle aurait été la fille illégitime de Julia. Cette Julia223 fut mariée à Tibère en -11, sur ordre d'Auguste son père. Vivant dans la débauche, elle fut condamnée à l'exil en -2, juste après avoir été la maîtresse de Julius Antonius224. Une éventuelle naissance adultérine avec un tel père se devait politiquement de rester secrète, mais n'a rien d'invraisemblable225.

Dans cette hypothèse Claudia serait donc née en -2 ou -1. Ce qui est en plein accord avec Maria Valtorta qui lui donne la trentaine en 27. Envoyée par sa mère auprès de Tibère, il l'aurait adopté comme sa propre fille. Par son mariage, Pilate aurait effectivement acquis des soutiens en très haut lieu, ce qui pourrait expliquer son exceptionnelle longévité à son poste en Judée. Notons aussi que seules les femmes de haut rang, à cette époque, accompagnaient leurs maris en mission226.

Notes de bas de page

221
Cf. Origène, Homélies - Matthieu, xxxv.

222
Chronicae. An. 34 n° 2.

223
Les témoignages historiques sur Julia sont abondants (Dion Cassius Histoire romaine LV, 10 ; Velleius Paterculus, Histoires romaines, II, 100 ; Tacite, Annales IV,44 ; Macrobe, Saturnales 2, 5 ; etc.).

224
Dernier fils vivant de Marc Antoine, Julius fut, pour ce motif, mis à mort.

225
C'était l'opinion de Giovanni Rosadi, Il proceso di Gesu 1908.

226
L'antique loi Oppia interdisait aux proconsuls d'emmener leur femme dans les provinces qu'ils gouvernaient. Bien qu'adoucie par un sénatus-consulte, au 1er siècle avant notre ère, elle restait théoriquement en vigueur. Les magistrats obtenaient parfois la permission d'y déroger mais ils devaient s'engager à « prendre toute la responsabilité des fautes que leur épouse pourrait commettre ».

À propos de : Les témoins oculaires

« Les Apôtres étaient au nombre de douze ; les disciples, premiers ministres de l'Evangile, au nombre de soixante-douze ; mais les autres disciples ou premiers témoins, étaient en nombre infini ! » Nicéphore Callixte Histoire Ecclésiastique I, II, c. 45

« De toutes les villes on s'acheminait vers Lui... » Luc 8, 4

Même le lecteur le plus superficiel ne peut échapper à l'impression de vie qui se dégage tout au long des six mille pages de l'œuvre de Maria Valtorta. Ceci est dû en partie à l'abondance des personnages rencontrés par Jésus au cours de ses innombrables déplacements, ces foules dont témoignent à plusieurs reprises les évangélistes.

L'œuvre décrit plus de cinq cent personnages principaux, nommément désignés et dont les faits et gestes sont suffisamment détaillés pour pouvoir dresser de chacun un profil psychologique, dirait-on aujourd'hui. A ces premiers rôles il convient encore d'ajouter quelques deux ou trois cent figurants simplement désignés par leur noms ou seulement évoqués par des attributs comme la belle-mère ; une voisine ; un paysan ; une vieille ; la servante ; un aveugle ; etc. La foule de ces témoins oculaires du séjour terrestre de Jésus a été passée au crible de l'Histoire et de la Tradition. Et cette étude systématique m'a permis d'identifier plus de deux cent personnes dont le souvenir et parvenu jusqu'à nous par des témoignages antiques. Maria Valtorta non seulement les fait revivre dans leur contexte historique, mais pour chacun elle nous décrit les circonstances qui ont déterminé leurs choix décisifs, pour ou contre Jésus, menant certains jusqu'au martyre, et d'autres au déicide. Une fois de plus, il est bien entendu impossible de donner ici une vue exhaustive de tous ces destins178. Comme pour les précédents chapitres, je n'en donnerai donc que quelques exemples pris ça et là.

Notes de bas de page

178
Cette étude fait l'objet du Dictionnaire des personnages de l'Evangile, ouvrage réalisé en collaboration avec F.-M. Debroise et Mgr R. Laurentin, 2012 Ed. Salvator.

📚 Source des articles

Tous les articles et analyses présentés dans cette section sont extraits de l'ouvrage suivant :

Couverture du livre L'énigme Valtorta (tome 1)

L'énigme Valtorta (tome 1), une vie de Jésus romancée

Par Jean-François Lavère

339 pages

ISBN 9782364630253

Editions Rassemblement A Son Image

Bilan de dix ans de recherches, cette étude révèle l'immense érudition contenue dans l'évangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta.

D'où Maria Valtorta possédait-elle ses mystérieuses connaissances en astronomie, en géographie, en histoire, en Ecriture Sainte et en tant d'autres disciplines ? Beaucoup de lecteurs se sont posés cette question.

Au terme d'une étude rigoureuse, le polytechnicien Jean Aulagnier affirma qu'aucune intelligence humaine ne pouvait maîtriser un tel savoir dans des matières si variées.

Voir sur le site des éditions
Ne te mêle pas des affaires de ce juste - Énigmes Valtorta | Maria Valtorta