Les témoins oculaires

Le sanhédrin fait salle comble

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Le sanhédrin ou grand conseil, était la haute cour de justice, le tribunal suprême des Juifs. Son nom214, son rôle et son organisation nous sont connus par la bible215 et par de nombreux textes talmudiques ou historiques216. Le sanhédrin comprenait en théorie 71 membres, y compris le président. Il y avait 3 groupes plus ou moins définis : les chefs des prêtres, les scribes et les anciens. Chaque groupe était composé de 23 membres (soit 69), auxquels s'ajoutaient le président (nasi) et son adjoint (ab bet din).

- La chambre des prêtres avait en charge l'administration des sacrifices.... La majorité de ses membres était des sadducéens, plus ou moins alliés des hérodiens. Ils ne croyaient pas en la résurrection, et appliquaient avec rigueur la loi mosaïque. Ils s'opposaient à Jésus essentiellement sur les questions politiques.

- La chambre des scribes, ou sages, ou docteurs de la Loi, était composée d'enseignants, majoritairement pharisiens. Leur premier reproche vis à vis de Jésus était qu'aucun enseignant ne peut enseigner de sa propre autorité. En tant que juristes, ils s'imposaient de citer au moins une autorité pour justifier les lois.

- La chambre des anciens, ou des conseillers, regroupait les notables les plus fortunés, et les personnages influents. Beaucoup d'entre eux étaient pharisiens, mais certains désapprouvaient le rigorisme des scribes. Ils n'avaient pas de pouvoir judiciaire.

Au début du premier siècle, le sanhédrin instruit les procès et rend la sentence, mais la condamnation à mort revient au procurateur romain217. Ces données sont assez bien connues, et les lecteurs de Maria Valtorta ne seront donc guère surpris de constater qu'elles sont bien intégrées dans le récit, comme en témoigne par exemple cette discussion avec Pilate, pendant la Passion : « Il est passible de mort selon notre loi ». « Et depuis quand vous a-t-on rendu le jus gladii et sanguinis ? » (...) « Nous savons que nous n'avons pas ce droit. Nous sommes les fidèles sujets de Rome… »604.20. Mais s'il est relativement aisé de se faire une idée du rôle et de l'organisation du sanhédrin au temps de Jésus, il en va tout autrement lorsqu'il s'agit de retrouver la liste des membres qui y siégeaient alors.

L'étude la plus détaillée sur cette question, je l'ai déjà évoquée, est sans doute celle que publièrent les frères Augustin et Joseph Lemann en 1877. Il semble très peu probable que Maria Valtorta ait pu en avoir eu connaissance en 1944. Pourtant tout lecteur attentif trouvera, disséminés ça et là dans l'œuvre, de très nombreux indices permettant de reconstituer peu à peu la composition du sanhédrin en l'an 30. On retrouve ainsi dans l'œuvre le nom de tous les anciens et futurs grands prêtres contemporains de Jésus, et de nombreux autres membres, dont les noms, pour certains d'entre eux, ne sont évoqués qu'une ou deux fois dans toute la littérature talmudique. Pour plusieurs, leurs noms sont orthographiés phonétiquement par Maria Valtorta, ce qui rend leur identification un peu plus délicate. Ainsi, quand on lit « cet autre, c'est Callascebona l'ancien »123.6, il s'agit bien sûr du richissime notable de Jérusalem, ben Calba Scheboua, dont la fille Rachel fut ultérieurement l'épouse du célèbre rabbi Akiba. Et quand Maria Valtorta entend dire « Et là-bas Doro l'Ancien et Trison »378.3, on peut y reconnaître le diminutif de Dorothée ben Nathanaël, en compagnie de Tryphon ben Theudion218. Et lorsque Jésus demande (cf. Luc 14, 1-6) « Est-il permis de guérir pendant le sabbat ? au vieux scribe Chanania »335.13, c'est sans conteste à Chananiah ben Chiskia, scribe renommé qu'Il s'adresse.

Quant au « pharisien Giocana, parent de Doras »109.2, avec qui Jésus a plusieurs échanges très vifs, c'est Yokhanan ben Zakkaï, considéré comme un des maîtres du Talmud219.

Sur 20 membres de la chambre des prêtres connus par diverses traditions, Maria Valtorta en nomme 16, mais en plus elle en cite 3 autres inédits. Donc 23 des 23/24 membres possibles sont maintenant identifiés.

Pour la chambre des scribes, Maria Valtorta nomme 12 des 14 membres connus, mais elle cite 10 autres noms qui ne sont pas encore identifiés par d'autres sources, complétant ainsi la liste des 24 membres de cette chambre (dont le président).

Enfin pour la chambre des anciens, elle cite 11 des 14 membres connus, auxquels elle ajoute 7 noms nouveaux, portant à 21 membres identifiés la liste de cette chambre.

Si l'on prend en compte les éléments fournis par Maria Valtorta, ce sont donc aujourd'hui pas moins de 68 des membres du sanhédrin de l'an 30 qui peuvent être désignés par leur nom, sur les 71 possibles !

Ce résultat est d'autant plus inattendu que les différents membres du sanhédrin apparaissent ça et là dans l'œuvre, au hasard des évènements et souvent de façon très discrète, si bien que seule une étude systématique et minutieuse permet de les recenser tous220.

Notes de bas de page

214
du grec syn (avec) et hedra (siège).

215
Nombres 11, 16-17 ; Proverbes 22, 10; 31, 23; Matthieu 26, 57-59; Marc 14, 53; 15, 1; Luc 22, 66; Jean 11, 47; Actes 5, 21; 6, 12, etc.

216
Principalement Mishna, Sanhedrin et Makkoth.; Flavius Josèphe.

217
L'empereur Auguste enleva ce droit (le jus gladii) au Sanhédrin après la destitution d'Archélaüs, et la nomination de Coponius comme procurateur vers +7 (Flavius Josèphe Antiquités 17, Chap. 13.1-5, et Talmud, Sanhedrin folio 24). Tacite ajouta même : les Romains se réservent le droit du glaive et négligent le reste. Le sanhédrin conservait encore le pouvoir d'excommunier, de mettre en prison, de condamner aux verges; mais le droit de rendre un arrêt de mort, attribut principal de la souveraineté, il ne l'avait plus.

218
Ils furent envoyés comme députés auprès de l'empereur Claude par les Juifs de Jérusalem, en +44/+45, sous le gouverneur Cuspius Fadus. (Flavius Josèphe, Antiquités XX, I, 1, 2 ) Ailleurs dans l'œuvre, Maria Valtorta le nomme plus correctement Trifon.

219
Une prestigieuse synagogue de la vieille ville de Jérusalem porte son nom.

220
Une synthèse de cette étude se trouve sur Internet à cette adresse: http://www.maria-valtorta.org/Personnages/Sanhedrin.htm.

À propos de : Les témoins oculaires

« Les Apôtres étaient au nombre de douze ; les disciples, premiers ministres de l'Evangile, au nombre de soixante-douze ; mais les autres disciples ou premiers témoins, étaient en nombre infini ! » Nicéphore Callixte Histoire Ecclésiastique I, II, c. 45

« De toutes les villes on s'acheminait vers Lui... » Luc 8, 4

Même le lecteur le plus superficiel ne peut échapper à l'impression de vie qui se dégage tout au long des six mille pages de l'œuvre de Maria Valtorta. Ceci est dû en partie à l'abondance des personnages rencontrés par Jésus au cours de ses innombrables déplacements, ces foules dont témoignent à plusieurs reprises les évangélistes.

L'œuvre décrit plus de cinq cent personnages principaux, nommément désignés et dont les faits et gestes sont suffisamment détaillés pour pouvoir dresser de chacun un profil psychologique, dirait-on aujourd'hui. A ces premiers rôles il convient encore d'ajouter quelques deux ou trois cent figurants simplement désignés par leur noms ou seulement évoqués par des attributs comme la belle-mère ; une voisine ; un paysan ; une vieille ; la servante ; un aveugle ; etc. La foule de ces témoins oculaires du séjour terrestre de Jésus a été passée au crible de l'Histoire et de la Tradition. Et cette étude systématique m'a permis d'identifier plus de deux cent personnes dont le souvenir et parvenu jusqu'à nous par des témoignages antiques. Maria Valtorta non seulement les fait revivre dans leur contexte historique, mais pour chacun elle nous décrit les circonstances qui ont déterminé leurs choix décisifs, pour ou contre Jésus, menant certains jusqu'au martyre, et d'autres au déicide. Une fois de plus, il est bien entendu impossible de donner ici une vue exhaustive de tous ces destins178. Comme pour les précédents chapitres, je n'en donnerai donc que quelques exemples pris ça et là.

Notes de bas de page

178
Cette étude fait l'objet du Dictionnaire des personnages de l'Evangile, ouvrage réalisé en collaboration avec F.-M. Debroise et Mgr R. Laurentin, 2012 Ed. Salvator.

📚 Source des articles

Tous les articles et analyses présentés dans cette section sont extraits de l'ouvrage suivant :

Couverture du livre L'énigme Valtorta (tome 1)

L'énigme Valtorta (tome 1), une vie de Jésus romancée

Par Jean-François Lavère

339 pages

ISBN 9782364630253

Editions Rassemblement A Son Image

Bilan de dix ans de recherches, cette étude révèle l'immense érudition contenue dans l'évangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta.

D'où Maria Valtorta possédait-elle ses mystérieuses connaissances en astronomie, en géographie, en histoire, en Ecriture Sainte et en tant d'autres disciplines ? Beaucoup de lecteurs se sont posés cette question.

Au terme d'une étude rigoureuse, le polytechnicien Jean Aulagnier affirma qu'aucune intelligence humaine ne pouvait maîtriser un tel savoir dans des matières si variées.

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Le sanhédrin fait salle comble - Énigmes Valtorta | Maria Valtorta