Nicodème, prince des juifs
Par saint Jean, nous savons que Nicodème était pharisien, maître en Israël et membre du sanhédrin. D'après l'Évangile et le Talmud241 il était possesseur de grandes richesses; c'est lui qui employa environ cent livres de myrrhe et d'aloès à la sépulture de Jésus-Christ (Jean 19, 39). Il essaya de prendre la défense de Jésus-Christ, ce qui lui attira cette réponse dédaigneuse : « Et toi aussi, serais-tu Galiléen ? »242. Disciple, il l'était effectivement, en secret, comme son ami Joseph l'Ancien : « Ma conduite n'est pas uniquement lâche. Il y a aussi la prudence et le désir de t'aider plus que si je t'appartenais ouvertement. Tu as beaucoup d'ennemis. Je suis du petit nombre de ceux qui, ici t'admirent »116.4. Juste avant l'Ascension, Jésus remercie ses disciples : « Toi Joseph, et toi, Nicodème, pleins de pitié pour le Christ quand cela pouvait être un grand danger »638.19.
Après la Passion Nicodème propose : « Pour les Linceuls, ensuite, j'ai pensé, d'autant que je ne suis plus hébreu et donc plus sujet à l'interdiction du Deutéronome sur les sculptures et représentations, de faire, comme je sais le faire, une statue de Jésus Crucifié - j'emploierai un de mes cèdres géants du Liban - et de cacher à l'intérieur un des Linceuls, le premier, si toi, Mère, tu nous le rends »644.6.
Ces propos prennent un tout autre relief pour les pèlerins ayant visité Lucques en Toscane. En effet on y vénère243, dans la cathédrale San Martino, un crucifix, le Volto Santo (ou la Sainte Face), image du Christ qui aurait été sculptée par Nicodème à Ramlhé... Cette cathédrale est un lieu de pèlerinage depuis plus de mille ans, et la renommée du Volto Santo fut immense. Sainte Gemma Galgani elle-même a souvent visité cette relique pendant sa vie. Le crucifix, sculpté dans un cèdre, serait arrivé à Lucques en 742.