Le sermon sur la montagne. Le vendredi
Quand Maria Valtorta se fie à ses impressions personnelles, elle est parfois trompée par la précocité du printemps en Galilée. Ainsi, en cette « matinée splendide » du 18 février (le 5 Adar), observant les blés « à peine teintés d'or pâle à la cime des épis », et les arbres fruitiers « tout habillés de pétales », il lui semble362 que ce soit une période « exactement entre mars et avril »174.1. Par contre il faut souligner ici la parfaite similitude de ces descriptions avec celles données lors de l'Annonciation, datée justement durant la même période de l'année : le 21/25 février -5363.
Jésus soulage les corps et les cœurs des nombreux nécessiteux présents. Il poursuit ensuite son enseignement des jours précédents. Durant cette dernière journée, Il aborde la question du choix nécessaire entre le Bien et le Mal. « Personne ne peut servir deux maîtres dont la pensée est différente. S'il aime l'un, il haïra l'autre et réciproquement. Vous ne pouvez appartenir également à Dieu et à Mammon »174.8. On ne peut plus s'étonner que Matthieu ait rapporté cette parole durant le sermon sur la montagne, tandis que Luc la mentionne à l'occasion de la parabole de l'intendant malhonnête(Mt 6,24 et Lc 16,13), car Maria Valtorta nous montre que Jésus reprit effectivement ce thème plusieurs fois364, et spécialement en cette autre occasion. Il dit alors : « Personne ne peut servir deux maîtres. Car il appartiendra à l'un ou à l'autre, ou bien il haïra l'un ou l'autre. Les deux maîtres que l'homme peut choisir sont Dieu ou Mammon. Mais si vous voulez appartenir au premier, vous ne pouvez revêtir les uniformes, écouter la voix, employer les moyens du second »381.5. Cet enseignement marqua profondément les apôtres, car lorsque la conduite de Judas devint insupportable, ils s'interrogèrent : « Ne penses-tu pas que lui, dès maintenant, sert déjà deux maîtres ? »520.3. Et Judas lui-même, quelques jours avant sa trahison, dit par provocation à ses compagnons : « Maintenant j'ai deux maîtres au lieu d'un... »582.5.
Poursuivant son enseignement, Jésus met en garde contre les tentations : « Surveillez-vous attentivement contre toutes les tentations. Être tenté n'est pas un mal. C'est par la lutte que l'athlète prépare la victoire »174.10. Alors qu'Il recommande la miséricorde envers ceux qui ont péché, Jésus est brusquement interrompu par l'arrivée de Marie Madeleine venue par provocation. Le moment de stupeur passé, Jésus poursuit, sans prêter attention à la perturbatrice. A nouveau Il s'emporte contre l'hypocrisie des scribes et des pharisiens « qui sont sévères avec tout le monde, mais pas avec eux-mêmes »174.13. C'est à ce moment que sont prononcées les malédictions rapportées par Luc (Lc ,24-26). Placées juste après les béatitudes, et présentes uniquement chez Luc, elles ont toujours intrigué les commentateurs. Ici, elles s'intègrent naturellement dans la logique du discours. Il en est de même les paroles très sévères qui suivent, condamnant l'adultère365, et qui trouvent leur motivation alors par la présence arrogante de Marie Madeleine et de ses compagnons de débauche.
Cette deuxième interruption, après celle du scribe la veille, décide le Messie à quitter le mont des Béatitudes. « Je ne puis permettre que la parole de Dieu soit exposée au mépris des païens... »174.15 confie-t-Il à Pierre. Il ajoute ensuite « Ne donnez pas les choses saintes aux chiens366, ceci pour maintenant et pour plus tard »174.20 énonçant ainsi un de ses préceptes plusieurs fois répétés, de ne pas donner ses perles aux pourceaux. Avant de redescendre vers le lac et de rentrer à Capharnaüm, Jésus veut poursuivre son enseignement sur l'adultère. Matthieu a rapporté cette partie du discours (Mt 7,1-6 et Mt 24-29), de même que Luc (Lc 6,37.41-42.46-49). C'est ensuite, quand ils regagnent la plaine de Génésareth en passant par les gorges d'Arbel qu'a lieu la guérison du lépreux telle que la relate Matthieu367.
Une dernière remarque sur ce chapitre : il présente aussi la particularité d'avoir été reçu en deux visions distinctes, à plus de huit mois d'intervalle. L'irruption provocatrice de Marie Madeleine a été rapportée le 12 août 1944, tandis que le discours qui précède et qui suit cette interruption date du 29 mai 1945. Pourtant les deux récits s'enchainent si harmonieusement qu'il serait difficile d'imaginer qu'une année sépare leurs rédactions, si Maria Valtorta n'avait pas donné la description détaillée du site, et montré son hésitation à identifier certains apôtres dans sa vision du 12 août 1944368.