Le sermon sur la montagne. La préparation
Venant de Tibériade, Jésus aurait dû prendre la via Maris qui passe au pied du mont347. Mais Il est revenu en barque à Dalmanoutha, en repassant par les gorges d'Arbel, ce qui lui a fait gagner quelques kilomètres de marche. Pourtant lorsqu'Il rejoint les apôtres, les disciples et les nombreux pèlerins qui L'attendent, la soirée est bien avancée et la nuit va bientôt tomber. Les nuits déjà moins fraiches leur permettent de dormir à la belle étoile, tandis que « les gens s'éparpillent dans les bourgades voisines et reviennent le matin »169.3. Mais avant d'enseigner les foules pendant les cinq prochains jours, le Seigneur rassemble les apôtres et les nombreux disciples présents, un peu à l'écart. « Vous, apôtres, avez déjà entendu ces idées348… Vous, disciples, vous ne les avez pas entendues, ou d'une manière fragmentaire… »169.6. Pour les préparer tous à la mission à laquelle Il les destine, Jésus leur en expose le but. Matthieu (Mt 5,13-16) place cet enseignement immédiatement après les Béatitudes, tandis que Maria Valtorta, plus logiquement semble-t-il, nous montre que ce message s'adressait prioritairement aux disciples, et non à la foule. « Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde. Mais si vous manquez à votre mission, vous deviendrez un sel insipide et inutile »169.7. Jésus développe longuement ce thème, ne cachant rien des exigences de la mission qu'Il confie désormais à ses disciples. « Malheur ! Trois fois malheur aux pasteurs qui perdent la charité (...) Malheur ! Trois fois malheur aux maîtres qui repoussent la Sagesse... »169.9.
Parmi ces mises en garde, il en est une qui peut nous paraître aujourd'hui énigmatique : « Vous qui devez rappeler le Vrai Dieu, faites alors en sorte de ne pas avoir en vous le paganisme septuple »169.8. Qu'évoque en effet aujourd'hui cette allusion au paganisme aux sept éléments ? Sans doute fort peu de chose. Mais il en était bien autrement en ce temps là, de nombreuses traditions se référant dans l'Antiquité au nombre sept. Ainsi Hippocrate, peut-être inspiré par les croyances égyptiennes349, écrivait : « Le nombre sept par ses vertus cachées maintient dans l'être toutes choses350 ». Clément d'Alexandrie commenta longuement la symbolique du nombre sept351. Et sous Trajan un gnostique, Elchassail professait une doctrine étrange tenant la fois du simonisme et de l'hindouisme. Il reconnaissait sept éléments : le feu, la terre, l'air, l'eau, l'huile, la farine et le sel, chacun d'eux ayant un ange préposé à sa garde352. On voit mal comment Maria Valtorta aurait pu imaginer cette phrase sibylline de nos jours et pourtant si pleine de significations pour les contemporains du Christ !