La parabole du riche insensé
En fin de semaine, probablement le vendredi 8 septembre, tous sont rassemblés sur le plateau, près du village d'Arbel, entre Tibériade et Magdala. Beaucoup de gens des alentours se sont joints aux disciples. La discussion porte sur les richesses et sur leur bon usage. C'est à cette occasion qu'un interlocuteur demande : « Est-il permis à quelqu'un de retenir l'argent d'un autre ? »276.3. En fait l'homme est cupide, et il voudrait que Jésus use de sa puissance pour obliger son frère à lui rendre sa part d'héritage. « Homme, je suis venu pour convertir, non pour frapper. Mais, si tu as foi dans mes paroles, tu trouveras la paix » 276.3. L'évangéliste Luc évoque brièvement ce dialogue (Lc 12,15), que Maria Valtorta nous restitue ici dans son contexte. C'est après cette altercation que Jésus donne la parabole du riche insensé(Lc 12,16-21). Il conclut la parabole à l'intention de ses disciples, en insistant sur la nécessité pour eux de persévérer et d'augmenter d'année en année leur trésor du Ciel. « Que votre travail soit constant, confiant, paisible, sans brusques départs ni brusques arrêts »276.7. Puis, Il poursuit ses conseils aux disciples « Vous devez seulement chercher, et que ce soit le premier de vos soucis, le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné en plus492. (...) Dieu sait de quoi vous avez besoin. Ne craignez donc pas pour votre lendemain »276.8. Ce sont maintenant les ultimes conseils aux disciples, peu de temps avant de les envoyer officiellement en mission deux par deux. Maria Valtorta rapporte sur près de cinq pages les quelques paroles que Luc a notées dans son évangile (Lc 12,22-53)493. L'étude comparée de ces deux textes est une nouvelle occasion d'apprécier à quel point l'Évangile tel qu'il m'a été révélé est un don exceptionnel et inestimable fait à notre génération par la Miséricorde divine.
En fin de journée, tous se dirigent vers Magdala toute proche, pour y passer le sabbat dans la maison de Marie. Chacun est désormais informé de sa conversion, mais Jésus leur précise : « Moi, je vous dis ce que vous ne savez pas : que tous les biens personnels de Marie de Lazare sont pour les serviteurs de Dieu et pour les pauvres du Christ »276.13. Dans le jardin de Marie, à Magdala, Jésus poursuit son enseignement. Il développe une nouvelle fois le thème de l'amour du prochain, insistant sur l'aspect spirituel de cet amour. Puis Il explique l'attitude à avoir lorsque le prochain ne répond pas à cet amour. « Si ton frère a péché contre toi, va, reprends-le en particulier entre lui et toi seul. S'il t'écoute, tu as de nouveau gagné ton frère et, en même temps, tu as gagné tant de bénédictions de Dieu »277.4. Cette formulation mérite notre attention : elle met en effet l'accent sur une faute personnelle commise envers une autre personne concernée par cet acte. Or la plupart des versions bibliques modernes de Mt 18,15 et Lc 17,3 occultent ce sens individualiste, en omettant la précision contre toi pourtant présente dans la Vulgate et de nombreuses versions anciennes. Dans l'Évangile tel qu'il m'a été révélé, le Christ insiste sur cette démarche individuelle : « Je donne la loi nouvelle sur les rapports avec le frère coupable, et je dis : "Si ton frère t'offense, ne l'humilie pas en public en le reprenant publiquement, mais pousse ton amour à cacher la faute du frère aux yeux du monde" Car tu en auras grand mérite aux yeux de Dieu, en coupant par amour toute satisfaction à ton orgueil494 »277.4. C'est seulement après cette démarche individuelle qu'on pourra entreprendre une action collective. « S'il ne se corrige même pas dans ce cas et s'il repousse la synagogue ou le Temple comme il t'a repoussé, considère-le comme un publicain et un païen »277.4. Jésus rappelle qu'il vaut mieux se réconcilier en chemin plutôt que d'aller chez le juge. Conseil qu'Il a déjà donné lors du Sermon sur la montagne495, et qu'Il complète par cette remarque : « Car la justice humaine est toujours imparfaite et généralement l'astuce l'emporte sur la justice et le coupable pourrait passer pour innocent, et toi, innocent, pour coupable »277.5.