Mon joug est léger
Voici certainement un enseignement de Jésus qui demanderait quelques commentaires. Seul des quatre évangélistes, Matthieu évoque cette parole du Maître, dans un fort bref résumé. L'évangile tel qu'il m'a été révélé nous en restitue quatre pages magnifiques sur la Charité, qui appellent irrésistiblement la méditation, et mériteraient une analyse exégétique approfondie. Jésus vient de passer une semaine à aider par ses travaux de menuiserie une pauvre veuve abandonnée. A ses apôtres qui s'étonnent de son absence, Il explique : « Je suis allé à Corozaïn pour prêcher la charité en acte »268.4. Quelques apôtres se scandalisent de ce que le Maître se soit consacré à des travaux manuels qu'ils jugent indignes de Lui. Alors, comme toujours, avec son infinie patience, Jésus enseigne : « Qu'ai-je fait qu'il ne fallait pas faire ? Nous nous sommes donc encore si peu compris, pour ne pas comprendre que l'hypocrisie est un péché et que la parole n'est que du vent si l'action ne vient pas lui donner sa force ? Que vous ai-je toujours dit, Moi ? Aimez-vous les uns les autres. L'amour est le commandement et le secret de la gloire ». (...) « Ce que j'ai fait, vous devez être prêts à le faire. Pour l'amour du prochain, pour amener à Dieu une âme, aucun travail ne doit vous être trop lourd. Le travail, quel qu'il soit, n'est jamais humiliant. Mais humiliantes sont les actions basses, les faussetés, les dénonciations menteuses, les duretés, les injustices, l'usure, les calomnies, la luxure. C'est cela qui mortifie l'homme. Et pourtant cela se fait sans honte, même par ceux qui veulent se dire parfaits et qui sûrement se sont scandalisés de me voir travailler avec la scie et le marteau »268.6. Il revient alors, comme si souvent, sur ses enseignements passés, et en donne un nouveau développement. « Vous rappelez-vous le jour où je vous ai dit que l'Espérance est comme le bras transversal du doux joug qui soutient la Foi et la Charité , et qu'elle est le gibet de l'humanité et le trône du salut ?390 » (...) « C'est un joug, car elle oblige l'homme à rabaisser son sot orgueil sous le poids des vérités éternelles, et c'est le gibet de cet orgueil. L'homme qui espère en Dieu son Seigneur, humilie nécessairement son orgueil qui voudrait se proclamer "dieu", et il reconnaît que lui n'est rien et que Dieu est tout, que lui ne peut rien et que Dieu peut tout » (...) « Ne repoussez pas Dieu, même dans les choses les plus petites, et c'est repousser Dieu que de refuser une aide au prochain à cause d'un orgueil païen »268.7. Ma Doctrine est un joug qui fait plier l'humanité coupable et c'est un maillet qui brise la rude écorce pour en libérer l'esprit. C'est un joug et un maillet, oui. Mais pourtant qui l'accepte ne sent pas la lassitude que donnent les autres doctrines humaines et toutes les autres choses humaines »268.8. Et Jésus conclut par cette affirmation lumineuse : « Prenez sur vous mon joug. Ce n'est pas un fardeau. C'est un soutien. (...) N'ayez pas peur, parce que mon joug est doux et son poids est léger, alors qu'infiniment puissante est la gloire dont vous jouirez si vous êtes fidèles. Infinie et éternelle »268.9.