La tradition du 25 décembre
Nous venons de voir, au début du précédent paragraphe, que Jésus Lui-même indique dans l'œuvre que sa naissance eut lieu le 25 du mois de Kislev. Il le réaffirme plus tard à Pierre : « Je suis l'Encénie Éternelle, Pierre. Sais-tu que je suis né justement le 25 du mois de Casleu ? »132.7. Or, durant la nuit de Noël, Maria Valtorta décrit une nuit de pleine lune : « La lune est au zénith (…) la lune rit au milieu avec sa figure toute blanche (…) Tu n'as jamais vu un clair de lune ? »30.1. Dans le calendrier luni-solaire hébraïque, les mois commencent à la nouvelle lune, et la pleine lune tombe donc proche du 15 de chaque mois et jamais, bien entendu, le 25 ! Y aurait-il une contradiction dans le texte de Maria Valtorta ? Voici qui motive un examen attentif...
Durant les trois années de la Vie publique de Jésus, il est fait plusieurs fois allusion à l'anniversaire de sa naissance, et de nombreux détails chronologiques permettent de dater sans ambiguïté cet anniversaire au 12/13 Thevet, ce qui correspondait, en l'an -5, à la nuit du mardi 10 au mercredi 11 décembre, qui fut effectivement une nuit de pleine lune184. Or Jean Aulagnier185, s'appuyant sur l'étude d'Annie Jaubert sur les manuscrits de Qumran et le calendrier des Jubilés (ou calendrier de Moïse), a pu montrer que cette date du 11 décembre -5 correspondait au mercredi 25 Cisleu (9e mois) du calendrier des Jubilés. Si l'interprétation messianique de la prophétie d'Aggée(Ag 2,18-19)est justifiée, la naissance du Christ « le vingt-cinq du neuvième mois, Kislev » l'est tout autant. Et il y aurait donc un symbolisme fort entre : la Dédicace du Temple par Judas Maccabée (1 M 4,52-59)en -148 ; Hanoukha, le 25 Kislev du calendrier des Jubilés ; et la naissance de Jésus, le vrai Temple ce même 25 Kislev186. Non seulement les indications fournies par Maria Valtorta ne se contredisent pas, mais en plus elles pourraient apporter un argument inédit pour légitimer a posteriori le choix de la date traditionnelle du 25 décembre !
Ce serait le pape Jules 1er qui, à la demande de Cyrille de Jérusalem, aurait confirmé en 336, à partir de documents romains, la naissance de Jésus un 25 décembre187. Puis le pape Libère, en 354, parait avoir institué officiellement la fête de la Nativité le 25 décembre188. Trois décennies plus tard, en 385, saint Jean-Chrysostome, à la suite d'une brillante démonstration basée sur la conception du Baptiste, concluait lui aussi que Jésus était né durant le mois de décembre189. « Pour nous », écrivit saint Augustin, « ce jour est sacré, non à cause du soleil visible, mais par la naissance de l'invisible Créateur du soleil190 ». Finalement, que Jésus soit né un 25 décembre (ou plus rigoureusement le 25 Kislev) n'a pas une importance fondamentale. Il convient simplement de noter que la tradition fixant la naissance de Jésus en hiver est très ancienne, puisque déjà au 3e siècle, en orient et en occident, elle se célébrait le 6 janvier, comme le fait encore aujourd'hui l'Église apostolique arménienne.
Benoît XVI rappelle, dans le troisième tome de sa trilogie sur le Christ, consacré à L'Enfance de Jésus, que Dionysius Exiguus « s'est à l'évidence trompé de quelques années dans ses calculs (...) La date historique de la naissance de Jésus est donc à fixer quelques années auparavant191 ». Le Pape indique que l'erreur porte sur « quatre à six ou sept années ». C'est exactement dans cette fourchette que se place la chronologie tirée de Maria Valtorta, comme l'avait déjà publiée Jean Aulagnier trente ans auparavant.