La présentation de Jésus au Temple
Tout comme le fit sa cousine Elisabeth six mois plus tôt, Marie se rend au Temple quarante jours après la naissance de Jésus, pour y accomplir le rite de la purification(Lv 12,3-4)et de l'offrande du fils premier né(Ex 13,2 et 13,13). Selon la chronologie valtortienne, cette cérémonie eut lieu le lundi 20 janvier -4202. Dès son arrivée dans le parvis des gentils, « Joseph achète deux blanches colombes »32.3. C'était l'offrande minimale prescrite par la loi(Lv 12,8), la précarité financière de la Sainte famille durant son séjour à Bethléem ne permettant sûrement pas l'achat plus onéreux de l'agneau.
Dans un premier temps, Maria Valtorta s'y perd un peu dans les différentes cours du Temple et elle confie : « Ce que je croyais être le Temple n'est donc qu'un vestibule fermé qui, de trois côtés, entoure le Temple où est renfermé le Tabernacle »32.4. Notons qu'elle reçut très tôt cette vision de la présentation de Jésus au Temple203, et cette confusion entre la muraille entourant la cour des femmes et le Temple proprement dit, vient donc au crédit de la véridicité de Maria Valtorta. C'est donc aussi la première fois qu'elle voit le vieillard Siméon et Anne de Phanuel. « Il y a des gens, des curieux qui regardent. Parmi eux se dégage un petit vieux, courbé, qui marche péniblement en s'appuyant sur une canne. Il doit être très vieux, je dirais plus qu'octogénaire. Il s'approche de Marie et lui demande de lui donner pour un instant le Bébé. Marie le satisfait en souriant. C'est Siméon, j'avais toujours cru qu'il appartenait à la caste sacerdotale et au contraire, c'est un simple fidèle, à en juger du moins par son vêtement »32.5.
De très nombreux chercheurs se sont interrogés sur la personnalité de « cet homme juste et pieux » mentionné longuement par Luc(Lc 2,25-35). Des traditions anciennes ont fait de lui le fils d'Hillel et le père de Gamaliel, qui se nommait lui aussi Simon, mais ceci semble irrecevable, compte tenu des âges respectifs de ces personnages en l'an -4. La démonstration scientifique204, en 2004, que le monument funéraire dit d'Absalom, dans la Vallée de Josaphat, est bien la sépulture du vieillard Siméon, indique en tout cas qu'il s'agissait donc d'un personnage fort important. L'affirmation par Marie d'Agreda205 selon laquelle le vieillard Siméon serait l'ex-Grand-Prêtre Siméon ben Boéthos mérite considération. Tuteur de la Vierge Marie au Temple pendant plus de dix ans, il était mieux placé que quiconque pour entrevoir en Elle la mère du Sauveur. L'histoire enseigne qu'il fut nommé Grand-Prêtre en -23 et destitué en -6. Sa présence en vêtements laïcs, aux côtés d'Anne de Phanuel, en ce début d'année -4 n'aurait donc rien de déconcertant. Et sa famille jouissait encore d'un grand prestige, puisque ses deux fils aînés, Joazar et Eléazar furent nommés à leur tour Grand-Prêtre peu de temps après.
La narration de Maria Valtorta, si elle ne fait pas allusion à cette hypothèse, fournit pourtant quelques éléments qui pourraient la renforcer. Quand le vieillard Siméon s'approche, Marie n'hésite pas à lui confier Jésus. Et contrairement à Joseph, la Vierge n'est pas étonnée de l'attitude du vieillard, mais plutôt émue. Maria Valtorta note aussi que « Marie le satisfait en souriant »32.5. Cette confiance immédiate se justifierait pleinement s'il s'agissait de Siméon ben Boéthos. La présence de « membres du Sanhédrin qui hochent la tête. Ils regardent Siméon avec une ironique pitié » peut aussi suggérer une certaine compassion envers l'ancien Grand-Prêtre déchu. Enfin les paroles de réconfort d'Anne de Phanuel : « Femme, Celui qui a donné le Sauveur à son peuple ne manquera pas de te donner son ange pour soulager tes pleurs »32.6 montrent qu'elle voyait clairement en Marie la mère du Messie. Elle aurait très probablement pu évoquer cette conviction avec Siméon ben Boéthos, qu'elle côtoya pendant près de quinze ans au Temple.