Et Jésus parcourait les villes et les villages

Ponts romains, bornes milliaires, maréchaleries

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Parce qu'elle nous décrit minutieusement tous les déplacements de Jésus et des siens à travers la Judée et la Galilée, Maria Valtorta fournit dans son œuvre d'innombrables indications sur le réseau routier de la Palestine, au début du premier siècle. J'ai déjà évoqué les travaux de Hans J. Hopfen sur ce sujet. Il a pu reporter sur une carte détaillée, les différentes voies de communication telles qu'elles ressortent des descriptions contenues dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé. En comparant ce réseau avec les plus récentes recherches et découvertes dans ce domaine, et en particulier les travaux récents du spécialiste de la question, Israël Roll171 il semble vraiment que Maria Valtorta ait vu et parcouru toutes ces routes antiques ! Comme par exemple lorsqu'elle décrit « La route, qui va de la Phénicie vers Ptolémaïs, est une belle route qui coupe, tout à fait en ligne droite, la plaine entre la mer et les montagnes. Elle est bien entretenue et très fréquentée. Elle est souvent coupée par des chemins plus petits qui vont des villages de l'intérieur à ceux de la côte. Elle présente de nombreux carrefours près desquels il y a généralement une maison, un puits et une maréchalerie rudimentaire pour les quadrupèdes qui peuvent avoir besoin de fers.... sans Rome, ils n'auraient pas ce pont et avec ce torrent en crue, je ne sais pas comment ils arriveraient à passer »327.1.

De telles maréchaleries étaient installées par les romains tous les 10 km environ et servaient de relais (mutatio). « Ce sont presque tous des romains ces maréchaux le long des routes. Des soldats restés ici après leur service. Et ils gagnent bien… Rien ne les empêche jamais de s'occuper des animaux… Et un âne peut perdre son fer même avant le crépuscule du sabbat, ou pendant les Encénies… observe Mathieu »327.2.

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Peut-être est-elle encore à découvrir dans les faubourgs sud de Nazareth, cette « pierre milliaire, qui sur deux côtés porte l'inscription : Jafia172 Simonia173 Bethléem174 Carmel à l'ouest, et : Xalot175 - Naïm Scythopolis - Engannim à l'est »478.1 et près de laquelle Jésus retrouve ses cousins Joseph et Simon ? En tout cas la voie romaine qui de Nazareth va à Simonia a été, elle, retrouvée par les archéologues ! Les bornes milliaires qui jalonnent les voies romaines, outre l'indication du nombre de milliers de pas (soit 1482m) depuis l'origine de la voie, portent souvent une dédicace à l'empereur régnant. Certaines bornes portent des inscriptions de distance multiples, relatives à des destinations différentes. Ainsi en est-il par exemple de cette borne que Maria Valtorta observe près de Séphoris : « La borne consulaire porte la triple indication : Ptolémaïs, Sicaminon, Jotapate »315.4.

Quant aux ponts, il en est évidemment très souvent question, puisque c'étaient comme aujourd'hui des passages qui conditionnaient souvent la route à suivre. Ainsi cette remarque en vue de Jutta : « Nous allons passer le torrent. Il y a un gué utilisable en été sans aller jusqu'au pont. Il aurait été plus court de venir par Hébron »76.1 paraît judicieuse aujourd'hui encore. La route actuelle d'Hébron à Jutta traverse effectivement ce torrent sur un pont situé à 2 km au sud ouest du gué dont il est question ici. Il ne reste que quelques vestiges des innombrables ponts bâtis par les romains, mais bien souvent les ponts modernes sont construits au même emplacement ou à proximité immédiate.

Quittant les terres de Doras pour se rendre à Mageddo, juste avant la Pâque 28, Jésus et ses apôtres doivent traverser le Kison. « Pierre accourt et dit : "Le pont est plus en amont, là où passe la route qui va de Ptolemaïs à Engannim". Jésus revient docilement en arrière et franchit le cours d'eau sur un solide pont de pierre »192.2. La présence d'un pont romain sur cet axe stratégique, entre Mageddo et Naïm ne fait guère de doute. L'existence de celui sur la rivière Nahr el Zerka « à mi-chemin entre les collines et la mer (...) un pont très arqué jeté sur un petit fleuve (...) le pont, dont l'arc unique est très haut »254.2 est prouvée, puisque ses vestiges, aujourd'hui disparus, étaient encore visibles en 1880176.

De même que celui qu'ils empruntent à plusieurs reprises sur le Jourdain, juste au sud du lac Méron, sur la route directe reliant Damas à Ptolémaïde. C'est le seul pont connu à cette époque entre les lacs de Tibériade et de Méron. Et de fait, lorsque le groupe apostolique doit passer de Bethsaïda vers Corozaïn, comme il n'y avait pas de pont à cet endroit, ils traversent en barque : « Remonte aussi haut que tu peux et amarre de l'autre côté »179.7 demande alors Jésus à Pierre.

De même également au sud du lac de Tibériade, près de Tarichée, les restes des ponts romains sur le Jourdain et sur le Yarmuk sont connus des archéologues. Jésus et Chouza y passent « au sortir d'un pont, déjà attend un char couvert »464.1 lors de la réunion secrète avec les notables voulant élire Jésus roi.

Les vestiges d'un pont romain, au sud du lac, entre Tarichée et Bethseam sont encore visibles de nos jours, près de Gesher (voir la photo ci-après).

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Au total pas moins de sept ponts romains sont identifiés sur le Jourdain, entre le lac et la mer morte177, et dans l'œuvre, Jésus et les siens en franchissent plusieurs... Il est même possible qu'Il ait emprunté une ou deux fois celui de la photographie ci-contre, situé à quelques kilomètres au sud du lac de Tibériade !

Notes de bas de page

171
Israël Roll, The Roman Road System in Judaea 1983; A Map of Roman Imperial Roads in the Land of Israel 1995. Voir aussi sur le site de l'Institut biblique franciscain de Jérusalem: http://198.62.75.1/www1/ofm/mad/articles/RollRoads.html.

172
Actuelle Yafa an-Naseriyye 32° 41' 27'' N / 35° 16' 28'' E.

173
Actuelle Tel Shimron ou Semeron, 32° 42' 15'' N / 35° 12' 54'' E.

174
Il s'agit bien entendu de Bethléem de Galilée, Beit Lechem Haglilit, 32° 44' 9" N / 35° 11' 33'' E.

175
C'est Caslot, village proche du mont Thabor. Flavius Josèphe mentionne brièvement "le bourg de Xaloth, situé dans la grande plaine" (Guerres juives 3,3,1).

176
J. W. McGarvey évoque les vestiges de ce pont, à 1,5 km de l'embouchure de la rivière dans Lands of the Bible 1881, chap. IV.

À propos de : Et Jésus parcourait les villes et les villages

« enseignant dans leurs synagogues » Mt 9, 35

« Il cheminait par villes et villages, proclamant la bonne nouvelle »... Lc 8, 1

« Partons ailleurs, dans les villages voisins... Il parcourut donc toute la Galilée »... Mc 1, 38

« De nouveau Il s'en alla au-delà du Jourdain »... Jn 10, 40

Le témoignage unanime des quatre évangélistes nous informe que pendant les trois années de sa vie publique, Jésus et les siens allèrent de villes en villes à travers toute la Palestine, mais aussi la Phénicie, la Décapole, la Pérée et dans toute la tétrarchie de Philippe.

Nous avons vu précédemment que l'œuvre de Maria Valtorta permet de resituer dans le temps, le plus souvent à la journée près, l'intégralité du message évangélique tel qu'il ressort des quatre évangiles canoniques. Etant donné que pour tous les événements décrits, Maria Valtorta nous informe de l'endroit où ils se déroulent, il est théoriquement aisé de reconstituer les allers et venues de Jésus et des siens à travers la Terre Sainte. D'autant que dans presque tous les cas, elle nous décrit aussi le moment du départ et de l'arrivée, ainsi que les haltes de repos.

📚 Source des articles

Tous les articles et analyses présentés dans cette section sont extraits de l'ouvrage suivant :

Couverture du livre L'énigme Valtorta (tome 1)

L'énigme Valtorta (tome 1), une vie de Jésus romancée

Par Jean-François Lavère

339 pages

ISBN 9782364630253

Editions Rassemblement A Son Image

Bilan de dix ans de recherches, cette étude révèle l'immense érudition contenue dans l'évangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta.

D'où Maria Valtorta possédait-elle ses mystérieuses connaissances en astronomie, en géographie, en histoire, en Ecriture Sainte et en tant d'autres disciplines ? Beaucoup de lecteurs se sont posés cette question.

Au terme d'une étude rigoureuse, le polytechnicien Jean Aulagnier affirma qu'aucune intelligence humaine ne pouvait maîtriser un tel savoir dans des matières si variées.

Voir sur le site des éditions
Ponts romains, bornes milliaires, maréchaleries - Énigmes Valtorta | Maria Valtorta