De Ptolémaïs à Antioche
La seconde fois, c'est un long voyage qui mène quelques apôtres jusqu'à Séleucie et Antioche pour y accompagner Jean d'Endor et Syntyché. C'est à la fin décembre, par une « triste matinée d'hiver »366.7, que le petit groupe de huit personnes embarque à Ptolémaïs par « calme plat »318.1. « La voile ne sert à rien aujourd'hui. Il faudra avancer à force de rames »318.3. Pierre donc « s'assied à la proue en lui tournant le dos, sur le premier banc, avec André à côté de lui. Devant lui sont assis Jacques et Jean de Zébédée et ils rament d'un rythme régulier et puissant »318.4. Vers midi, à mi parcours, ils passent difficilement le cap (Roch Hanikra). « Ici, on ne peut débarquer. Il n'y a pas de fond »318.5 déclare Pierre. Il n'est qu'à examiner la photo de cette côte (ci-dessous, vue du haut du cap) pour s'en convaincre !
Heureusement pour eux, après tant d'efforts, André observe : « Il y a maintenant un bon vent et nous irons plus vite ». Ils arrivent finalement « à Tyr à la nuit (...) alors qu'arrive sur la mer la lumière d'un clair de lune »318.6, au terme de cette première étape de 45 km, accomplie logiquement en 10 à 12h, moitié à la rame, et moitié à la voile. A Tyr, le lendemain en fin de matinée, ils embarquent comme prévu sur un navire marchand crétois en partance pour Antioche « Il lève l'ancre avant sexte »319.2.
Mais la mer n'est pas bonne : « Hier elle était trop calme, aujourd'hui elle est trop agitée »319.2 remarque Pierre. Par un « vent violent » et contraire167, le navire n'avance guère de toute la journée. Ils n'ont parcouru que la moitié du parcours journalier (80 à 90 km) en une vingtaine d'heures. Nous les retrouvons, le lendemain matin, en pleine tempête, au large de Beyrouth. « Mais où sommes-nous maintenant, exactement ? Dans le canal de Chypre ? » « S'il pouvait en être ainsi ! Je m'accosterais à l'île en attendant que les éléments se calment. Nous sommes à peine à la hauteur de la Colonie Julia, ou Béritus, si tu préfères. Et c'est maintenant que vient le pire… Ces montagnes sont celles du Liban ». « Et tu ne pourrais pas entrer là, dans ce pays ? » « Le port n'est pas bon, et il y a des écueils dangereux. Impossible ! »320.2. Toutes ces informations sont exactes168. Le port de Beyrouth, petit et peu profond, a toujours eu mauvaise réputation dans l'Antiquité. Enfin, après une journée d'angoisse et de prières, la tempête s'apaise. Ils aperçoivent une île : « Oui. C'est Chypre… Et la mer est encore plus tranquille dans son canal »320.6. Dès lors, un vent « modéré qui favorise la navigation »320.7 va leur permettre, au terme d'une nouvelle et dernière journée de navigation169, d'atteindre leur but. « C'est sous un merveilleux crépuscule que la ville de Séleucie se dessine »321.1
Résumons ce long voyage de 400 km de Nazareth à Antioche pour en admirer la cohérence. Ayant quitté de nuit Nazareth juste après la fin du sabbat « Nous partirons ce soir, au milieu de la première veille »313.8 ils s'arrêtent dans une ferme amie près de Séphoris. Le lendemain, malgré le mauvais temps, ils parcourent 22 km « nous devrons absolument atteindre Jiphtaël avant le soir »313.8. Le lundi soir ils sont à Ptolémaïs (encore 20 km sur des chemins boueux) et rejoignent Tyr le mardi soir, d'où ils embarquent le mercredi midi à destination de Séleucie. Les vents contraires retardent leur avancée et ils croisent devant Beyrouth seulement le jeudi matin. La tempête fait alors rage, et ne se calme qu'en soirée, en vue des côtes de Chypre. Enfin le navire accoste à destination, au port de Séleucie le vendredi soir, après une navigation de 370 km170.