Les déplacements sur terre.
Mais comment analyser maintenant la cohérence de ces déplacements, alors que les autoroutes ont recouvert les sentiers et les voies romaines, que l'automobile a remplacé les chevaux et les chars à bœufs et que des villes se sont substituées à des campagnes autrefois désertes ? Tenter aujourd'hui une reconstitution de ces parcours en allant sur place n'apporterait guère de preuves probantes. Mais fort heureusement il nous reste de nombreuses informations historiques sur les déplacements des troupes durant l'Antiquité, grâce par exemple à Hérodote, Xénophon, César, Tacite ou Sénèque, pour citer les plus connus.
Ensuite, tout au long des siècles, mais plus spécialement au 19e, d'innombrables voyageurs ont consigné par écrit et avec force détails le récit de leur pèlerinage en Terre Sainte. Rien que pour la France, les données fournies par François-René de Chateaubriand, Albert de Luynes, Léon de Laborde, Félicien de Saulcy, Victor Guérin, Melchior de Vogüé, Charles Clermont-Ganneau, et tant et tant d'autres, apportent de précieuses indications. Enfin les témoignages actuels des pèlerins de Compostelle peuvent compléter ces données.
La synthèse de tous ces éléments permet d'affirmer qu'un déplacement pédestre journalier de 20 à 25 km/jour était la norme à l'époque de Jésus, et permettait de rejoindre à coup sûr les gîtes d'étape (mansiones) ou les relais (mutationes). Pourvu que la saison s'y prête, il n'était pas rare qu'un voyageur en bonne santé puisse parcourir 200 stades/jour (soit 35 km)148, voire 40 km si les circonstances l'exigeaient. Philippe habitua même ses troupes à faire, avec armes et bagages, des marches de 55 km par jour149.
Avec un char à quatre roues (carrus), la distance journalière normale était de 30 km pour les marchandises, et 50 à 60 km dans le cas de transport des personnes (chars bâchés dans lesquels pouvaient voyager et dormir 8 à 10 personnes). Le cursus publicus, le service de la poste impériale, faisait 70 à 100 km dans une journée, en changeant quatre fois de cheval. Une troupe de cavaliers romains pouvait faire normalement 50 km/jour150, et Jules César fit même une moyenne de 150 km/jour pour se rendre de Rome à Nîmes, à cheval et en char, avec son escorte.