Les grandes fêtes juives
Trois des grandes fêtes furent à l'origine agricoles et liées au cycle saisonnier. Pessah (la Pâque), fête du printemps, marquait le début des moissons, et Chavouoth (fête des Semaines ou Pentecôte), cinquante jours plus tard, leur fin. A la fin de l'été, Soukkoth (fête des Tabernacles) célébrait les vendanges. Puis très tôt ces fêtes furent associées à des moments de l'histoire d'Israël. La Pâque commémora le départ d'Égypte (Exode). Chavouoth évoqua le don de la Torah sur le Sinaï tandis que les huttes de Soukkoth sous lesquelles les juifs mangeaient rituellement pendant les sept jours de fête, furent assimilées aux tentes du désert lors de l'exode vers la Terre promise.
Première fête de pèlerinage, Pessah est appelée également fête des azymes, ou des pains sans levain. « veuille le Très-haut, qui a guidé Israël dans son "Passage", vous guider, en ce pèsac, pour venir dans le sillage de l'Agneau »354.3 note Maria Valtorta, (avec son orthographe approximative lorsqu'il s'agit de mots hébreux). Et ailleurs : « pendant les journées de la grande Fête des Azymes »373.1. La Torah a prévu un jour particulier, un mois après Pessa'h, pour ceux qui se trouvaient impurs pendant la fête et/ou ne pouvaient approcher le Temple pour présenter le sacrifice pascal. C'est un second Pessa'h (Pessa'h Chéni). C'est à l'occasion de cette seconde Pâque que Jésus rassemble tous ceux qu'Il avait éloigné de Jérusalem au jour de la Passion. Barthélemy précise : « le Seigneur sera ici le quatorzième jour du second mois »636.2. Et lorsque Jésus apparaît au milieu d'eux, Il dit à Mathias : « Commence le banquet pascal » (...) « Et avec le même rituel que la Cène pascale, celle-ci se déroule : les hymnes, les demandes, les libations »636.8.9
Lorsque Jésus fait cette prière au Père : « Fais que pour la fête de louange des moissons fécondes de l'année qui vient, ils t'offrent leur vivante gerbe, leur premier-né »104.4, Il évoque Chavouoth, la fête des moissons, la Pentecôte. Et la gerbe vivante est un rappel de la cérémonie de l'offrande de la gerbe agitée, qui était faite le jour après le Sabbat qui suit le 15 Nisan. Pour la Pentecôte a lieu le second pèlerinage à Jérusalem. « Nous remonterons de Masada à Kériot et nous irons à Jutta, Hébron, Béthsur, Béther, pour être de nouveau à Jérusalem pour la Pentecôte » 386.3.
La troisième fête de pèlerinage, Soukkoth, a lieu après les vendanges. Quand elle assiste pour la première fois aux préparatifs de la fête, Maria Valtorta ne semble pas bien comprendre. « Il y a quantité de tentes de laine brute, certainement imperméable, étendues sur des pieux fixés au sol, et attachés aux pieux des branches vertes qui y font une fraîche décoration. D'autres, par ailleurs, sont constituées de branches fixées au sol et faisant de petites galeries vertes »3.2. Ce n'est que beaucoup plus loin, quand elle revoit le Camp des Galiléens qu'elle reconnait alors : « le lieu où, dans une vision lointaine, j'ai vu camper Joachim et Anne avec Alphée alors tout petit, près d'autres cabanes de branchages, aux Tabernacles qui précédèrent la conception de la Vierge »279.1. La décision de Joachim : « Demain, c'est le dernier jour de supplication. Déjà toutes les offrandes ont été faites, mais nous les renouvellerons encore demain, solennellement »3.4 évoque le septième jour de Soukkoth (le 21 Tichri) qui s'appelle Hochaana Rabba. Et ce jour est effectivement marqué par des prières de supplications particulières dans lesquelles on implore Dieu. Comparant les trois grands pèlerinages, Maria Valtorta fait cette remarque pertinente : « dans cette fête des Tabernacles, elle est encore plus sensible cette émigration de familles entières, non pas que les pèlerins soient plus nombreux que pour la Pâque ou la Pentecôte, mais parce que, devant vivre sous des cabanes pendant plusieurs jours, ils ont le mobilier que dans les autres solennités tous évitent de traîner derrière eux »475.3.
Hanoukkah (la Dédicace) commémore la libération du Temple par les Maccabées et sa nouvelle consécration après qu'il ait été profané par le roi grec de Syrie Antiochus IV Epiphane. Depuis on fête dans la joie la consécration de l'autel, chaque année à partir du vingt-cinq kisleu et pendant huit jours. (1 Mac 52-59). Jésus en fait le rappel à ses apôtres : On lit dans les Macchabées que Judas avec les siens, ayant, grâce à la protection du Seigneur, repris le Temple et la Cité, détruisit les autels des dieux étrangers et leurs sanctuaires et purifia le Temple. Puis il dressa un autre autel, se procura du feu avec les pierres à feu, offrit les sacrifices, fit brûler l'encens, posa les lumières et les pains de proposition. Puis tous prosternés par terre, ils supplièrent le Seigneur de faire en sorte de ne plus les faire pécher, ou bien, si par leur faiblesse ils seraient de nouveau tombés dans le péché, qu'ils soient traités avec une miséricorde divine. Et ceci arriva le 25 du mois de Casleu »132.1.
Et quand Pierre remarque qu'il ne sera pas chez lui en ces jours de fête, pour allumer les lumières, Jésus le console ainsi : « Tu es un grand enfant! Nous les allumerons nous aussi les lampes. Ainsi tu ne feras plus grise mine et c'est toi qui les allumeras ». « Moi ? Pas moi, Seigneur. Tu es notre Chef de famille. C'est à Toi de le faire ». « Moi, je suis toujours une lampe allumée… et je voudrais que vous aussi le soyez. Je suis l'Encénie Éternelle, Pierre »132.6. C'est l'école de Hillel qui décida que les lampes ou bougies seraient allumées graduellement : une chaque soir, jusqu'à ce qu'on ait atteint le total de huit. Il est possible qu'au temps du Christ la célébration différait un peu de ce qui se fait maintenant.
« Qu'est cette chose ? Le sciemanflorasc ? Qu'est-ce? »
Au début du mois d'octobre 29, au retour d'un pèlerinage au mont Nébo, Jésus passe par Jéricho. Il est alors pris violemment à partie par quelques sadducéens qui l'interrogent avec hargne : « Réponds, fou de Nazaréen. Connais-tu le sciemanflorasc ? »503.9. Tout comme Simon Pierre, nous nous posons la question : Qu'est-ce que ce sciemanflorasc ? Voici un mot qui n'apparaît dans aucun dictionnaire, et qui semble inconnu aujourd'hui... A peine peut-on, d'après le contexte, supposer qu'il se rapporte à quelque incantation magique. S'agit-il d'une formule d'exorcisme, ou d'un terme secret de magie kabbalistique ? Heureusement dans un ouvrage rare et ancien, l'abbé Bullet371 nous apporte un début d'explication. Il y a tout lieu de lire ici l'expression hébraïque Schem hamphoras, c'est-à-dire le nom ineffable de Dieu que M. Valtorta a rapporté avec une orthographe phonétique approximative. Un autre auteur372 explique, au début du 19e siècle, à l'usage des francs-maçons du rite écossais, que Schem Hammephoras signifie Nomen explicatum, expansum, pronuntiatum : « le nom bien prononcé, bien expliqué ». C'est ce nom que le grand-prêtre prononçait une fois par an dans le temple, le 10 thisri. Quiconque de non autorisé l'aurait alors entendu, aurait encouru immédiatement la peine de mort. Le grand prêtre ne pouvait le transmettre à ses disciple, oralement, qu'une seule fois tous les sept ans. Les kabbalistes affirmaient que le nom de Dieu se décompose en 72 syllabes et 216 lettres, et c'est ce qu'ils appellent Schem hamphoras. (Ce nom serait bâti à partir des versets de 72 lettres du texte hébraïque originel du livre de l'Exode 14, 19-21). Ce nom fut remplacé ensuite par le Tétragramme, le nom de 4 lettres : Yod, He, Vau, He. (Yahvé).
C'est aussi sous le titre Vom Schem Hamephoras qu'en 1546 Martin Luther fit paraître un violent pamphlet anti judaïque. Et de nos jours le schemhamphoras est devenu un article de magie, vendu comme talisman dans les boutiques de magie et d'ésotérisme. Dans son ouvrage, l'abbé Bullet cite quelques textes juifs forts rares qui affirment justement que Jésus faisait des prodiges « parce qu'Il avait découvert le nom secret de Dieu ». La question posée par les docteurs de la loi, et la réponse de Jésus à Pierre : « Ils confondent la Vérité avec le Mensonge, Dieu avec Satan, et dans leur orgueil satanique ils pensent que Dieu pour se plier aux volontés des hommes a besoin d'être conjuré par son tétragramme »503.10 prennent alors tout leur sens, et deviennent des arguments très forts en faveur de l'authenticité de cette vision par M. Valtorta.
Il semble bien en effet que le mot sciemanflorasc n'eut pas plus de sens pour M. Valtorta que n'en eut en son temps, pour Bernadette Soubirous à Lourdes, la réponse de la Vierge Marie « que soy era immaculada conceptiou ».