Le calendrier luni-solaire et l'année embolismique
Les mois de l'année sont des mois lunaires d'environ 29 jours 1/2. Les années sont des années solaires de 365 jours 1/4. Dans une année de douze mois lunaires il y a un déficit de près de onze jours sur l'année solaire. Pour éviter ce décalage d'où découlerait un asynchronisme entre les fêtes et les saisons, un treizième mois est rajouté pour certaines années, permettant ainsi de toujours célébrer Pessah le premier mois du printemps. « Vous pouvez tous vous rappeler quelle récolte il y eut en cette année de treize mois comme celle-ci »114.8, se remémore Gamaliel au banquet chez Joseph d'Arimathie , évoquant ainsi l'existence d'années embolismiques.
Le début du mois est désigné indifféremment dans l'œuvre par le mot tiré du grec : « pour la néoménie de nisan »566.4 , ou par l'équivalent latin : « son époux est mort aux calendes de Casleu »345.3. Mais, comme l'a si bien remarqué Jean Aulagnier, l'indication la plus décisive relative aux calendriers, c'est celle que transmet Synthyché en annonçant la mort de Jean d'Endor : « Jean est mort le sixième jour avant les nones de juin selon les romains, à peu près à la nouvelle lune de Tamuz pour les hébreux »461.16. Cette information, bien que linguistiquement incorrecte, permet cependant de faire coïncider les calendrier julien et hébraïques pour toute la période de la vie publique de Jésus.
Il y a, bien entendu, dans l'œuvre, de très fréquentes allusions aux mois selon le calendrier hébraïque. Les deux exemples qui suivent donnent une idée de la pertinence de ces évocations. « le quatorzième jour du mois d'Abid, qu'on appelle maintenant Nisan »413.6. Nisan est effectivement nommé Aviv ou abid370. Ailleurs, la remarque de la vieille Jeanne, à Nazareth : « Maudite lune de Elul, chargée d'influences malignes »309.1 prend son sens quand on remarque qu'Eloul, dernier mois de l'année civile juive, (ou 6e de l'année religieuse) est, selon la tradition kabbalistique, le mois de la repentance pendant lequel on récite des prières pénitentielles (selichot). C'est aussi le mois où l'on visite les tombes des êtres chers.