Egale des plus grands géographes ?

Un beau panorama au centre de la Judée

8 min

Venant de Béther, et se rendant à Ascalon pour le premier voyage apostolique, juste après la Pâque 27, Jésus et les siens approchent d'un village...

« L'endroit est très montagneux, mais avec encore une végétation très riche de bois de conifères, ou plutôt d'arbres à pignons et l'odeur de la résine se répand partout, balsamique et vivifiante. Et, par ces montagnes verdoyantes, Jésus chemine avec les siens, tournant le dos à l'orient (...) Quand nous serons au faîte de cette montagne, je vous montrerai de là-haut toutes les régions qui vous intéressent »215.1.

A un kilomètre environ au sud est de Beth Jimmal une colline culminant à 410 m domine les environs et offre un panorama exceptionnel.

« On a atteint le sommet de la montagne. Un large panorama s'ouvre à cet endroit, et il est beau à contempler à l'ombre des arbres feuillus qui couronnent la cime, un enchevêtrement de chaînes de montagnes si variées et ensoleillées qui vont en tous sens comme les lames pétrifiées d'un océan battu par des vents contraires et puis, comme dans une baie tranquille, tout s'apaise dans une splendeur de lumière sans limite qui précède une vaste plaine, où s'élève solitaire comme un phare à l'entrée d'un port, une petite montagne... »215.2.

Le seul lieu possible correspondant à cette petite montagne dans la plaine philistine est le Tell es-Safi, comme nous le verrons bientôt...

« Ce pays qui s'étend ainsi sur la crête, comme pour jouir pleinement du soleil, et où nous séjournerons, est comme le pivot d'un éventail de lieux historiques115. Venez ici. Là (au nord) Gerimot. Vous souvenez-vous de Josué? La défaite des rois qui voulurent assaillir le camp d'Israël rendu puissant par l'alliance avec les Gabaonites ».

Jerimoth, ou Jarmout, ou Yarmouth116, est situé tout près, au nord-ouest du mont où ils sont. La victoire de Josué contre Piram est évoquée en Josué 10, 1-5. Des fouilles archéologiques récentes ont permis de retrouver des traces de fortifications, à Khirbit el Yarmuk. Pourtant, à l'époque de Maria Valtorta, la localisation de Jerimoth était supposée à 3 km plus à l'est117 !

« Et tout près, Betsames, la cité sacerdotale de Juda, où les Philistins rendirent l'Arche avec les vœux en or, imposés au peuple par les devins et les prêtres pour être libérés des fléaux qui tourmentaient les Philistins coupables ».

Beth Shemesh118 est abondamment mentionnée dans la bible. L'épisode "rappelé par Jésus" est tiré de 1 Samuel 6, 10-15.

« Et voilà là-bas, toute ensoleillée, Saràa, la patrie de Samson ».

Sar'a, ou Tzora, sur la rive nord du Wadi al-Saar, la vallée biblique de Sorec. Ville de la tribu de Dan, patrie de Manué, le père de Samson et lieu de la naissance de Samson. (Juges 13, 2)

Eusèbe la situe à 10 milles d'Eleuthéropolis, en tirant vers Nicopolis et assez près de Kaphar-Sorec. Fortifiée par Roboam, Saraa fut à nouveau habitée, au retour de la captivité, par les enfants de la tribu de Juda. (Josué 19, 41). Les saraïtes (1 Chroniques 2, 53) sont certainement les habitants de Saraa.

« et un peu plus à l'est Timnata, où il prit femme et où il fit tant de prouesses et de sottises ».

Les historiens situent plus volontiers Timnatah, ou Tibney, à 3 ou 4 km de là, à l'ouest-sud-ouest de Beth Shemesh, mais sans apporter de preuve décisive. L'avenir donnera-t-il raison à Maria Valtorta, comme ce fut le cas pour Jerimoth évoqué plus haut ? (Juges 14, 1)

« Et là Azeco et Soco alors camp philistin ».

Soko : ville du bas pays de Judas. Comme les Israélites ont toujours habité les montagnes et les Philistins la plaine côtière, le bas pays, entre les deux, a toujours été objet de dispute (Josué 15, 35). C'est entre Soco et Azéca qu'eut lieu le combat entre David et Goliath. Sous le roi Achaz, la ville est prise par les Philistins (2 Chroniques 28, 18). A l'époque d'Eusèbe, elle s'appelait Socchoth.

Azeco : C'est là que Josué bat les rois cananéens (Josué 10, 10-11). Ville du bas pays de Juda (Josué 15, 35), occupée par les Philistins, fortifiée par Roboam le successeur de Salomon (2 Chroniques 11, 9), la ville soutint un certain temps le siège imposé par Nabuchodonosor, roi de Babylone, vers 590 av J.-C. (Jérémie 34, 7). Elle sera réoccupée par les Judéens au retour de l'Exil, vers 530 av J.-C. (Néhémie 11, 30). Le site s'appelle aujourd'hui Tell Zakariya.

« plus bas encore c'est Szanoé une des cités de Judée ».

Actuelle Zanoah, au nord-est d'Azeco et de Soko, à 2 km environ du point de panorama où se trouvent Jésus et les siens.

« Et ici, tournez-vous, voici la Vallée du Térébinthe où David battit Goliath ».

La vallée du Térébinthe (1 Chroniques 11, 13 ; 2 Samuel 23, 9), orientée d'est en ouest, puis au nord ouest, est l'actuel Wadi es-Sant. Elle est juste au sud-ouest du lieu où ils se trouvent. Ils doivent donc effectivement se retourner pour l'observer, puisqu'elle est à l'opposé de Zanoah !

« Et là, c'est Maceda, où Josué défit les Amorrhéens ».

Makkedah ou Maqqeda, évoquée dans Josué (10, 10-51). Endroit mémorable dans les annales de la conquête de Canaan, car lieu de l'exécution par Josué des cinq rois de la coalition, qui s'étaient cachés dans des grottes. L'emplacement exact n'a été redécouvert que récemment119.

« Tournez-vous encore. Vous voyez cette montagne solitaire au milieu de la plaine qui autrefois appartint aux Philistins ? Là se trouve Get, patrie de Goliath et lieu de refuge pour David près d'Achis pour fuir la folle colère de Saül et où le sage roi fit le fou parce que le monde défend les fous contre les sages ».

David s'y réfugia 2 fois, auprès du roi Achis, pour échapper à Saül. Compte tenu de sa destruction vers le milieu du 8e siècle avant J.-C. la localisation de ce site fut perdue au long des siècles.

La plupart des archéologues s'accordent aujourd'hui pour identifier Geth ou Gath120 avec Tell es-Safi. « le monticule blanc ».

Image19

Le Tell es-Safi sur lequel sont situées les ruines de Geth (vue d'Azéka).

Le site fut identifié en 1887 mais seules des fouilles récentes en 2001 ont confirmé les hypothèses antérieures. Cette colline, la seule dans ce secteur, est en tout point conforme à la description donnée par Maria Valtorta en 1945 !

« Cet horizon ouvert, ce sont les plaines de la terre très fertile des Philistins. Nous irons par là jusqu'à Ramlé ».

Ramleh, ou Ramla121 : L'Histoire nous enseigne que la cité fut entièrement bâtie vers 705-715 par le calife Suleiman ibn Abed al-Malik. Le fait que ce nom soit mentionné par Jésus semblerait donc suggérer une existence antérieure à +705.

« maintenant entrons à Bétginna ».

Beth Jimmal, ou Beit Gemal : C'est là que furent retrouvées, vers 415/417, les reliques de St Etienne, Nicodème, Gamaliel et son fils Abibas. Le site avait alors le nom de Kfar Gamla. Un monastère byzantin y fut bâti au 6e siècle. Le site a retrouvé aujourd'hui son nom d'origine, et le monastère est devenu un lieu de pèlerinage.

Image20

Il s'avère nécessaire d'entreprendre une étude topographique détaillée de cette région pour constater que seule la colline située à un kilomètre au sud-est de Beth Gimmal permet d'observer l'ensemble des lieux décrits ici. Et c'est seulement après avoir positionné sur une carte tous les lieux évoqués dans ce court paragraphe que l'on peut apprécier la surprenante qualité de cette description.

Commentaires :

1/ Ne serait-ce que pour confirmer la validité de la quinzaine de détails donnés dans ces quelques lignes, il faut disposer d'une carte très détaillée de la région, et pouvoir consacrer un certain temps à ces vérifications relativement complexes.

2/ Maria Valtorta transcrit très souvent les noms propres avec une orthographe approximative, phonétiquement pourrait-on dire, et c'est là un fort indice qu'elle n'a ni lu, ni vérifié ces noms dans une hypothétique documentation que d'ailleurs, selon toute vraisemblance, elle ne possédait pas .

3/ Elle n'hésite pas à transmettre des informations en contradiction avec les affirmations ou les hypothèses de ses contemporains, à supposer qu'elle en ait eu connaissance. (Gérimot, Timmatah, Ramleh...), et dont l'une au moins, à la suite de récentes découvertes, s'avère juste aujourd'hui (Gérimot). (les localisations exactes de Timmath et Ramleh n'étaient toujours pas « prouvées » en 2010).

4/ Elle fournit même des informations pratiquement inconnues ou contestées de son temps, et que l'Archéologie ou l'Histoire ont confirmé ultérieurement (Gath, Makkedah...)

Comment Maria Valtorta a-t-elle procédé ?

Notes de bas de page

115
On apprend plus loin qu'il s'agit du village de Betginna.

116
La ville existait encore à l'époque d'Eusèbe qui la désigne Iermoxous.

117
Voir par exemple Bible d'Osty, p 463.

118
31° 45' 5" N / 34° 58' 35" E.

119
D. A. Dorsey, Location of the biblical Makkedah, Tel Aviv 1980.

120
Gath était entourée de murs (2 Chroniques 26, 6) et ne fut pas conquise par Josué et, bien que de nombreux conflits éclatèrent entre les israélites et les philistins, elle ne semble pas avoir été capturée avant le temps de David (1 Chroniques 18, 1). Célèbre par la présence de Goliath (1 Samuel 17, 4) et d'autres géants (2 Samuel 21, 18-22). C'est de Gath que les Ashdodites accompagnèrent l'Arche lors de l'épidémie de lèpre. (1 Samuel 5, 8-9).

121
Située à 31° 55' 38'' N / 34° 52' 30'' E, Ramleh est parfois présentée comme la seule cité de Palestine fondée par les arabes.

À propos de : Egale des plus grands géographes ?

Le célèbre historien et philologue allemand Ulrich von Wilamowitz88 apprécia l'œuvre et les talents littéraires du géographe Strabon89 "qui lui permettaient de décrire un lieu où il n'était pas allé, mieux que Pausanias90 qui y était allé". Qu'aurait-il dit alors de Maria Valtorta, qui sans quitter sa chambre, et pratiquement sans documentation, a décrit avec précision et exactitude des centaines de lieux de la Palestine antique? Elle fournit de nombreuses informations totalement inédites et inconnues de son vivant, dont plusieurs n'ont été confirmées qu'après sa mort. Mais elle décrit également le climat, le relief, la géologie, l'hydrographie et les voies de communication. Elle montre aussi comment ces éléments conditionnent le mode de vie des populations.

Si comme on a pu l'affirmer, « le rôle de la géographie est de localiser ce qui se passe à la surface de la terre91 », et si son objet est « la description et l'interprétation de la répartition des hommes et des choses à la surface de la terre92 », alors à coup sûr Maria Valtorta nous a laissé un magnifique ouvrage de géographie de la Palestine au temps de Jésus. L'un des premiers à en avoir pris conscience semble être Hans J Hopfen, qui, dès 1987, rassembla sur une carte détaillée de la Palestine93 un grand nombre des données géographiques trouvées dans l'œuvre. J'ai également mentionné précédemment94 l'étonnement admiratif de biblistes réputés comme G Allegra ou le Père François Paul Dreyfus, de Mgr Alfonso Carinci, du géologue sarde Vittorio Tredici, devant la précision des détails géographiques. A la fin des années 1990, David J. Webster95 indique avoir étudié pendant six années les informations relatives à 255 sites mentionnés dans l'œuvre. Dans l'exposé de ses travaux, diffusé en 2004 (30 pages dactylographiées) il a dénombré et répertorié 79 sites inconnus de l'édition de 1939 de l'International Standard Bible Encyclopedia. Parmi ces 79 sites, 62 ne sont pas même cités dans le Macmillan Bible Atlas de 1968, et 52 n'apparaissent pas dans la bible. Pourtant 29 ont été authentifiés depuis, par l'étude de sources anciennes et apparaissent maintenant dans l'édition de 1989 du Harper Collins Atlas of the Bible.

Il faut aussi ajouter que les plus récentes recherches archéologiques ont d'ores et déjà confirmé la localisation, indiquée par Maria Valtorta, de plus d'une dizaine de sites dont l'emplacement était contesté ou totalement inconnu à l'époque où elle écrivait son œuvre !

A partir des années 2000, la mise à disposition des chercheurs de cartes d'Israël au 50000e96, puis de vues satellites encore beaucoup plus précises97 offrirent des possibilités d'investigations insoupçonnables auparavant. Il fut aussi, dès cette période, possible de consulter sur Internet des centaines de cartes de toutes époques sur la Palestine, ainsi que de très nombreux récits anciens de pèlerins ou de voyageurs.

Les moyens pour vérifier les noms et les descriptions géographiques de Maria Valtorta étant désormais facilement disponibles, il était très tentant de les utiliser. Et j'avoue volontiers que je n'ai pas longtemps résisté à cette tentation. Pas plus que je ne résiste maintenant au plaisir de vous faire partager quelques uns des innombrables joyaux découverts ça et là...

Notes de bas de page

88
Ulrich von Wilamowitz-Moellendorff 1848-1931. Expert reconnu de la littérature grecque.

89
Strabon d'Amasée (57 av J.C.- 25 ap J.-C.), l'un des plus célèbres géographes de l'Antiquité.

90
Pausanias, dit le Périégète (115 - vers 180), célèbre géographe et voyageur de l'Antiquité.

91
Paul Claval, Histoire de la géographie. Nathan 1998. (Paul Claval est un géographe français, professeur à l'université de Paris-Sorbonne).

92
Armand Frémont, Aimez-vous la géographie ? Flammarion. 2005. (Armand Frémont est un géographe français qui fut directeur scientifique au CNRS, secrétaire d'État aux Universités, recteur d'académies, et président du conseil scientifique de la DATAR).

93
Hans J. Hopfen, Indice e Carta della Palestina per “l'Evangelo come mi é stato rivelato” 1987, ed. CEV 2003.

94
Voir le paragraphe « L'auteur décrit le lieu où se déroule l'histoire de façon crédible ».

95
Pasteur baptiste américain qui témoigne de sa conversion au catholicisme après la lecture de L'Evangile tel qu'il m'a été révélé.

96
Par exemple les cartes diffusées par l'Université de Berkeley.

97
Spécialement des sites Internet comme GoogleEarth ou Géoportail.

📚 Source des articles

Tous les articles et analyses présentés dans cette section sont extraits de l'ouvrage suivant :

Couverture du livre L'énigme Valtorta (tome 1)

L'énigme Valtorta (tome 1), une vie de Jésus romancée

Par Jean-François Lavère

339 pages

ISBN 9782364630253

Editions Rassemblement A Son Image

Bilan de dix ans de recherches, cette étude révèle l'immense érudition contenue dans l'évangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta.

D'où Maria Valtorta possédait-elle ses mystérieuses connaissances en astronomie, en géographie, en histoire, en Ecriture Sainte et en tant d'autres disciplines ? Beaucoup de lecteurs se sont posés cette question.

Au terme d'une étude rigoureuse, le polytechnicien Jean Aulagnier affirma qu'aucune intelligence humaine ne pouvait maîtriser un tel savoir dans des matières si variées.

Voir sur le site des éditions
Un beau panorama au centre de la Judée - Énigmes Valtorta | Maria Valtorta