Egale des plus grands géographes ?

Les sources chaudes d'Hammat Gader

7 min

Une autre fois, Jésus et les siens débarquent au sud-est du lac de Tibériade, pour rejoindre la ville de Gadara. « Tu connais le chemin le plus court pour aller à Gadara, n'est-ce pas ? Tu t'en souviens ? demande Jésus. "Et comment ! Quand nous serons aux sources chaudes au-dessus de Yarmoc, nous n'aurons qu'à suivre la route" répond Pierre.  »356.1. « Ceci c'est le Yarmoc et ces constructions ce sont les Thermes des romains. Plus loin, il y a une belle route toute pavée qui va à Gadara »356.2.

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Le Yarmoc : En fait le Yarmuq, est un affluent "sans histoire" de la rive gauche du Jourdain, à 6 km au sud du lac de Tibériade, à peine long de 80 km. Son nom n'apparaît même pas dans la Bible, mais se trouve seulement dans le Talmud. Plusieurs sources chaudes, (dont la température dépasse parfois les 50°C), sont situées dans la vallée du Yarmuq. L'ancien nom grec du site est préservé en arabe : Tel Hammi est en effet l'altération arabe du mot bain en grec. Les vestiges de Hammat Gader furent partiellement exhumés et investigués en 1932, mais c'est seulement à compter de 1979 que plusieurs saisons de fouilles permirent de mettre au jour l'ensemble du site144 . C'est aujourd'hui un lieu touristique très prisé par les israéliens. Maria Valtorta ressent même « les odeurs désagréables des eaux sulfureuses »356.3 mentionnant là une particularité de ces eaux, telles que les décrivent les guides touristiques contemporains. Mais ce fait était totalement méconnu en 1945 ! Le nom antique et peu connu du site145 est même évoqué plus loin dans un court dialogue: « Le lac était devenu plus chaud que les eaux de Hamatha »450.2.

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On ne s'étonne donc même plus lorsque le groupe apostolique passe par « une belle route qui a des pavés très larges et qui conduit à la ville en haut de la colline, superbe dans son enceinte »356.3. puisque la voie romaine qui même à Gadara, est effectivement superbe, avec ses larges pavés, comme devait être superbe la ville perchée sur une colline, ce dont témoignent aujourd'hui de nombreuses photos du site archéologique de Gadara !

Ci-dessus vue du cardo magnus de Gadara, « une belle route qui a des pavés très larges ».

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Jésus et ses apôtres entrent dans la ville et Maria Valtorta précise alors : « La route devient une artère ornée de portiques et de fontaines et elle est ornée de places plus belles l'une que l'autre. Elle croise une artère pareille et il y a sûrement au fond un amphithéâtre »356.7. Les ruines de Gadara (aujourd'hui Umm Qais) montrent effectivement une cité grecque florissante, avec 3 théâtres en basalte, des bains romains, un temple, des rues pavées, des commerces...

« Une cité considérable, capitale de la Pérée », au dire de l'historien Flavius Josèphe.

Je pourrais encore mentionner des dizaines et des dizaines d'autres sites parfaitement décrits par Maria Valtorta, mais non désignés par leur nom, comme cette « crique entre deux collines peu élevées » dans laquelle coule « un petit torrent capricieux »94.2, pour décrire le torrent de Corozaïn, le wadi Kérazeh qui se jette dans le lac de Tibériade. Ou comme cette route « qui côtoie le torrent en direction nord-est, dans une région d'une fertilité merveilleuse et bien cultivée »287.4, alors que Jésus se rend vers Gérasa. La rivière qui descend de Gérasa, effectivement du nord-est au sud-ouest, c'est le Chrysorrhoas, la rivière d'or, dont le nom traduit le rôle que joue ce cours d'eau depuis toujours dans la fertilité exceptionnelle de cette vallée. Ou bien comme cet autre cours d'eau (c'est le Wadi Amud, entre Capharnaüm et Génesareth.) au bord duquel Jésus et les siens font une halte, allant de Capharnaüm à Magdala : « il y a un ruisseau. Nous mangerons là… »182.6 et 183.1.

Et comment ne pas évoquer « cette petite, très petite bourgade, un groupe de maisons, un hameau, dirions-nous maintenant. Il est plus élevé que Nazareth, que l'on aperçoit en contrebas à quelques kilomètres »106.5. Jésus y trouve refuge après que les nazaréens aient tenté de le précipiter du haut d'un escarpement (Luc 4, 29) . Il y repasse une autre fois en sens inverse, venant cette fois de Cana : « le frais raccourci qui mène à Nazareth... Quand on atteint le sommet d'une colline »244.1, Marie se souvient : « je suis venue dans ce petit pays a mi-coteau, avec mes neveux quand Jésus fut chassé de Nazareth »244.2.

Situé à mi distance entre Cana et Nazareth, le mont Har Yona, (colline haute de 550m)146, est à 4,5 km au nord-est de Nazareth. C'est le seul point de la région qui soit plus haut que Nazareth, comme le remarque Maria Valtorta ! Pourtant cette indication ne figurait sur aucune carte en 1945 !

Citons aussi le wadi Nimrim Shu'eib, que Maria Valtorta décrit ainsi : « un torrent qui va certainement se jeter dans le Jourdain, aux eaux abondantes qui descendent de je ne sais quelle cime »286.1 tandis que Jésus se rend à Ramoth, venant de Jéricho. De nos jours encore, ce wadi Nimrim Shu'eib est classé, (avec le Zarqa et le Yarnouk) comme l'une des principales sources d'eau douce de Jordanie. La signification étymologique du nom que porte aujourd'hui ce torrent, c'est justement « les eaux abondantes » ! Le hasard aurait-il pu inspirer ainsi Maria Valtorta ?

Une autre fois, lorsque Jésus attend les apôtres près d'Achzib, Maria Valtorta donne une description précise des lieux, ajoutant : « sur la cime la plus haute d'une petite montagne sur laquelle il y a aussi un village »325.1 force est de constater qu'à cet emplacement on a découvert récemment les ruines d'un très ancien village, Khirbat Humsin (à Tell Hammoudout)147 totalement inconnu à l'époque où Maria Valtorta écrivait ces lignes.

On peut donc affirmer aujourd'hui, avec d'innombrables preuves à l'appui, que les descriptions géographiques fournies dans son œuvre par Maria Valtorta ne sont en rien l'expression d'une imagination poétique, mais bel et bien la description minutieuse et méthodique de lieux existants que, par un phénomène que la science n'explique pas, elle semble avoir réellement vus.

Ces quelques exemples permettent, je l'espère, de mieux comprendre l'émerveillement des lecteurs ayant une excellente connaissance des Lieux Saints et cette remarque de Jésus à Maria : « Il y a quelques jours, tu disais que tu meurs sans voir satisfait ton désir de visiter les Lieux Saints. Tu les vois, et comme ils étaient quand je les ai sanctifiés par ma présence. Maintenant, après vingt siècles de profanations par haine ou par amour, ils ne sont plus comme ils étaient. Donc, à présent, toi, tu les vois et qui va en Palestine ne les voit pas ». (Les cahiers de 1944, le 3 mars).

Les géographes et les archéologues peuvent certes constater que les informations figurant dans l'œuvre de Maria Valtorta correspondent aux observations, découvertes et reconstitutions archéologiques les plus récentes. Dès lors l'exactitude de ces détails renforce bien entendu la crédibilité de l'ensemble. Et il ne fait guère de doute que l'œuvre de Maria Valtorta puisse même être à l'origine de nouvelles découvertes archéologiques, lorsque les spécialistes en ce domaine auront plus pleinement pris conscience de la pertinence et de la richesse de ces descriptions.

Note : Le lecteur attentif aura remarqué que les descriptions sont très minutieuses dans les premiers tomes, puis deviennent un peu plus sobres dans les derniers tomes, conformément à cette parole de Jésus à Maria : « Je te permets d'omettre les descriptions des lieux. Nous avons tant donné pour les chercheurs curieux. Et ils seront toujours "des chercheurs curieux". Rien de plus. Maintenant, c'est assez. Ta force s'en va. Réserve-toi pour la parole. Avec le même esprit avec lequel j'ai constaté l'inutilité de tant de mes fatigues, je constate l'inutilité de tant de tes fatigues. Aussi je te dis : "Garde-toi seulement pour la parole" »297.5.

Notes de bas de page

144
Source: Ministère des affaires étrangères d'Israël.

145
Eusèbe, Onomasticon (Aemath Gadara) et le Talmud de Jérusalem, Kiddouschin 3, 14, mentionnent Hamtha, près de Gadara. Christoph Cellarius (1638-1707) dans Geographia Antiqua Liber III chap. 13 (citant saint Jèrôme) indique : « Est et alia villa in vicinia Gadarae nomine Amatha, ubi calidae aquae erumpunt ».

146
32° 43' 35" N / 35° 20' 28" E, à l'ouest de l'actuel village d'Ein Mahil.

147
33°3' 0" N / 35° 9' 0" E.

À propos de : Egale des plus grands géographes ?

Le célèbre historien et philologue allemand Ulrich von Wilamowitz88 apprécia l'œuvre et les talents littéraires du géographe Strabon89 "qui lui permettaient de décrire un lieu où il n'était pas allé, mieux que Pausanias90 qui y était allé". Qu'aurait-il dit alors de Maria Valtorta, qui sans quitter sa chambre, et pratiquement sans documentation, a décrit avec précision et exactitude des centaines de lieux de la Palestine antique? Elle fournit de nombreuses informations totalement inédites et inconnues de son vivant, dont plusieurs n'ont été confirmées qu'après sa mort. Mais elle décrit également le climat, le relief, la géologie, l'hydrographie et les voies de communication. Elle montre aussi comment ces éléments conditionnent le mode de vie des populations.

Si comme on a pu l'affirmer, « le rôle de la géographie est de localiser ce qui se passe à la surface de la terre91 », et si son objet est « la description et l'interprétation de la répartition des hommes et des choses à la surface de la terre92 », alors à coup sûr Maria Valtorta nous a laissé un magnifique ouvrage de géographie de la Palestine au temps de Jésus. L'un des premiers à en avoir pris conscience semble être Hans J Hopfen, qui, dès 1987, rassembla sur une carte détaillée de la Palestine93 un grand nombre des données géographiques trouvées dans l'œuvre. J'ai également mentionné précédemment94 l'étonnement admiratif de biblistes réputés comme G Allegra ou le Père François Paul Dreyfus, de Mgr Alfonso Carinci, du géologue sarde Vittorio Tredici, devant la précision des détails géographiques. A la fin des années 1990, David J. Webster95 indique avoir étudié pendant six années les informations relatives à 255 sites mentionnés dans l'œuvre. Dans l'exposé de ses travaux, diffusé en 2004 (30 pages dactylographiées) il a dénombré et répertorié 79 sites inconnus de l'édition de 1939 de l'International Standard Bible Encyclopedia. Parmi ces 79 sites, 62 ne sont pas même cités dans le Macmillan Bible Atlas de 1968, et 52 n'apparaissent pas dans la bible. Pourtant 29 ont été authentifiés depuis, par l'étude de sources anciennes et apparaissent maintenant dans l'édition de 1989 du Harper Collins Atlas of the Bible.

Il faut aussi ajouter que les plus récentes recherches archéologiques ont d'ores et déjà confirmé la localisation, indiquée par Maria Valtorta, de plus d'une dizaine de sites dont l'emplacement était contesté ou totalement inconnu à l'époque où elle écrivait son œuvre !

A partir des années 2000, la mise à disposition des chercheurs de cartes d'Israël au 50000e96, puis de vues satellites encore beaucoup plus précises97 offrirent des possibilités d'investigations insoupçonnables auparavant. Il fut aussi, dès cette période, possible de consulter sur Internet des centaines de cartes de toutes époques sur la Palestine, ainsi que de très nombreux récits anciens de pèlerins ou de voyageurs.

Les moyens pour vérifier les noms et les descriptions géographiques de Maria Valtorta étant désormais facilement disponibles, il était très tentant de les utiliser. Et j'avoue volontiers que je n'ai pas longtemps résisté à cette tentation. Pas plus que je ne résiste maintenant au plaisir de vous faire partager quelques uns des innombrables joyaux découverts ça et là...

Notes de bas de page

88
Ulrich von Wilamowitz-Moellendorff 1848-1931. Expert reconnu de la littérature grecque.

89
Strabon d'Amasée (57 av J.C.- 25 ap J.-C.), l'un des plus célèbres géographes de l'Antiquité.

90
Pausanias, dit le Périégète (115 - vers 180), célèbre géographe et voyageur de l'Antiquité.

91
Paul Claval, Histoire de la géographie. Nathan 1998. (Paul Claval est un géographe français, professeur à l'université de Paris-Sorbonne).

92
Armand Frémont, Aimez-vous la géographie ? Flammarion. 2005. (Armand Frémont est un géographe français qui fut directeur scientifique au CNRS, secrétaire d'État aux Universités, recteur d'académies, et président du conseil scientifique de la DATAR).

93
Hans J. Hopfen, Indice e Carta della Palestina per “l'Evangelo come mi é stato rivelato” 1987, ed. CEV 2003.

94
Voir le paragraphe « L'auteur décrit le lieu où se déroule l'histoire de façon crédible ».

95
Pasteur baptiste américain qui témoigne de sa conversion au catholicisme après la lecture de L'Evangile tel qu'il m'a été révélé.

96
Par exemple les cartes diffusées par l'Université de Berkeley.

97
Spécialement des sites Internet comme GoogleEarth ou Géoportail.

📚 Source des articles

Tous les articles et analyses présentés dans cette section sont extraits de l'ouvrage suivant :

Couverture du livre L'énigme Valtorta (tome 1)

L'énigme Valtorta (tome 1), une vie de Jésus romancée

Par Jean-François Lavère

339 pages

ISBN 9782364630253

Editions Rassemblement A Son Image

Bilan de dix ans de recherches, cette étude révèle l'immense érudition contenue dans l'évangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta.

D'où Maria Valtorta possédait-elle ses mystérieuses connaissances en astronomie, en géographie, en histoire, en Ecriture Sainte et en tant d'autres disciplines ? Beaucoup de lecteurs se sont posés cette question.

Au terme d'une étude rigoureuse, le polytechnicien Jean Aulagnier affirma qu'aucune intelligence humaine ne pouvait maîtriser un tel savoir dans des matières si variées.

Voir sur le site des éditions
Les sources chaudes d'Hammat Gader - Énigmes Valtorta | Maria Valtorta