Egale des plus grands géographes ?

Maria Valtorta a-t-elle visité Antioche ?

7 min

Peut-être Maria Valtorta est-elle allée à Antioche... au temps de Jésus? C'est une question qu'on peut légitimement poser lorsqu'on analyse les nombreux détails qu'elle fournit sur Antioche et sa région... en ce temps là.

Arrivant par la mer, le navigateur crétois Nicomède fait remarquer : « le vrai port d'Antioche c'est Séleucie, sur la mer, à l'embouchure de l'Oronte »321.3.

Exact : Port d'Antioche, au nord de l'embouchure de l'Oronte, dont V Chapot étudia le site en 1907.

Il ajoute : « La ville que vous voyez, la plus grande, c'est Séleucie. L'autre, vers le midi, n'est pas une ville, mais les ruines d'un endroit dévasté ».

Exact : Il s'agit de la vieille colonie grecque de Posidéion (Aujourd'hui Al Mina, ce qui signifie le port en arabe). Cette antique colonie grecque, connue de la mythologie et mentionnée par quelques auteurs grecs (dont Strabon), fut détruite en 413 av J.-C. et abandonnée. Elle était un champ de ruines au temps de Jésus. Quand Maria Valtorta l'évoqua dans son œuvre, en 1944, seuls quelques archéologues la connaissaient, comme c'est encore le cas aujourd'hui !

Nicomède poursuit son explication : « Cette chaîne est le Pierios, qui fait donner à la ville de Séleucie le nom de Pieria ».

Exact : Pieria est le nom de la chaîne montagneuse située au nord de Séleucie.

« Ce pic plus vers l'intérieur, au-delà de la plaine, c'est le mont Casio qui domine comme un géant la plaine d'Antioche ».

Exact : Le mont Cassius, haut de 1739 m, est ainsi dénommé par Pline et Strabon. Mais aujourd'hui il est connu sous le nom de Djébèl-Akra, la montagne chauve.

« l'autre chaîne au nord, est celle de l'Aman ».

Exact : Il s'agit du mont Amanus, qui sépare la Syrie de la Cilicie.

« Oh ! vous verrez à Séleucie et à Antioche quels travaux ont fait les romains ! Ils ne pouvaient rien faire de plus grand. Un port qui est un des meilleurs avec trois bassins et des canaux et des jetées et des digues ».

Possible : Le site de Séleucie est aujourd'hui complètement ensablé, mais quelques sondages archéologiques permettent d'imaginer l'importance des digues, des murailles et des canaux. Une future campagne de fouilles prouvera-t-elle l'exactitude de cette description ?

Au chapitre suivant, les apôtres quittent Séleucie pour se rendre à Antioche : « Ils prennent une route près des murs jusqu'à ce qu'ils sortent par une porte, en côtoyant d'abord un canal profond et puis le fleuve lui-même »322.4.

Exact : Ce canal sera agrandi un peu plus tard par Titus, et les vestiges en sont encore visibles de nos jours.

Syntyché s'émerveille : « Que de myrtes ! » et Matthieu renchérit : « Et de lauriers ! »

Exact : Voir par exemple le livre premier des Métamorphoses d'Ovide.

« Près d'Antioche, il y a un endroit consacré à Apollon », rapporte Jean d'Endor. Simon le zélote, qui connaît l'endroit pour y être déjà venu, précise alors : « Vous allez voir une des plus belles vallées du monde. À part le culte obscène et qui a dégénéré en orgies toujours plus dégoûtantes, c'est une vallée du paradis terrestre ». Puis il ajoute un peu plus loin : « Dans cette vallée poétique se trouve Daphnée avec son temple et ses bosquets »322.6.

Exact : Le géographe Strabon109 déclare : Les Antiochéens y tiennent leurs panégyries. Et Nonnos de Panopolis, poète grec du 5ème siècle, évoque les orgies phrygiennes de Daphné110

Ils approchent d'Antioche, comme l'explique le zélote : « voici Antioche avec ses tours sur les remparts. Nous allons entrer par la porte qui est près du fleuve ». Et à la question de Pierre : « Cette ville est très fortifiée , hein ? », il répond : « Très fortifiée. Des murs d'une hauteur et d'une largeur grandioses, en plus des cent tours qui, vous le voyez, semblent des géants dressés sur les murs, et des fossés infranchissables à leurs pieds ».

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Exact : En 1861, Emile Isambert écrit111 qu'il subsiste 50 tours des 130 d'origine, preuve du génie militaire des romains.

Antioche vers 1785 par Louis-François Cassas

Simon précise encore : « Et même le Silpio a mis ses sommets au service de la défense ».

Exact : Il ne reste rien aujourd'hui des ruines de ces défenses au sommet du Silpius, mais Louis-François Cassas en établit quelques croquis au 18e siècle.

Mille pages plus loin dans l'œuvre, une lettre de Syntyché est l'occasion d'une profusion d'autres détails donnés sur Antioche, qui était alors la troisième cité de l'empire, après Rome et Alexandrie : « au moment où j'écris, de l'une des terrasses de la maison je vois (...) le palais du Légat dans l'île »461.14.

Exact : Libanius d'Antioche (314-394) écrit que le palais du gouverneur occupait un quart de l'île112.

« ses rues royales, ses murs aux centaines de tours puissantes, et si je me retourne, je vois le sommet du Sulpius qui me domine avec ses casernes, et le second palais du Légat ».

Exact : Conforme à la description qu'en donne Libanius. Plus tard les croisés firent une citadelle des vestiges de ce second palais fortifié.

Plus loin dans sa lettre, Syntyché poursuit : « Une dame romaine voulait me recevoir dans sa splendide maison près des colonnades d'Hérode »461.19.

Exact : L'Histoire et l'Archéologie attestent de cette colonnade, agrandie ensuite par Tibère.

« Une prosélyte, veuve qui habite près du pont de Séleucie ».

Exact : ce pont plusieurs fois reconstruit, à l'ouest de la ville, subsistait en 1785.

« Une famille gréco-assyrienne qui possède des magasins dans une rue près du Cirque ».

Exact : les ruines du cirque, retrouvées près du palais du gouverneur.

« Et me voici dans la maison de Zénon, sur les pentes du Sulpius près des casernes. La citadelle surplombe, menaçante, de son sommet. Cependant, avec son aspect si peu engageant, elle vaut mieux que les riches palais de l'Onpholus ».

Exact : Il faut lire bien sûr l'Omphalos, le centre de la cité où se dressait une statue remarquable d'Apollon

« et du Nimpheus ».

Exact : Il faut lire bien sûr l'Omphalos, "le centre de la cité" où se dressait une statue remarquable d'Apollon. Et le grandiose Nymphaeum d'Antioche, qui alimentait en eau toute la cité. Il fut détruit lors d'un tremblement de terre qui ravagea la cité113 .

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Il ne faut pas oublier non plus la mention d'Antigonéa323. et des jardins de Lazare... Les archéologues recherchent encore de nos jours des traces de cette cité contemporaine d'Antioche, mais dont le déclin était déjà amorcé au moment de la conquête romaine114.

Photo des vestiges actuels du Nymphaeum d'Antioche

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La carte d'Antioche ci-contre a été établie d'après Glanville Downey (Ancient Antioch 1963). Elle correspond parfaitement avec les descriptions de Maria Valtorta, écrites pourtant 20 ans avant la publication de cette carte.

Toutes ces données sont donc exactes, même si leur vérification s'avère parfois longue et délicate. En effet ces informations sont disséminées ça et là dans divers ouvrages. Mais je n'en ai trouvé aucun, parmi les nombreux que j'ai consultés pour cette étude, qui comporte l'ensemble des données transmises par Maria Valtorta. Elle nous fournit, pour Antioche et sa région, plus d'une vingtaine de précisions pertinentes, dont quelques unes sont peu connues.

Assurément la qualité de la description d'Antioche et de sa région est une pièce à ajouter au dossier de l'énigme Valtorta...

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Antioche de nos jours, au pied du mont Silpius

Notes de bas de page

109
Strabon, Géographie, Livre XVI, 2 , 6.

110
Nonnos de Panopolis, Dyonisiaques Chant 40.

111
Adolphe Laurent Joanne, Ad. Chauvet, Emile Isambert, Itinéraire descriptif, historique et archéologique de l'Orient, Hachette 1861 page 618.

112
Libanius d'Antioche, Oraison IX.

113
Rapporté par Evagrius le Scholastique (534-594), Ecclesiastical History, L3 c. 12.

114
Isambert (op. cit. page 619) situe Antigonéa au Nord-Est de Daphné, près d'Antioche, en conformité avec la description de Maria Valtorta, tandis que les archéologues la recherchent aujourd'hui un peu plus à l'est.

À propos de : Egale des plus grands géographes ?

Le célèbre historien et philologue allemand Ulrich von Wilamowitz88 apprécia l'œuvre et les talents littéraires du géographe Strabon89 "qui lui permettaient de décrire un lieu où il n'était pas allé, mieux que Pausanias90 qui y était allé". Qu'aurait-il dit alors de Maria Valtorta, qui sans quitter sa chambre, et pratiquement sans documentation, a décrit avec précision et exactitude des centaines de lieux de la Palestine antique? Elle fournit de nombreuses informations totalement inédites et inconnues de son vivant, dont plusieurs n'ont été confirmées qu'après sa mort. Mais elle décrit également le climat, le relief, la géologie, l'hydrographie et les voies de communication. Elle montre aussi comment ces éléments conditionnent le mode de vie des populations.

Si comme on a pu l'affirmer, « le rôle de la géographie est de localiser ce qui se passe à la surface de la terre91 », et si son objet est « la description et l'interprétation de la répartition des hommes et des choses à la surface de la terre92 », alors à coup sûr Maria Valtorta nous a laissé un magnifique ouvrage de géographie de la Palestine au temps de Jésus. L'un des premiers à en avoir pris conscience semble être Hans J Hopfen, qui, dès 1987, rassembla sur une carte détaillée de la Palestine93 un grand nombre des données géographiques trouvées dans l'œuvre. J'ai également mentionné précédemment94 l'étonnement admiratif de biblistes réputés comme G Allegra ou le Père François Paul Dreyfus, de Mgr Alfonso Carinci, du géologue sarde Vittorio Tredici, devant la précision des détails géographiques. A la fin des années 1990, David J. Webster95 indique avoir étudié pendant six années les informations relatives à 255 sites mentionnés dans l'œuvre. Dans l'exposé de ses travaux, diffusé en 2004 (30 pages dactylographiées) il a dénombré et répertorié 79 sites inconnus de l'édition de 1939 de l'International Standard Bible Encyclopedia. Parmi ces 79 sites, 62 ne sont pas même cités dans le Macmillan Bible Atlas de 1968, et 52 n'apparaissent pas dans la bible. Pourtant 29 ont été authentifiés depuis, par l'étude de sources anciennes et apparaissent maintenant dans l'édition de 1989 du Harper Collins Atlas of the Bible.

Il faut aussi ajouter que les plus récentes recherches archéologiques ont d'ores et déjà confirmé la localisation, indiquée par Maria Valtorta, de plus d'une dizaine de sites dont l'emplacement était contesté ou totalement inconnu à l'époque où elle écrivait son œuvre !

A partir des années 2000, la mise à disposition des chercheurs de cartes d'Israël au 50000e96, puis de vues satellites encore beaucoup plus précises97 offrirent des possibilités d'investigations insoupçonnables auparavant. Il fut aussi, dès cette période, possible de consulter sur Internet des centaines de cartes de toutes époques sur la Palestine, ainsi que de très nombreux récits anciens de pèlerins ou de voyageurs.

Les moyens pour vérifier les noms et les descriptions géographiques de Maria Valtorta étant désormais facilement disponibles, il était très tentant de les utiliser. Et j'avoue volontiers que je n'ai pas longtemps résisté à cette tentation. Pas plus que je ne résiste maintenant au plaisir de vous faire partager quelques uns des innombrables joyaux découverts ça et là...

Notes de bas de page

88
Ulrich von Wilamowitz-Moellendorff 1848-1931. Expert reconnu de la littérature grecque.

89
Strabon d'Amasée (57 av J.C.- 25 ap J.-C.), l'un des plus célèbres géographes de l'Antiquité.

90
Pausanias, dit le Périégète (115 - vers 180), célèbre géographe et voyageur de l'Antiquité.

91
Paul Claval, Histoire de la géographie. Nathan 1998. (Paul Claval est un géographe français, professeur à l'université de Paris-Sorbonne).

92
Armand Frémont, Aimez-vous la géographie ? Flammarion. 2005. (Armand Frémont est un géographe français qui fut directeur scientifique au CNRS, secrétaire d'État aux Universités, recteur d'académies, et président du conseil scientifique de la DATAR).

93
Hans J. Hopfen, Indice e Carta della Palestina per “l'Evangelo come mi é stato rivelato” 1987, ed. CEV 2003.

94
Voir le paragraphe « L'auteur décrit le lieu où se déroule l'histoire de façon crédible ».

95
Pasteur baptiste américain qui témoigne de sa conversion au catholicisme après la lecture de L'Evangile tel qu'il m'a été révélé.

96
Par exemple les cartes diffusées par l'Université de Berkeley.

97
Spécialement des sites Internet comme GoogleEarth ou Géoportail.

📚 Source des articles

Tous les articles et analyses présentés dans cette section sont extraits de l'ouvrage suivant :

Couverture du livre L'énigme Valtorta (tome 1)

L'énigme Valtorta (tome 1), une vie de Jésus romancée

Par Jean-François Lavère

339 pages

ISBN 9782364630253

Editions Rassemblement A Son Image

Bilan de dix ans de recherches, cette étude révèle l'immense érudition contenue dans l'évangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta.

D'où Maria Valtorta possédait-elle ses mystérieuses connaissances en astronomie, en géographie, en histoire, en Ecriture Sainte et en tant d'autres disciplines ? Beaucoup de lecteurs se sont posés cette question.

Au terme d'une étude rigoureuse, le polytechnicien Jean Aulagnier affirma qu'aucune intelligence humaine ne pouvait maîtriser un tel savoir dans des matières si variées.

Voir sur le site des éditions
Maria Valtorta a-t-elle visité Antioche ? - Énigmes Valtorta | Maria Valtorta