Egale des plus grands géographes ?

Et tant, tant d'autres sites oubliés...

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L'évocation ou la description par Maria Valtorta de nombreux lieux de Palestine connus en 1944 par seulement quelques rares érudits fut une des surprises de l'éminent spécialiste que fut le Père François Paul Dreyfus, comme j'en ai déjà évoqué le témoignage au début de cet ouvrage. Voici maintenant quelques unes des données qui ont pu justifier cet étonnement :

Jotapate315.1 (actuel Tel Yodefat) est parfaitement localisé et décrit par Maria Valtorta, alors que le site n'a été "redécouvert" par les archéologues129 qu'en 1992-1994

Magdalgad « ce petit pays sur la colline »220.1 est mentionné une seule fois dans la bible130 . A l'époque de Maria Valtorta, l'emplacement était encore controversé131. Maintenant identifiée avec la moderne Al-Majdal, à environ 4,8 km au nord-est d'Ascalon, (en parfaite conformité avec la description de Maria Valtorta !), le site est aujourd'hui intégré dans les faubourg d'Ascalon.

Lesendam : Laishem Dan, la cité de Laïsh, n'apparaît sous ce nom qu'une seule fois dans la bible132 . Maria Valtorta évoque le passage de Jésus à proximité 330.1 et 331.8. Pourtant la redécouverte de l'ancienne ville de Tel Dan (Tell el-Qadi), nom actuel de l'antique Laïsh, n'eut lieu qu'en 1966, grâce aux fouilles israéliennes.

Rohob : Ancienne capitale du royaume araméen, la cité fut hostile à David. La bible133 la situe dans la région de Laïsh, mais l'emplacement exact reste inconnu à ce jour. Certains ont conjecturé qu'elle serait l'actuelle Hunin, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Banias134 , ce qui correspond bien au contexte décrit par Maria Valtorta « je fais paître mes troupeaux entre Rohob et Lesemdan, justement sur la route des frontières entre ici et Nephtali »330.5.

Doco : Voici une cité totalement disparue et oubliée aujourd'hui. Pourtant Maria Valtorta la mentionne près de quinze fois dans son œuvre comme point de passage ou de rendez-vous pour qui longe le Jourdain du nord au sud, traverse la Judée de Béthel à Jéricho, ou va vers la Décapole venant de Jérusalem. Il s'agit sans aucun doute de Aïm Duk, située au pied nord-est du Jebel Karantal135. Il y avait là, au temps de Jésus, une forteresse nommée Docus par les romains. C'est là que Simon Macchabée fut invité à un banquet par son beau fils Ptolémée, et y fut massacré en 135 av J.-C. (1 Macc 16, 11-17).

Ramot : Ramoth en Galaad ou Ramoth Gilead était une des trois villes de refuge de Transjordanie (avec Betser et Golan) donnée aux Lévites. De nombreuses fois mentionnée dans la bible, la localisation exacte de cette cité a toujours été très discutée... Trois emplacements principaux ont été proposés : Tell er-Rumeith qui fut excavé dans les années 1960 et comprend des vestiges de l'Age de fer. Cependant certains pensent que le site est trop petit pour correspondre avec la description biblique. Tell el-Husn est une autre possibilité, mais un cimetière musulman au-dessus empêche toute fouille. La troisième candidate est Ar-Ramtha, mais là encore, la ville moderne située au-dessus du site rend les fouilles impossibles.

Dans l'œuvre de Maria Valtorta, Jésus venant de Jéricho, et se rendant à Gerasa, fait étape à Ramoth. « Tu vois, Femme, ce pays ? C'est Ramot. Nous nous y arrêterons »286.2. Par la description qu'elle en donne287.1, et par un croquis manuscrit joint, Maria Valtorta a situé Ramoth à l'emplacement de l'actuelle Es Salt136, exactement à mi parcours entre Jéricho et Gerasa, coupant ce trajet en deux longues étapes de 33 km chacune. Ceci est encore plus remarquable lorsqu'on découvre que Es Salt est reconnu depuis peu par les archéologues comme le site le plus probable pour Ramoth ! Il serait possible bien sûr multiplier de tels exemples, mais il y a encore tant d'autres sujets étonnants dans cette œuvre, qu'il faut bien refermer cette page géographique. Signalons simplement que Maria Valtorta mentionne par leur nom plus de trois cent localités, monts, fleuves, régions et autres données géographiques et les localise avec exactitude, ce qui est déjà remarquable. Il faudra consacrer un ouvrage volumineux pour pouvoir offrir une analyse plus complète de toutes ces données géographiques.

En voici un ultime exemple. Lorsque Jésus évoque le départ de Jean d'Endor : « je ne t'enverrais jamais en Bithynie ou en Mysie137 sur les monts désolés où tu as vécu comme un galérien (...) aux mines de plomb et aux carrières de marbres précieux »312.4. Il est rigoureusement exact que l'Anatolie était déjà célèbre à cette époque pour ses marbres blancs (à Dokimeion) et pour ses mines de plomb argentifère (à Gümüşhane et Karasu).

Je voudrais rappeler maintenant une spécificité des révélations de Maria Valtorta. N'ayant pas reçu toutes ses révélations dans un ordre strictement chronologique, au fil des chapitres, il lui arrive donc de reconnaître des lieux qu'elle a déjà vus dans des visions qui s'insèreront en fait plus loin dans le récit. Ainsi par exemple, dans les toutes premières pages, lors de la présentation de la Vierge Marie au Temple, le lecteur attentif pourrait être surpris que Maria Valtorta fasse cette remarque étrange : « je ne sais si j'en ai jamais parlé, l'enclos du Temple n'est pas au même niveau, mais il monte par paliers successifs de plus en plus élevés »6.3. Il faut alors remarquer que cette vision a été reçue le 28/8/1944, après bien d'autres scènes se déroulant dans l'enceinte du Temple.

Lors de la première visite de Jésus à Emmaüs, Maria Valtorta écrit : « Je reconnais la maison où entrèrent les deux d'Emmaüs avec Jésus ressuscité »140.1, car elle eut la vision des disciples d'Emmaüs le 5 avril 1945, soit 2 semaines plus tôt que celle-ci, reçue le 18 avril 1945 ! Un autre exemple typique, c'est quand Maria Valtorta dit : « Je reconnais la maison du paysan Jacob, ce Jacob de Mathias et Marie, les deux orphelins de la vision du mois d'août, me semble-t-il »110.4, et qu'elle se remémore « l'aire avec le puits et le four au fond et le pommier par côté, et voici la porte grande ouverte de la cuisine »110.5. Maria Valtorta reconnaît effectivement des lieux vus lors d'une vision du 20/08/1944, mais décrite beaucoup plus loin, au chapitre298.2.

Une autre fois encore, dans une vision du 15 février 1946, alors que Jésus approche pour la première fois de la maison du passeur Salomon, Maria Valtorta fait cette observation tout à fait inattendue : « La petite maison de Salomon, celle que sans en connaître le propriétaire j'ai vue en mars 1944, dans la vision de la résurrection de Lazare »384.1.

Encore plus surprenant pour les lecteurs français, cette remarque de Maria Valtorta, la première fois où Jésus se rend à Jutta : « Je reconnais l'endroit. C'est impossible de confondre, c'est celui de la vision de Jésus et des enfants que j'ai eue le printemps dernier »76.8, (vision du 12 janvier 1945). Maria fait ici allusion à une vision du 7 février 1944, donnée au chapitre 396 de la version italienne de 2004, mais non reprise dans la version française de 1985 ! De tels exemples abondent dans l'œuvre, et constituent des indices forts d'authenticité de ces visions. Personnellement je n'ai jamais retrouvé de situation analogue dans aucun autre des ouvrages qu'il m'a été donné de lire.

Mais, avant de clore ce chapitre sur la géographie dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé, je voudrais attirer l'attention sur un fait plus inattendu encore à mon point de vue. Une étude plus approfondie du texte permet en effet d'identifier de très nombreux autres lieux sans histoire, et dont Maria Valtorta ne connaît même pas le nom. Ces lieux inconnus des encyclopédies bibliques, du simple fait de leur anonymat, ne peuvent donc pas apparaître dans les recherches basées sur une simple indexation du texte... Or les descriptions de ces lieux anonymes s'avèrent absolument exactes chaque fois que nos connaissances actuelles permettent de les vérifier, qu'il s'agisse des cours d'eau, des voies romaines, des monts, des plus humbles collines ou des plus modestes villages. Bien souvent Maria Valtorta, quand elle éprouve quelque difficulté à trouver les mots pour décrire ce qu'elle voit, ajoute un croquis sur son manuscrit138. Ces esquisses, bien que techniquement assez maladroites, sont toutefois précieuses pour affiner quelques descriptions par trop sommaires. Maria Valtorta atteint ainsi un degré global de précision et d'exactitude que je n'ai personnellement jamais retrouvé chez les nombreux auteurs de récits de voyage en Terre Sainte que j'ai consultés pendant cette étude139. Voici donc maintenant quelques exemples pour illustrer ces affirmations.

Notes de bas de page

129
Israel Antiquities Authority and the University of Rochester, New York sous la direction de M. Aviam et W. S. Green.

130
Josué 15, 37.

131
Voir par exemple Catholic Encyclopedia, 1913 qui suggère deux sites: El-Mejdel près d'Ascalon, ou bien El-Mejeleh au sud de Beit Jibrîn.

132
Josué 19, 47.

133
Juges 18, 28.

134
A. Lemaire, The Journal of the American Oriental Society, 7/1/1999.

135
Le mont de la Tentation, 31° 54' N / 35° 24' 30'' E, à 7/8 km au nord-ouest de Jéricho, à l'entrée de la vallée d'Accor.

136
32° 02' 21'' N / 35° 43' 38'' E / Altitude + 758m.

137
Jésus précise même pour Maria Valtorta: « Les simples et les petits comprendront mieux Anatolie que Bithynie ou Mysie »312.14.

138
Ces croquis, absents de l'édition française de 1985, ont été insérés dans la 3eédition italienne de 2004.

139
K. Baedeker, J. T. Bannister, L. de Bazelaire, Beauvau, Burckhardt, A. Egron, V. Guérin, T. H. Horne, E. Isambert, J. W. McGarvey, S. Munch, R. Pococke, E. Robinson, Louis Segond, F. de Saulcy pour n'en citer que quelques uns.

À propos de : Egale des plus grands géographes ?

Le célèbre historien et philologue allemand Ulrich von Wilamowitz88 apprécia l'œuvre et les talents littéraires du géographe Strabon89 "qui lui permettaient de décrire un lieu où il n'était pas allé, mieux que Pausanias90 qui y était allé". Qu'aurait-il dit alors de Maria Valtorta, qui sans quitter sa chambre, et pratiquement sans documentation, a décrit avec précision et exactitude des centaines de lieux de la Palestine antique? Elle fournit de nombreuses informations totalement inédites et inconnues de son vivant, dont plusieurs n'ont été confirmées qu'après sa mort. Mais elle décrit également le climat, le relief, la géologie, l'hydrographie et les voies de communication. Elle montre aussi comment ces éléments conditionnent le mode de vie des populations.

Si comme on a pu l'affirmer, « le rôle de la géographie est de localiser ce qui se passe à la surface de la terre91 », et si son objet est « la description et l'interprétation de la répartition des hommes et des choses à la surface de la terre92 », alors à coup sûr Maria Valtorta nous a laissé un magnifique ouvrage de géographie de la Palestine au temps de Jésus. L'un des premiers à en avoir pris conscience semble être Hans J Hopfen, qui, dès 1987, rassembla sur une carte détaillée de la Palestine93 un grand nombre des données géographiques trouvées dans l'œuvre. J'ai également mentionné précédemment94 l'étonnement admiratif de biblistes réputés comme G Allegra ou le Père François Paul Dreyfus, de Mgr Alfonso Carinci, du géologue sarde Vittorio Tredici, devant la précision des détails géographiques. A la fin des années 1990, David J. Webster95 indique avoir étudié pendant six années les informations relatives à 255 sites mentionnés dans l'œuvre. Dans l'exposé de ses travaux, diffusé en 2004 (30 pages dactylographiées) il a dénombré et répertorié 79 sites inconnus de l'édition de 1939 de l'International Standard Bible Encyclopedia. Parmi ces 79 sites, 62 ne sont pas même cités dans le Macmillan Bible Atlas de 1968, et 52 n'apparaissent pas dans la bible. Pourtant 29 ont été authentifiés depuis, par l'étude de sources anciennes et apparaissent maintenant dans l'édition de 1989 du Harper Collins Atlas of the Bible.

Il faut aussi ajouter que les plus récentes recherches archéologiques ont d'ores et déjà confirmé la localisation, indiquée par Maria Valtorta, de plus d'une dizaine de sites dont l'emplacement était contesté ou totalement inconnu à l'époque où elle écrivait son œuvre !

A partir des années 2000, la mise à disposition des chercheurs de cartes d'Israël au 50000e96, puis de vues satellites encore beaucoup plus précises97 offrirent des possibilités d'investigations insoupçonnables auparavant. Il fut aussi, dès cette période, possible de consulter sur Internet des centaines de cartes de toutes époques sur la Palestine, ainsi que de très nombreux récits anciens de pèlerins ou de voyageurs.

Les moyens pour vérifier les noms et les descriptions géographiques de Maria Valtorta étant désormais facilement disponibles, il était très tentant de les utiliser. Et j'avoue volontiers que je n'ai pas longtemps résisté à cette tentation. Pas plus que je ne résiste maintenant au plaisir de vous faire partager quelques uns des innombrables joyaux découverts ça et là...

Notes de bas de page

88
Ulrich von Wilamowitz-Moellendorff 1848-1931. Expert reconnu de la littérature grecque.

89
Strabon d'Amasée (57 av J.C.- 25 ap J.-C.), l'un des plus célèbres géographes de l'Antiquité.

90
Pausanias, dit le Périégète (115 - vers 180), célèbre géographe et voyageur de l'Antiquité.

91
Paul Claval, Histoire de la géographie. Nathan 1998. (Paul Claval est un géographe français, professeur à l'université de Paris-Sorbonne).

92
Armand Frémont, Aimez-vous la géographie ? Flammarion. 2005. (Armand Frémont est un géographe français qui fut directeur scientifique au CNRS, secrétaire d'État aux Universités, recteur d'académies, et président du conseil scientifique de la DATAR).

93
Hans J. Hopfen, Indice e Carta della Palestina per “l'Evangelo come mi é stato rivelato” 1987, ed. CEV 2003.

94
Voir le paragraphe « L'auteur décrit le lieu où se déroule l'histoire de façon crédible ».

95
Pasteur baptiste américain qui témoigne de sa conversion au catholicisme après la lecture de L'Evangile tel qu'il m'a été révélé.

96
Par exemple les cartes diffusées par l'Université de Berkeley.

97
Spécialement des sites Internet comme GoogleEarth ou Géoportail.

📚 Source des articles

Tous les articles et analyses présentés dans cette section sont extraits de l'ouvrage suivant :

Couverture du livre L'énigme Valtorta (tome 1)

L'énigme Valtorta (tome 1), une vie de Jésus romancée

Par Jean-François Lavère

339 pages

ISBN 9782364630253

Editions Rassemblement A Son Image

Bilan de dix ans de recherches, cette étude révèle l'immense érudition contenue dans l'évangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta.

D'où Maria Valtorta possédait-elle ses mystérieuses connaissances en astronomie, en géographie, en histoire, en Ecriture Sainte et en tant d'autres disciplines ? Beaucoup de lecteurs se sont posés cette question.

Au terme d'une étude rigoureuse, le polytechnicien Jean Aulagnier affirma qu'aucune intelligence humaine ne pouvait maîtriser un tel savoir dans des matières si variées.

Voir sur le site des éditions
Et tant, tant d'autres sites oubliés... - Énigmes Valtorta | Maria Valtorta