Egale des plus grands géographes ?

Enquête en Phénicie

4 min

Maria Valtorta mentionne à plusieurs reprises dans son œuvre Alexandroscène, cité antique fort peu connue aujourd'hui. Elle donne des descriptions précises et détaillées de sa localisation : « d'après l'indication de la borne romaine : Alexandroscène - m. V (...) un véritable escalier dans la montagne rocheuse et escarpée plongeant son museau dans la Méditerranée, qui se découvre de plus en plus à la vue à mesure que l'on monte. Seuls les piétons et les ânes suivent cette route, ces gradins pourrait-on dire. Mais peut-être parce qu'elle est un raccourci avantageux, la route est encore très fréquentée... "Ce doit être le cap de la tempête", dit Mathieu en montrant le promontoire qui s'avance dans la mer (...) "Du sommet nous allons voir Alexandroscène au-delà de laquelle se trouve le Cap Blanc. Mon Jean, tu vas voir une grande étendue de mer !" dit Jésus (...) "Mais il va bientôt faire nuit. Où allons-nous reposer ? A Alexandroscène. Tu vois ? La route commence à descendre. Au-dessous se trouve la plaine jusqu'à la ville que l'on voit là-bas" (…) Alexandroscène est une ville plus militaire que civile. Elle doit avoir une importance stratégique que j'ignore. Blottie comme elle l'est entre les deux promontoires elle semble une sentinelle préposée à la garde de ce coin de mer. Maintenant que l'œil peut voir l'un et l'autre cap, on voit qu'il s'y dresse en grand nombre des tours fortifiées qui forment une chaîne avec celles de la plaine, et de la ville où, vers la côte, trône le Camp imposant... »328.1/2.

Plus loin, il est encore question de la route stratégique : « en essayant de rejoindre la route qui va de la mer vers l'intérieur. Ce doit être la même, qui bifurque au pied du promontoire, qu'ils ont faite en allant à Alexandroscène... »330.8 Puis à nouveau au livre 7 : « sur la route à gradins taillés dans le roc où ils se sont engagés pour arriver au dernier village de frontière entre la Syro-Phénicie et la Galilée - et ce doit être celle que j'ai vue quand ils allaient à Alexandroscène »474.8.

Toutes ces descriptions sont parfaitement exactes et vérifiables: Situé à l'extrême nord d'Israël, à la frontière avec le Liban, Roch Hanikra102 (le cap de la Grotte) déploie ses falaises de craie blanche dans la Méditerranée. Les Arabes appelaient ce site Ras el-Nakoura, les Juifs Sulam Tsur et les pèlerins chrétiens l'avaient dénommé Scala Tyrorium (Les échelles de Tyr). Alexandre le Grand aurait fait creuser vers 333 avant l'ère chrétienne ces échelles (ou escaliers) pour ses soldats et leur monture. Puis elles furent empruntées par les légions romaines et les croisés.

Site peu connu de nos jours, il en subsiste quelques gravures de 1836 comme celle ci-contre... Comme Maria Valtorta semble l'avoir lu sur la borne romaine, Alexandroscène103 était effectivement située à 5 milles romains (« m V ») du lieu où commencent les échelles de Tyr, soit exactement à 7 km 5 plus au nord.

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Ras en Naqkurah « éperon de la montagne qui s'avance vers la mer (...) plongeant son museau dans la Méditerranée » vu d'Aczib

Voici ce qu'en dit un guide touristique moderne de Tyr104 : « Entre deux promontoires de la côte phénicienne Le Ras el Bayada105 et le Ras en Naqurah106 se situent les ruines d'une ville considérable sans histoire, si ce n'est qu'Alexandre le Grand y demeura après la capture de Tyr. En son honneur une ville fut bâtie et nommée Alexandroschene ».

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Le Cap el Bayada (Promontarium Album ou Cap Blanc) et la vue vers Tyr à l'horizon

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Cette ville subsistait au temps de Jésus, puisque le pèlerin de Bordeaux (en 333) mentionne y avoir fait étape. Et une légende du 14e siècle (par Nicéphore Calixte) rapporte que Zosimus, célèbre pour ses miracles sous Justinien, se rendant de Tyr à Ptolémaïs vint à Alexandroschene. « Là, un lion dévora l'âne qui portait ses bagages. Zosimus ordonna alors au lion de porter les bagages ! ».

Mais au 19e siècle il ne restait plus que quelques pierres de cette cité107 jadis florissante, et aujourd'hui entièrement disparue ! Signalons que de nos jours les casques bleus de l'ONU ont installé une importante base militaire tout près du site archéologique d'Alexandroscène (à 3 ou 4 km, à Naqurah).

Notes de bas de page

102
Coordonnées 33° 05' 34'' N / 35° 06' 14'' E / Altitude +55 m.

103
Coordonnées 33° 09' 16'' N / 35° 09' 58'' E / Altitude +34 m.

104
Sur le site Internet www.lifeintheholyland.com.

105
En 1884 Victor Guérin op. cit., dit que ce promontoire se nomme alors Le Ras el Abyad (Promontorium Album de Pline) soit le « cap Blanc » nom exact que lui donne Maria Valtorta !

106
Egalement nommé Rock Hanikra, et que Matthieu identifie comme Cap de la tempête, car c'est là que les apôtres affrontèrent une tempête en se rendant vers Tyr. Une photo du Rock Hanikra justifie cette autre description « un éperon de navire (…) avec ses veines rocheuses qui blanchissent au soleil »325.1.

107
Témoignage de Victor Guérin, Terre Sainte, tome 2 page 143.

À propos de : Egale des plus grands géographes ?

Le célèbre historien et philologue allemand Ulrich von Wilamowitz88 apprécia l'œuvre et les talents littéraires du géographe Strabon89 "qui lui permettaient de décrire un lieu où il n'était pas allé, mieux que Pausanias90 qui y était allé". Qu'aurait-il dit alors de Maria Valtorta, qui sans quitter sa chambre, et pratiquement sans documentation, a décrit avec précision et exactitude des centaines de lieux de la Palestine antique? Elle fournit de nombreuses informations totalement inédites et inconnues de son vivant, dont plusieurs n'ont été confirmées qu'après sa mort. Mais elle décrit également le climat, le relief, la géologie, l'hydrographie et les voies de communication. Elle montre aussi comment ces éléments conditionnent le mode de vie des populations.

Si comme on a pu l'affirmer, « le rôle de la géographie est de localiser ce qui se passe à la surface de la terre91 », et si son objet est « la description et l'interprétation de la répartition des hommes et des choses à la surface de la terre92 », alors à coup sûr Maria Valtorta nous a laissé un magnifique ouvrage de géographie de la Palestine au temps de Jésus. L'un des premiers à en avoir pris conscience semble être Hans J Hopfen, qui, dès 1987, rassembla sur une carte détaillée de la Palestine93 un grand nombre des données géographiques trouvées dans l'œuvre. J'ai également mentionné précédemment94 l'étonnement admiratif de biblistes réputés comme G Allegra ou le Père François Paul Dreyfus, de Mgr Alfonso Carinci, du géologue sarde Vittorio Tredici, devant la précision des détails géographiques. A la fin des années 1990, David J. Webster95 indique avoir étudié pendant six années les informations relatives à 255 sites mentionnés dans l'œuvre. Dans l'exposé de ses travaux, diffusé en 2004 (30 pages dactylographiées) il a dénombré et répertorié 79 sites inconnus de l'édition de 1939 de l'International Standard Bible Encyclopedia. Parmi ces 79 sites, 62 ne sont pas même cités dans le Macmillan Bible Atlas de 1968, et 52 n'apparaissent pas dans la bible. Pourtant 29 ont été authentifiés depuis, par l'étude de sources anciennes et apparaissent maintenant dans l'édition de 1989 du Harper Collins Atlas of the Bible.

Il faut aussi ajouter que les plus récentes recherches archéologiques ont d'ores et déjà confirmé la localisation, indiquée par Maria Valtorta, de plus d'une dizaine de sites dont l'emplacement était contesté ou totalement inconnu à l'époque où elle écrivait son œuvre !

A partir des années 2000, la mise à disposition des chercheurs de cartes d'Israël au 50000e96, puis de vues satellites encore beaucoup plus précises97 offrirent des possibilités d'investigations insoupçonnables auparavant. Il fut aussi, dès cette période, possible de consulter sur Internet des centaines de cartes de toutes époques sur la Palestine, ainsi que de très nombreux récits anciens de pèlerins ou de voyageurs.

Les moyens pour vérifier les noms et les descriptions géographiques de Maria Valtorta étant désormais facilement disponibles, il était très tentant de les utiliser. Et j'avoue volontiers que je n'ai pas longtemps résisté à cette tentation. Pas plus que je ne résiste maintenant au plaisir de vous faire partager quelques uns des innombrables joyaux découverts ça et là...

Notes de bas de page

88
Ulrich von Wilamowitz-Moellendorff 1848-1931. Expert reconnu de la littérature grecque.

89
Strabon d'Amasée (57 av J.C.- 25 ap J.-C.), l'un des plus célèbres géographes de l'Antiquité.

90
Pausanias, dit le Périégète (115 - vers 180), célèbre géographe et voyageur de l'Antiquité.

91
Paul Claval, Histoire de la géographie. Nathan 1998. (Paul Claval est un géographe français, professeur à l'université de Paris-Sorbonne).

92
Armand Frémont, Aimez-vous la géographie ? Flammarion. 2005. (Armand Frémont est un géographe français qui fut directeur scientifique au CNRS, secrétaire d'État aux Universités, recteur d'académies, et président du conseil scientifique de la DATAR).

93
Hans J. Hopfen, Indice e Carta della Palestina per “l'Evangelo come mi é stato rivelato” 1987, ed. CEV 2003.

94
Voir le paragraphe « L'auteur décrit le lieu où se déroule l'histoire de façon crédible ».

95
Pasteur baptiste américain qui témoigne de sa conversion au catholicisme après la lecture de L'Evangile tel qu'il m'a été révélé.

96
Par exemple les cartes diffusées par l'Université de Berkeley.

97
Spécialement des sites Internet comme GoogleEarth ou Géoportail.

📚 Source des articles

Tous les articles et analyses présentés dans cette section sont extraits de l'ouvrage suivant :

Couverture du livre L'énigme Valtorta (tome 1)

L'énigme Valtorta (tome 1), une vie de Jésus romancée

Par Jean-François Lavère

339 pages

ISBN 9782364630253

Editions Rassemblement A Son Image

Bilan de dix ans de recherches, cette étude révèle l'immense érudition contenue dans l'évangile tel qu'il m'a été révélé de Maria Valtorta.

D'où Maria Valtorta possédait-elle ses mystérieuses connaissances en astronomie, en géographie, en histoire, en Ecriture Sainte et en tant d'autres disciplines ? Beaucoup de lecteurs se sont posés cette question.

Au terme d'une étude rigoureuse, le polytechnicien Jean Aulagnier affirma qu'aucune intelligence humaine ne pouvait maîtriser un tel savoir dans des matières si variées.

Voir sur le site des éditions
Enquête en Phénicie - Énigmes Valtorta | Maria Valtorta