La rencontre avec Jean, Jacques et André
Evoquant sa première rencontre avec Jésus, saint Jean utilise l'expression « le lendemain » (Jn 1,29). Quelques auteurs en ont fait un argument pour dénoncer « une contradiction » entre le récit de saint Jean et celui des autres évangélistes. Ces esprits sceptiques prouvent surtout leur mauvaise fois ou leur inculture. Car à l'évidence, comme le notent la plupart des exégètes, cette expression plusieurs fois utilisée par saint Jean n'a pas pour lui une signification chronologique stricte, mais lui sert simplement à rythmer son récit267.
C'est ce que Jésus confirme, par la plume de Maria Valtorta : « Je réponds à l'avance à une observation. Jean dit dans son Évangile en parlant de la rencontre avec Moi : "Et le jour suivant". Il semble ainsi que le Baptiste m'ait désigné le jour qui suivait le Baptême et que tout de suite Jean et Jacques m'aient suivi. Cela contredit ce qu'ont dit les autres Évangélistes au sujet des quarante jours passés au désert. Mais prenez cette lecture : "(Après l'arrestation de Jean) un jour, ensuite, les deux disciples de Jean Baptiste auxquels il m'avait indiqué en disant : ‘Voici l'Agneau de Dieu', en me revoyant, m'appelèrent et me suivirent". Après mon retour du désert »47.10.
Une autre précision nous est donnée par le récit de Maria Valtorta au sujet des témoins de cette première rencontre. Sur la base de l'évangile de Jean (Jn 1,40), la tradition grecque appelle André le Protoclet, c'est-à-dire le premier appelé des douze apôtres268. Maria Valtorta conforte cet appel d'André au Jourdain, plutôt qu'à Capharnaüm comme pourrait le laisser entendre Marc (Mc 1, 16). Mais André cède la première place à Jean de Zébédée. « Jean, le premier, voit Jésus, le montre à son frère et à ses compagnons. Ils parlent un peu entre eux et puis Jean se met à marcher rapidement pour rejoindre Jésus. Jacques le suit plus lentement »42.7. Dans son évangile, saint Jean s'efface comme à son habitude et mentionne uniquement la présence de deux disciples(Jn 1,35.40), nommant le seul André. Maria Valtorta nous dévoile donc qu'André accompagnait en fait les fils de Zébédée, Jean et son frère Jacques.
Beaucoup plus loin dans l'œuvre, Jésus, à l'occasion d'un fait dont Jean fut le seul témoin269, nous donne un commentaire très éclairant. « Jean, mon confident pour les faits les plus graves de ma vie, ne s'est jamais pompeusement prévalu de ces faveurs que je lui faisais. Mais, au contraire, lisez attentivement, il semble souffrir de les révéler et dire : "Je dois dire cela parce que c'est une vérité qui exalte mon Seigneur, mais je vous demande pardon de devoir montrer que je suis seul à la connaître" et c'est par des paroles concises qu'il fait allusion au détail connu de lui seul. Lisez le premier chapitre de son Évangile où il raconte sa rencontre avec Moi : "Jean Baptiste se trouvait de nouveau avec deux de ses disciples… Les deux disciples, ayant entendu ces paroles… André, frère de Simon Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et qui avaient suivi Jésus. Le premier qu'André rencontra… " Lui ne se nomme pas, au contraire il se cache derrière André qu'il met en lumière... »464.17-18.
Si donc Jean fut le tout premier à croire, André témoigne qu'il crut lui aussi immédiatement : « J'étais disciple du Baptiste, et dans les pauses de la pêche, j'allais le trouver avec d'autres compagnons. (…) J'avais remarqué un jeune homme beau et calme qui, en suivant un sentier, venait vers nous. (...) J'ai senti que c'était Celui auquel le Saint d'Israël, le dernier Prophète, le Précurseur, n'était pas même digne de dénouer les sandales. (...) Quand Jean après le super-extasiant tonnerre de Dieu, après l'inconcevable splendeur de la Lumière en forme de colombe de paix, eut dit : "Voici l'Agneau de Dieu", moi (...) j'ai crié avec la voix de l'esprit : Je crois ! »324.4.
Matthieu (Mt 4,12) et Marc (Mc 1,14) justifient le départ de Jésus vers Capharnaüm par l'annonce de l'arrestation du Baptiste270 : « Ayant appris que Jean avait été livré, il se retira en Galilée ». C'est aussi ce que décrit Maria Valtorta. Lorsque Jésus lui demande des nouvelles du Baptiste, Jean répond : « Hérode l'a fait arrêter. Il est en prison à Machéronte.
Ses plus fidèles parmi nous ont essayé de le délivrer, mais impossible. Nous revenons de là »47.2.
En analysant tous les détails fournis, il est possible de reconstituer une chronologie très précise. Le Baptême eut lieu le dimanche 29 Tébeth et Jésus resta au désert pendant 40 jours, du lundi 1 Shebat, jusqu'au vendredi 10 Adar. Après s'être accordé une brève journée de réconfort dans la vallée du Jourdain, durant le sabbat du 11, Jésus rencontra Jean, Jacques et André au gué du Jourdain, le dimanche 12 en fin de matinée. « C'était une fraîche matinée d'Adar… Moi, j'étais un voyageur inconnu sur le chemin près du fleuve… Las, couvert de poussière, pâli par le jeûne, la barbe inculte, les sandales percées, je ressemblais à un mendiant sur les chemins du monde… »597.3, raconte Jésus à ses apôtres trois ans plus tard, durant le mercredi Saint, en se remémorant la rencontre avec Jean. On comprend ainsi pourquoi Jacques de Zébédée raconte qu'il eut quelque peine à le reconnaître : « j'étais avec André au Jourdain, mais je ne l'ai pas remarqué avant l'indication du Baptiste. Moi aussi, j'ai tout de suite cru (...) après des dizaines de jours d'inutile attente, de recherches angoissées, qui par leur inutilité rendaient plus douloureuse la perte de notre Jean arrêté une première fois, quand Il apparut, venant du désert, moi, je ne Le reconnus pas tout de suite »324.6.
C'est encore Jean qui prit l'initiative : « Laisse-nous venir avec Toi, Maître. Montre-nous où tu habites » 47.2 demande-t-il. « Venez donc et marchons. Le long du chemin je vous instruirai » lui répond Jésus. Et ensemble, ils prirent le chemin du retour vers la Galilée.