Le vin réjouit le cœur des hommes
Psaume 104, 15
Le vin, et plus généralement les boissons fermentées ont attiré les hommes depuis des temps immémoriaux. Il n'est donc pas surprenant qu'il y soit fait allusion de nombreuses fois dans l'œuvre. Mais quelques conversations méritent une plus grande attention... Tout d'abord celle de cet épicurien nommé Ennius : « Et les vins… Ah ! les doux et précieux vins des collines romaines, de mes chaudes côtes de Liternum et de tes plages ensoleillées près de l'Aciri !… Et les vins parfumés de Chio et de l'île dont Cintium est la perle. Et les vins enivrants de l'Ibérie, propres à enflammer les sens »425.3. Bien que cela puisse passer plus ou moins inaperçu, il y a dans cette phrase l'évocation de cinq des régions les plus renommées pour leurs vins dans l'Antiquité :
Liternum, elle est la plus belle région du monde entier, où Liber y rivalise avec Cérès cette Campanie, bénie des dieux. À partir de ce golfe commencent les collines couvertes de vignes et la griserie bien connue à travers le monde entier que nous donne leur illustre nectar » L'Acciris Chio Cintium l'IbérieVoici un autre exemple où des gentils discutent de Gamaliel en attendant la venue de Jésus : « Est-il vrai que c'est le plus grand docteur d'Israël ? ». « Oui, mais… quel pédant ! Je l'ai écouté un jour, et pour digérer sa science, j'ai dû boire plusieurs coupes de Falerne de Tito à Bézéta »487.2
Le Falerne est un vin de Campanie, réputé depuis l'Antiquité comme le roi des vins, il fut chanté par bien des poètes : Pétrone qui dans le Satiricon évoque le « Falerne Opimien de cent ans... il a donc vécu plus longtemps, ce vin, que le chétif humain ! », et « l'immortel Falerne » de Martial, ou encore « l'ardens Falernum » d'Horace.
Une conversation du même genre se déroule au lendemain des Rameaux entre deux légionnaires349 : « Un dieu sur un âne ? Ah ! Ah ! S'il était ivre comme Bacchus, il pourrait. Mais il n'est pas ivre. Je crois qu'il ne boit même pas du mulsum. Tu ne vois pas comme il est pâle et maigre ? »592.2
Le mulsum était un vin miellé apprécié des grecs et des romains. Il fut loué par Pline l'Ancien350 : « Beaucoup sont parvenus à une longue vieillesse sans aucune autre nourriture que du pain trempé dans du Mulsum ». Il s'obtenait en mélangeant une mesure de miel pour 4 ou 5 mesures de vin351.
La même conversation se prolonge : « Et pourtant les hébreux… » « Eux, oui, ils boivent, bien qu'ils affectent de ne pas le faire !352 Et ivres des vins forts de ces terroirs et de leur sicera, ils ont vu un dieu dans un homme »592.2.
Le sicera dont il est question ici, c'est le cidre, boisson connue des peuples antiques : les hébreux353 (chekar), les Egyptiens, les Grecs (sikera) et les romains (sicera) en consommaient.
N'oublions pas non plus l'hydromel, cité à plusieurs occasions, comme par exemple : « ils emplissent les coupes de vin, ou d'hydromel pour ceux qui le préfèrent »160.2.
L'hydromel, mélange d'eau et de miel comme son nom l'indique, était un breuvage prisé des grecs. Mais sous l'empire romain, il semble qu'il était tenu pour un breuvage inférieur. Plutarque, en tout cas, le fait boire par les hommes primitifs, ceux qui mangeaient des glands354.