De la résine dans le vin
Un jour de sabbat, au tout début de la troisième année de vie publique, Jésus est à Corozaïn où il va guérir la femme courbée (Luc 13, 10-17). Mais juste avant d'opérer le miracle, Il donne à ses auditeurs une inattendue parabole. Il y est question d'un « gros bloc d'une matière blonde comme le miel le plus fin » qu'un riche demande à un artisan de « façonner pour en faire une fiole ornée ». Et le riche de préciser : « C'est une résine précieuse et un de mes amis en a une petite amphore dans laquelle son vin acquiert une précieuse saveur »337.3.
Cette petite phrase noyée au milieu d'un dialogue animé pourrait passer inaperçue. Et ce serait dommage, car elle évoque une coutume bien connue des grecs, qui consistait à incorporer de la résine au vin. Columelle, célèbre agronome romain contemporain de Jésus, qui avait étudié la fabrication du vin, décrivit les procédés employés à l'époque pour aromatiser les vins avec de la résine355. Aujourd'hui encore, le retsina grec, en souvenir des vins antiques, est obtenu par l'adjonction dans le moût de petits morceaux de résine de pin d'Alep.