Jérusalem, ses portes, ses palais et son temple
En trois années, Jésus séjourna plusieurs semaines à Jérusalem et ses environs. De même ses parents et ses aïeux y vinrent en pèlerinage. C'est donc à de multiples occasions que Maria Valtorta évoque la cité Sainte. Si l'on met bout à bout toutes les descriptions qu'elle en fournit, ce sont des dizaines et des dizaines de pages qui se trouvent rassemblées. Il faudra consacrer un livre entier à ce sujet, si l'on veut donner une vue exhaustive des informations sur Jérusalem et sa région contenues dans l'œuvre. Je me bornerai donc à indiquer quelques points isolés, pour illustrer une fois encore le remarquable niveau de précision des descriptions de Maria Valtorta.
Par exemple, quand à plusieurs reprises elle mentionne le « Bel Nidrasc » ou « Bel Nisdrasc »67.6, 111.3, 243.3, 492.2, il s'agit sans doute possible de la maison d'études, ou Beth Midrasch, cet emplacement, « situé dans la cour des gentils où le Sanhédrin tenait ses séances aux sabbats et aux jours de fêtes320 », l'endroit où semble-t-il, Jésus dialogua, à 12 ans, avec les docteurs du Temple, et où il enseigna ensuite (Jean 10, 23). La localisation exacte de ce lieu réservé à l'enseignement reste à prouver, mais le texte de Maria Valtorta évoque semble-t-il le portique de Salomon225.5, à l'est du parvis des gentils, ces « portiques très vastes et très élevés sont remplis d'une foule qui écoute les instructions des rabbins »281.4, là même où le cousin Joseph exhorte Jésus à se rendre : « Monte au Temple et siège dans le Portique de Salomon - tu es de la souche de David et prophète, cette place te revient, elle ne revient à personne comme à Toi, de droit - et parle »478.5.
Un jour, pour échapper à la violence qui se déchaine contre Lui, Jésus doit s'enfuir par « une petite porte basse, cachée dans le mur du portique ». Il chemine dans « une galerie, entre les puissantes murailles de pierre, dont je ne sais comment elles s'appellent en architecture. Les pierres en sont encastrées, dirais-je, avec des pierres larges qui encadrent les plus petites, et vice versa. Je ne sais si je m'explique bien. Elles sont sombres, puissantes, taillées grossièrement, à peine visibles dans la pénombre des fentes étroites placées en haut à des distances régulières pour aérer et empêcher l'endroit d'être complètement obscur. C'est une étroite galerie dont je ne sais à quoi elle sert mais qui me donne l'impression de tourner sous tout le portique (...) On descend aux citernes… et on sort vers le Cédron. C'est un chemin ancien, pas toujours destiné à un bon usage »507.12.
C'est presque avec les même mots que les commentateurs décrivirent la découverte en 1996, d'un tunnel hasmonéen sous l'esplanade du temple. Mais ici il pourrait s'agir d'une des galeries devenues inaccessibles depuis, et distinctes du tunnel d'Ézéchias, explorées par l'expédition clandestine de Parker en 1909-1911321. Même les détails en apparence les plus insignifiants s'avèrent renfermer des vérités : « Jésus... pénètre dans l'enceinte du Temple, et ... s'arrête dans un endroit entouré de portiques et proche d'une grande cour, pavé de marbres de couleurs variées »68.1. Cette description correspond au parvis des Gentils et à l'entrée de la cour des femmes, devant la Belle Porte (voir aussi85.3) et c'est presque mot pour mot la description qu'en faisait Flavius Josèphe : « toute la partie qui était à découvert était pavée de pierres différentes, aux couleurs variées322 ». Ailleurs encore, Maria Valtorta admire « La belle porte de Nicanore, tout un travail de broderie en bronze massif laminé d'argent »6.3. L'accès à la porte de Nicanor se faisait depuis la Cour des Femmes, en gravissant quinze marches. Ces portes en bronze, rapportées d'Alexandrie par Nicanor, furent effectivement laissées en l'état, car leur bronze brillait comme l'or323 lorsque toutes les autres portes du temple furent garnies d'or et d'argent324. Il semble peu probable que Maria Valtorta ait pu avoir une connaissance aussi incisive du texte de Flavius Josèphe pour avoir noté et rapporté ce détail en apparence insignifiant. Le texte de Maria Valtorta contient aussi, comme en filigrane, des informations précieuses sur l'ensemble des portes permettant d'accéder à Jérusalem au temps de Jésus. Elle en désigne nommément une dizaine. Il est probable que quiconque étudiera exhaustivement ces informations, en les recoupant avec de nombreux autres détails topographiques, pourra faire avancer de façon significative la connaissance dans ce domaine.