La Passion et la mort de Jésus

Le voile de Véronique

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« Un coup résolu à la porte fait sursauter tout le monde »612.19. Marie Madeleine, une nouvelle fois, montre son courage et va à la porte. « Qui frappe ? » (...) « C'est Nike. J'ai quelque chose à donner à la Mère. Ouvrez ! Vite. La ronde fait son tour »612.19. Et Nike raconte : « J'avais préparé le voile des reins pour qu'il ne se serve pas des chiffons des bourreaux »612.19. Sur le chemin du Calvaire, elle l'a tendu à Jésus pour qu'Il s'essuie le visage, puis elle est entrée chez elle en pleurs, pour mettre à l'abri cette précieuse relique. Maintenant elle a découvert le miracle : « Oh !… Il y a dessus le visage du Rédempteur ! »612.19. Tous ensemble, ils vont présenter l'image miraculeuse à Marie qui s'exclame : « Oh ! Père ! Dieu Très-Haut ! Fils Saint ! Éternel Amour ! Soyez bénis ! Le signe ! Le signe que je vous ai demandé ! »612.20. Plus tard, lorsque Jésus ressuscité apparaît dans sa gloire à sa Mère, Il confirme : « Maman. Tu vois ce voile ? Dans mon anéantissement, j'ai dégagé encore une puissance de miracle pour Toi, pour te donner ce réconfort »618.5. Ce récit justifie que l'on s'attarde un instant sur l'histoire de cette relique que d'aucuns, aujourd'hui, ont remisée arbitrairement au rang des pieuses légendes908.

L'histoire certaine du voile de Véronique commence lors du pontificat de Jean VII en 705. Le 23 novembre 1011, le pape Sergius lui consacra un autel et un reliquaire au Vatican. En 1298, Boniface VIII enleva la relique du Latran, où elle se trouvait alors, et la rapporta à la basilique saint Pierre. Depuis Nicolas IV au 13e siècle jusqu'à Benoit XIV au 18e siècle, les fêtes, processions et ostensions du suaire furent continues. En 1606, Paul V plaça la relique dans la nouvelle basilique de Saint-Pierre. Plus tard, Benoît XIV (vers 1745)déclara :« Que Véronique soit le nom d'une femme ou celui de la relique elle-même, il est certain que cette relique est honorée depuis beaucoup de siècles dans la basilique du Vatican » (...) « Le suaire qui a parfaitement gardé et garde encore les traits du visage de N. S. Jésus-Christ, arrosé de sueur et de sang »(De Canonix. SS).

De nombreux artistes en firent des représentations au 17e siècle. Les œuvres de Claude Mellan, Philippe de Champaigne, Domenico Fetti(ci contre) ou Daniel Halle (toutes réalisées entre 1620 et 1645) possèdent des similitudes frappantes entre elles, mais également avec l'image du saint Suaire de Turin !

La dernière ostension publique du voile de Véronique eut lieu en 1854909 Depuis, l'image figurant sur la sainte relique est tellement estompée presque imperceptible. Le chef d'œuvre de Domenico Fetti (peint vers 1615) constitue donc certainement l'une des plus fidèles reproductions du voile de Véronique, tel qu'il pouvait être encore visible, il y a quatre siècles910.

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Or quelle ne fut pas ma surprise lorsque, superposant le visage de ce tableau avec celui du Saint Suaire de Turin, j'ai constaté que les images se correspondaient parfaitement, et que leur fusion par simple transparence, produisait ce portrait du Christ souffrant si profondément émouvant, surnaturel et ineffable.

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« Comme il est beau même dans sa douleur ! »612.25 nous dit Marie.

Notes de bas de page

908
Pourtant Simon Claude Mimouni, Dormition et Assomption de Marie, 1995 p314 rapporte que dans un Transitusdes premiers siècles,« tout au long du récit est évoqué un suaire avec l'image de Jésus auprès duquel Marie se réconforte ». Exactement ce que décrit Maria Valtorta !

909
Auparavant l'ostension du samedi 6 janvier 1849 donna lieu à un prodige : alors qu'une foule de fidèles était à genoux en présence des Reliques Majeuresexposées, tous observèrent que sur « la Véronique», l'image estompée devenait de plus en plus nette et reformait le visage vivant de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C'est à la suite de ce prodige que fut fondée, sous l'impulsion du « saint homme de Tours» la confrérie de la Sainte Face. Le pape Léon XIII encouragea cette dévotion par ses brefs du 9 décembre 1884 et du 30 mars 1885.

910
Assistant en 1580-1581 à une ostension, Michel de Montaigne en témoigne dans son Journal de voyage :« Ces jours-ci, on montre la Véroniquequi est un visage ouvragé et de couleur sombre et obscure... ». « Un visage douloureux, mais encore vivant» selon la dictée du 19 février 1944.

📚 Source : L'énigme Valtorta par Jean-François LavèreTome 1Tome 2