La Passion et la mort de Jésus

Dans l'attente de la Résurrection

4 min

Marie Valtorta nous décrit cette extrême tentation, et les tortures qui l'accompagnèrent. Tous les Pères de l'Église s'accordent à dire que la Vierge Marie a souffert plus que tous les martyrs ensemble, et que sans un miracle elle n'eut jamais pu survivre à la Passion de son Fils. Ils lui donnèrent d'ailleurs le titre de Regina Martyrum. « Quelle qu'ait été la cruauté exercée sur les corps des martyrs, elle était légère, ou plutôt elle n'était rien, comparée à la cruauté de la passion de Marie » déclare Saint Anselme902. Et saint Bernardin de Sienne ajoute : « La douleur de la sainte Vierge a été si grande que, si elle était divisée et partagée entre toutes les créatures capables de souffrir, celles-ci périraient à l'instant903 ». A l'opinion des Pères se joint le témoignage de nombreux mystiques904. Et c'est ce que Jésus confia encore à Maria Valtorta : « Non, il n'y a pas eu d'agonie plus longue, et qui ait pris fin en une douleur plus grande, que celle de ma Mère »603.2.

A peine ont-ils roulé la pierre qui ferme le tombeau qu'arrivent les gardes du Temple. La Vierge ne voudrait pas s'éloigner du tombeau, mais Marie-Madeleine trouve les paroles qui finissent par la convaincre de rentrer au Cénacle. « Si nous arrivons à nous unir dans la foi en sa Résurrection, c'est plus vite qu'il ressuscitera. Nous l'appellerons par notre amour… »611.6. Elles regagnent la ville juste avant que les romains, qui ont renforcé les patrouilles pour parer aux troubles, ne referment les portes. Joseph, croise Helchias, toujours menaçant : « On sait que tu es entré dans la maison de Pilate, profanateur de la Loi. Tu en rendras compte. La Pâque t'est interdite ! Tu es contaminé » (...) « Et maintenant que tu te mets bien avec Pilate, ne pense pas pouvoir soustraire le Cadavre. Nous avons pris des mesures pour que le jeu cesse »611.9. Ce bref échange est très éclairant : il confirme d'une part que les pharisiens n'avaient pas encore consommé la Pâque, et d'autre part que la garde du tombeau a été organisée par le sanhédrin, et non par les romains905. Mais Joseph ne s'en laisse pas conter : « Nous avons vu. (...) Lâches ! Vous avez peur même d'un mort ! Mais de mon jardin et de mon tombeau, je fais ce qui me semble bon (...) J'en appellerai à Pilate »611.9. Et son ami Nicodème renchérit : « Ni gardiens ni sceaux906 n'empêcheront le Vengeur de se lever et de frapper »611.9. En quittant Marie, les deux amis promettent de revenir dans la journée : « Le sabbat est mort. Nous viendrons »611.14. Nicodème et Joseph ont déjà compris que plus rien ne sera comme avant. L'histoire montre que la célébration du dimanche est une des premières décisions prises par les disciples juste après l'Ascension du Seigneur(Voir 1 Cor 16,2 ; Ap 1,10 ; Barnabé 15 ; Ac 20,7 ; Justin, Apologie ; et aussi MV 612.22).

« Marie et ses compagnes demeurent avec Jean en la maison, les portes fermées. Elles sont affligées et tristes comme des orphelines que la mort d'un père a abreuvées de douleur » nous dit encore saint Bonaventure (au chapitre 84 de ses Méditations sur la vie de Jésus). C'est bien ce que nous décrit aussi Maria Valtorta, dans des pages poignantes où s'entremêlent espoirs et angoisses. Les rumeurs les plus folles circulent déjà dans la ville, rapportées par le gardien du Cénacle. « Les femmes gémissent non pas tant de peur pour elles-mêmes que pour leurs fils et leurs maris »612.5. Puis le temps passe, et la lamentation douloureuse de Marie se prolonge... Plus de quarante ans après Maria Valtorta, Jean-Paul II confirme en quelque sorte son récit : « La Vierge Marie qui, dans le pèlerinage de la foi, est allée jusque dans la nuit de la foi en communiant à la souffrance de son Fils et à la nuit de son tombeau907 ». Totalement épuisée par tant de souffrances, la Vierge se sentant comme abandonnée, soupire : « Jésus, pitié ! Un signe de Toi ! Une caresse, une parole pour ta pauvre Maman au cœur déchiré ! Un signe, un signe, Jésus, si tu veux me trouver vivante à ton retour »612.18.

Notes de bas de page

902
Saint Anselme, De Excell. Virg. cap. V.

903
Saint Bernardin de Sienne, Ad NovatumI, 359.

904
Voir par exemple Sainte Brigitte « Si Notre-Seigneur n'avait pas soutenu sa Mère, elle n'aurait pu conserver la vie pendant son martyre ». (Revelat. Sermone angelicot XVII). Voir aussi le Père Faber (Le pied de la Croix ou les douleurs de Marie).

905
Maria Valtorta est conforme à Matthieu (Mt 27,62-65) et n'apporte donc pas crédit à l'apocryphe qui affirme que Longin assurait la garde.

906
On apprend effectivement plus loin que le sceau du Temple fut apposé sur la pierre du tombeau (MV 617.1). Le scellement du golal est évoqué par Mt 27,66, mais aussi par l'évangile de Pierre, apocryphe daté vers 140, dont un passage dit au verset 33: « ils y apposèrent sept sceaux ». L'opinion des Pères confirme que le sceau du Sanhédrin fut apposé sur la pierre.

907
Jean Paul II Redemptoris Mater§ 18 et CEC § 165.

📚 Source : L'énigme Valtorta par Jean-François LavèreTome 1Tome 2