Préparation à la Passion de Jésus

La mort de Lazare

4 min

Quelques jours ont passé, et la nouvelle de l'agonie de Lazare s'est maintenant propagée dans Jérusalem. De nombreux notables se rendent à Béthanie, sans doute plus motivés par l'espoir d'y surprendre Jésus que par compassion envers le mourant. Pour d'autres c'est aussi pour s'assurer que Lazare est vraiment mourant, et que le Christ ne peut rien pour le sauver. Rassurés, ils en viennent même à tenter Marthe en lui suggérant hypocritement de rechercher l'aide du Maître : « Pourquoi ne veux-tu pas essayer? Lui a ressuscité les morts… Du moins c'est ce que l'on dit… »542.5. Convaincus que Lazare est perdu, ils triomphent devant Marie Madeleine : « Tu sais que devant une mort véritable son pouvoir est nul, et dans ton sot amour pour Lui, tu ne veux pas que cela paraisse »542.6. Suppléant sa craintive sœur, Marie les chasse tous sans ménagement : « Dehors ! À vos tanières ténébreuses ! Dehors tous. Ou je vous ferai chasser par les serviteurs comme un troupeau de gueux immondes »542.6.

Pendant deux jours elle résiste encore à Marthe, de plus en plus tentée d'appeler Jésus au secours à mesure que l'heure de la mort de Lazare se fait proche et inéluctable. « Oh ! comme, en vérité, il faut être absolues, comme je l'ai été, dans le mal, pour pouvoir être aussi, et savoir, et vouloir être absolues dans le bien, dans l'obéissance, dans l'espérance, dans la foi, dans l'amour ! »543.3. Mais cette soumission absolue à la volonté divine est encore au dessus des forces de Marthe. En secret de sa sœur, elle envoie un serviteur prévenir le Maître. « Va au gué de Béthabara. Passe-le et va au village après Béthanie d'au-delà du Jourdain. Sais-tu ? Là où Jean baptisait au début »543.5. Elle s'accroche durant quelques heures à ce fol espoir, mais « à la fin du second temps de la nuit »544.11, après une longue et douloureuse agonie, Lazare rend son dernier souffle. A l'aube le serviteur, de retour de Béthabara, rapporte les paroles de Jésus : « Dis-leur de rester tranquilles. Ce n'est pas une maladie mortelle, mais c'est la gloire de Dieu, pour que sa puissance soit glorifiée en son Fils793 » (...) « Je viendrai. Dis-leur que je viendrai, et qu'elles aient foi »544.12. Mais naturellement, dans son légitime désarroi, ces paroles ne réconfortent pas Marthe : « Oh ! en plus de la mort, c'est la désillusion ! Marie ! Marie ! Tu ne réfléchis pas que cette fois le Maître s'est trompé ? Regarde Lazare. Il est bien mort ! Nous avons espéré au-delà de ce qui est croyable, et cela n'a pas servi »544.12.

Les obsèques ont lieu le jour même, le 21 décembre, juste avant le sabbat. Tous les notables de Jérusalem se pressent à Béthanie car les nombreux serviteurs de Lazare ont porté la nouvelle un peu partout dès le lever du jour. Bien entendu, les discussions tournent autour de l'absence remarquée de Jésus. Pour les uns, c'est l'hostilité et les menaces du Sanhédrin qui L'ont tenu éloigné ; mais pour ses ennemis, c'est la preuve que ses prétendus miracles sont frauduleux, et qu'Il ne pouvait rien pour guérir son ami Lazare. A Nicodème qui s'étonne que tant de synhédristes se rendent à Béthanie, Joseph d'Arimathie répond : « Uziel s'est souvenu, et avec lui Sadoc, d'un défi exprimé il y a plusieurs lunes. Le Christ a dit qu'il prouvera qu'il sait recomposer un corps en décomposition. Et Lazare est tel. Et Sadoc le scribe dit encore que, près du Jourdain, le Rabbi lui a dit, de Lui-même, qu'à la nouvelle lune il verrait s'accomplir la moitié du défi. Celui-ci : d'un corps décomposé qui revit et sans plus de tares ni de maladie794 »546.5. Marie retarde autant qu'elle le peut la mise au tombeau, espérant encore que Jésus va arriver...

Lorsqu'enfin le corps de Lazare repose dans son tombeau, les ennemis de Jésus, rassurés, peuvent jubiler : « Son défi ! Et nous l'avons craint ! ». Et tous s'éloignent en promettant « qu'ils reviendront chaque jour pour le deuil »546.11.

Notes de bas de page

793
Voir Jn 11,1-4. Notons au passage que l'onction à laquelle Jean fait allusion au verset 2 est bien évidemment celle qui eut lieu à Capharnaüm chez le pharisien Simon (Lc 7,36-50) et non (suite page suivante...)

794
C'est effectivement maintenant la nouvelle lune. Le défi avait été lancé à Cédès, en février (MV 342.6) et renouvelé il y a juste un mois, à Jéricho (MV 525.16). La présence de tant de synhédriste à Jérusalem à cette époque est justifiée un peu plus loin (voir MV 546.8) car tous étaient convoqués pour une séance extraordinaire du Sanhédrin.

📚 Source : L'énigme Valtorta par Jean-François LavèreTome 1Tome 2