La Passion et la mort de Jésus

L'arrestation au Gethsémani

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Sur le trajet qui les mène vers le jardin du Gethsémani, les apôtres discutent de façon désordonnée de ce qu'il leur faudrait faire pour protéger le Maître. « Mais toutes les propositions tombent car réellement va commencer “l'heure des ténèbres” et les jugements humains restent obscurs et confus »602.2. Même Jean, pris d'angoisse, supplie Jésus de se sauver. Chacun réagit selon son tempérament, ses craintes et ses illusions. De ces dialogues, (presque des monologues) retransmis par Maria Valtorta se dégage une authenticité indéniable. Est-il concevable qu'un lecteur attentif ose encore, en toute honnêteté, ne voir dans ces lignes que le fruit de l'imagination débordante d'une romancière ?

Les événements des derniers jours ont ranimé les instincts combatifs de Simon, l'ancien zélote. Il confie à Jésus qu'avec Pierre ils se sont assurés secrètement du soutien des cousins de Jésus, de quelques galiléens, des bergers, et même de Manaën, Chouza et Nicodème. Lazare, ne pouvant intervenir par obéissance à Jésus, a fourni deux épées : « une pour moi, une pour Pierre » précise-t-il. Tous sont prêts à se regrouper dès l'aube autour de Jésus pour Le protéger. Mais ces dispositions sont vaines : Jésus l'informe de l'imminence de sa capture, « avant que la lune ne soit au sommet de son arc »602.4. « Si on pouvait arriver à demain… Mais tu dis que non. Oh ! qu'allons-nous faire, nous ?! » « Tu iras chez Lazare et tu chercheras à y amener autant que tu peux. Non seulement des apôtres, mais aussi des disciples que tu trouveras errants sur les chemins (...) Simon, promets-moi cela. Tu es paisible, fidèle, tu sais parler et en imposer, même à Pierre »602.8. Jean, seul témoin de cette dernière volonté du Seigneur, par pudeur envers ses compagnons, n'a rien révélé de ce dialogue, ni de la somnolence à laquelle ils succombèrent quelques minutes plus tard(Mt 26,36-46 ; Mc 14,32-42, Lc 22,40-46). Tandis qu'eux sont assoupis, Maria Valtorta assiste à l'agonie spirituelle de Jésus, et parvient à nous la décrire de façon bouleversante... « Et apparaît la terrible agonie dans le sang qui transsude des pores861 »602.18(Lc 22,43-44).

Les circonstances de l'arrestation du Seigneur sont rapportées par les quatre évangélistes(Mt 26,47-56 ; Mc 14,43-50 ; Lc 22,47-52 ; Jn 18,2-11). Naturellement leurs témoignages comportent quelques variantes. La narration des faits par Maria Valtorta, tout en ajoutant des détails inédits, prouve la parfaite compatibilité de ces récits évangéliques. Avec Judas s'approche « une horde de bandits déguisés en soldats862 »602.20. Alors que Jésus vient de se faire reconnaître, le Zélote, profitant de l'instant de stupeur des gardes (Jn 18,6) tente d'atteindre Judas qui s'enfuit sur le champ. Pierre, pour sa part, donne un coup d'épée maladroit au serviteur du grand Prêtre, « il ne fait que lui décoller l'oreille863 qui reste pendante et laisse couler beaucoup de sang »602.22. « Déposez ces armes. Je vous le commande. Si je voulais, j'aurais les anges864 du Père pour me défendre. Et toi, sois guéri. Dans ton âme, si tu peux, pour commencer »602.22 déclare Jésus. Les apôtres désemparés s'enfuient en désordre tandis que les sbires entrainent le Seigneur entravé sur le chemin qui mène au quartier d'Ophel. « Commence la douloureuse marche par le petit chemin pierreux qui mène de la petite place où Jésus a été capturé au Cédron et de là, par un autre chemin, vers la ville »604.1.

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Les cris éveillent les dormeurs, et les curieux et les excités amplifient la cohue. Pourtant les soldats romains se contentent d'observer, et laissent passer le cortège bruyant. Le centurion de garde865, se contente de fulminer : « Par Jupiter ! (...) Je ne veux pas d'ennuis »604.3. Des proches de Jésus, seuls Pierre et Jean restent à proximité. La meute traverse le quartier de Tophet et atteint la maison d'Anna, située à mi-pente du quartier résidentiel de Sion. Les indications de Maria Valtorta sont si précises que Hans Hopfen866 (© CEV) a pu situer tous les lieux qu'elle décrit sur une carte de Jérusalem.

Notes de bas de page

861
Maria Valtorta évoque ici un fait évoqué seulement par Luc, et que certains manuscrits anciens mettaient en doute. Elle observe que Jésus, voyant son manteau tâché de son sang, le plie sur un rocher. Judas le retrouvera, au petit matin, juste avant de se pendre de désespoir (MV 605.5).

862
Est-ce la vue de ces costumes plus ou moins « militaires » qui fit dire à Jean (Jn 18,3) dans son évangile qu'il y avait « la cohorte » . Quelques exégètes en ont déduit à tort que les romains avaient participé à l'arrestation de Jésus.

863
Cette description est plus précise que le terme « couper » ou « trancher » utilisé par les quatre évangélistes. Dom Calmet fait remarquer : « il paraît plus vraisemblable qu'elle ne fut pas entièrement coupée, puisque Jésus ne fit que la toucher, pour la guérir ». C'est exactement ce que décrit Maria Valtorta !

864
Maria Valtorta ne confirme pas les « douze légions d'anges » de Matthieu (Mt 26,53).

865
La suite montre que ce centurion d'humeur grincheuse, compagnon de Longin, et ayant sa famille près de Pompéi a de grandes chances d'être Cecilius Maximus (voir MV 329.6 et L'Enigme Valtortatome 1 pages 172-173).

866
Hans J. Hopfen, Indice e carta delle Palestina, 1995 CEV

📚 Source : L'énigme Valtorta par Jean-François LavèreTome 1Tome 2