« ... les apôtres, dans les mémoires qui ont été composés par eux, et qu'on appelle Evangiles... »
« L'évangile selon Luc est le troisième... Le quatrième évangile est celui de Jean... »
Dès les tous premiers siècles l'Eglise a reconnu quatre évangiles, écrits par quatre auteurs différents. Pourtant l'Eglise évoque souvent l'évangile au singulier, car « les quatre n'en font qu'un, comme les trois Personnes divines sont un seul Dieu ».
C'est semble-t-il Irénée de Lyon (vers 135-202) qui le premier établit à quatre les évangiles canoniques. C'est du moins le texte le plus ancien l'attestant. Face aux hérétiques qui voulaient l'Ecriture seule, saint Irénée insista sur l'Ecriture et la Tradition : l'Eglise est une Tradition (c'est-à-dire une transmission). Il réfute les gnostiques en décrivant avec précision leurs doctrines, en s'appuyant sur les Écritures, en dégageant des critères d'interprétation pour une lecture ecclésiale de la Bible. Il affirme alors : « Par ailleurs, il ne peut y avoir ni un plus grand ni un plus petit nombre d'Évangiles (que 4). (...) il apparait que le Verbe, Artisan de l'univers, qui siège sur les Chérubins et maintient toutes choses, lorsqu'il s'est manifesté aux hommes, nous a donné un Évangile à quadruple forme, encore que maintenu par un unique Esprit ».
Irénée prit ainsi position probablement en réaction à la version de l'évangile de Luc éditée par Marcion, car celui-ci affirmait que l'évangile de Luc était le seul et véritable évangile. Irénée est aussi le témoignage le plus ancien attestant que l'évangile de Jean était écrit par Jean l'apôtre, et que l'évangile de Luc était écrit par Luc, le compagnon de Paul.
A la même époque, dans la deuxième moitié du 2e siècle, Tatien le Syrien (vers 120-173) écrivit Le Diatessaron (littéralement : ce qui est à travers les quatre) qui constitue sans doute la première tentative de fusion harmonieuse des quatre Évangiles canoniques en un texte unique. Eusèbe nous en informe ainsi : « Ce Tatien ayant composé, je ne sais comment, une certaine combinaison des évangiles, appela cela du nom de to dia tessaron ». Ce texte synthétique devint même pendant trois siècles l'évangile liturgique officiel de plusieurs églises locales en Syrie, jusqu'à ce que Théodoret, évêque de Cyrrhus (de 423 à 458) mit fin à cet état de fait, parce qu'il avait constaté semble-t-il, l'absence de tout ce qui concernait la descendance Davidique de Jésus.
Le texte original du Diatessaron a presque entièrement disparu, mais il nous est partiellement connu par Saint Éphrem de Nisibe (306/373) qui en fit un commentaire. « L'Écriture entière est comme une lyre ; une corde ne produit pas de son harmonieux par elle même, mais en union avec les autres ». L'existence même d'un ouvrage fusionnant les quatre évangiles en un seul texte semble parfois choquer quelques exégètes, pour qui les différences et la spécificité des quatre évangiles rendent cette fusion en un ouvrage unique, utopique et irréalisable. Ils rejoignent en cela l'opinion d'Irénée, qui affirmait « Les choses étant donc ainsi, bien vains et bien ignorants, mais de plus bien audacieux sont tous ceux qui voudraient altérer cette figure de l'Evangile et lui donner plus de ces quatre visages ou lui en donner moins ». Pourtant force est de constater que L'évangile tel qu'il m'a été révélé, en intégrant dans un ensemble chronologique, cohérent et harmonieux la totalité des textes transmis par les quatre évangélistes, réalise ainsi une œuvre qui aurait pu mériter le titre de Nouveau Diatessaron. L'éditeur E. Pisani a publié il y a quelques années un intéressant ouvrage qui fournit les principales correspondances entre les versets des évangiles canoniques, et le texte de Maria Valtorta. Chacun peut ainsi aisément constater que le texte des quatre évangiles se trouve effectivement unifié suivant un ordre chronologique dans L'évangile tel qu'il m'a été révélé.